Où en est Ukrisis ?

Où en est Ukrisis ?

Où en est Ukrisis ?

• Un coup d’œil circulaire sur Ukrisis, la GrandeCrise, avec les divers remous qui lui sont liés. • On suit trois théâtres importants, chacun différent des deux autres et pourtant tous trois liés les uns aux autres. • D’abord, la situation sur le “front” lui-même, en Ukraine, où l’afflux des armes avancées occidentales (essentiellement US) pourrait relancer la poussée russe. • Ensuite, la crise du pouvoir américaniste, avec Biden et le reste, qui n’amorce aucune inflexion sur la politique ukrainienne des USA. • Enfin, la situation crisique européenne, avec l’Italie en tête.

On distingue trois fronts dans Ukrisis en tant que cette crise est bien le cœur de la GrandeCrise en phase terminale. On mettra à part le front de la communication, absolument essentiel dans notre époque où la communication règle l’essentiel ; il évolue certes du fait de l’effet de la “fatigue-Zelenski” (baisse de l’attention portée au conflit ukrainien), mais surtout, essentiellement même, du fait de la diffusion d’une narrative dissidente à partir de la presse du même nom et de l’action des observateurs que nous classifions comme “indépendants-résistants”… Ces indépendants qui résistent sont animés d’une forte conviction qui donne à leurs interventions un poids considérable et donc une influence à mesure.

Désormais, la communication générale sur Ukrisis est considérablement plus diversifiée et la réflexion, l’esprit critique, la contestation nuancent de plus en plus considérablement, jusqu’à les broyer dans certains cas, les réflexes quasiment robotisés qui ont dominé la narrative officielle qui était générale au début de l’‘Opération Militaire Spéciale’ des Russes en Ukraine. Un argument non négligeable dans cette évolution est l’absence complète de charisme véridique chez les acteurs du bloc-BAO, – du gâtisme de Biden à l’artificialité-factice complète de Macron (ce qu’on pourrait nommer “facticisme macronien”, traduit par le néologisme “macronner” chez les Ukrainiens zelenkistes eux-mêmes), au gangstérisme-mafieux de relations publiques de Zelenski, aux churchilisme-bouffon de Johnson durant la période jusqu’à son départ. Dans de telles conditions, la cause est terriblement dégradée, le script nul, les acteurs exécrables… Ainsi, l’extraordinaire puissance communicationnelle du bloc-BAO s’émousse-t-elle à une rapidité considérable avec, en plus, la distraction des vacances et une canicule qu’on n’est pas encore parvenue à mettre au compte de la perversion russe.

Nous déterminions trois “fronts” où des évolutions importantes sont en cours.

• Le “front” lui-même, en Ukraine, avec l’intervention des nouvelles armes US essentiellement contre les populations civiles du Donbass.

• La situation du pouvoir US, avec l’évolution de l’état de santé de Biden et l’attitude ambiguë du Pentagone.

• La situation en Europe, avec les effets de la crise dans divers pays, notamment en Italie et en Grande-Bretagne.

Ukrisis en Ukraine

L’arrivée en Ukraine des lance-roquettes US les plus modernes, les M777 et les HIMARS, qui seraient d’ailleurs servis par des équipes US temporairement détachées des forces armées, ont montré une réelle efficacité. Mais c’est surtout avec des tirs contre la population civile du Donbass que l’événement a inquiété la direction russe. Le ministre Choïgou a effectué une visite-surprise sur le front le 20 juillet.

« Choïgou a visité un poste de commandement du groupement “Ouest” où il a reçu un rapport d'étape sur la campagne militaire de la part du lieutenant général Andrey Sychevoy.

» “Après avoir écouté le rapport […], Sergueï Choïgou a donné des instructions pour accroître encore la réactivité opérationnelle liée à la destruction des drones ennemis au-dessus des zones situées à la frontière russe, ainsi que pour renforcer la prévention des attaques lancées par les nationalistes sur les zones résidentielles des colonies libérées grâce à la livraison de nouveaux moyens de guerre anti-batterie”, peut-on lire dans le communiqué. »

Selon le ministère russe de la défense, ces consignes qui avaient évidemment précédé la visite de Choïgou et qui sont appliquées depuis le début du mois, auraient abouti à la destruction de 4 HIMARS sur les 12 livrés (en attendant 4 autres), ce qui montrerait une meilleure capacité russe de destruction soit en tir de contre-batterie, soit  en tirs de missiles. Le Pentagone dément ces chiffres et affirment la complète efficacité de ces armes très modernes, ce qui est fait pour réjouir le constructeur Lockheed Martin dont les actions avaient bondi à partir du 24 février et qui sont revenues à leur niveau d’avant le 24.

Mais là n’est pas l’essentiel. Il apparaît que ces nouvelles armes, avec des projectiles au très grand rayon d’action (jusqu’à 300 kilomètres) vont conduire les russes, pour protéger le Donbass et même l’extrême Ouest de la Russie, à avancer vers l’Ouest en Ukraine, au-delà du Donbass. Cela signifie un engagement plus prononcé pour la Russie, mais aussi pour les USA en un sens, avec les exigences de certains pays de l’UE/de l’OTAN d’une présence grandissante des forces armées au moment US où celles-ci affrontent la plus grave crise de recrutement de son histoire, et la possibilité que certains États de l’Union refusent d’affecter à des ambitions fédérales chaotiques les unités de leurs Gardes Nationales.

Nous ne sommes pas loin de penser que, dans le cas le plus pressant, se pose une question de mobilisation au moins partielle, à la Russie et même aux USA. Il s’agira de pressions internes considérables pour les deux adversaires, où les USA ont beaucoup plus à risquer que la Russie.

Covid à la Maison-Blanche

Puisque nous en sommes à une possibilité de crise aux USA, du fait d’une mobilisation même partielle, restons-y avec Joe Biden qui nous les a toutes faites (les crises). Il nous refait même un Covid, ce qui nous vaut des scènes auxquelles mêmes les Marx Sisters (LGTBQ+ oblige) n’auraient pu songer, qui affectent la vice-présidente Harris aux prises avec un masque-Covid tout autant que Biden, montrant que le soulagement d’un Biden abandonnant ses fonctions pour cause de délire conduirait à bien pire encore ! Certains républicains, anticipant une écrasante victoire en novembre et activant leurs ADN conspirationnistes, envisagerait une action de mise en accusation des deux, – Biden-Harris, – et la réinstallation de Trump à la Maison-Blanche, – rien que ça ! ‘USA in Wonderland’, USA ‘Pays des Merveilles’, où tout paraît possible en matière institutionnelle et constitutionnelle…

Les aventures covidiennes de Biden-Harris ont bien peu d’importance, bien entendu. Mais il faut saisir le contraste absolument délirant, entre d’une part les mégatonnes autour de Ukrisis-en-Ukraine, avec une politique incertaine du Pentagone qui d’un côté veut éviter tout affrontement avec les Russes et d’un autre côté livrent aux Ukrainiens des armes pouvant mener à un tel affrontement ; et d’autre part un masque Covid commun Biden-Harris… Cet aspect incroyablement dérisoire par rapport aux diverses subcrises de la GrandeCrise (l’Ukraine en feu, la crise de l’énergie, les menaces alimentaires), pour une cause effectivement dérisoire qui fut pourtant le fanion de l’équipe Biden (“Tous aux masques !”), – tout cela met en vérité en évidence jusqu’à l’insupportable, l’infantilisme sénile et la crétinerie courante et joyeusement/béatement irresponsable de cette étrange attelage qu’est l’administration Biden.

« Le message bâclé de la Maison Blanche sur les raisons pour lesquelles Harris n'a pas suivi [hier] les protocoles du CDC intervient juste un jour après que Biden ait été diagnostiqué avec le COVID mais ait ensuite été photographié dans une pièce sans masque alors qu’il utilisait un téléphone et utilisait ce qui semblait être un carnet de note vierge, alors qu'il aurait dû lui aussi porter un masque selon les directives du CDC puisqu’au moins une autre personne se trouvait dans la pièce (le photographe).

» Lorsqu'un journaliste a demandé à [la porte-parole du président] Jean-Pierre, au cours du briefing de jeudi, pourquoi Biden ne respectait pas les directives du CDC, comme il a maintes fois exhorté les Américains à le faire afin de contenir le coronavirus, sa réponse, incroyable, a été de déclarer qu’“il a enlevé son masque pour que les Américains puissent le voir et constater directement le travail qu'il accomplit”.

» Bien que l'intelligence collective du peuple américain continue d'être insultée par cette administration, il semble heureusement que même certains médias grand public ne se contentent plus de laisser cette comédie incroyable du masque COVID de la Maison Blanche se dérouler en toute impunité et commence à poser des questions inquisitrices. Les murs sont, – enfin – en train de s'effriter. Brique par brique. »

Par ailleurs, des choses importantes se passent, disons par inadvertance, comme à peu près tout aujourd’hui à Washington D.C. Ainsi en est-il de l’idée du voyage que la Speaker de la Chambre, la vénérable Dame Pelosi (octogénaire, deuxième après la vice-présidente dans la chaîne de succession en cas de départ du président), semblerait avoir fait germer dans son esprit, – un voyage officiel à Taiwan, ès qualité. Il y aurait de quoi faire exploser Pékin de fureur, voire même déclencher une crise sinon un conflit…

Mais est-ce bien vrai, qu’il y ait eu germe dans l’esprit encore vif de Dame Pelosi ? Qu’en dit Pelosi ? Et qu’en dit Biden, qui dit n’être pas au courant mais ayant entendu dire que les militaires n’étaient pas favorable au projet ?… Quel projet d’ailleurs ? De quoi parle-t-on ? Allo ? Allo ? Portent-ils des masques à Taiwan ? Le pauvre Dave De Camp, successeur du regretté Justin Raimondo dans l’excellent ‘Antiwar.com’, essaie de détricoter l’affaire.

« La Speaker de la Chambre des Représentants, Nancy Pelosi (D-CA), a déclaré jeudi que le président Biden ne lui avait pas parlé directement d'un voyage à Taïwan et a refusé de confirmer si elle allait faire ce voyage.

» Les médias ont indiqué en début de semaine que Mme Pelosi se rendrait à Taïwan en août, ce qui a suscité de vives mises en garde de Pékin contre ce projet de voyage. Lorsqu'on lui a demandé s'il pensait que ce voyage était une bonne idée, le président Biden a répondu : “Les militaires pensent que ce n'est pas une bonne idée pour le moment”.

» Pelosi a déclaré aux journalistes qu'elle n'avait rien entendu de la part du président. “Vous me dites et je l'ai entendu de manière anecdotique”, a-t-elle dit. “Mais je ne l'ai pas entendu de la part du président”. Pelosi a suggéré que peut-être les militaires craignaient que la Chine abatte son avion, mais il n'y a aucune raison de croire que Pékin envisagerait d’aller aussi loin. Pelosi a refusé de confirmer si elle faisait le voyage, citant des préoccupations de sécurité, et a dit qu'elle ne discute jamais de ses plans de voyage. “Si même j’allais à Londres, vous ne m’entendriez pas le dire, parce que c’est une question de sécurité”, a-t-elle déclaré. »

Les dominos européens

En Europe, UE ou pas UE, la “fatigue Zelenski/ukrainienne“ se fait très fortement sentir. Assénées par une van Leyen qui vaut bien Pfizer en temps de Covid, comme si l ‘UE voulait rattraper par une Ukraine déjà entreprise depuis longtemps (c’est l’UE qui a semé le Maidan en novembre 2013) une affirmation autoritaire ratée avec le train du Covid pris en retard, les pastilles-UE ne semblent plus pouvoir suffire pour entretenir le feu ukrainien des États-membres. En même temps, l’allant de démence belliciste des quatre les plus “à l’Ouest” sur les frontières russes, – les trois pays baltes et la Pologne, – semble marquer le pas à la lumière de deux événements :

• l’échec de “la bataille de Kaliningrad”, où la Lettonie (Lituanie)  a pu apprécier la vigueur du ‘nyet’ d’une forte majorité de pays de l’UE sans que les USA s’intéressent particulièrement à ce cas, parce qu’enfin toucher à Kaliningrad c’est toucher à la Russie directement, – et, dans ce cas, le Pentagone freinerait plutôt ;

• le rappel (dans une liste de recommandations critiques), pour la Pologne, de la haine viscérale de Bruxelles pour sa ligne ‘catho-tradi’ et souverainiste, qui place étrangement ce pays emporté par la passion antirusse en soutien de l’équipe des gangsters postmoderne de Kiev soutenus par tous les LGTBQuistes et les ‘Soros’ people’ du monde. Dans ce cas, quelques Polonais se demandent : “Que venons-nous faire dans cette galère”, alliés des postmodernes de Kiev et de Bruxelles, alors que les alliés de la tradition et de la religion se trouvent à Moscou ? On continue, tel Larry Johnson, à s’interroger sur les étranges contradictions du jeu polonais…

• une seule chance : que les Polonais consentent enfin à écouter leurs frères magyars de la Hongrie de l’ex-Pacte de Varsovie, qui, à partir de leur position souveraine unique au sein de l’UE en s’appuyant sur leur proximité de Moscou, leur montreront que Poutine n’est ni Staline ni Brejnev, et que la “doctrine de la souveraineté limitée” est passée, en quarante ans, de Moscou à Bruxelles.

Mais il y a surtout deux agitations qui inquiètent Bruxelles et tous les européistes du monde : la Hollande et, surtout, l’Italie, – deux pays fondateurs du marché commun originel… Peut-être ne voit-on pas le rapport direct entre la colère des tulipes et Ukrisis, et dans ce cas il faut vite acheter une paire de lunettes pour myopie politique. Le cas hollandais est à mettre dans le panier “globalisation-UE”, au nom duquel Bruxelles affronte Moscou. Il n’y a rien à attendre du gouvernement en place à La Haye, comme dans le cas Trudeau vs camionneurs, mais tout de même à garder un œil sur une contagion européenne de la colère agricole hollandaise, – c’est l’entêtement batave bien connu…

Non, le cas le plus inquiétant est italien. Les fonctionnaires des institutions européennes sentent bien que si l’Italie craque, la contagion sera semée, – et l’Italie a d’ores et déjà aux trois-quarts craqué, avec la chute de l’ancien patron de la BCE, ancien correspondant européen de Goldman-Sachs. Pourquoi donc tous les agents de la globalisation semblent-ils devoir toujours échouer alors qu’ils semblent toucher au but ? Les comploteurs divins seraient-ils contre la globalisation ultra-libérale ? Pourtant, l’on dit l’Italie bien verrouillée à cet égard… Il n’empêche, le gouvernement Draghi est tombé sur un rapport conflictuel direct entre Ukraine (de l’argent pour l’Ukraine) et les Italiens dans le besoin.

Il s’agit à la fois d’une cible et d’un exemple directs de l’absurdité de la phase européenne actuelle, de même que l’UE ne cesse de tomber d’absurdité en absurdité à mesure qu’elle veut affirmer son pouvoir et son autorité. Si la “fatigue Zelenski” dépasse son point de bascule et si l’on fait alors le rapport, – évident par ailleurs, – entre l’enthousiasme de l’UE pour le Zelenskistan et son indifférences au sort des Italiens “les plus pauvres”, la crise italienne devient exemplairement une crise absolument européenne.

Les Italiens ont deux mois pour nous préparer le festin. Inutile de trop compter sur ses populistes, nous sommes au-delà de la formule. Par contre, l’on peut compter sur l’UE, elle sait y faire… Elle sait parfaitement se tromper avec entêtement et défendre des causes qui sont les linceuls de ses ambitions.

Quelle(s) voie(s) prendrait l’Italie pour nous offrir la cerise sur le gâteau ? Impossible à dire et inutile de le prédire. Il reste que l’Italie est l’outil idéal : en perpétuelle décadence, impeccablement et chaotiquement européenne, sans ambitions extra-européennes, capable de recycler ses populistes, – pourtant, c’est elle qui, sans crier gare puisqu’il n’y a rien chez elle à propos de quoi l’on puisse “crier gare”, se rapproche de plus d’un détonateur catastrophique pour l’UE en raccordant les deux pôles de l’étincelle : l’aide à l’Ukraine et le sort des victimes italiennes des flots de crises attisées par l’Ukraine qui engloutissent l’Europe.

 

Mis en ligne le 23 juillet 2022 à 17H30

Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org

À propos de l'auteur Dedefensa.org

« La crisologie de notre temps » • Nous estimons que la situation de la politique générale et des relations internationales, autant que celle des psychologies et des esprits, est devenue entièrement crisique. • La “crise” est aujourd’hui substance et essence même du monde, et c’est elle qui doit constituer l’objet de notre attention constante, de notre analyse et de notre intuition. • Dans l’esprit de la chose, elle doit figurer avec le nom du site, comme devise pour donner tout son sens à ce nom.

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