La Bible, ce manuel de technologie

La Bible, ce manuel de technologie

On ne pense généralement pas à aller fouiller dans la Bible quand on a des questions sur la technologie. C’est bien dommage, parce que ça pourrait grandement nous éclairer.Sans tomber dans un pessimisme naïf, la Bible contient plusieurs récits très lucides sur le lien entre la technologie et l’éloignement de Dieu. Et sans non plus tomber dans un optimisme naïf, la Bible nous montre aussi comment employer la technologie pour emmener concrètement Dieu dans les périphéries.

On peut voir apparaitre le lien entre la technologie et l’éloignement de Dieu dès la Genèse. 

Dans le jardin d’Éden, Adam et Ève n’avaient recours à aucune technologie. Ils étaient nus. Ce n’est qu’après la chute que la technologie apparait, sous forme de vêtements. Il s’agit d’une protection maintenant nécessaire dans un monde devenu épineux.

La même chose se produit avec Caïn. Après le meurtre d’Abel, Dieu expulse Caïn encore plus loin du jardin. Il est maintenant un vagabond sur la terre. Et comme il y fait face à encore plus d’hostilités que ses parents, Caïn a besoin non seulement de vêtements pour se protéger, mais d’une ville.

Ensuite, ce sera Tubal Caïn, un des petits-fils de Caïn, qui concevra les premiers outils d’airain et de fer. Bientôt, il y aura tant de violence sur la terre que ce sera le déluge…

Assez négatif. 

Cependant, l’histoire ne s’arrête pas là. La technologie est aussi ce qui permet à Noé de construire l’arche. Parce que Noé est un juste, parce qu’il reste connecté à Dieu même dans un monde qui en  est profondément déconnecté, il peut y préserver la présence de Dieu. Il peut participer techniquement, concrètement, à la création d’un nouveau monde.

Se détacher pour mieux maitriser

Cette structure symbolique est approfondie dans l’Exode. 

D’un côté, on y voit clairement que, pour se rapprocher de Dieu, on doit retirer les couches de technologie qui nous éloignent de lui. Dans son livre sur la vie de Moïse, saint Grégoire de Nysse explique ainsi que, lorsque Moïse retire ses sandales devant le buisson ardent, il retire les vêtements de peau que Dieu avait donnés à Adam et Ève avant de les expulser du jardin2.Pourquoi est-ce que, après avoir fait tant d’efforts pour ne plus dépendre de la technologie et pour entrer en contact avec Dieu, Moïse doit redescendre au bas de la montagne avec des plans techniques ?

Comme Noé, parce qu’il est juste, Moïse peut utiliser la technologie à bon escient. S’il garde Dieu en mémoire, il peut s’éloigner du sommet de la montagne sans perdre contact avec Dieu. Au contraire, il peut l’amener concrètement dans les périphéries.

Ainsi, le tabernacle est un bâtiment, quelque chose de matériel, issu de technique architecturale. Mais c’est aussi la demeure concrète de Dieu sur terre, la graine d’un Nouveau Monde, comme l’arche de Noé.

Un charpentier à Rome

Pour finir, tournons-nous vers Jésus. Comme pour tous les thèmes traités dans la Bible, c’est en Jésus que l’histoire de la technologie culmine.

Pour comprendre ici, il faut se rappeler que Rome était un empire technologique. Dans son armée, dans sa bureaucratie, dans son architecture, etc., Rome dépassait techniquement tous les peuples aux alentours.

De plus, on peut voir dans son mythe fondateur que Rome s’inscrit dans la lignée de Caïn. On se rappellera que, dans le mythe fondateur de la ville, les deux frères Romulus et Rémus n’arrivent pas à s’entendre sur la location de leur ville. Romulus tue alors Rémus et fonde Rome. 

Le parallèle avec Caïn qui fonde la première ville après avoir tué son frère n’est pas un hasard. Éloignement de Dieu, technologie et violence vont ensemble, encore une fois.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Étant non seulement en contact avec Dieu, comme Noé et Moïse, Jésus est Dieu lui-même. En descendant dans l’empire technologique romain, Jésus ne vient donc pas s’y perdre, mais y amener Dieu. Il est un charpentier qui construit une arche et conquiert Rome.

Jésus, l’ultime technicien

C’est vraiment fascinant parce que, d’un côté, on peut voir qu’en montant sur sa croix, Jésus retourne au jardin. Il maudit le figuier qui avait été utilisé pour créer les premiers vêtements, se revêt d’une couronne d’épines qui faisait partie de la malédiction d’Adam, et sur l’arbre, il est complètement nu devant Dieu, au sommet du mont calvaire. Et j’en passe ! Le fait est que Jésus est retourné dans le jardin d’Éden. Il est ascétique au sommet de la montagne, comme Moïse. 

Mais on peut voir, qu’en même temps, en acceptant sa crucifixion, Jésus crée très concrètement l’arche et le tabernacle à partir desquels il conquiert et recrée Rome. En effet, la ville s’est convertie officiellement au quatrième siècle avec l’empereur Constantin. L’énorme empire technologique, la ville de Caïn, s’est alors recentré sur le sacrifice de Jésus, l’Agneau immolé. 

Jésus est ainsi à la fois l’ascétique et le technicien ultime: Il a su tourner tout l’appareillage technologique de Rome, de sa bureaucratie à son architecture, au service de l’Église.

Et selon la Bible, Jésus fera un jour à l’échelle cosmique ce qu’il a déjà fait à Rome. En effet, dans l’Apocalypse, l’image du royaume de Dieu que l’on a, ce n’est plus le jardin d’Éden, mais la Jérusalem céleste. C’est une riche ville technologique construite autour de l’Agneau. C’est la volonté de Dieu faite partout, même dans la technologie.

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