Faites l’amour, au nom de Dieu !

Faites l’amour, au nom de Dieu !

Le titre aura probablement attiré votre attention : faire l’amour, c’est bon, c’est beau, c’est fort et ça intrigue. Certains courants spirituels en ont même fait une religionCantique des cantiques se côtoient mystérieusement autant le délice de la jouissance que les blessures les plus profondes. Si l’atteinte du « 7e ciel » a quelque chose de transcendant, elle offre pourtant un caractère bien incarné ! Comme m’a dit récemment un interlocuteur, « la communion des corps, ça commence bien avant le lit ! »

Question (de) préliminaire(s) : est-ce qu’on devrait inviter Dieu dans le lit conjugal ? Si certains couples prient avant de faire l’amour ou lorsqu’ils désirent concevoir un enfant, d’autres trouveront l’idée un peu étrange. Même si « ça s’insère drôlement dans des préliminaires », reste que, pour les couples témoignant dans cet article, les bons fruits qui découlent de leur intimité affective et sexuelle sont un cadeau de Dieu et font grandir leur amour.

« C’est le p’tit machin qui passe par ici
Cet article est d’abord paru dans notre numéro spécial de mars 2022. Cliquez sur cette bannière pour y accéder en format Web.

Mais une sexualité jouissive est-elle seulement une affaire de compatibilité des corps et d’hormones ? Déjà, dans l’univers sexologique, une nuance est apportée entre l’orgasme (plaisir subjectif) et l’orgaste (plaisir objectif provoqué par la stimulation sexuelle qui ne se contrôle pas). On peut imaginer que les dimensions de la communion parfaite des amants dépassent largement la sexualité et même l’unique communion des corps. « Aujourd’hui, les scientifiques s’accordent pour le dire : quelqu’un qui est heureux, c’est quelqu’un qui sait mettre en perspective ses pensées, ses valeurs et ses émotions », ajoute Raphaëlle. Pour la conseillère conjugale, « l’harmonie » survient quand sont liés désirs, émotions et pensées rationnelles.

Faire l’amour s’apprend

« Faire l’amour », jolie image de la langue française évoquant quelque chose de la construction.

Myriam et Daniel sont mariés depuis 20 ans cette année et ils ont appris à faire l’amour. « Au début, c’était plus compliqué. Quand ça marchait pas trop, Daniel se fâchait, il s’en allait et moi ça faisait que je ne me sentais pas vraiment aimée et respectée. Avec les années, il a compris qu’il fallait qu’il m’écoute. » Avec le temps, leur dialogue – en mots et en gestes – s’est étoffé et leur attention l’un envers l’autre a grandi.

Pour Daniel, la communion dans la sexualité est aussi loin d’être une histoire de performance. Passeront « à côté de la track » ceux qui se coincent dans la logique mécanique/technique : « Si tu es juste mindé là-dessus, tu ne vas pas voir que [ta partenaire] est mal à l’aise ou que ça ne marche pas. » La clé pour lui ? Être à l’écoute de l’autre et être dans le « don de soi mutuel ».

Communication !

Dans son métier, Raphaëlle rencontre beaucoup de couples, souvent en crise. « Quand on évoque la sexualité, on se rend compte que la situation sous-jacente est bien plus complexe. » En général, la sexualité vient cristalliser d’autres problématiques chez la femme et chez l’homme. « Un couple en crise est un couple qui a une sexualité plus rare, parfois même inexistante. »

Bien sûr, certaines difficultés fonctionnelles ou physiologiques peuvent être une barrière et créer des conflits ou des frustrations nécessitant un accompagnement médical et psychologique. Mais dans son expérience professionnelle, la difficulté la plus récurrente que rencontre Raphaëlle, c’est un problème « de communication ».

Myriam l’illustre bien dans son témoignage avec Daniel : « Ce qui me bloque, c’est vraiment quand on ne se parle pas et qu’on vit chacun de notre bord. Ça se reflète dans notre sexualité aussi. Ça suit les hauts et les bas. »

Le couple a découvert, il y a quelques années, les langages de l’amoursexualité

Illustration : Joséphine Dubern.

Le rythme est aussi un des sujets « insolubles dans un couple », aux yeux de la conseillère conjugale et sexologue. Chacun vit sa sexualité différemment et a son propre rythme. « L’un a plus envie que l’autre, qui peut avoir un peu moins de désir. » Pas de doute, accorder son désir sexuel et ses besoins affectifs profonds est un travail de longue haleine, mais c’est aussi la clé d’une plus grande harmonie.

Moins de vêtements, plus de guérison

Noémie a connu de la sexualité… le vide. Elle allait dans les groupes de sexoliques anonymes l’année avant son mariage tout en recherchant pourtant la communion avec les autres par des relations sexuelles. Mais son désir était chaque fois déçu : « Plus je la cherchais, plus la communion devenait juste impossible parce que, chaque fois, tu te blesses en te donnant tout entière, en te donnant à quelqu’un qui, finalement, ne veut pas vraiment te recevoir. Tu blesses l’autre en faisant un peu la même chose avec lui. Puis moi, étant croyante, je décevais chaque fois mon Seigneur. J’avais honte, et là, ce sont des couches et des couches de mauvais sentiments. »

« À la fois, je saisissais la grandeur de [la sexualité], parce que c’était comme mon meilleur moyen d’autodestruction. »

À la base, elle a vécu une « rupture de communion avec elle-même », les prémices de sa sexualité étant « hyper blessées ». Sa première exposition à la pornographie à 11 ans a tôt fait de l’attirer dans la « spirale infernale » de la dépendance. Même si elle est convertie à la foi chrétienne vers 16 ans, cela ne l’empêche pas de porter pendant encore plusieurs années ce lourd fardeau.

Noémie rencontre celui qui deviendra son mari et qui veut vivre la chasteté avec elle avant le mariage. Un homme qui veut la choisir pour toujours sans la connaitre entièrement… Découverte guérissante ! Elle réalise qu’elle a une valeur non seulement aux yeux de Dieu, mais aussi aux yeux de quelqu’un. « Parce que, des fois, ça devient un peu abstrait, l’amour de Dieu. On a besoin de quelqu’un autour de nous pour nous montrer que Dieu nous aime. »

Ils se sont mariés. Ils se sont unis. « Et ça a été extraordinaire. »

sexualité
Illustration : Joséphine Dubern.

Le délicat doigté de Dieu

Noémie a découvert une très grande liberté dans une sexualité exclusive. « Probablement la sexualité la plus plate aux yeux du monde, dans le sens où il n’y a rien d’excitant à avoir des relations sexuelles toujours avec la même personne dans le même lit. Il n’y a rien de fou. Mais ça m’a TELLEMENT libérée. » Après trois ans de mariage, elle a l’impression que leur communion charnelle les rapproche toujours davantage, elle et son mari. « Ça a été juste des couches de guérisons, les unes par-dessus les autres ! »

Elle rend grâce au Seigneur pour sa patience et pour le cadeau qu’il lui fait de vivre maintenant une belle sexualité. « Je pensais que c’était à part, que Dieu n’allait pas toucher à ça parce que je l’avais trop bousillée. Pour moi, il ne pouvait pas aller là… Mais non ! C’est beau de voir qu’il s’est rendu dans ces profondeurs, qu’il s’y rend encore, qu’il nous visite. »

De quel bois se chauffe-t-on ?

Qu’est-ce qui peut enrichir ou réparer la communion des corps et des cœurs ?

« C’est comme bien des choses dans la vie, ça a besoin d’être entretenu. Un sentiment amoureux, c’est un peu comme un feu. On a besoin d’y mettre du bois pour que ça brule ! » conclut Raphaëlle.

Faire l’amour, c’est « naturel », ça fait partie de la vie. Pour Raphaëlle, il s’agit de donner à la sexualité sa juste place. Si c’est un « moment de retrouvailles intimes du couple » et un pan important de la relation, un regard chaleureux, un mot gentil, une caresse ou un acte de gentillesse est tout aussi important. « Un orgasme va provoquer beaucoup de choses. Mais dans un couple qui aura des extases au lit sans savoir se parler gentiment, quelque chose va aller de travers. »

Le couple existe évidemment au-delà de sa sexualité, rappelle Raphaëlle, évoquant l’exemple de maladies ou de handicaps rendant les relations sexuelles complexes ou impossibles. « Ils ne sont pas toujours des couples plus malheureux que les autres. » La sexualité est ainsi un mot large, dynamique, qui fait partie d’un tout. « On peut avoir du plaisir autrement que juste dans une relation génitale. »

*

Dans toutes les transformations du corps et du cœur, à travers les mille-et-un évènements de la vie, beaux ou difficiles, le quotidien, les adultères, les soucis, l’arrivée d’enfants, les fausses couches, les changements, les deuils, les maladies, la communion des corps et des cœurs plonge ses racines et déploie ses branchages, offrant ses plus beaux fruits : la joie et la Vie.

Pour aller plus loin :

Ne gâchez pas votre plaisir, il est sacré. Pour une liturgie de l’orgasme, Olivier Florant, Presses de la Renaissance, 2006, 240 pages.

Éloge du mariage, du couple et autres folies, Christiane Singer, Albin Michel, 2000, 131 pages.

Illustration de couverture : Joséphine Dubern.

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Source : Lire l'article complet par Le Verbe

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