L’axe de la vindicte : Macron-Meloni

L’axe de la vindicte : Macron-Meloni

L’axe de la vindicte : Macron-Meloni

24 novembre 2022 (17H35) – Un affrontement superbe est en train de s’imposer au cœur de l’Europe, – comme on le sait, une Europe unie “comme elle ne l’a jamais été face à l’affreuse agression russe”. Au fait, cet affrontement n’a rien à voir avec la Russie. Mais il secoue l’Europe entière, menace les plans mécaniques de cette machine diabolique qu’est l’UE, qui a un besoin vital d’unité d’apparence, de communication, de simulacre et de croyance… Je parle de l’extraordinaire vindicte entre le président français Macron et la Première Ministre italienne Meloni, marqué par une haine qui de la sorte qui oppose deux créatures face à un enjeu diabolique caractérisant absolument la GrandeCrise.

Je m’appuie sans réserve sur une vidéo du tandem Christoforou-Mercouris. Je ne sais qui déteste l’un plus que l’autre, de Macron et de Meloni, mais je sais qu’une femme comme Meloni, avec son extraordinaire abattage face au jeu ondoyant de la raison apparente de l’autre complètement déstabilisée par elle, pourrait bien réduire en charpie, en miettes, en confettis informes “façon puzzle”,  la Sainte-Image de l’avorton français. Ce ne serait certainement pas un événement sans conséquence dans ce monde structuré par la seule communication, c’est-à-dire un événement de politique bien réelle dans ce monde de la communication.

Dans les diverses et superbes attaques de Meloni contre Macron, à propos de la politique française en Afrique conduisant à des migrations forcées, Christoforou observe que cette femme politique, qui n’a cessé d’affirmer (sans enthousiasme excessif) sa ligne atlantiste, pro-OTAN, finit, lorsqu’elle parle de la politique néolibérale et des excès du néoimpéralisme-néocolonialiste à ne rien dire qui soit vraiment différent de ce que nous dit Poutine sur ces différents sujets qui constituent ensemble une autre vision du monde inverse de celle enseignée par le bloc-BAO… Et elle le dit, involontairement pourrait-on croire et dire hypothétiquement, d’une façon beaucoup plus affirmée depuis qu’elle est au pouvoir.

« Christoforou : « Meloni n’aime pas Macron, cela se voit dans certains débats, elle ne l’aime pas et c’est un tout à son honneur, mais ce qui est intéressant c’est qu’elle parle comme Poutine lorsqu’elle parle du néolibéralisme, du globalisme, de l’impérialisme, de toutes ces choses… Elle se fait l’écho de Poutine dans de nombreuses interventions sur ces thèmes lorsqu’il dit qu’il faut traiter les autres pays comme des égaux… qu’on ne peut leur parler comme un colonisateur parle à ses colonies … Et je me demande si Meloni candidate pour devenir Première ministre aurait dit aussi fortement et sur un tel ton les choses qu’elle dit maintenant qu’elle est Première ministre, lorsqu’elle parlait de l’OTAN… qu’elle se présentait comme complètement atlantiste……

Mercouris : « Je l’ai regardé dans ces débats, elle est passionnée, en colère et très sincère, et je dois dire que je n’ai rien retrouvé, dans des vidéos précédentes de telles attitudes… quand elle parlait de ‘OTAN, de l’Ukraine, toutes ces choses, je n’ai pas du tout retrouvé la même énergie, la même volonté… »

Il est clair que Meloni a choisi de prendre la voie d’une attaque contre le globalisme pour aborder le problème de l’immigration. Elle le fait parce que ce courant est populaire en Italie, de même qu’un antieuropéisme indirect, larvé, mais de plus en plus fort, voire strident. Le fait remarquable est qu’elle n’a pas à se forcer ni à surjouer pour suivre cette voie. On voit bien qu’il s’agit d’une position tout à fait naturelle chez elle, d’où son énergie, sa conviction, sa sincérité qui font la force de ses interventions.

Mercouris fait une comparaison que certains pourraient juger étrange selon les orientations politiques de l’une et de l’autre, mais qui finalement devient de plus en plus justifiée à la réflexion, que j’arrive moi-même à comprendre et à partager. Il s’agit d’une similitude de volonté, d’affirmation, de force de conviction (même si pour des buts différents, qu’importe), – une question de caractères, selon cette conception que développait Talleyrand :

«…Il dit alors une de ces choses qui ne sortent jamais de la mémoire quand on les a entendues ; “Je suis bien aise de vous communiquer une pensée qui est venue dans beaucoup de têtes mais que je n’ai vu bien nettement développée nulle part. Il y a trois choses nécessaires pour former un grand homme, d’abord la position sociale, une haute position ; ensuite la capacité et les qualités ; mais surtout et avant tout le caractère. C’est le caractère qui fait l’homme.” Et il citait, poursuit-elle, à l’appui de son dire, tous les demi-dieux de l’histoire : Alexandre, César, Frédéric, et ajoutait : “Si un des pieds de ce trépied qui doit se maintenir par l’équilibre doit être plus faible que les deux autres, que ce ne soit pas le caractère… que ce ne soit pas le caractère !”»

Ainsi donc, la comparaison de Mercouris à propos de Meloni nous fait faire un passage par Talleyrand, ce qui n’est pas si mal et extrêmement rare dans notre époque, dans notre bloc-BAO. (Parleriez-vous de Talleyrand à propos de Macron ou de Trudeau ?) Quant à Mercouris, il parle, à propos de Meloni, de personne d’autres que de Thatcher (pour mon compte, j’avais parlé d’Evita Peron), après que Christoforou lui ait fait remarquer combien elle était différente de « Toutes ces marionnettes du globalisme » (la dernière en date étant l’Anglais Richik Sunak, d’origine indienne ainsi pervertie par l’américanisme-occidentalisme) :

« Je suis tout à fait d’accord… Pour être honnête, je dirais que c’est le premier politicien que je vois qui, dans son langage, me rappelle quelque peu la Margaret Thatcher du début… Je me rappelle la Margaret Thatcher de la fin des années 1970 et du début des années 1980… Bien sûr, ce sont deux personnes très différentes, venant de milieux très différents, mais vous voyez, Thatcher avait une sorte de feu en elle, une résolution pour annoncer qu’elle voulait arrêter le déclin de l’Angleterre, et pour prendre des positions très fermes, notamment en matière internationale justement… Bien peu d’entre nous se rappellent qu’elle prit une position très ferme en faveur de l’établissement d’une fourniture massive de gaz russe à l’Europe, qu’elle s’opposa fermement à l’invasion de la Grenade par les USA et qu’elle eut une attitude d’ouverture vers les Russes… Meloni me rappelle Thatcher plus qu’aucun autre dirigeant européen depuis le départ de Thatcher… »

Étrange et remarquable que Mercouris rappelle Thatcher, qu’on sacra comme meilleure alliée britannique des USA depuis longtemps, à propos d’actions qui ne furent pas vraiment du goût des USA ? Je rappellerais pour mon compte qu’elle fut la première à recevoir Gorbatchev d’une façon très marquée, fin 1984, alors même qu’il n’était pas encore Premier Secrétaire du Parti, et à proclamer que « Monsieur Gorbatchev est un homme avec lequel on peut travailler », tandis que le reste de l’Ouest était figé dans une terrible posture d’affrontement.

Le plus intéressant est tout de même cette observation de Mercouris selon lequel l’antagonisme et l’antipathie entre Macron et Meloni a brisé un des atouts fondamentaux du globalisme, qui est l’“axe Macron-Draghi”, – ou « axe macroniste Macron-Draghi », comme le nomme Mercouris en réunissant ainsi deux jeunes-vieux briscards de la Haute Banque, – cela accompagné de son jugement superbement et impitoyablement sévère sur Macron (la plus active des « marionnettes du globalisme » avec Trudeau, selon Christoforou) :

« Mon appréciation personnelle est que Macon est extrêmement furieux, scandalisé [de la présence et de l’action de Meloni] parce que, bien sûr, il compte, ou comptait sur l’Italie pour avoir du poids au Conseil européen. Il avait travaillé avec force pour former une combinaison avec Mario Draghi et il est et sera absolument furieux que Meloni ait rompu cela… Et en plus, il ne faut pas oublier que Macron est doté d’une vanité extraordinaire et il déteste qu’on le critique, tout cela fait donc qu’il hait absolument Meloni… Mon jugement final sur Macron est qu’il est en train de devenir inutile, dépassé, parce que sans les Italiens dont il est en train de perdre le soutien, il ne dispose plus d’allié solide en Europe… »

Ce dernier verdict est accompagné d’une description de la position pathétique de Macron en France, d’un rapide jugement sur le désordre allemand mangé par des ‘Grünen’ devenus plus-neocons que les neocons, sur les pantalonnades diplomatiques du même Notre-Président (« Et pour ce qui est de poursuivre le dialogue, écoutez… Ici, Macron nous a tous fatigués », nous dit Maria Zakharova).

Voilà donc un bien curieux tableau. Meloni lorsqu’elle a gagné les élections est apparue à tous les initiés qui connaissent la chanson, comme une fausse-bonne surprise, une fausse barbe ou une bonne vacherie de plus des américanistes : une atlantiste déclarée, membre active de l’Aspen Institute qui rassemble la crème de la crème du ‘DeepState’, qui envoie ses vœux à Zelenski, etc. Mais il n’est nullement assurée qu’il soit raisonnable de la juger sur ces étiquettes-là.

(Note de PhG-Bis : « PhG en sait quelque chose, de la valse des étiquettes, lorsqu’il se remémore sa propre évolution et la façon dont celle-ci fut appréciée dans le milieu incertain des affaires de sécurité nationale, à Bruxelles, dans les années 1980. On peut lire là-dessus deux textes du même 20 octobre 2014… »)

On fera donc bien mieux d’observer les événements et de juger Meloni sur ses actes, sa formidable rhétorique, sur les axes qu’elle développe avec une force incroyable, sur le caractère exceptionnel qu’elle montre notamment en disant au président français ce qu’il mérite depuis si longtemps qu’on lui dise, – et l’on en vient alors au raisonnement fondamental de Mercouris :

« Lorsqu’elle développe sa position sur l’immigration, sur la situation économique imposée à l’Italie [par la globalisation] on se dit qu’en poursuivant dans cette voie elle devrait arriver à changer de position sur la Russie, l’Ukraine, l’OTAN et toutes ces choses… Et le fait qu’elle se soit attaquée avec tant de force à Macron dès son arrivée au pouvoir suggère que cela pourrait arriver… »

Belle et bonne chose : la mesure de l’indépendance de jugement et de la grande politique se faisant en fonction de l’hostilité que l’on éprouve à l’encontre du président de ce « cher et vieux pays » qui fut autrefois le champion de l’indépendance de jugement et de la grande politique… Alors, dans ce nœud de contradictions et d’inversion bien parisiennes, vient la conclusion de Mercouris :

« Je crois que Macron est une figure dépassée alors que Meloni est l’étoile montante… »

Pas un mot pour notre excellente Ursula von Lahyène (orthographe de Christoforou) ni pour la Bismarck-Woke, Annalena Baerbock. Étrange époque, étrange Europe : l’effondrement se poursuit et accouche de ses propres enfants, parricides accélérateurs de cette dynamiqe.

Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org

À propos de l'auteur Dedefensa.org

« La crisologie de notre temps » • Nous estimons que la situation de la politique générale et des relations internationales, autant que celle des psychologies et des esprits, est devenue entièrement crisique. • La “crise” est aujourd’hui substance et essence même du monde, et c’est elle qui doit constituer l’objet de notre attention constante, de notre analyse et de notre intuition. • Dans l’esprit de la chose, elle doit figurer avec le nom du site, comme devise pour donner tout son sens à ce nom.

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