Féconds autrement : au-delà de la souffrance de l’infertilité

Féconds autrement : au-delà de la souffrance de l’infertilité

Selon l’Organisation mondiale de la santé, il y aurait dans le monde environ 48 millions de couples qui souffrent d’infertilité. Ce drame intime touche également des époux catholiques. Fidèles à l’enseignement de l’Église en matière de procréation, ils avancent sur un chemin sinueux et rugueux qui les mène vers des oasis de grâces et de joies profondes. Le Verbe s’est entretenu avec Mathilde et Enguerrand, qui ont accepté de témoigner de leur parcours et avec le père André Gauthier, sulpicien.

Mathilde et Enguerrand sont mariés depuis cinq ans. Ils habitent Paris. Tous deux travaillent dans des domaines qui les passionnent. Ils ont des amis qu’ils fréquentent régulièrement. Leur relation avec leur famille et leur belle-famille est chaleureuse. À les voir, rien ne peut dévoiler ce drame qu’ils vivent au quotidien. Un drame que ni l’un ni l’autre n’a vu venir.

« Après un certain temps de vie commune, nous avons constaté que nous n’étions pas encore parents. Nous nous sommes dit que cela n’était pas normal. Nous sommes allés consulter un premier médecin, qui nous a confirmé qu’à priori, il fallait juste attendre. Nous avons donc attendu. Au bout d’un moment, nous nous sommes dit que cela commençait vraiment à être long », témoigne Mathilde.

Cet article est d’abord paru dans notre numéro spécial automne 2021. Cliquez sur cette bannière pour y accéder en format Web.

Les médecins consultés avancent qu’il ne semble pas y avoir d’empêchements à la procréation naturelle. « Le corps humain est mystérieux et le mécanisme de la procréation l’est tout autant », lance Enguerrand.

« Nous n’avons pas voulu entrer dans un parcours médical classique comme la procréation médicale assistée (PMA), car cela ne répondait pas à nos valeurs », explique-t-il.

Une route difficile

Comme Mathilde et Enguerrand, les couples catholiques qui veulent suivre l’enseignement de l’Église en matière de procréation se heurtent à la question de l’éthique. « Tout ce qui est techniquement et médicalement possible n’est pas nécessairement éthique. C’est un principe fondamental », souligne le père André Gauthier, qui donne le cours Vie chrétienne et sexualité et le cours de bioéthique au Grand Séminaire de Montréal.

Pour respecter cette dignité, le couple décide donc de s’en remettre à la naprotechnologie.

« Cela nous a demandé beaucoup d’investissements, du temps, des visites chez les médecins, des médicaments, etc. Un jour, nous nous sommes demandé : “Jusqu’à quand devons-nous continuer ?” » relate Mathilde. Après trois ans et demi de tentatives, ils décident de mettre un terme à ce suivi médical. « Maintenant, nous nous disons : “advienne que pourra !” » lance-t-elle.

Cette décision n’a pas été prise à la légère. « Nous avons fait tout un chemin ! » souligne Enguerrand.

Sur ce chemin, le couple a rencontré la communauté de l’Emmanuel, qui offre le parcours Amour et Vérité pour les personnes « en espérance d’enfant ». Cette retraite et d’autres échanges avec des personnes ont permis au couple de mieux comprendre l’enseignement de l’Église catholique en matière de procréation naturelle.

« La route qui est proposée par l’Église n’est pas facile. Malgré tout, elle est un chemin de vie dans lequel on peut énormément grandir. Nous pensons que nous avons appris à nous connaitre davantage que si nous n’étions pas passés par cette épreuve. »

Enguerrand

Le père André Gauthier explique que l’Église considère que l’infertilité est une souffrance et un deuil. C’est pourquoi le chemin proposé passe d’abord par l’écoute et la compassion. « Il ne faut pas leur dire : “Que voulez-vous, c’est la volonté de Dieu !” Ensuite, il faut faire preuve de discernement », explique-t-il.

« La route qui est proposée par l’Église n’est pas facile. Malgré tout, elle est un chemin de vie dans lequel on peut énormément grandir. Nous pensons que nous avons appris à nous connaitre davantage que si nous n’étions pas passés par cette épreuve », selon Enguerrand.

« On le dit de manière très posée, mais cela n’a pas toujours été facile. Nous avons rencontré beaucoup de difficultés au sein de notre couple », avoue-t-il.

Dans un couple infertile, ou en espérance d’enfant, catholique de surcroit, vient un temps où la question de l’apport à la société se pose de manière intense. Le père Gauthier souligne que les membres d’un couple qui est infertile peuvent devenir des « parents spirituels », prêts à donner leur amour pour les autres.

« Notre fécondité passe par beaucoup de choses », dit Mathilde. « Nous voulons être féconds. À nous donc de travailler sur cette autre forme de fécondité qui peut bénéficier à notre conjoint, à notre famille, à nos amis et à nos collègues de travail. »

Esperanza

Le couple a décidé de s’investir dans l’association Esperanza, créée en 2017 par Olivier et Joséphine Mathonat. Alors en espérance d’enfant, Olivier et Joséphine voulaient offrir à des couples dans la même situation une session où s’entremêleraient le libre partage, les réflexions profondes, la joie et le bon vin. Les Mathonat ont animé les sessions jusqu’en 2019 où, surprise, ils ont donné naissance à un bébé. Mathilde et Enguerrand, avec un autre couple, ont pris la relève.

« Les fins de semaine se vivent dans des maisons privées qui nous sont prêtées », explique Enguerrand. « Nous y tenons, car nous souhaitons que cela garde un caractère familial et chaleureux. Nous ne souhaitons pas que cela soit dans des maisons de retraite. »

« En fait, les sessions sont très joyeuses, vraiment ! » avance Mathilde. « Nous sommes contents de ne pas être seuls à vivre cela. On fait des blagues. On rigole tout le temps. C’est très simple et très joyeux. Et pourtant, on va parler en profondeur. »

La dimension spirituelle, voire cultuelle, est également bien présente au sein d’Esperanza. « Chaque matin, nous prions. Ce n’est pas obligatoire d’être catholique pour participer aux fins de semaine. En revanche, on dit aux couples que nous souhaitons qu’ils participent à l’intégralité de la fin de semaine. Y compris l’eucharistie », explique Enguerrand.

Foi, Esperanza et charité

La prière est aussi au cœur de la vie du couple. « C’est la pierre angulaire de tout cela. Sans la vie de prière, sans la foi, nous n’aurions pas toutes ces grâces », partage Enguerrand.

Pour sa part, Mathilde a découvert la puissance de la louange dans l’épreuve. « Quand cela va mal, louez ! Cela transforme le cœur ! Cela change la disposition intérieure. C’est un bon remède aussi ! »

Toutefois, la souffrance est toujours bien présente. « Je pense que la souffrance ne peut pas être niée. Nous pouvons cependant l’accepter et la dépasser. Nous souffrons toujours, mais nous savons que nous ne sommes pas seuls. Et pour permettre au Christ de s’approcher de nous et de lui donner la possibilité de nous rejoindre là où nous sommes dans nos joies et dans nos difficultés, il faut lui parler et le louer. Il faut avoir une relation qui soit vivante ! » lance avec conviction Enguerrand.

À l’évidence, la vie d’un couple en espérance d’enfant n’est pas simple, mais elle peut engendrer des grâces qui bénéficient à toute la société et à l’Église.

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