La fraude de la « Journée du souvenir trans » (par Nicolas Casaux)

La fraude de la « Journée du souvenir trans » (par Nicolas Casaux)

Dans l’u­ni­vers trans, tout est faux, men­songe et/ou inver­sion. Un uni­vers de faussaire.

Pour faire annu­ler la confé­rence éco­fé­mi­niste orga­ni­sée par DGR et Flo­rai­sons et les inter­ven­tions de Caro­line Élia­cheff et Céline Mas­son (les autrices du livre La Fabrique de l’en­fant trans­genre, res­pec­ti­ve­ment pédo­psy­chiatre et psy­cha­na­lyste) qui devaient se tenir ce week-end, les mili­tants trans ont entre autres évo­qué le fait que ces évè­ne­ments, sup­po­sé­ment « trans­phobes », tom­baient lors du TDoR (Trans Day of Remem­brance), soit lors de la « Jour­née du sou­ve­nir trans », et que c’é­tait donc par­ti­cu­liè­re­ment mal­ve­nu, méchant, irres­pec­tueux pour la com­mu­nau­té trans.

La « Jour­née du sou­ve­nir trans », nous dit Wiki­pé­dia, « a lieu le 20 novembre dans le monde entier, pour com­mé­mo­rer les per­sonnes trans assas­si­nées pour motif trans­phobe, c’est-à-dire la haine des per­sonnes trans, et pour atti­rer l’at­ten­tion sur les vio­lences subies par les com­mu­nau­tés trans. La jour­née du sou­ve­nir trans a lieu le 20 novembre de chaque année en mémoire de Rita Hes­ter, tuée le 28 novembre 1998 à All­ston dans le Mas­sa­chu­setts, lors d’un crime de haine transphobe. »

Rita Hes­ter, un homme afro-amé­ri­cain tran­si­den­ti­taire (« femme trans »), a été tué un 28 novembre. Alors pour­quoi éta­blir la « Jour­née du sou­ve­nir trans » le 20 novembre ? Pour­quoi, sachant que le 20 novembre était déjà, depuis 1989, la « jour­née inter­na­tio­nale des droits de l’en­fant » (la Conven­tion inter­na­tio­nale des droits de l’en­fant ayant été adop­tée le 20 novembre 1989 par l’As­sem­blée géné­rale des Nations unies), et sachant qu’ils auraient pu choi­sir le 28 novembre (vu qu’il n’y a pas de jour­née inter­na­tio­nale ce jour-là) ?

Oups.

Autre pro­blème. Il est impos­sible d’af­fir­mer, comme le fait la page Wiki­pé­dia, que le meurtre de Rita Hes­ter était « trans­phobe ». Le meur­trier n’a jamais été retrou­vé. Son motif demeure incon­nu. En outre, le meurtre de Rita Hes­ter est, selon toute pro­ba­bi­li­té, lié au fait qu’il était pros­ti­tué. Le milieu prostitutionnel/proxénète est notoi­re­ment violent. Le pro­blème se situait donc sans doute à ce niveau-là.

(Et puis, la plu­part des agres­sions ou des meurtres dits « trans­phobes », quand ils ne sont pas liés à la vio­lence du milieu prostitutionnel/proxénète, relèvent sou­vent de l’ho­mo­pho­bie, de la les­bo­pho­bie ou du sexisme.)

Des mili­tants trans ont donc acca­pa­ré la jour­née inter­na­tio­nale des droits de l’en­fant (le 20 novembre), pour com­mé­mo­rer un meurtre ayant eu lieu un 28 novembre, et dont il est impos­sible de pré­tendre qu’il était trans­phobe. For­mi­dable. (Ins­tru­men­ta­li­ser la mort d’une per­sonne de cette manière, est-ce bien respectueux ?)

Par ailleurs, l’histoire de la créa­tion de la « Jour­née du sou­ve­nir trans » est peu claire. On apprend, sur Wiki­pé­dia et sur de nom­breux sites inter­net, que cette jour­née aurait notam­ment été créée par Gwen­do­lyn Ann Smith, un homme cali­for­nien qui se pré­tend femme, sur la base, évi­dem­ment, d’idées bien miso­gynes. Dans sa for­mi­dable bio­gra­phie (il fal­lait qu’il raconte sa vie, c’était vrai­ment très impor­tant), parue en 2017, il écrit par exemple : « Ce sont mes sen­ti­ments qui font de moi une femme. » Un détail qu’oublieront ou pas­se­ront bien vite sous silence les mili­tants trans. La miso­gy­nie intrin­sèque de l’idéologie trans, il ne faut pas en dis­cu­ter non plus, c’est transphobe.

Gwen­do­lyn Ann Smith
Gwen­do­lyn Ann Smith en cou­ver­ture de Vani­ty Fair

Et c’est entre autres choses en invo­quant cette « Jour­née du sou­ve­nir trans » que les tran­sac­ti­vistes sont par­ve­nus à faire annu­ler une inter­ven­tion de Céline Mas­son et Caro­line Élia­cheff, les autrices de La Fabrique de l’enfant trans­genre, qui devait se tenir le 20 novembre à Paris, soit à l’occasion de la « Jour­née inter­na­tio­nale des droits de l’enfant ». C’est donc en uti­li­sant un évè­ne­ment arti­fi­cielle (la « jour­née du sou­ve­nir trans »), venu éclip­ser un évè­ne­ment réel­le­ment impor­tant, éta­bli bien anté­rieu­re­ment (la « Jour­née inter­na­tio­nale des droits de l’enfant »), et en invo­quant toutes sortes d’arguments fal­la­cieux, d’injures, etc., bref, leur ter­ro­risme moral habi­tuel, qu’ils sont par­ve­nus à faire annu­ler la pré­sen­ta­tion des deux autrices.

Ce sont les enfants qui en pâtissent. Outre que les enfants sont de plus en plus nom­breux à être intro­duits, de plus en plus jeunes, aux idées absurdes qui com­posent le sys­tème de croyances qu’on appelle tran­si­den­ti­té, ils sont ensuite de plus en plus nom­breux à croire à ces idées, et donc à s’imaginer être « nés dans le mau­vais corps », à s’imaginer ne pas avoir le bon genre ou le bon sexe, et à entre­prendre des par­cours de médi­ca­li­sa­tion lourde, impli­quant des muti­la­tions de leurs corps sains et par­fois une dépen­dance à vie à l’industrie médico-pharmaceutique.

Et de tout ça, il ne faut sur­tout pas dis­cu­ter. Transphobie.

La « Jour­née du sou­ve­nir trans » ne vise pas juste à déplo­rer des morts et des agres­sions et à ten­ter d’en évi­ter à l’a­ve­nir — ce qui serait tout à fait légi­time. Elle s’ins­crit dans le cadre d’un vaste appa­reil de pro­pa­gande ser­vant à nor­ma­li­ser un sys­tème de croyances et les pra­tiques qui vont avec et à faire taire toutes les cri­tiques qui peuvent s’é­le­ver à leur encontre.

Nico­las Casaux

P.S. : Pour pro­lon­ger la réflexion sur ce thème de la « Jour­née du sou­ve­nir trans », il y a ce très bon article publié l’an der­nier (2021) sur le site fémi­niste radi­cal RadCaen.fr :

Les chiffres de la Jour­née du Sou­ve­nir Trans 2021

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Source: Lire l'article complet de Le Partage

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