La confrontation russo-américaine s’étend vers l’Arctique

La confrontation russo-américaine s’étend vers l’Arctique

Les États-Unis ont l’intention de revoir significativement les priorités de leur politique en Arctique. C’est la conclusion qui découle de la conférence de presse en ligne du conseiller du département d’État américain Derek Scholle. Ce dernier déplore que l’Occident ne dispose pas d’une stratégie d’action de défense en Arctique et pointe la nécessité d’en créer une. De plus, selon le responsable américain, plusieurs problèmes clés de la région peuvent être réglés sans la participation de la Russie.

Le département d’État américain n’a pas décidé d’évoquer l’Arctique par hasard. La présidence russe au Conseil de l’Arctique arrive prochainement à échéance. Cette organisation, appelée à contribuer au développement durable de la région, comprend huit pays: la Russie, l’Islande, le Canada, la Norvège, les États-Unis, la Finlande, la Suède et le Danemark. Après les récents évènements, il se fait que sept d’entre eux sont des membres de l’Otan. La procédure juridique d’adhésion de la Finlande et de la Suède est en cours. Leurs demandes d’adhésion doivent être approuvées par tous les pays membres de l’Alliance. Selon Derek Scholle, cela conduit à une situation foncièrement différente.

L’Otan ne possède pas de stratégie arctique, bien que l’Arctique soit mentionnée dans le Concept stratégique approuvé au sommet de l’Alliance à Madrid cet été. Par ailleurs, comme l’a constaté le diplomate américain, « après l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’Otan, un très grand territoire tombera sous le coup de l’article 5 de l’Otan, qui porte sur la défense mutuelle. Ce sera un changement fondamental dans la réflexion de l’Alliance ». D’après lui, les États-Unis s’attendent à ce que l’Otan revoie ses plans stratégiques et que les nouveaux alliés de Washington travaillent activement sur les questions relatives à la défense de la région.

Derek Scholle a désigné sans équivoque l’adversaire éventuel à contenir. Il a souligné que « les récentes actions de la Russie ont exercé une nouvelle pression sur la région qui se caractérisait depuis longtemps par la coopération » et que Moscou a dépensé d’importants moyens pour militariser l’Arctique. Il est également reproché à la Russie de coopérer avec la Chine. Cette dernière ne fait pas partie du Conseil de l’Arctique mais tente de l’intégrer. Pékin possède le statut d’observateur au sein de l’organisation.

Entre-temps, la plupart des projets relatifs au développement durable sont aujourd’hui réalisés sans elle, a déclaré le conseiller du département d’État américain. « Un changement s’est produit dans le travail du Conseil de l’Arctique. À l’heure actuelle, il ne réalise que des projets qui ne prévoient pas la participation de la Russie. À noter qu’entre 60 et 75% des projets du Conseil de l’Arctique, notamment dans des domaines tels que l’éducation, la pêche et d’autres, peuvent se dérouler sans la participation de la Russie », a indiqué Derek Scholle. À en juger par ses propos, qui peuvent être considérés comme une sorte de manifeste de la future politique arctique des États-Unis, l’Occident n’a pas l’intention d’œuvrer à l’exclusion de la Russie du Conseil de l’Arctique. Mais les Américains et leurs alliés ont l’intention d’y réduire son influence. De facto, c’est déjà le cas. Depuis mars, les pays occidentaux ne participent pas aux réunions des structures du Conseil de l’Arctique se déroulant en Russie et sous la présidence russe. À terme, ce sera probablement un boycott permanent et non temporaire.

Il est à noter que ces dernières années les États-Unis accordent une attention particulière à l’Arctique. Ils créent leur propre flotte de brise-glaces, s’intéressent de très près aux projets relatifs au développement de la région. Alors qu’en 2019, Donald Trump avait même avancé une idée inattendue: acheter le territoire du Groenland au Danemark. L’une des raisons de cette démarche consistait à réduire l’influence de la Russie et de la Chine dans la région arctique. Pékin met en œuvre plusieurs projets au Groenland, alors que la Russie possède la plus grande ligne maritime, incomparable avec l’américaine, le long de l’océan Arctique. Toutefois, Washington ne parlait pas d’une restriction de la coopération avec la Russie au niveau du Conseil de l’Arctique jusqu’à l’opération en Ukraine. Et les questions de défense en Arctique n’intéressaient pas vraiment le département d’État américain ni la Suède ou la Finlande, d’ailleurs.

Alexandre Lemoine
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