L’euthanasie bientôt légalisée comme mesure progressiste? Dérive humaine et sociétale

L’euthanasie bientôt légalisée comme mesure progressiste? Dérive humaine et sociétale

Comme un boomerang de lois et circulaires favorisant l’euthanasie appliquée chez les enfants cancéreux depuis 2000[1], puis les personnes âgées depuis 2020 revient la question : qui assassine qui ? Pourquoi ?

Depuis des lustres et comme pédiatre oncologue, et collègues, nous nous battons CONTRE cette nouvelle « théorie » qui consiste à éliminer les malades considérés comme incurables (par qui ?) et en particulier les enfants cancéreux qui furent probablement le terrain d’essai social de cette pratique immonde dès les années 2000. Les propositions d’essais thérapeutiques usées, les familles se voient expliquer que la compassion de ces médecins chercheurs pour votre enfant les conduit à les « endormir » puisqu’on ne peut plus rien pour eux. En tous cas, ces équipes-là…

Ce fut ma première révolte avec la publication de « neuf petits lits au fond du couloir »[2][3] relatant quelques exemples d’enfants condamnés par les soi-disant sachants et auxquels la médecine classique individualisée avait pu donner quelques mois ou années de survie en bonnes conditions, voire la guérison et un avenir professionnel et familial pour d’autres. Mais ils avaient dû quitter (grâce à leurs familles) le chemin déjà consensuel de la « recherche clinique » prioritaire.

L’explication économique fut la première évoquée[4]. Nous écrivions en 2013 :

3,1 % des décès font suite à un acte visant délibérément à abréger la vie, par un arrêt du traitement ou une intensification de la sédation. Dans 0,8 % des décès, des médicaments ont été administrés afin de donner la mort (dont 0,2 % seulement à la demande du patient). Aujourd’hui illégale, l’euthanasie est pratiquée et dans un nombre significatif de cas sans la demande du patient, selon l’Ined.

Mais ne nous y trompons pas, l’explication financière était probablement naïve, vu l’évolution actuelle de la société occidentale, du Canada à la Belgique…

Elle doit être « progressiste » cette théorie qui consiste à « liquider des êtres embarrassants, inutiles et pesants, dirait Attali (toujours là, jamais suicidé malgré son âge avancé — ça ne vaut que pour les gueux), soit par leur grand âge, soit par leurs handicaps.

Le drame resurgit largement avec le scandale du Rivotril

Sont apparues les fameuses instructions aux médecins en mars 2020 puis le décret du 28 mars 2020 permettant aux médecins d’injecter du Rivotril aux patients susceptibles d’être atteints du covid.

La pseudo pandémie envoya ad patres de nombreux résidents parfois encore « jeunes » (dès 70 ans) ayant atterri dans des maisons pour personnes âgées dépendantes devenues des prisons sans autorisation de sortie, sans soins, sans jeux, etc.. Bref ! bien pire que la vraie prison qui autorise au moins une promenade journalière, des visites de la famille et même des sorties au zoo.[5]

Le silence des familles sidérées et probablement convaincues un temps de la réalité du péril ne cessa de nous étonner et désespérer. Enfin depuis quelques mois, la révolte des parents privés d’au revoir à leurs ancêtres prend forme sous forme de plaintes.

L’euthanasie devenue une habitude pour certains

Nous avons vu en début de présentation que l’AP-HP (les hôpitaux de Paris) a mis en place des Groupes d’intervention rapide pour aller administrer du Rivotril dans toute l’Île-de-France. Or la fameuse “surmortalité” de mars-avril 2020 n’a quasiment eu lieu qu’en Île-de-France”.[6]

« VOILÀ L’EUTHANASIE QUI, DANS LES MENTALITÉS, PREND SA PLACE DANS LES OUTILS DE GESTION DU GRAND ÂGE ! »[7]

L’euthanasie comme moyen de réguler les retraites et le grand âge redevient un sujet d’intérêt médiatique dans la mesure où le président réélu parle d’une loi sur la fin de vie pour le début de ce nouveau quinquennat.

« L’euthanasie devient une « proposition sociale »

Une liste de « choses concrètes » qui débute par « l’évocation d’une prime à l’adaptation de l’habitat, alignée non pas sur la prime à la casse, mais c’est plus délicat sur Ma Prime Rénov, pour la rénovation énergétique », ironise Erwan Le Morhedec dans son article du figaro.

« Puis, après d’autres propositions aussi peu ambitieuses et inventives les unes que les autres, vient l’euthanasie, souligne-t-il. Pour être concrète, l’euthanasie sera concrète, pour qui la subira ».

Ainsi, « voilà l’euthanasie qui, dans les mentalités, prend sa place dans les outils de gestion du grand âge ! »
« Voilà que cette euthanasie — qui doit être demandée et que nul n’est jamais censé proposer — devient une proposition sociale. »

« C’est la vulnérabilité de l’individu laissé à lui-même, dans un monde construit par les forts pour les forts »

Alors on conditionne les gens âgés :

« Moi, ma vie est derrière moi, eux, ils sont l’avenir », « Je suis un poids pour ma famille », « C’est aux parents de s’occuper des enfants, pas l’inverse ». « Ayant demandé à une soignante de soins palliatifs si elle entendait ces phrases, elle m’avait simplement répondu : « si je l’entends ? Mais c’est tout le temps, c’est tous les jours ! », témoigne l’essayiste. « Et plus encore lorsqu’on laisse une personne âgée sans accompagnement, sans espoir, dans les situations d’abandon et de maltraitance qu’a pu décrire Victor Castanet dans Les Fossoyeurs »…

Et alors que ces euthanasies « poussées » par les familles (éventuellement aimantes qui pensent que c’est bien pour leur patient), mais discrètes, la plandémie « coronavirus » avec la grande peur induite par les discours médiatiques et politiques a permis de passer à la vitesse supérieure.

Conditionnement progressif, depuis des décennies

Et comme toujours, sous prétexte de bons sentiments. La mise en condition de la population ne date pas d’hier. Depuis plusieurs décennies, les associations pour la « mort dans la dignité » ont fait un lobbying important auprès des politiques pour ancrer dans la population la notion de suicide assisté, voire d’euthanasie.

Comme médecin cancérologue, pendant ces décennies on a vu les demandes des familles augmenter alors que celles des patients restaient proches de zéro comme l’avait bien expliqué le Pr Lucien Israël dans « la vie jusqu’au bout »[8] il y a plus de vingt ans.

Et rebelote, le nouveau quinquennat devrait à nouveau tenter de faire passer une loi pour l’euthanasie

Les esprits ont été, de longue date, préparés à cette évolution, puisqu’il est convenu désormais que « l’on meurt mal en France ». Un slogan, à la signification obscure, qui suggère qu’il faudrait mourir mieux. Pour finir par mourir quand même.

Au lendemain du premier tour des présidentielles, l’euthanasie est annoncée comme « la grande loi sociétale » du prochain quinquennat[9]. Avec « les outils des débats démocratiques dirigés » « dont les conclusions sont généralement acquises », estime Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune.

« Raison incontournable » du succès de cette future loi : « le continuum entre l’arrêt des soins et l’euthanasie ».[10]

« Un contexte juridique nouveau » et ils reviennent encore et encore et pourtant les Français n’en veulent pas

En 2005, la loi Leonetti a autorisé « l’arrêt des traitements qui n’ont pour seul effet que le maintien artificiel de la vie du patient ».

En 2016, la loi Claeys-Leonetti y associait « systématiquement » une sédation profonde et continue jusqu’au décès.[11]

Ce fut déjà une terrible escroquerie, sédation continue dont on ne vous réveille pas !! Qu’est-ce d’autre qu’une euthanasie sans l’accord véritable du patient ou de sa famille, une fantastique hypocrisie !

Et quand l’on sait que certains patients dans le coma « pensent » au moins par moments, par bribes[12], combien d’entre eux se sont-ils sentis mourir, abandonner et pendant combien de jours ? Pire qu’une euthanasie « habituelle » en quelques heures maximum. Une torture sûrement parfois.

Ce « contexte juridique nouveau » « a permis au Conseil d’État de juger légale la décision médicale de provoquer la mort par arrêt de l’hydratation

et de l’alimentation artificielles d’un homme placé dans l’impossibilité d’exprimer ses volontés, et qui n’était pas en fin de vie », dénonce Jean-Marie Le Méné.[13]

Ces lois Leonetti et Claeys-Leonetti de 2005 et 2016, relatives aux droits des malades et des personnes en fin de vie, ont créé une véritable rupture avec la loi du 9 juin 1999 visant à garantir le droit à l’accès aux soins palliatifs.

La loi Leonetti constitue le terreau qui permettra, demain, de légaliser le droit de se donner la mort, par injection/administration d’une substance létale avec l’assentiment du corps médical. Les pièges de cette loi sont multiples[14] comme le souligne Emmanuel Hirsch en octobre 2020.[15]

« Le parcours chaotique de M. Vincent Lambert dans les dédales médico-juridiques est exemplaire d’une déroute éthique et politique qui interroge nos valeurs de sollicitude et de solidarité ». « M. Vincent Lambert, dans sa mort même, nous interroge sur ce qu’est l’esprit de notre démocratie »

Au regard des souffrances provoquées par l’arrêt de la nutrition et l’hydratation, la loi Claeys-Leonetti, votée dix ans après la loi Leonetti, l’a associé systématiquement à une sédation profonde et continue jusqu’au décès. Cette pratique vise incontestablement à accélérer voire à provoquer la survenance de la mort du patient.

La transgression due au serment d’Hippocrate — « Je ne provoquerai jamais la mort délibérément » — est consommée. Il ne reste plus qu’à débattre de la méthode : une injection par le médecin ? Un comprimé à prendre soi-même ?

De surcroît, le médecin reste impliqué dans le processus, car il devra établir la recevabilité de la demande de suicide faite par son patient. Comment concilier cette perspective avec le délit de non-assistance à personne en danger, prévu et réprimé par l’article 223-6 du Code pénal ?

Rappelons-nous que « le médecin est fait pour se battre contre la mort. Il ne peut subitement changer de camp et se mettre du côté de la mort » (Dr Jérôme Lejeune).

Une « meilleure application de la loi Claeys-Leonetti » ?

Pour Jean-Marie Le Méné, « la seule manière efficace de combattre la légalisation de l’euthanasie est effectivement le développement des soins palliatifs, mais en excluant clairement de son contenu tout arrêt des soins ». Pour « rompre un continuum inexorable ». Et les hommes politiques n’ont pas à imposer aux soignants « la mise en œuvre de lois sociétales qui n’ont rien à voir avec l’exercice de leur art ».

La jurisprudence italienne

Mais “au nom de quoi refuser le suicide assisté à une personne éligible à un arrêt des soins ?

La Cour constitutionnelle italienne a « établi un continuum » entre les deux pratiques. Un continuum « inéluctable », juge Jean-Marie Le Méné. Et le Parlement italien a dû « envisager une proposition de loi relative au suicide assisté qui reprend les conditions permettant l’arrêt des soins aux patients présentant une pathologie irréversible, une souffrance intolérable, bénéficiant d’un traitement de maintien en vie et capables de prendre une décision libre ».

La marche tragique vers la légalisation de l’euthanasie

complète la déshumanisation de notre société dite « progressiste », mais qui n’est que destructrice de notre civilisation humaniste, comme le wokisme.[16]

L’exemple italien, dont l’aboutissement est en cours, déroule le processus qui permet d’obtenir un glissement de la sédation profonde et continue vers une légalisation de l’euthanasie dite « active », par administration d’une substance létale.

(…) Par une ordonnance no 207 en 2018, la Cour constitutionnelle répond que si l’incrimination du suicide assisté n’est pas contraire à la Constitution, la décision du patient de mourir par arrêt des traitements entraîne tout de même des effets contraignants sur le médecin.

En effet, la Cour rappelle qu’elle a déjà affirmé le principe du consentement éclairé du patient à l’arrêt des traitements et à la sédation profonde et continue jusqu’à la mort, conformément à ce que reconnaît la loi italienne de 2017, équivalent de la loi française Leonetti-Claeys.

(…) Dans l’arrêt n° 242 de 2019, elle exclut donc la pénalisation de celui qui « facilite l’exécution d’une intention de se suicider formée de manière autonome et libre » dans le respect des conditions légales s’appliquant aux personnes qui pouvaient déjà choisir de mourir en renonçant à tout traitement.
À l’été 2021, le Parlement italien accepte finalement d’envisager une proposition de loi de compromis relative au suicide assisté qui reprend les conditions de dépénalisation dictées par la Cour constitutionnelle dans son arrêt de 2019 : patients présentant une pathologie irréversible, une souffrance intolérable, bénéficiant d’un traitement de maintien en vie, et capables de prendre une décision libre (…)[17]

Malgré un attachement aux mêmes droits fondamentaux, le principe du respect de la vie et de la dignité humaine peut disparaître très rapidement.

« Ce qui prévaut en effet en Belgique,en Autriche, en Suisse, c’est la volonté du patient, la volonté de l’aidant au suicide, la liberté individuelle et l’autodétermination », nous dit-on.

Encore faudrait-il parler de cette « volonté » d’un patient fatigué, en état de faiblesse, manipulé consciemment ou inconsciemment par l’entourage soignant et familial qui a de plus en plus envie de décider ce qui est bien pour son malade, et ce qui n’est pas souhaitable, sous prétexte que celui-ci ne serait plus en état. Qui peut en juger, si ce n’est la personne elle-même qui n’est pas un « objet » et pourrait souhaiter encore exister…

Et le malade abandonne son libre arbitre, pour faire plaisir et/ou surtout parce que c’est « moins fatigant » quand on est épuisé par la maladie, mais aussi par les soins (tension artérielle à 6 h du matin quand vous commenciez à dormir…) bruits permanents des locaux infirmiers, visites imprévues, parfois non souhaitées, interférences multiples, conseils de psy, de bénévoles[18] et autres qui finalement ne vous connaissent pas. Alors oui beaucoup baissent les bras pour avoir « la paix, la paix » enfin. Mais parler de la volonté du patient est souvent bien abusif…

En Suisse, depuis 1942, le suicide assisté est autorisé. En Autriche, ensuite, c’est la récente loi du 16 décembre 2021 qui a légalisé le suicide assisté pour les personnes atteintes d’une maladie grave ou incurable.

Ainsi, sous condition du consentement libre et éclairé du patient, et de la validation de deux médecins, « l’aide médicale à mourir » est proposée à tout patient gravement malade.

Et là aussi la notion de “consentement éclairé” par un malade en état de faiblesse mériterait longue discussion.

Sans légaliser l’euthanasie dite “active”, la Suisse et l’Autriche ont gravement entaillé le principe absolu de ne pas tuer, et le processus ne demande qu’à suivre celui qui a été enclenché en Belgique il y a déjà quelques années”

La Belgique pionnière dans la légalisation du droit à l’euthanasie et au suicide assisté, « modèle » et avertissement pour les pays qui s’embarquent dans la remise en cause du droit à la vie et de la dignité des patients malades et en fin de vie.

Dans la mesure où le patient est conscient et capable d’exprimer sa volonté, quel que soit son âge, le médecin belge est autorisé à lui administrer un produit létal. Lorsque la personne est inconsciente, c’est aussi sa volonté qui prévaut, à travers ses « déclarations anticipées », qui sont valables à perpétuité, sans obligation de renouvellement.

Aucun contrôle n’est effectué avant (…) C’est donc la volonté du patient et son droit à l’autodétermination qui deviennent la norme, sans plus aucune considération du principe fondamental, absolu et universel, du respect de la vie et de la dignité humaine.

Sous couvert de liberté individuelle, de compassion et de consentement, les dérives

« Là où mon courroux est gigantesque, tient au système de contrôle a posteriori mis en place là-bas qui, au fur et à mesure, pour éviter les paperasseries inutiles, a fait que désormais la moitié des euthanasies là-bas sont non déclarées et que celles qui sont déclarées, le sont de manière à ne pas alerter l’attention des instances de contrôle. Ajoutons à cela la certitude que les procédures d’encadrement du consentement des malades sont elles aussi peu contrôlées, peu fiables, de sorte que, de toute évidence, on constate de nombreux abus de consentement. Des consentements partiels. Des consentements vite obtenus. Des consentements pas assez travaillés. On constate une démission des pouvoirs politiques, une démission du parlement, une démission morale des instances éthiques pour établir un système fiable d’information et des procédures de contrôle respectées. »[19]

LA BELGIQUE EST DEVENUE LE VILLAGE POTEMKINE DE L’EUTHANASIE[20]

« Quand le professeur Sicard lui-même, grand médecin, grand éthicien, grand ponte de la bioéthique, grand commis du système hospitalier, ancien président du CCNE, dit, haut et fort, que les contrôles en Belgique n’existent pas et que la moitié des euthanasies pratiquées n’entrent pas dans les statistiques, non seulement personne ne réagit, mais, de plus, l’État belge, qui devrait être froissé par de telles accusations faites par un haut personnage français, ne dit rien, ne demande pas une enquête, ne modifie pas les systèmes d’information et de contrôle.

La Belgique porte et portera toujours, d’une manière indélébile, cette tâche morale, ce péché de mensonges, cette trahison par omission qui, par effet de contagion, a déteint sur les autres pays européens.

Elle porte une immense responsabilité d’aveuglement collectif.

Elle s’est crevé les yeux — comme dans une tragédie grecque et je pense en particulier à Œdipe qui se crève les yeux quand il comprend qu’il a tué son père. Elle a cassé les indicateurs, les baromètres, les cadrans de vitesse et de surveillance préférant laisser l’euthanasie en roue libre, livrée à ses promoteurs et surveillée par ses thuriféraires. »

Il est urgent de remettre en cause la constitutionnalité des lois Leonetti, qui sont contraires à la dignité humaine. Car aucune considération, tenant par exemple à la dégradation de l’état physique d’une personne, ne peut lui faire perdre de cette dignité.[21]

UN CONSEIL : ne tombez pas dans le piège des DIRECTIVES ANTICIPÉES

Le bien portant que vous êtes ne peut en aucun cas imaginer le malade en fin de vie ou dans le coma prolongé que vous pourriez devenir.

La demande des « bien portants » qui donnent des directives anticipées ne correspond pas toujours au vécu du grand malade quand il arrive devant l’échéance. Ces directives anticipées sont aussi le plus souvent une manipulation psychique de celui auquel on fait signer « un papier » abstrait, administratif, sans lien avec la réalité qu’il aura à subir. Préparation aux documents qu’on signera bientôt aux assurances privées pour savoir si on veut la réa ou non comme aux USA (en cas de refus programmé de réa, vous bénéficiez d’une ristourne sur la prime d’assurance). Et le jour venu, on vous refusera l’entrée en réa ou la grosse opération, car votre prime d’assurance ne le prévoyait pas !

Damien Le Guay le résume très bien dans son Interview :

Les Directives Anticipées (D.A.) deviennent de plus en plus indispensables dans les dispositifs législatifs. Les politiques les demandent. Les lois aussi. La solution, disent-ils tous, viendra de cette expression par avance des volontés. Or, cette expression est tout à fait impossible face à une situation inimaginable par avance. Nous ne savons pas ce que nous réserve l’avenir. Nous ne savons pas ce qu’est une maladie tant que nous n’y sommes pas. Penser est une chose, vivre en est une autre. Le sens de l’histoire, fait de ces D. A. des indications non contraignantes qui vont vite devenir contraignantes, qui restent encore à apprécier par les médecins et qui seront vite opposables au tiers. Or, les D. A. vont être, de plus en plus, la porte d’entrée de l’euthanasie. Et plus elles vont devenir contraignantes, plus elles vont mettre au grand jour leurs injonctions aussi contradictoires qu’impossibles. Plus elles vont solliciter des qualités morales qui auront été affaiblies par la “passion de l’égalité” et plus elles produiront des “volontés” qui seront soumises à l’opinion dominante.”

Il est réconfortant de lire les propositions de la société française de soins palliatifs qui tire de son expérience récente les conclusions suivantes :

« Une grande consultation des acteurs de soins palliatifs réalisée pendant l’été 2021 montre clairement leur refus de prendre la vie, ou donner la mort à leurs patients, même si ceux-ci le leur demandent. C’est un point de convergence pour l’immense majorité des soignants et des bénévoles intervenant en soins palliatifs », souligne la SFAP.

Rappelant qu’elle « porte dans le débat public la parole singulière de ceux dont l’expérience quotidienne est d’être aux côtés de ceux qui vivent à l’ombre de la mort et doivent être soulagés de leurs souffrances ».[22]

Espérons que la parole des soignants et bénévoles saura être entendue et faire le poids avec l’idéologie de certains loin du terrain, mais influents auprès des politiques.

L’expérience du Covid et du Rivotril largement administré aura peut-être finalement ce côté positif de la prise de conscience des soignants et de la population sur la réalité tragique de l’euthanasie et de la grande fragilité du concept de consentement éclairé d’un patient en souffrance en particulier lorsqu’il se sent abandonné.

Ne négligeons pas non plus la dérive marchande constatée dans les pays qui autorisent le suicide assisté dont le cout oscille « entre 7 000 € et 11 000 € », sans compter les frais liés au transport »[23] ni la tentation de certains de bénéficier plus rapidement d’un héritage trop lent à se concrétiser.

À SITUATION EXCEPTIONNELLE SOLUTION PARTICULIÈRE, MAIS PAS DE LOI !

En conclusion, cet article n’est pas un papier souhaitant interdire de soulager un malade en fin de vie qui n’en peut vraiment plus et ne peut pas se suicider lui-même.

Ces situations exceptionnelles ont toujours, du temps où la vraie médecine existait, et n’était pas polluée par les dérives médicolégales, médiatiques et autres, été résolues dans le secret du cabinet en liaison avec le colloque singulier médecin-patient.

MAIS LÉGIFÉRER EST UNE ABERRATION QUI PERMET TOUTES LES DÉRIVES

Le professeur Léon Schwarzenberg qui avait promu l’euthanasie CHOISIE pour les cancéreux au bout du rouleau et que j’ai connu dans les années 80 dans le service du Pr Mathé à Villejuif insistait beaucoup sur ce danger. Il nous disait se mettre en avant sur ce sujet pour protéger les médecins anonymes qui auraient « aidé » leur patient des poursuites juridiques qui commençaient à apparaître.

Rien n’est simple, mais il faut se garder de la manipulation médiatique de sujets aussi graves, par des personnes même bien intentionnées, mais loin des patients et du tragique du vécu des derniers moments, utilisées par des idéologues de la vie et de la mort.[24]

L’expérience récente du scandale du Rivotril a démontré que, même sans loi, les dérives sont rapides.

NE JAMAIS LÉGIFÉRER

Dr Nicole Delépine
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