Annabel Loyola et Jeanne Mance: une longue amitié

Annabel Loyola et Jeanne Mance: une longue amitié

La ville d’un rêve est le tout dernier long métrage documentaire de la cinéaste Annabel Loyola. Il s’agit de la conclusion de sa trilogie portant sur le rôle joué par Jeanne Mance dans la fondation de Montréal, le 17 mai 1642. Le film est également l’aboutissement cinématographique d’une longue amitié entre ces deux femmes que tout semble séparer.

Annabel Loyola possède sur le bout des doigts l’histoire de cette jeune Française originaire de Langres qu’on considère désormais comme la cofondatrice de Montréal. La cinéaste entretient d’ailleurs avec cette femme extraordinaire… une longue amitié !

C’est cette amitié qu’elle révèle pudiquement dès les premières images de son documentaire.

Chère Jeanne

En entrevue, Annabel Loyola va encore plus loin. « Je lui écris moi, à Jeanne ! Je tiens un journal depuis des années. Il s’intitule Chère Jeanne. Il contient toute l’histoire de cette rencontre entre elle et moi. J’écris avec un crayon et un cahier. Ce n’est pas à l’ordinateur. J’ai commencé à lui écrire en 2006. J’ai rempli quelques cahiers depuis. »

Annabel Loyola. Photo : Arabesque Films.

La cinéaste, qui nourrit une vie intérieure très riche, affirme adhérer au message des évangiles, même si elle ne les fréquente pas d’ordinaire.

Si Jeanne Mance joue un rôle très important dans sa vie personnelle et professionnelle, Annabel Loyola est consciente que la vénérable laïque était la cheville ouvrière d’un groupe de dévots français caressant le rêve de créer un nouveau monde. La ville d’un rêve nous retrace d’ailleurs l’histoire de ses collaborateurs.

« Dès que j’ai eu l’idée de faire mon premier documentaire sur Jeanne Mance, je savais que j’allais un jour parler de Maisonneuve, de Jérôme Le Royer de la Dauversière, de Jean-Jacques Olier, de madame De Bullion. Je voulais retracer l’histoire de tous ces gens qui ont œuvré, pour la plupart, dans l’ombre. De ceux que j’appelle “les scénaristes de Montréal” ».

C’est grâce à un manuscrit extraordinaire, écrit en 1672 par François Dollier du Casson, que la cinéaste suit les péripéties des fondateurs de Montréal pour assurer la survie de la ville. Intitulé Histoire du Montréal, il renferme les mémoires de Jeanne Mance. « Il utilise les archives personnelles de Jeanne Mance », souligne Annabel Loyola, qui a eu l’occasion de feuilleter l’original de ce manuscrit à la Bibliothèque Mazarine à Paris. 

Annabel Loyola
Photo : Arabesque Films.

Dans La ville d’un rêve, Annabel Loyola fait intervenir de ces spécialistes québécois et français qui jettent un regard historique et religieux sur les premiers moments de Montréal. Ceux-ci nous présentent également le contexte religieux et politique du 17e siècle français durant lequel est né ce rêve mystique.

La Contreréforme

Ainsi, la cinéaste donne la parole à Dominique Deslandres, professeure titulaire au département d’histoire de l’Université de Montréal. Cette dernière parle de la Contreréforme catholique, ou Réforme catholique, d’où proviennent ceux et celles qui allaient façonner l’histoire de Montréal. Selon l’historienne, la Contreréforme catholique, « c’est un grand mouvement à la grandeur de la France qui s’accompagne d’une mission intérieure dont le but est de recatholiciser la France. »

Comme d’autres communautés religieuses catholiques, les Jésuites ont été aux premières lignes de cette grande réforme. « Le programme pédagogique des Jésuites s’inscrit résolument dans cette perspective de la Réforme catholique. Il s’agit pour eux de former des serviteurs du Christ charitables », explique Jean-Claude Ménard, ancien chargé des relations publiques du Prytanée militaire français (un des dix centres de formation de la défense nationale française), qui se trouve dans l’ancien Collège des Jésuites en France.   

L’idéal missionnaire

À l’époque, l’un des étudiants du Collège des Jésuites est Jérôme Le Royer, comme le souligne Jean Petit, historien : « Le 2 février 1630, lors la messe de la Purification, il se sent inspiré par le ciel, alors qu’il avait fondé un Hôtel-Dieu à La Flèche pour les pauvres et les malades, de fonder pour la Nouvelle-France un Hôtel-Dieu et une ville qui serait consacrée à la Vierge Marie. Ce qui allait devenir la ville de Montréal, qui a eu comme origine une sorte de rêve. »

Ce rêve s’inscrit très bien dans l’idéal missionnaire du 17e siècle tel que décrit dans le documentaire par Alain Tallon, professeur d’histoire moderne à la Sorbonne. « L’idéal missionnaire du 17e siècle, c’est l’idée que l’Europe est totalement viciée, que la corruption, le mal y règnent. Que l’on ne pourra plus y établir une société chrétienne. Il faut donc repartir à zéro. D’où le projet de Montréal. »

À la mort de Jeanne Mance, le 18 juin 1673, le rêve d’une société idéale n’existait déjà plus selon bien des spécialistes de l’histoire de Montréal. Un échec ? « Je dirais que non, dans le sens où les valeurs des fondateurs sont encore préservées 380 ans plus tard », lance Annabel Loyola.

Annabel Loyola
Photo : Arabesque Films.

*

La première mondiale du documentaire aura lieu le 15 mai et sera suivie d’une autre représentation le 20 mai dans le cadre du Festival international du film d’histoire de Montréal. Il sera ensuite projeté en salle à compter du 27 mai à Montréal, Québec et Sherbrooke.

            <strong><a href="https://blockads.fivefilters.org/">Adblock test</a></strong> <a href="https://blockads.fivefilters.org/acceptable.html">(Why?)</a>

Source : Lire l'article complet par Le Verbe

Source: Lire l'article complet de Le Verbe

À propos de l'auteur Le Verbe

Le Verbe témoigne de l’espérance chrétienne dans l’espace médiatique en conjuguant foi catholique et culture contemporaine.Nos contenus abordent divers sujets qui émergent de l’actualité. Et, puisque nous souhaitons que nos plateformes médiatiques suscitent le dialogue, on espère bien y croiser autant des réactionnaires pleins d’espérance que des socialistes chrétiens, autant des intellectuelles mères au foyer que des critiques d’art en bottes à cap.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recommended For You