Le pape à Québec: rencontre de deux pèlerinages

Le pape à Québec: rencontre de deux pèlerinages

Des mains d’applaudissements. Des cris. Des pleurs. Des accolades. C’est dans cette ambiance que des marcheurs autochtones ont terminé leur pèlerinage de 275 km, le 27 juillet, sur les plaines d’Abraham, quelques heures avant l’arrivée du pape. Ils étaient immanquables avec leurs gilets orange fluo, évoquant la couleur d’un chandail particulier : celui qu’une grand-mère a offert à sa petite fille disparue le jour de son départ pour le pensionnat.

Depuis Mashteuiatsh, traversant une partie du parc des Laurentides (ou du Nitassinan), les marcheurs ont parcouru en moyenne 45 km par jour en se relayant, dormant dans des campements traditionnels. Solidaires des survivants des pensionnats et de leurs descendants, ils les ont portés à chaque pas, dans la douleur des ampoules, dans les larmes de guérison, dans les fous rires aussi. 

Les marcheurs qui avaient entre 17 ans et 72 ans, jeunes pour la plupart, portaient l’espérance des générations autochtones qui se lèvent, qui rêvent. D’autres, plus âgés, comme les deux doyennes du groupe, des survivantes de pensionnats, portaient le fardeau de leurs ancêtres et des enfants jamais revus, existant encore dans leurs souvenirs. Composé de catholiques et de non-catholiques, le groupe reflétait la diversité existante au sein même des communautés; malgré les différences, les personnes étaient animées d’une même espérance, d’un même processus de guérison.

Jay Launière-Mathias, directeur de l’organisme Puamun Meshkenu, a lancé l’initiative pas plus tard qu’il y a trois semaines. Il a perdu son grand-père à l’aube du départ. « Dans la vie, il n’y a pas de hasard » confie-t-il. C’est avec lui qu’il a marché, supporté par le groupe et avec sa kukum toujours vivante, la doyenne. Elle-même a été enlevée, enfant, en plein territoire de chasse, pour être emmenée au pensionnat de Pointe-Bleue.  

« Les blessures qu’on a eues, on les porte encore et on ne veut pas que nos enfants et nos petits-enfants les aient. Ce n’est pas comme quand tu t’érafles un genou, c’est l’intérieur qui est blessé et c’est difficile à guérir. Mais en en parlant, ça guérit. Et le petit peu de bien-être qu’on a eu pendant la marche, on va le ramener dans les communautés, les familles » confie Thérèse Thelesh.

Photo: Pascal Huot/AMeCO

Le bâton du rêve

Le docteur Stanley Vollant a longtemps marché avant de créer l’organisme à l’initiative du pèlerinage. Descendant d’une survivante des pensionnats, décédée des suites de son alcoolisme, il en subit les séquelles, dans son corps, son âme, au point qu’il tente de s’enlever la vie. 

Il part sur le chemin de Compostelle et fait un rêve. Ou plutôt, reçoit une vision. Il se voit parcourir les communautés autochtones dans tout le Canada, à la marche, pour réveiller leurs rêves.

Son rêve devient réalité. Et son pèlerinage se poursuit, de l’autre côté de l’océan, sur la terre de ses ancêtres. En tout, il marche 6000 km, et en six ans, rencontre 35 nations autochtones. Par son bâton du rêve qu’il transporte avec lui, les autochtones rencontrés sont appelés à y déposer un rêve et à croire à leur plein potentiel.

Il en récolte 22 000. Il prêche pour la guérison, la réconciliation, les saines habitudes de vie, et comme médecin, parle de santé holistique, incluant la spiritualité. C’est ainsi que nait l’organisme Puamun Meshkenu qui veut dire « chemin des mille rêves ». On voulait qu’il continue à en faire marcher d’autres.

Un pas de plus

Pour Stanley Vollant, la venue du pape François en cette terre, malgré sa santé fragile, est un symbole fort et il est touché par la transparence de l’homme en blanc. Ses excuses, selon lui, sont un premier pas dans la bonne direction, pourvu que la marche ne s’arrête pas là. « Les mots sans actions ne valent rien », pense-t-il.

« On attend les choses qu’il va faire par la suite pour réparer. L’Église, complice du gouvernement canadien, a brisé des individus, des familles, des communautés et des nations, par le système des pensionnats. On demande une reconnaissance des méfaits, d’avoir accès aux archives de l’Église pour connaitre l’identité des personnes disparues et le retour dans nos communautés des artéfacts autochtones au Vatican. »

Que le pèlerinage de la pénitence du pape rencontre celui de cet autre peuple, en marche vers la réparation, voilà ce que Stanley Vollant souhaite de tout cœur.

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