Les médias attaquent Orbán : les preuves de la nullité des journalistes français

Les médias attaquent Orbán : les preuves de la nullité des journalistes français

Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán est régulièrement accusé de tous les maux par les journalistes français, choqués qu’un dirigeant européen soit encore capable de mettre la défense de son peuple devant toute autre considération. « Pire », Viktor Orbán est régulièrement soutenu par ce même peuple… Incompréhensible et impardonnable pour les grands médias parisiens ! Et justement, si l’on en croit les médias de grands chemins, Viktor Orbán est désormais isolé après une déclaration choquante… C’est évidemment un vœu pieu, mais pourquoi les médias français se réjouissent-ils ainsi ? C’est un extrait d’un discours prononcé en Roumanie qui a choqué les médias. Dans ce discours, le Premier ministre hongrois aurait évoqué « une race hongroise non mixte ». Plutôt que d’écouter les journalistes parisiens, nous vous proposons d’abord une analyse de Thibaud Gibelin, essayiste, professeur invité au Mathias Corvinus Collegium, auteur de Pourquoi Viktor Orban joue et gagne – Résurgence de l’Europe centrale. Puis, nous reprenons une traduction de ce fameux discours de Viktor Orbán, publiée par Breizh-Info.

Polémia

Orbán et la question identitaire, par Thibaud Gibelin

Beaucoup de polémiques autour du discours annuel d’Orbán à Tusvanyos. Nouveau fil sur les principaux éléments de son exposé. Ici, la question identitaire.

Démographie : la Hongrie est en-dessous du seuil de renouvellement. Amélioration de la natalité 2010-2020, ressac depuis le Covid. Un peuple qui ne peut se renouveler biologiquement renonce à son droit à vivre.

Si les Hongrois courent le risque d’être évincés du bassin des Carpates, la première cause sera démographique. D’où le maintien des politiques natalistes et de l’orientation « pro-famille » du gouvernement hongrois.

Deuxième défi : l’immigration. Orbán assume le terme de remplacement et lui adjoint celui d’inondation. La première cause est spirituelle et Orbán conseille à l’auditoire la lecture du Camp des Saints de Jean Raspail.

Face à l’immigration de peuplement qui caractérise l’Europe de l’Ouest depuis 50 ans, le Premier ministre hongrois épingle « les évolutions spirituelles sous-jacentes à l’incapacité de l’Occident à se défendre ».

Dans les pays de l’Ouest « un conglomérat de peuples » se seraient substitué aux nations. Les lois de la démographie donneront la mesure du bouleversement vers 2050. La Hongrie veut suivre une autre voie que ce « Post-Occident ».

Que chacun suive sa voie. L’Europe centrale refuse le prosélytisme « diversitaire » de l’Ouest, qui lui ne veut pas admettre une voie alternative comme possible ou légitime.

Orbán démine ici un argument de la gauche occidentale selon lequel il n’y a en Europe que des peuples métis. Il distingue le monde européen fait d’incessants échanges régionaux et le mélange révolutionnaire auquel sont livrées les populations de l’Ouest.

La Hongrie revendique la diversité inhérente à l’Europe centrale : « nous sommes simplement un mélange de peuples vivant dans notre propre patrie européenne ».

Orbán entend respecter la continuité historique de l’Europe centrale, aux antipodes d’une obsession abstraite ou d’une idéologie identitaire.

Ici, il faut remettre les choses en perspective pour déminer la polémique qu’agitent nombre de médias. Vu d’Europe centrale, il s’agit de refuser un nouveau fléau idéologique venu de l’Ouest. Explications :

La Révolution française a ouvert l’ère stato-nationale en Europe, c’est-à-dire la remise en cause de l’ordre existant pour faire coïncider deux sources de légitimité : le droit d’État et le droit national.

Or, ce principe était inapplicable en Europe centrale où s’enchevêtrent peuples germaniques, slaves, magyar, roumain. L’unité autrichienne garantissait l’indépendance de la région danubienne face à la fois au pangermanisme et au panslavisme.

La fidélité dynastique et des coutumes historiques l’emportaient dans la région sur les passions nationales. Pour le pire, ces dernières triomphent en 1918 et disloquent la région avec l’appui de Londres et Paris (cf. François Fejtö, Requiem pour un empire défunt).

Cet effondrement a livré la région à l’hégémonie allemande (1938-1945) puis soviétique (1945-1990). Les États non viables soutenues par les puissances de l’Ouest ont ensuite implosé (Tchécoslovaquie, Yougoslavie).

Au terme du calamiteux XXe siècle, l’espace danubien panse ses plaies, il est à la fois constitué en État-Nations et intégré dans les mêmes structures supranationales (UE, OTAN). Configuration nouvelle mais même but : cultiver ensemble la singularité de chaque peuple et la coexistence pacifique, défendre la continuité nationale et la solidarité civilisationnelle. Ni obsession nationale, ni aveuglement post-national.

C’est ici qu’intervient le nouveau séisme occidental, l’idéologie « diversitaire » selon le terme de Mathieu Bock-Côté.

Et il existe une filiation avec l’idéologie nationale d’autrefois. Dans les deux cas il s’agit d’en finir avec un ordre antérieur au nom du Progrès.

Après avoir nivelé la diversité constitutive de la France au nom d’un citoyen national abstrait, la République veut niveler l’humanité, cette poussière de monades semblables, à l’individu auto-déterminé, pur produit de ses choix.

Ainsi Viktor Orbán défend une logique de continuité, de transmission et de fidélité à l’égard de la civilisation dont nous sommes héritiers. Refus de la confusion, du nivellement et donc du nihilisme.

Morceaux choisi du discours de Viktor Orbán le 23 juillet 2022 devant des étudiants, traduit par Breizh-Info

Chers amis,

Lorsque l’on observe le monde, ce qui est le plus frappant, c’est que les données suggèrent qu’il va de mieux en mieux et pourtant nous avons l’impression que c’est le contraire. L’espérance de vie a atteint soixante-dix ans, et en Europe, elle est de quatre-vingt ans. Au cours des trente dernières années, la mortalité infantile a diminué d’un tiers. En 1950, le taux de malnutrition dans le monde était de 50 %, alors qu’il est aujourd’hui de 15 %. En 1950, la proportion de la population mondiale vivant dans la pauvreté était de 70 %, et en 2020, elle ne sera plus que de 15 %. Dans le monde entier, le taux d’alphabétisation est passé à 90 %. En 1950, la durée moyenne de la semaine de travail était de 52 heures, mais elle est tombée à 40 heures par semaine aujourd’hui, le temps de loisirs passant de 30 à 40 heures. Je pourrais continuer la liste longuement.

(…)

Il y a cent ans, quand on parlait du déclin de l’Occident, on faisait référence au déclin spirituel et démographique. Ce que nous voyons aujourd’hui, en revanche, c’est le déclin de la puissance et des ressources matérielles du monde occidental. Je dois dire quelques mots à ce sujet pour nous permettre de bien comprendre la situation dans laquelle nous nous trouvons.

Il est important que nous comprenions que d’autres civilisations – la Chine, l’Inde, disons le monde orthodoxe, et même l’Islam – ont également connu un processus de modernisation. Et nous constatons que les civilisations rivales ont adopté la technologie occidentale et maîtrisé le système financier occidental, mais elles n’ont pas adopté les valeurs occidentales – et elles n’ont absolument pas l’intention de les adopter. Néanmoins, l’Occident veut diffuser ses propres valeurs, ce que le reste du monde ressent comme une humiliation. C’est quelque chose que nous comprenons, car nous ressentons parfois la même chose. Je me souviens d’un épisode de la vie de notre ministre des affaires étrangères Péter Szijjártó, vers 2014, sous une précédente administration américaine. Un fonctionnaire du gouvernement américain en visite a poussé négligemment une feuille de papier devant lui et a simplement dit que la Constitution hongroise devait être modifiée sur les points qu’elle contenait, après quoi l’amitié serait restaurée. Nous comprenons donc cette résistance du reste du monde à la propagation des valeurs par l’Occident, à son exportation de la démocratie. En fait, je soupçonne que le reste du monde a compris qu’il doit se moderniser précisément parce que c’est le seul moyen de résister à l’exportation des valeurs occidentales qui lui sont étrangères. Le plus douloureux dans cette perte de territoire, cette perte de pouvoir et de territoire matériel, c’est que nous, en Occident, avons perdu le contrôle des vecteurs énergétiques. En 1900, les États-Unis et l’Europe contrôlaient 90 % de tous les approvisionnements en pétrole, gaz naturel et charbon. En 1950, ce chiffre était tombé à 75 %, et aujourd’hui la situation est la suivante : les États-Unis et l’Europe contrôlent ensemble 35 %, les États-Unis 25 %, tandis que nous contrôlons 10 % ; les Russes 20 % ; et le Moyen-Orient 30 %. Et la situation est la même pour les matières premières. Au début des années 1900, les États-Unis, les Britanniques et les Allemands détenaient une proportion considérable des matières premières nécessaires à l’industrie moderne. Après la Seconde Guerre mondiale, les Soviétiques sont intervenus ; et aujourd’hui, nous constatons que ces matières premières sont détenues par l’Australie, le Brésil et la Chine – 50 % des exportations totales de matières premières de l’Afrique allant à la Chine. Mais si nous regardons vers l’avenir, ce que nous voyons n’est pas très bon non plus. En 1980, les États-Unis et l’Union soviétique dominaient l’approvisionnement de la plupart des terres rares qui constituent les matériaux de base des industries fondées sur la technologie moderne. Aujourd’hui, les Chinois en produisent cinq fois plus que les États-Unis et soixante fois plus que les Russes. Cela signifie que l’Occident est en train de perdre la bataille des matériaux. Si nous voulons comprendre l’état du monde, si nous voulons comprendre l’état de l’Occidental dans le monde, notre point de départ doit être que la plupart des vecteurs énergétiques et des ressources énergétiques du monde se trouvent en dehors de la civilisation occidentale. Ce sont des faits concrets.

Dans ce contexte, notre situation – celle de l’Europe – est doublement difficile. C’est la raison pour laquelle les États-Unis ont la stratégie qu’ils ont. L’année 2013 est une année qui n’a été notée ou écrite nulle part par personne. Mais c’est l’année où les Américains ont lancé de nouvelles technologies d’extraction de matières premières et d’énergie – pour simplifier, appelons cela la méthode d’extraction d’énergie par fracturation. Ils ont immédiatement annoncé une nouvelle doctrine de la politique de sécurité américaine. Je la cite, elle est la suivante. Cette nouvelle technologie, ont-ils dit, les mettrait dans une position plus forte pour poursuivre et atteindre leurs objectifs de sécurité internationale. En d’autres termes, l’Amérique n’a pas caché qu’elle allait utiliser l’énergie comme une arme de politique étrangère. Le fait que d’autres soient accusés de cela ne doit pas nous tromper. Il s’ensuit que les Américains mènent une politique de sanctions plus audacieuse, comme nous le voyons dans l’ombre de l’actuelle guerre russo-ukrainienne ; et ils ont entrepris d’encourager fortement leurs alliés – en d’autres termes, nous – à s’approvisionner chez eux. Et cela fonctionne : les Américains sont en mesure d’imposer leur volonté parce qu’ils ne dépendent pas de l’énergie des autres ; ils sont en mesure d’exercer une pression hostile parce qu’ils contrôlent les réseaux financiers – appelons-les interrupteurs pour simplifier – de la politique de sanctions ; et ils sont également en mesure d’exercer une pression amicale, ce qui signifie qu’ils peuvent persuader leurs alliés d’acheter chez eux. Une version plus faible de cette politique a été observée lorsque le président Trump s’est rendu pour la première fois en Pologne, où il a simplement parlé de la nécessité pour eux d’acheter du « gaz de la liberté ». Cette stratégie américaine n’a été complétée que maintenant, en 2022, par la politique de sanctions. Voilà où nous en sommes, et je ne serais pas surpris que l’uranium, l’énergie nucléaire, soient bientôt inclus dans cette sphère. Les Européens ont répondu à cela, nous, Européens, avons répondu à cela, car nous ne voulions pas nous rendre dépendants des Américains. Ce n’est pas gentil, mais entre eux, les politiciens européens disent : « Nous avons attrapé un Yankee, mais il ne nous lâche pas. » Ils ne voulaient pas vraiment maintenir cet état de fait, et ils ont donc essayé de protéger l’axe énergétique russo-allemand aussi longtemps que possible, afin que nous puissions faire entrer l’énergie russe en Europe. Cet axe est aujourd’hui mis en pièces par la politique internationale. Puis, sous l’impulsion des Allemands, nous avons apporté une autre réponse : le passage aux sources d’énergie renouvelables. Mais jusqu’à présent, cela n’a pas fonctionné, car la technologie est coûteuse, et donc l’énergie qui en est tirée l’est aussi. En outre, le passage à cette technologie moderne ne se fait pas automatiquement, mais seulement sous la pression d’en haut, exercée sur les États membres par la Commission de Bruxelles – même si cela nuit gravement aux intérêts des États membres.

En passant, je dirai quelques mots sur les valeurs européennes. Voici, par exemple, la dernière proposition de la Commission européenne, qui dit que tout le monde doit réduire sa consommation de gaz naturel de 15 %. Je ne vois pas comment elle sera appliquée – même si, d’après ce que j’ai compris, le passé nous montre le savoir-faire allemand en la matière. De plus, si cela ne produit pas l’effet escompté et que quelqu’un n’a pas assez de gaz, il sera retiré à ceux qui en ont. Donc, ce que fait la Commission européenne, ce n’est pas demander aux Allemands d’inverser la fermeture de leurs deux ou trois dernières centrales nucléaires encore en activité, qui leur permettent de produire une énergie bon marché : elle les laisse fermer ces centrales. Et s’ils manquent d’énergie, d’une manière ou d’une autre, ils prendront du gaz chez nous qui en avons, parce que nous l’avons stocké. Nous, les Hongrois, appelons cela un « Einstand » [confiscation forcée par une partie plus forte], ce que nous avons appris dans « Les garçons de la rue Paul » [le roman A Pál utcai fiúk]. C’est à cela que nous pouvons nous préparer.

En résumé, Mesdames et Messieurs,

Ce que je veux dire, c’est que les sentiments négatifs de l’Occident à l’égard du monde sont dus au fait que l’énergie et les matières premières indispensables au développement économique ne sont plus entre ses mains. Ce qu’il possède, c’est la puissance militaire et le capital. La question est de savoir ce qu’il peut en faire dans les circonstances actuelles.

Permettez-moi ensuite de dire quelque chose à propos de nous, les Hongrois. Quelles sont les questions auxquelles la Hongrie et la nation hongroise doivent répondre aujourd’hui, comment et dans quel ordre devons-nous y répondre ?

Le premier et le plus important des défis, chers amis, reste la population, ou la démographie. Le fait est qu’il y a toujours beaucoup plus d’enterrements que de baptêmes. Que nous le voulions ou non, les peuples du monde peuvent être divisés en deux groupes : ceux qui sont capables de maintenir biologiquement leur nombre, et ceux qui ne le sont pas, c’est-à-dire le groupe auquel nous appartenons. Notre situation s’est améliorée, mais il n’y a pas eu de retournement de situation. C’est l’alpha et l’oméga de tout : s’il n’y a pas de revirement, tôt ou tard, nous serons déplacés de Hongrie, et nous serons déplacés du bassin des Carpates.

Le deuxième défi est l’immigration, que l’on pourrait appeler le remplacement de la population ou l’inondation. Il existe un livre remarquable sur cette question, écrit en français en 1973, et récemment publié en Hongrie. Il s’intitule « Le Camp des Saints » et je le recommande à tous ceux qui veulent comprendre les développements spirituels qui sous-tendent l’incapacité de l’Occident à se défendre. La migration a divisé l’Europe en deux – ou je pourrais dire qu’elle a divisé l’Occident en deux. Une moitié est un monde où les peuples européens et non-européens vivent ensemble. Ces pays ne sont plus des nations : ils ne sont rien d’autre qu’un conglomérat de peuples. Je pourrais aussi dire que ce n’est plus le monde occidental, mais le monde post-occidental. Et vers 2050, les lois de la mathématique entraîneront le changement démographique définitif : les villes de telle ou telle partie du continent verront la proportion de résidents d’origine non européenne dépasser 50 % du total. Et nous voilà en Europe centrale, dans l’autre moitié de l’Europe, ou de l’Ouest. Si ce n’était pas un peu confus, je pourrais dire que l’Occident – disons l’Occident dans son sens spirituel – s’est déplacé en Europe centrale : l’Occident est ici, et ce qui reste là-bas n’est que le post-Occident. Une bataille est en cours entre les deux moitiés de l’Europe. Nous avons fait une offre aux post-occidentaux, fondée sur la tolérance ou le fait de se laisser en paix, en permettant à chacun de décider lui-même à côté de qui il veut vivre ; mais ils la rejettent et continuent à lutter contre l’Europe centrale, dans le but de nous rendre semblables à eux. Je laisse de côté le commentaire moral qu’ils y attachent – après tout, c’est une si belle matinée. On parle moins de la migration, mais, croyez-moi, rien n’a changé : Bruxelles, renforcée par des troupes affiliées à Soros, veut simplement nous imposer les migrants. Ils nous ont également attaqués en justice au sujet du système de défense des frontières hongroises, et ils ont rendu un verdict contre nous. Pour un certain nombre de raisons, nous ne pouvons pas dire grand-chose à ce sujet, mais nous avons été déclarés coupables. S’il n’y avait pas eu la crise des réfugiés ukrainiens, ils auraient commencé à appliquer ce jugement contre nous, et la façon dont cette situation évoluera sera accompagnée d’un grand suspense. Mais maintenant que la guerre a éclaté et que nous recevons des arrivées d’Ukraine, cette question a été mise de côté – ils ne l’ont pas retirée de l’ordre du jour, mais l’ont simplement mise de côté. Il est important que nous les comprenions. Il est important que nous comprenions que ces braves gens, là-bas à l’Ouest, dans l’après-Occident, ne peuvent supporter de se réveiller chaque matin et de constater que leurs journées – et même leur vie entière – sont empoisonnées par l’idée que tout est perdu. Nous ne voulons donc pas les confronter à cela jour et nuit. Tout ce que nous demandons, c’est qu’ils ne tentent pas de nous imposer un destin que nous ne considérons pas comme le destin d’une nation, mais comme son ennemi juré. C’est tout ce que nous demandons, et rien de plus.

Dans un tel contexte multiethnique, il y a là un piège idéologique qui vaut la peine d’être évoqué et examiné. La gauche internationaliste utilise une feinte, une ruse idéologique : l’affirmation – leur affirmation – que l’Europe, par sa nature même, est peuplée de peuples métis. Il s’agit d’un tour de passe-passe historique et sémantique, car elle confond deux choses différentes. Il existe un monde dans lequel les peuples européens sont mélangés à ceux qui arrivent de l’extérieur de l’Europe. C’est un monde métis. Et il y a notre monde, où les personnes originaires d’Europe se mélangent les unes aux autres, se déplacent, travaillent et déménagent. Ainsi, par exemple, dans le bassin des Carpates, nous ne sommes pas métis : nous sommes simplement un mélange de peuples vivant dans notre propre patrie européenne. Et, avec un alignement favorable des étoiles et un vent favorable, ces peuples fusionnent dans une sorte de sauce hongroise-pannonienne, créant leur propre nouvelle culture européenne. C’est pourquoi nous nous sommes toujours battus : nous sommes prêts à nous mélanger, mais nous ne voulons pas devenir des peuples métis. C’est pourquoi nous nous sommes battus à Nándorfehérvár/Belgrade, c’est pourquoi nous avons arrêté les Turcs à Vienne, et – si je ne me trompe pas – c’est pourquoi, en des temps encore plus anciens, les Français ont arrêté les Arabes à Poitiers. Aujourd’hui, la situation est la suivante : la civilisation islamique, qui se rapproche constamment de l’Europe, a compris – précisément en raison des traditions de Belgrade/Nándorfehérvár – que la route qui passe par la Hongrie n’est pas adaptée à l’envoi de sa population en Europe. C’est pourquoi Poitiers a été rejoué ; maintenant, les origines de l’incursion ne sont pas à l’Est, mais au Sud, d’où ils occupent et inondent l’Ouest. Ce n’est peut-être pas encore une tâche très importante pour nous, mais elle le sera pour nos enfants, qui devront se défendre non seulement du Sud, mais aussi de l’Ouest. Le moment viendra où nous devrons, d’une manière ou d’une autre, accepter les chrétiens qui nous viennent de là-bas et les intégrer dans nos vies. Cela s’est déjà produit auparavant ; et ceux que nous ne voulons pas laisser entrer devront être arrêtés à nos frontières occidentales – Schengen ou pas.

La démographie, l’immigration, mais aussi la question du genre – et ce que nous appelons la loi sur la protection de l’enfance. On en parle moins aujourd’hui car d’autres choses occupent les premières pages des journaux, mais n’oublions pas que sur cette question aussi, nous avons été traînés en justice – et nous attendons le verdict. Le seul résultat que nous avons obtenu ici est en partie – ou peut-être entièrement – grâce à la ministre Judit Varga. Nous avons réussi à séparer notre grand débat sur la question de l’égalité des sexes de celui sur l’argent de l’UE, et les deux avancent maintenant sur des voies séparées. Là aussi, notre position est simple. Nous demandons une nouvelle offre de tolérance : nous ne voulons pas leur dire comment ils doivent vivre ; nous leur demandons simplement d’accepter que dans notre pays, un père est un homme et une mère est une femme, et qu’ils laissent nos enfants tranquilles. Et nous leur demandons de faire en sorte que l’armée de George Soros accepte également cela. Il est important que les Occidentaux comprennent qu’en Hongrie et dans cette partie du monde, ce n’est pas une question idéologique, mais tout simplement la question la plus importante de la vie. Dans ce coin du monde, il n’y aura jamais de majorité en faveur de la folie occidentale – je m’excuse auprès de tous – qui se joue là-bas. Tout simplement, les Hongrois – ou les fils de certains autres peuples – ne peuvent pas s’y retrouver. Il y a toutes ces questions de genre : transnational et transgenre (…) il y a une guerre, une crise énergétique, une crise économique et une inflation de guerre, et tout cela dessine un écran devant nos yeux, un écran entre nous et la question du genre et de la migration. Mais en fait, c’est sur ces questions que l’avenir se jouera. C’est la grande bataille historique que nous menons : démographie, migration et genre. Et c’est précisément ce qui est en jeu dans la bataille entre la gauche et la droite. Je ne citerai pas le nom d’un pays ami, mais j’y ferai simplement référence. Il s’agit d’un pays où la gauche a gagné et où l’une de ses premières mesures a été de démanteler sa barrière frontalière ; et la deuxième mesure a été de reconnaître toute « règle de genre » – non seulement le mariage homosexuel, mais aussi le droit de ces couples à adopter des enfants. Ne nous laissons pas abuser par les conflits actuels : ce sont les questions qui décideront de notre avenir.

Comment pouvons-nous nous protéger ? D’abord, en étant déterminé. Ensuite, en cherchant des alliés. C’est ce qui a donné au V4 son importance. Ce qui a récemment donné au Visegrád Four sa grande importance, c’est que sur ces questions, nous avons été capables de parler d’une seule voix. Ce n’est en effet pas un hasard si les post-occidentaux ont fait de leur mieux pour démanteler les Quatre de Visegrád. En outre, la guerre est intervenue, ce qui a ébranlé la coopération polono-hongroise qui a été l’axe de la coopération du V4. En ce qui concerne la guerre, les Polonais et les Hongrois ont le même intérêt stratégique : ils ne veulent pas que les Russes s’approchent davantage, ils veulent que la souveraineté de l’Ukraine soit préservée et ils veulent que l’Ukraine soit une démocratie. Nous voulons exactement les mêmes choses, et pourtant cette guerre rend les relations avec nos amis difficiles. En effet, lorsqu’il s’agit de questions de tête, les intérêts dont j’ai parlé sont clairement alignés ; mais le problème concerne les questions de cœur. Le problème des relations hongro-polonaises est un problème de cœur. Nous, les Hongrois, voyons cette guerre comme une guerre entre deux peuples slaves, et comme une guerre dont nous voulons rester en dehors. Mais les Polonais la voient comme une guerre dans laquelle ils sont également impliqués : c’est leur guerre, et ils sont presque en train de la mener. Et comme il s’agit d’une affaire de cœur, nous ne pouvons pas nous mettre d’accord, mais nous devons utiliser notre intelligence pour sauver tout ce que nous pouvons de l’amitié et de l’alliance stratégique polono-hongroise pour l’après-guerre. Bien sûr, nous avons toujours nos amis slovaques et tchèques, mais il y a eu des changements de gouvernement dans ces pays, où ils préfèrent actuellement le monde post-occidental, et ils ne veulent pas s’engager dans des conflits avec Bruxelles – dont ils reçoivent de bonnes notes. À mon avis, cela revient à attacher leurs chevaux dans une écurie en feu. Bonne chance pour cela !

Après cela, la quatrième question est celle de la guerre. Chaque guerre peut être considérée sous de nombreux angles, mais l’aspect principal de chaque guerre est le fait que des mères pleureront leurs enfants et que des enfants perdront leurs parents. Cette considération doit primer sur toutes les autres – même dans la sphère de la politique. Pour le gouvernement hongrois, cela signifie que notre premier devoir est de veiller à ce que les parents et les enfants hongrois ne se retrouvent pas dans une telle situation. Je peux mentionner ici que certains pays nous critiquent parce qu’ils pensent que nous ne sommes pas suffisamment engagés envers les Ukrainiens. Mais ces pays sont loin, et tout au plus apportent-ils un soutien en termes d’argent ou d’armes ; alors qu’aujourd’hui, nous, les Hongrois, sommes les seuls, à part les Ukrainiens, à mourir dans cette guerre. Selon nos archives, à ce jour, quatre-vingt-six Hongrois ont perdu la vie dans cette guerre. C’est une perspective complètement différente. Nous, les Hongrois, sommes les seuls à avoir versé du sang dans cette guerre, alors que ceux qui nous critiquent n’en ont pas versé. C’est pourquoi, en tant que pays voisin, la Hongrie a le droit de dire que la paix est la seule solution pour sauver des vies humaines, et le seul antidote à l’inflation et à la crise économique de la guerre.

Comment allons-nous penser à cette guerre à l’avenir ? Nous continuerons à penser que ce n’est pas notre guerre. La Hongrie est membre de l’OTAN et notre point de départ est que l’OTAN est beaucoup plus forte que la Russie, et donc que la Russie n’attaquera jamais l’OTAN. L’affirmation selon laquelle la Russie ne s’arrêtera pas à l’Ukraine est un argument de propagande faible – mais compréhensible – utilisé par l’Ukraine. Je le comprends, car leur objectif est de nous impliquer, d’impliquer le plus grand nombre possible de pays de leur côté dans cette guerre ; mais il n’y a aucun fondement dans cette réalité. En même temps, comme nous sommes membres de l’OTAN et que nous voulons rester en dehors de cette guerre, notre situation est devenue délicate. En effet, l’OTAN et l’Union européenne ont décidé de ne pas devenir des belligérants, mais de fournir des armes et d’imposer des sanctions économiques sévères ; qu’on le veuille ou non, cela signifie qu’ils sont de facto – pas de jure, mais de facto – parties à ce conflit. Nous nous trouvons maintenant dans la position dangereuse de devoir, d’une manière ou d’une autre, aider les Ukrainiens tout en étant une partie de facto au conflit, tout en veillant à ce que les autorités de Moscou ne voient pas dans cette situation une situation dans laquelle nous – l’OTAN et l’Union européenne – sommes devenus des belligérants officiels. Telle est la position sur laquelle l’Union européenne et l’OTAN s’équilibrent chaque jour, tout en prenant d’énormes risques.

Comme on peut lire beaucoup de choses sur la guerre, si j’ai encore votre attention, j’aimerais dire quelques mots sur la façon dont cette guerre s’est produite et sur les raisons qui l’ont motivée. Bien sûr, tout le monde sait que la Russie a attaqué l’Ukraine. Voilà ce qui s’est passé. Examinons maintenant les raisons de cette attaque. Notons également le problème suivant : une fois que vous avez compris quelque chose, vous n’êtes qu’à un pas de l’accepter. Mais il est très important de faire une distinction morale entre comprendre quelque chose et l’accepter. Concrètement, cela signifie qu’il est important de comprendre pourquoi les Russes ont fait ce qu’ils ont fait ; mais il ne s’ensuit pas que si vous comprenez ce qu’ils ont fait, vous acceptez ce qu’ils ont fait. Les Russes ont formulé une demande de sécurité très claire, et l’ont même mise par écrit d’une manière rare en diplomatie, en l’envoyant aux Américains et à l’OTAN. Ils ont écrit leur exigence que l’Ukraine ne soit jamais membre de l’OTAN, que l’Ukraine le déclare, que l’OTAN elle-même l’assure à la Russie, et que nous nous engageons à ne jamais placer sur le territoire de l’Ukraine des armes qui pourraient frapper le territoire russe. L’Occident a rejeté cette offre et a refusé de négocier à ce sujet. Ils ont déclaré que l’OTAN avait une « politique de la porte ouverte » : la porte est ouverte, tout le monde peut se présenter et nous déciderons si nous voulons l’accueillir ou non. Et la conséquence de ce refus est qu’aujourd’hui les Russes cherchent à obtenir par la force des armes les demandes de sécurité qu’ils avaient auparavant cherché à obtenir par la négociation. Je dois dire que cette guerre n’aurait jamais éclaté si nous avions eu un peu plus de chance et si, à cette heure cruciale, le président des États-Unis d’Amérique s’appelait Donald Trump, et si auparavant nous avions réussi à persuader Angela Merkel de ne pas quitter son poste : si Donald Trump avait été le président des États-Unis et Angela Merkel la chancelière d’Allemagne. Mais nous n’avons pas eu de chance, et donc maintenant nous sommes dans cette guerre.

La stratégie occidentale dans cette guerre repose sur quatre piliers. C’est une stratégie sensée sur le papier, et peut-être même que des chiffres la soutiennent. Le premier était que l’Ukraine ne peut pas gagner une guerre contre la Russie par elle-même, mais qu’elle peut le faire avec l’entraînement des Anglo-Saxons et les armes de l’OTAN. C’était la première affirmation. La deuxième affirmation stratégique était que les sanctions affaibliraient la Russie et déstabiliseraient les dirigeants de Moscou. Le troisième élément stratégique était que – bien qu’elles nous affecteraient également – nous serions en mesure de faire face aux conséquences économiques des sanctions, de sorte qu’ils seraient plus touchés et que nous le serions moins. Et la quatrième considération stratégique était que le monde se rangerait derrière nous, car nous étions dans le vrai. Cependant, en raison de cette excellente stratégie, nous sommes aujourd’hui assis dans une voiture avec quatre pneus à plat. Il est absolument clair que la guerre ne peut être gagnée de cette manière. Les Ukrainiens ne gagneront jamais une guerre contre la Russie avec un entraînement et des armes américains. C’est simplement parce que l’armée russe a une supériorité asymétrique. La deuxième réalité à laquelle nous devons faire face est que les sanctions ne déstabilisent pas Moscou. Le troisième, c’est que l’Europe va mal : mal économique, mais aussi mal politique, avec des gouvernements qui tombent comme des dominos. Rien que depuis le début de la guerre, les gouvernements britannique, italien, bulgare et estonien sont tombés. Et l’automne est encore devant nous. La grande hausse des prix a eu lieu en juin, lorsque les prix de l’énergie ont doublé. Les effets sur la vie des gens, qui créent du mécontentement, commencent à peine à se faire sentir, et nous avons déjà perdu quatre gouvernements. Et enfin, le monde n’est pas seulement avec nous, il n’est manifestement pas avec nous. Historiquement, les Américains ont eu la capacité de désigner ce qu’ils identifiaient comme un empire du mal et d’appeler le monde à se placer du bon côté de l’histoire – une phrase qui nous dérange un peu, car c’est ce que les communistes ont toujours dit. Cette capacité qu’avaient les Américains de mettre tout le monde du bon côté du monde et de l’histoire, et que le monde leur obéissait, a aujourd’hui disparu. La majeure partie du monde n’est manifestement pas de ce côté : ni les Chinois, ni les Indiens, ni les Brésiliens, ni l’Afrique du Sud, ni le monde arabe, ni l’Afrique. Une grande partie du monde refuse tout simplement de prendre part à cette guerre, non pas parce qu’elle pense que l’Occident est du mauvais côté, mais parce que, pour elle, le monde ne se résume pas à cette guerre et qu’elle a ses propres problèmes qu’elle s’efforce de résoudre. Il se pourrait bien que cette guerre soit celle qui mette manifestement fin à cette forme d’ascendant occidental qui a été capable d’employer divers moyens pour créer une unité mondiale contre certains acteurs sur une question particulière. Cette époque touche à sa fin et, comme on dit dans le langage pompeux de la politique, un ordre mondial multipolaire frappe maintenant à notre porte.

Et si nous parlons de la guerre, je peux utiliser un style approprié pour poser une question importante : Chto delat ? Il y a le problème que, par rapport aux autres pays, l’armée hongroise ne semble pas être très importante. Le problème est que, comparé au PIB des grands pays européens et des États-Unis, par exemple, le PIB de la Hongrie semble également modeste. Ainsi, nous pouvons avoir une vision claire de la situation, nous pouvons avoir d’excellentes idées concernant la guerre, nous pouvons avoir une vision claire, nous pouvons avoir une proposition stratégique ; mais vous savez que lorsqu’il s’agit de la guerre, tout cela importe très peu, car la guerre est un prélude. C’est la parole du fort qui sera décisive. La Hongrie ne doit pas entretenir l’illusion qu’avec nos excellents conseils nous pourrons influencer les événements de la guerre et la stratégie de l’Occident. Néanmoins, dans tout débat, je considère que c’est une question d’honneur et un principe moral que d’essayer d’exposer notre position et d’essayer de persuader l’Occident de développer une nouvelle stratégie pour remplacer les rapports vides de la victoire. Si votre voiture a quatre pneus à plat, vous devez changer les roues – les quatre. Une nouvelle stratégie est nécessaire ; et son objectif – la cible dans le viseur – ne doit pas être de gagner la guerre, mais de négocier la paix et de faire une bonne offre de paix. Au sens figuré, je dois dire que la tâche de l’Union européenne n’est plus de se tenir aux côtés des Russes ou des Ukrainiens, mais de se placer entre la Russie et l’Ukraine. Telle devrait être l’essence d’une nouvelle stratégie.

Que va-t-il se passer ? Les Russes parlent une langue ancienne. Aussi, lorsque nous les écoutons, c’est comme si nous entendions les sons du passé : le système de gestes, les catégories, les mots. Quand j’écoute M. Lavrov, c’est comme ce que nous avons entendu il y a trente ou quarante ans. Mais cela ne veut pas dire que ce qu’ils disent n’a pas de sens : cela a du sens, et il faut le prendre au sérieux. Il y a deux jours, par exemple, un responsable russe a déclaré qu’ils pousseraient en Ukraine jusqu’à ce que la ligne de front soit si avancée que, de là, les armes que possèdent les Ukrainiens ne pourront pas toucher le territoire russe. En d’autres termes, plus les pays de l’OTAN fourniront des armes modernes aux Ukrainiens, plus les Russes pousseront la ligne de front en avant. Cela s’explique par le fait qu’il s’agit d’une nation militaire qui ne pense qu’en terme de sécurité et ne cherche qu’à s’assurer qu’elle n’est pas attaquée depuis le territoire ukrainien. Donc, pour l’instant, ce que nous faisons, c’est prolonger la guerre, que nous le voulions ou non. Cela signifie qu’il n’y aura pas de pourparlers de paix russo-ukrainiens. C’est une idée à laquelle nous devrions nous habituer. Quiconque attend de tels pourparlers attendra en vain. Puisque la Russie veut des garanties de sécurité, la guerre ne pourra prendre fin qu’avec des négociations russo-américaines. Il n’y aura pas de paix tant qu’il n’y aura pas de négociations russo-américaines. Je pourrais contrer cela en disant : « Mais regardez-nous, Européens, ici ». Mais malheureusement, mes amis, je dois dire que nous, Européens, avons gaspillé notre chance d’influencer les événements. Nous l’avons gaspillée après 2014, lorsque nous avons laissé les Américains en dehors du premier accord de Minsk créé pendant le conflit en Crimée, et que nous avons formulé à la place un accord de Minsk avec une garantie franco-allemande. Ainsi, il aurait dû être mis en œuvre, mais malheureusement, nous, Européens – ou les Allemands et les Français qui nous représentaient – avons été incapables de le faire respecter. C’est pourquoi maintenant les Russes ne veulent pas négocier avec nous, mais avec ceux qui peuvent forcer l’Ukraine à faire ce qu’elle a accepté. La situation ressemble donc à celle de l’après-guerre : l’Europe se retrouve une fois de plus dans une situation où elle n’aura pas son mot à dire sur sa question de sécurité la plus importante, qui sera une fois de plus décidée par les Américains et les Russes.

À ce stade, je voudrais faire un autre commentaire, car de ce point de vue, nous pouvons voir le danger que représente la proposition de l’Union européenne de modifier le système de prise de décision en matière de politique étrangère pour les États membres. Dans le système actuel, toutes les décisions de politique étrangère ne peuvent être prises qu’à l’unanimité, mais la proposition est de changer cela de sorte qu’il sera possible de créer une politique étrangère européenne commune avec un vote à la majorité simple. L’expérience historique de la Hongrie nous montre que si un pays est contraint d’adopter une politique étrangère dont il ne veut pas, même si cette politique doit recueillir deux tiers des voix au sein de l’UE, cela s’appelle tout simplement de l’impérialisme. Et l’argument selon lequel ce n’est que de cette manière que l’Europe peut devenir un acteur politique mondial est, une fois de plus, un tour de passe-passe. La raison pour laquelle l’Europe ne peut pas devenir un acteur politique mondial est qu’elle ne peut pas mettre de l’ordre chez elle, elle ne peut pas mettre de l’ordre dans son propre jardin. Le meilleur exemple en est la guerre russo-ukrainienne. Elle devrait être résolue, mais je peux vous donner d’autres exemples. Minsk aurait dû être appliqué. Les Croates sont trompés en Bosnie. C’est une question compliquée, mais je voudrais simplement que vous sachiez que les Croates qui vivent en Bosnie et qui ont le droit légal d’élire leur dirigeant sont trompés par les Bosniaques, et que ces derniers utilisent en fait les failles de la loi électorale pour élire des Croates. Les Croates s’expriment à ce sujet à chaque réunion du Conseil européen, et nous, Hongrois, les soutenons par tous les moyens à notre disposition, mais l’UE est incapable de résoudre ce problème. Il y a aussi le problème de la défense de nos frontières. L’objectif ne devrait pas être de devenir un acteur politique mondial. Il devrait suffire que notre ambition soit que l’UE soit capable de défendre ses propres frontières ; mais elle ne le peut pas, et le pauvre Salvini – qui a essayé de le faire – est traîné en justice, et il y a ceux qui veulent l’emprisonner. Ou bien il y a l’élargissement de l’UE dans les Balkans : La Grèce est membre de l’UE, la Hongrie est membre de l’UE, mais entre nous il y a un grand trou noir, les Balkans. Pour des raisons géopolitiques et économiques, l’UE devrait faire entrer les autres dans son propre monde, mais elle en est incapable. L’Europe ne devrait donc pas aspirer à jouer un rôle dans la politique mondiale, mais se fixer et atteindre l’objectif modeste de pouvoir régler les questions de politique étrangère qui se posent dans son propre jardin.

Démographie, migration, genre, guerre. La cinquième série de défis auxquels nous sommes confrontés concerne l’énergie et l’économie. Il s’agit d’une question complexe. La meilleure chose à faire est de revenir à la case départ, comme on le fait après un pas de danse raté, et de recommencer pour tenter de comprendre la situation. Il faut poser les questions les plus simples. Ici, la question la plus simple est la suivante : A qui profite cette guerre ? La réponse est que le parti qui en profite est celui qui a ses propres sources d’énergie. Les Russes s’en sortent bien. Nous avons fait un mauvais calcul, en pensant que si nous n’achetons pas d’énergie aux Russes, ils auront moins de revenus. C’est une erreur, car les revenus ne sont pas seulement déterminés par la quantité vendue, mais aussi par le prix unitaire. Et la situation aujourd’hui est que les Russes vendent moins d’énergie, mais ont des revenus beaucoup plus élevés. Les Russes s’en sortent donc bien. Les importations de l’Union européenne en provenance de Russie ont chuté de 23 %, mais dans le même temps, les revenus de Gazprom ont doublé. Les Chinois s’en sortent bien. En termes d’énergie, les Chinois étaient autrefois à la merci des Arabes, qui leur fournissaient toute leur énergie dans cette région du monde. Mais maintenant que nous n’achetons plus aux Russes, nous avons effectivement déplacé l’énergie russe vers la Chine, et la Chine a ainsi éliminé sa dépendance énergétique. Et, bien sûr, les grandes entreprises américaines en profitent. J’ai dressé cette liste : en 2022, les bénéfices d’Exxon ont doublé, ceux de Chevron ont quadruplé, et ceux de ConocoPhillips ont été multipliés par six. Nous savons qui se porte bien économiquement. Qui va mal ? L’Union européenne se porte mal, car son déficit énergétique – la différence entre ses exportations et ses importations, ou leur valeur – a triplé, et elle affiche désormais un manque à gagner de 189 milliards d’euros.

Comment cela nous affecte-t-il ? La question, ou l’ensemble de questions, la plus importante est ce que nous appelons les réductions des factures de services publics des ménages. Quel est l’avenir de ces réductions en Hongrie ? Hier, j’ai écouté le chef de la RMDSZ [Alliance démocratique des Hongrois de Roumanie], et j’ai appris comment cela se passe ici en Roumanie – comment ils essaient d’aider les gens à survivre face à de tels prix de l’énergie. En Hongrie, nous procédons différemment. En Hongrie, nous avons introduit un système au début des années 2010, ce qui, à mon avis, est une grande réussite politique et une réussite très importante en matière de politique sociale. En 2010, il était déjà clair que le prix de l’énergie, tel que calculé sur la base du marché, était très élevé par rapport aux revenus des familles, et qu’une grande partie de leurs revenus était consommée par les coûts essentiels, par les frais de services publics. Nous avons donc introduit un système dans lequel nous garantissions à tous le gaz naturel, l’électricité et le chauffage urbain à un prix fixe, quel que soit le prix de l’énergie sur le marché. Le prix du marché était plus élevé que le prix fixe, et la différence était payée par le gouvernement à partir du budget central. C’était le système hongrois, et il a bien fonctionné pendant dix ans. Le problème aujourd’hui est que la guerre a perturbé ce système, car nous voyons maintenant des prix de l’énergie de guerre. La tâche consiste à défendre d’une manière ou d’une autre la réduction des charges énergétiques. Je vois maintenant que nous y parviendrons, dans le sens où chacun continuera à payer le prix antérieur jusqu’au niveau moyen de consommation. Ce n’est pas le cas en Roumanie. En Hongrie, tout le monde continuera à payer le prix réduit antérieur jusqu’au niveau de consommation moyen, mais s’il consomme plus que cela, il devra payer un prix de marché – dont le niveau vient d’être rendu public. Si nous parvenons à conserver et donc à protéger ce niveau, nous pourrons également le revendiquer comme une grande réussite politique et un succès de politique sociale. Pour vous donner une idée de l’ampleur du phénomène, je peux vous décrire ce qui a changé. Si je regarde l’année 2021, je peux dire que le montant que l’État hongrois a payé – parce que les charges des ménages étaient fixées à un niveau inférieur au prix du marché – était de 296 milliards de forints, en tout et pour tout. En 2022, si les prix fixes actuels étaient maintenus jusqu’à la fin de l’année, nous ne paierions pas 296 milliards de forints, mais 2 051 milliards de forints. Cela représenterait sept fois le montant précédent, ce que l’économie hongroise ne pourrait tout simplement pas supporter. Il faut résoudre ce problème. C’est pourquoi nous avons décidé de protéger le prix jusqu’au niveau de consommation moyen, mais au-delà, un prix de marché sera appliqué. C’est aussi pourquoi nous avons reprogrammé tous les types d’investissements non énergétiques. Ceux qui n’ont pas encore été lancés ne le seront pas, tandis que ceux qui ont été lancés en tant qu’investissements publics seront achevés, car rien ne peut rester inachevé. Ici, au-delà de la frontière, nous allons tout achever. Ici et chez nous, nous garantirons l’argent pour ce qui doit être poursuivi, mais nous ne pouvons pas lancer de nouveaux investissements, car ni ici ni chez nous, je ne peux garantir de quelque manière que ce soit l’achèvement de ce que nous lançons maintenant. Ce serait irresponsable. Nous devons donc attendre.

Et enfin, il y a une autre tâche : nous devons nous retirer du gaz naturel. L’électricité représente une charge beaucoup moins importante pour la Hongrie, car nous disposons d’une centrale nucléaire et de l’énergie solaire. Si nous pouvons transférer la consommation de gaz vers d’autres sources, comme l’électricité ou la biomasse – le terme moderne pour le bois – alors le fardeau qui nous pèse sera réduit. C’est une tâche faisable et réalisable dans le cadre des plans budgétaires actuels.

Dans le domaine économique, le prochain problème auquel nous sommes confrontés est la récession. Il s’agit d’une manière élégante de signaler que les performances de l’économie l’année prochaine seront inférieures à celles de l’année précédente. L’Europe entière est en proie à la récession. En Hongrie, cela est aggravé par le fait que, puisque nous utilisons le forint, lorsque le taux de change dollar-euro change, c’est-à-dire lorsque le dollar se renforce, cela entraîne automatiquement un affaiblissement immédiat du forint. Et lorsque nous sommes dans une période où le dollar se renforce constamment par rapport à l’euro, ou du moins maintient le niveau élevé qu’il a atteint, cela entraîne automatiquement un affaiblissement du forint. Il y a aussi la question de savoir si l’année prochaine, l’économie aura des résultats moins bons que cette année. Et dans le budget qui a été adopté, on prévoit que ce ne sera pas le cas, mais que nous aurons une croissance. Le problème est qu’entre-temps, partout en Europe – ou du moins dans la plupart des pays européens – il est certain qu’il y aura un ralentissement, ce qui entraînera une instabilité politique. Les Grecs anciens disaient que le monde existe dans deux états : parfois le monde est dans un état ordonné connu sous le nom de cosmos, et d’autres fois il est dans un état de désordre, ou chaos. Et ce dernier est la direction dans laquelle se dirige actuellement l’économie européenne. Le dilemme auquel nous, Hongrois, devons faire face – et nous devons trouver la clé pour le résoudre – est le suivant : Dans une récession mondiale, est-il possible qu’il y ait une exception locale ? Et notre objectif pour les deux prochaines années est de faire de la Hongrie une exception locale dans une crise mondiale. Un objectif ambitieux !

Cela signifie également que, même si nous venons de remporter une élection, nous aimerions voir les quatre années qui nous attendent comme une seule unité, ce n’est pas possible ; en effet, les quatre années qui nous attendent comprendront deux périodes de deux ans chacune. Il y aura les deux premières années, entre 2022 et 2024. En 2024, il y aura une élection présidentielle en Amérique, et c’est à ce moment-là, je pense, qu’apparaîtra la première perspective vraiment sérieuse de paix. Et puis il y aura les deux années de 2024 à 2026. Nous avons besoin d’un plan pour les deux premières années et d’un plan différent pour les deux suivantes. Peut-on faire de la Hongrie une exception locale ? C’est possible, et ici le terme clé est « rester en dehors ». Ainsi, en termes économiques, la Hongrie ne parviendra à maintenir son succès que si nous restons à l’écart de la guerre, si nous restons à l’écart de la migration, si nous restons à l’écart de la folie des sexes, si nous restons à l’écart de la taxe mondiale – je ne m’étendrai pas sur ce sujet par manque de temps, mais ils veulent nous l’imposer – et si nous restons à l’écart de la récession générale en Europe.

La bonne nouvelle, c’est que nous avons fait cela en 2010. La bonne nouvelle, c’est que nous l’avons également fait en 2020, lors de la pandémie de COVID. Nous sommes sortis de chaque crise plus forts que nous n’y étions entrés. Ce qui s’est passé en 2020, c’est que nous avons pris le virage : pendant la crise, nous avons dépassé la Grèce et le Portugal en termes de production économique par habitant. Le problème, c’est qu’alors que nous étions en train de dépasser dans le virage, nous sommes tombés sur une belle averse de pluie verglaçante, et maintenant nous devons en quelque sorte garder notre voiture sur la piste.

Je pense que pour réussir, il est important que nous soyons en mesure de conclure avec tous les acteurs clés de nouveaux accords adaptés à la nouvelle situation – non seulement en termes politiques, mais aussi économiques. Un nouvel accord doit être conclu avec l’Union européenne. Ces négociations financières sont en cours, et nous parviendrons à un accord. Maintenant, nous allons ensemble vers le précipice, en nous tenant la main, mais nous allons nous arrêter, nous tourner l’un vers l’autre, nous embrasser et trouver un accord. Un nouvel accord doit être conclu avec les Russes. La Hongrie doit passer un nouvel accord avec les Russes ; la Hongrie doit passer un nouvel accord avec les Chinois ; et puis nous devons aussi passer un nouvel accord avec les États-Unis – ce sera peut-être plus facile avec les Républicains qu’avec les Démocrates actuels. Et si nous y parvenons, si nous parvenons à un accord avec tout le monde, comme l’exigent nos intérêts nationaux, alors en 2024 nous pourrons reprendre le chemin de la croissance et du développement.

Enfin, je dois dire que pendant que nous jonglons avec les dates, n’oublions pas que nous travaillons en fait pour 2030. J’ai parlé de beaucoup de choses, et pour l’instant, la gouvernance hongroise me fait penser à des artistes de cirque chinois qui font tourner vingt assiettes en même temps tout en veillant à ce qu’aucune ne tombe. C’est essentiellement la tâche à laquelle nous devons nous atteler, mais nous ne devons pas perdre de vue le fait que – outre le fait de faire tourner les assiettes – l’horizon et la limite temporelle les plus importants pour notre réflexion se situent autour de 2030. Nos analyses suggèrent que c’est à ce moment-là que les problèmes du monde occidental vont s’accumuler et se multiplier en termes de tension. Il y aura une crise très grave aux États-Unis. Je viens de vous recommander un auteur français, et je recommande également à tous un livre de l’analyste américain George Friedman, également publié en hongrois, intitulé « The Storm before the Calm ». Il y expose les différents défis auxquels les États-Unis devront faire face et qui culmineront vers 2030. Mais d’une manière ou d’une autre, nous verrons également apparaître dans ce laps de temps tous les problèmes de la zone euro : le Sud et le Nord ayant des voies de développement divergentes, le Sud étant endetté et le Nord devant le financer. Cela créera une tension qui, au bout d’un certain temps, sera insoutenable, à moins que le Sud ne se réforme selon les principes du Nord. Mais ils ne sont pas très enclins à un changement soudain de culture, c’est pourquoi la dette publique du Sud est de l’ordre de 120, 150 ou 180 pour cent. Et puis, vers 2030, il y aura une nouvelle dynamique de pouvoir au sein de l’UE, parce qu’à ce moment-là, les Européens du centre, nous les Européens du centre – qui sommes traités d’une manière que je n’ai pas besoin d’expliquer ici – seront des contributeurs nets. Le moment viendra donc où – en raison de notre développement plus rapide, un développement plus rapide que le leur – la Hongrie ne recevra plus d’argent de l’UE, mais y contribuera. Elle versera plus d’argent qu’elle n’en reçoit. Les Tchèques sont déjà très proches de cette situation. Si les Polonais se développent comme nous l’observons déjà, ils y parviendront bientôt, vers 2030, et nous y serons aussi quelque part à cette époque. Cela signifie qu’il y aura une nouvelle dynamique du pouvoir : c’est celui qui paie le joueur de cornemuse qui décide de la musique. Cela modifiera également nos relations et créera une nouvelle situation pour nous au sein de l’Union européenne. En d’autres termes, chers amis, vers 2030, nous devrons être en pleine forme. C’est à ce moment-là que nous aurons besoin de toutes nos forces : diplomatiques, économiques, militaires et intellectuelles.

Et enfin, suivant le conseil de Zsolt, je vais maintenant énumérer les facteurs qui aideront la Hongrie à faire de nous une exception locale dans une récession mondiale.

Le premier est que nous avons toujours notre défense frontalière.

Le deuxième est que nous avons une société basée sur la famille, ce qui est un facteur qui garantit beaucoup d’énergie et de motivation.

En ce moment, nous mettons en œuvre des développements majeurs dans notre armée et notre secteur industriel militaire. Nous diversifions nos sources d’énergie. D’ailleurs, ce que l’UE veut, ce n’est pas la diversification. La diversification signifie que vous n’êtes pas vulnérable parce que vous pouvez vous approvisionner en énergie à partir de différents endroits. Ce qu’ils font, c’est imposer des sanctions, dont le but est de les empêcher de s’approvisionner à un certain endroit. C’est une toute autre histoire. Nous ne voulons pas cesser d’obtenir de l’énergie de la Russie, nous voulons simplement cesser de l’obtenir exclusivement de la Russie.

Notre cinquième opportunité est de profiter de l’évolution technologique. Si nous sommes assez rapides, nous pouvons toujours gagner lorsque des changements technologiques se produisent. Nous avons ici l’exemple des voitures électriques. En Hongrie, nous faisons d’énormes investissements dans les batteries, et en peu de temps, nous serons le troisième producteur mondial de batteries – le troisième producteur de batteries en termes absolus, pas en pourcentage – et le cinquième exportateur mondial. Il y a donc ces niches dans lesquelles nous pouvons entrer.

Afflux de capitaux étrangers : c’est notre sixième grande opportunité. Les capitaux arrivent à la fois de l’Est et de l’Ouest. En 2019 – ou peut-être en 2020 – la Corée du Sud apportait déjà le plus d’investissements, suivie de la Chine l’année suivante, et de la Corée encore cette année. Pendant ce temps, les investissements allemands se poursuivent : hier, la construction d’une nouvelle usine Mercedes a été annoncée, ce qui représentera un investissement d’un milliard d’euros. Nous sommes un pays de transit, et nous voulons rester une économie de transit. À ce stade, je dois noter que si le monde se sépare en blocs et est à nouveau divisé entre l’Est et l’Ouest, nous ne serons pas un point de rencontre ou un pays de transit. Si des blocs de puissance émergent, nous ne serons pas un point de rencontre, une passerelle, un point de contact combinant les avantages de l’Est et de l’Ouest, mais nous serons au bord de quelque chose, à la périphérie. Et alors, la Hongrie ne sera pas une Hongrie prospère, mais une garnison d’avant-poste poussiéreuse, comme celle que l’on peut lire dans l’œuvre de [l’auteur de romans comiques] Jenő Rejtő. Nous devons donc nous opposer à la formation de tels blocs. C’est la seule façon pour un pays de transit et une économie de transit d’être rentables.

Notre prochaine, huitième opportunité repose sur la stabilité politique : nous avons une majorité des deux tiers. Un gouvernement avec une majorité des deux tiers ne peut pas être renversé, et il n’y a pas de conflits de coalition, car nous ne sommes pas dans une coalition. Peut-être y avez-vous prêté moins d’attention, mais en fait, ces dernières années, sur le plan national, nous avons également assisté à un changement de génération. Laissons de côté le fait qu’à l’Ouest, des personnes de mon âge commencent leur carrière politique. C’est différent en Hongrie, et je me dirige vers la sortie. Nous devons nous assurer que la génération qui nous suit aura à sa tête le même engagement national et émotionnel que celui que nous avons donné à la Hongrie. C’est pourquoi nous avons discrètement mis en œuvre un changement de génération, dont le symbole est qu’une mère de trois enfants, âgée de 44 ans, est notre Président de la République, par opposition ou aux côtés d’un Premier ministre comme moi, qui aura bientôt la soixantaine. Et si vous regardez le gouvernement, vous voyez des ministres d’une quarantaine d’années – parfois d’une quarantaine d’années – qui seront en mesure de diriger la Hongrie pendant vingt ou trente ans. Bien sûr, le changement de génération n’est jamais facile, car il y a une différence entre les nouveaux arrivants qui renversent les traces et ceux qui tirent la charrette. Ceux qui donnent des coups de pied dans les traces devraient avoir la chance de se produire sous le chapiteau d’un cirque, tandis que ceux qui tirent la charrette devraient être impliqués dans les décisions politiques.

La neuvième clé du succès d’une stratégie d’exceptionnalisme local réside dans nos fondements intellectuels et spirituels. La Hongrie possède encore sa conception nationale, sa sphère de sentiment national, sa culture et une langue capable de décrire un monde hongrois complet.

Et enfin, le dixième facteur qui nous offre une chance de succès est ce que j’appelle l’ambition. La Hongrie a de l’ambition. La Hongrie a des ambitions communales, et même des ambitions nationales. Elle a des ambitions nationales, et même des ambitions européennes. C’est pourquoi, afin de préserver nos ambitions nationales, nous devons faire preuve de solidarité dans la période difficile qui nous attend. La patrie doit être solidaire, la Transylvanie et les autres régions du bassin des Carpates habitées par des Hongrois doivent être solidaires. Cette ambition, chers amis, est ce qui nous propulse, ce qui nous anime – c’est notre carburant. C’est l’idée que nous avons toujours donné plus au monde que nous n’en avons reçu, que l’on nous a pris plus que l’on ne nous a donné, que nous avons présenté des factures qui ne sont toujours pas payées, que nous sommes meilleurs, plus travailleurs et plus talentueux que la position dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui et que la façon dont nous vivons, et le fait que le monde nous doit quelque chose – et que nous voulons, et que nous allons, nous acquitter de cette dette. C’est notre ambition la plus forte.

Merci de votre attention. Allez la Hongrie, allez les Hongrois !

Polémia

28/07/2022

Sources : Compte Twitter de Thibaud Gibelin et Breizh-Info

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Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec

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