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Le plus grand réacteur nucléaire d’un pays de l’UE a été arrêté en urgence ce mercredi 9 novembre 2022 suite à une panne de turbine. Ce réacteur atomique est implanté dans la centrale d’Oskarshamn en Suède. C’est le troisième incident survenu cette année dans la centrale nucléaire située dans le sud du pays. La porte-parole de l’opérateur nucléariste OKG, Desiree Liljevall, a déclaré : “Nous savons ce qui s’est passé, mais nous ne pouvons pas le commenter”. On se croirait en France…

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L’installation d’Oskarshamn est l’une des trois centrales nucléaires actives du pays. Son réacteur est le plus grand producteur d’électricité de Suède situé face à la Lettonie, la Lituanie, l’Estonie et la Pologne. Le réacteur nucléaire avait déjà été arrêté pendant une semaine en février en raison d’une « fuite de carburant », puis arrêté pendant une journée en juillet. Les deux autres réacteurs de la centrale ont cessé de fonctionner dans les années 2010.

Le nucléaire suédois est dépendant à 100% de l’étranger

La Suède achète la totalité de son uranium (environ 2 000 tonnes par an) sur le marché international notamment en Australie et au Canada. Les services d’enrichissement sont achetés principalement à la France (Areva-Orano), aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. Le pays dispose d’une usine de production d’assemblages de produits de fission (combustibles) à Västerås. Les déchets nucléaires sont stockés pendant 30 à 40 ans dans une installation provisoire située depuis 1985 à Oskarshamn et, tout comme ailleurs, les exploitants nucléaristes n’ayant pas de solution pour la gestion de leurs déchets radioactifs mortels, la structure officielle de gestion de la mort radioactive (SKB) construit une poubelle nucléaire sous terre à Forsmark.

L’énergie en Suède

2022_Suede_energie-solaire.jpgLa Suède à une consommation d’énergie 2,5 fois plus élevée que la moyenne mondiale, supérieure de 33 % à celles de la France et de 35 % à celle de l’Allemagne, en partie à cause du climat froid et en partie de son industrie très développée et très consommatrice en énergie. Cependant, les émissions de CO2 liées à l’énergie de la Suède étaient « seulement » de 3,27 tonnes par habitant en 2019, un des taux les plus bas parmi les pays développés, inférieur de 26 % à la moyenne mondiale, de 25 % à celui de la France et de 58 % à celui de l’Allemagne. Notamment grâce aux énergies renouvelables qui fournissent 67,5 % (hydroélectricité : 44,2 %, éolien : 16,9 %, biomasse : 4,7 %, déchets : 1,1 %, solaire : 0,6 %), un système de chauffage urbain fondé sur des réseaux de chaleur alimentés par des centrales de cogénération utilisant 81,5 % d’énergies renouvelables (biomasse : 47 %, déchets : 15 %). Ce système couvre près de 60 % des besoins de chauffage du pays.

La Suède se situait au premier rang parmi les pays de l’UE en 2018 pour la part des énergies renouvelables dans la consommation brute d’énergie finale : 54,6 %, devant la Finlande : 41,2 %. Elle se classait en 2018 au 11e rang mondial pour sa production hydroélectrique et au 10e rang mondial pour sa production d’électricité éolienne.

Tout comme pour son voisin le Danemark (1), les côtes suédoises ont un important potentiel éolien. Par exemple, la côte ouest suédoise (Bohuslän, Västergötland et Halland), la Scanie et l’île de Gotland possèdent un potentiel énergétique de plus de 300 W m. C’est aussi au niveau des côtes au sud du pays que se trouve le plus important potentiel solaire. Ainsi, la Scanie, l’île de Gotland et toute une zone située autour de Stockholm bénéficient d’un ensoleillement annuel allant jusqu’à 1 200 kWh/m, comparable à celui du nord de la France malgré une latitude supérieure.

(1) En 2015, le Danemark a réussi à répondre à 140 % de ses besoins en énergie grâce à l’éolien, exportant une partie de sa production à ses pays voisins comme l’Allemagne, la Suède ou la Norvège.