Vivre sa foi dans l’Ouest canadien

Vivre sa foi dans l’Ouest canadien

Si on imagine bien quelques cowboys louant le Seigneur sur des airs country, venus à la messe à cheval avec leurs plus beaux chapeaux, la foi en Alberta ne peut se résumer à ces clichés (quoique vrais de temps en temps !). Qui sont les croyants d’Alberta? Au pays des cowboys et des montagnes, Dieu a aussi dressé sa tente. Zoom sur la réalité des croyants d’une partie de l’Ouest canadien.

L’Alberta est une «terre d’immigration», lance de prime abord Ambroise, installé à Calgary depuis un peu plus d’un an. Le jeune homme originaire de France cherche naturellement, à son arrivée de Montréal, une communauté à laquelle se greffer. Trouver des jeunes, trouver une communauté qui le rattache à sa francophonie : c’est son objectif. «Je n’ai pas réussi à trouver le meilleur des deux mondes, soit des gens de mon âge avec qui pratiquer ma foi ou avec qui échanger sur des sujets religieux, tout en me sentant un peu chez moi, puisque je pense que le fait de parler sa langue permet de vraiment se rattacher à ce qu’on est et à son identité.»

Du monde «à messe»!

Ambroise fréquente la paroisse anglophone St-Francis-Xavier et son aumônerie, ainsi que l’unique paroisse francophone de Calgary, Sainte-Famille. Deux paroisses qu’il ne faut pas nécessairement opposer, mais qui offrent toutes les deux leur richesse et leur nourriture spirituelle. Se «lier particulièrement à une paroisse» reste toutefois complexe.

«St-François-Xavier, c’est assez typique des communautés anglophones d’Amérique du Nord relativement jeunes, une espèce de retour à une certaine radicalité, dans le sens d’une recherche de rattachement à l’origine, assez intellectualisée aussi. Ce n’est pas nécessairement négatif, au contraire: c’est un certain retour aux sources où on enlève les choses en trop. »

«À Sainte-Famille, c’est plus familial. Plus âgé. Il y a moins de jeunes. Il y a cet équilibre avec des familles et beaucoup d’interculturalité et d’implication de personnes assez différentes dans le projet paroissial. Ça donne une bonne intégration des nouveaux ! Je pense qu’il y a un bel accueil.»

Effectivement, dans les bancs d’église du dimanche, on croise des Chevaliers de Colomb, des nouveaux arrivants de la communauté africaine, des «expat’» français, des familles québécoises, des personnes âgées de la francophonie albertaine impliquées depuis 30 ou 40 ans et, au milieu de tout ce beau monde, un prêtre irakien appartenant à l’Église chaldéenne, curé de la paroisse depuis plus de dix ans. Du beau monde «à messe»!

Ce qui marque davantage Ambroise dans son expérience de foi dans l’Ouest? « Des communautés soudées! Par exemple, Sainte-Famille, c’est une église soudée principalement parce que c’est une terre d’accueil pour les francophones chrétiens. […] Dans une volonté d’intégration, je pense qu’en tant que nouvel arrivant, tu as le désir de t’impliquer ».

Il a aussi eu cette impression de communauté «proche» et tissée serrée lors de son passage à Lac Sainte-Anne, lieu de pèlerinage connu où est d’ailleurs passé le pape François l’été dernier.

Ambiance paroissiale branchée sur la vie locale

Le curé de la paroisse Sainte-Famille, Mgr Noël Farman, a fait sa tournée des classes récemment. Au menu : discussions sur les sacrements et sur la foi dans plusieurs écoles catholiques francophones de Calgary. Quelques jeunes sont venus lui demander comment se faire baptiser. De si belles occasions de créer des liens. Ce sont d’ailleurs les enfants de plusieurs classes qui réaliseront, encore cette année, les décorations pour les grandes fêtes liturgiques de la paroisse Sainte-Famille.

C’est une réalité qui sort de l’ordinaire pour le Québec, mais qui semble se vivre plutôt organiquement en Alberta.

L’Église albertaine se retrousse aussi les manches pour répondre à l’appel du pape François en allant aux périphéries.

En 2003, le Conseil de l’éducation de la foi catholique chez les francophones de l’Alberta (CÉFFA) est né parce qu’un besoin «d’éducation à la foi chez les francophones» se faisait sentir. Du matériel en français, des ressources pour accompagner les quatre Conseils scolaires francophones de l’Alberta et surtout, «un réseau de collaboration, d’échange et de formation des intervenants entre les diocèses, les conseils scolaires, les écoles et les paroisses», c’est ce qu’offre le CÉFFA. Le tout «dans une dynamique complémentaire aux plans familial, scolaire et paroissial», peut-on lire sur leur site Web.

L’Église albertaine se retrousse aussi les manches pour répondre à l’appel du pape François en allant aux périphéries. On retrouve par exemple des veillées de prière les mardis soir à la communauté de l’Arche de Calgary (et probablement ailleurs).

Elizabeth House, une initiative des sœurs de la Charité de Saint-Louis et du diocèse de Calgary depuis 1996, est une maison qui accueille les mères seules enceintes ou avec un bébé et qui offre un espace de vie et de réadaptation. Catholic Christian Outreach (CCO) est très présent sur les campus universitaires albertains, le couple fondateur étant d’ailleurs originaire de l’Alberta. Bref, pour plusieurs, la foi fait écho aux besoins spirituels et sociaux des territoires albertains et offre un moteur d’action et de prière.

Chrétiens des villes, chrétiens des champs

«Je viens des environs de Saint-Paul [à deux heures d’Edmonton], où il y a une assez forte présence francophone, explique Claudie-Anne, mariée et mère de 3 enfants. Les villages des alentours ont tous été fondés par des prêtres qui ont fait venir des Canadiens-français au début du siècle dernier. La foi a donc façonné nos campagnes.»

Comme dans plusieurs endroits au Canada, elle sent un déclin dans la pratique religieuse catholique. Toutefois, l’Alberta ne semble pas avoir de «Révolution tranquille». «La transmission de la foi s’est faite sans brusque interruption.» Ainsi, la «grande majorité» des gens autour d’elle croit en Dieu, que ce soit des catholiques ou d’autres confessions chrétiennes.

 «Je dirais que la foi communautaire est d’aller à la messe les dimanches. Et c’est tout. On a très peu d’occasions de partager ou de nourrir notre foi. On se débrouille malgré tout, mais on se sent parfois seuls en tant que jeunes à tenir la double identité francophone-catholique.»

Elle et son mari s’impliquent en plus dans différents services de la paroisse. «Le reste de la vie de foi se passe en famille et en couple.»

Des paysages plein le cœur

Le territoire marque évidemment l’expérience de foi. La campagne ou la ville. Le français ou l’anglais. Les traditions ou la modernité. Tant de différences qui peuvent autant séparer que rassembler. Tout est dans l’art d’aller puiser les richesses aux bons endroits et de trouver un peu de temps à offrir là où le cœur est interpelé.

La nature ne peut être absente de ce cheminement de foi qui grandit. Devant ces paysages grandioses de la nature, où lac et montagne touchent le ciel, où le cœur se dilate devant tant d’espace et de majesté, l’âme ne peut qu’elle aussi grandir en sillonnant de nouveaux paysages intérieurs qui se révèlent mystérieusement.

On croirait presque voir arriver le Bon Dieu à cheval, là-bas au loin, bondissant sur les collines (Ct 2,8) et dans les vallons d’herbe verte où des petits troupeaux de vaches broutent tranquillement ça et là, vivant leur plus belle vie.

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