DON’T LOOK UP : la propagande nulle du « mouvement climat » (par Nicolas Casaux)

DON’T LOOK UP : la propagande nulle du « mouvement climat » (par Nicolas Casaux)

Une nou­velle super­pro­duc­tion signée Net­flix et encen­sée par les médias de masse nous « alerte sur l’état de la pla­nète » (Télé­ra­ma) : Don’t Look Up : Déni cos­mique, avec Leo­nar­do DiCa­prio, Jen­ni­fer Law­rence, Meryl Streep, Cate Blan­chett, etc. On l’a vu. Nous voi­là aler­tés. Non sans iro­nie, le sort de ce film illus­tre­ra très cer­tai­ne­ment ce qu’il dénonce : la des­truc­tion de la pla­nète, tout le monde s’en fout, on pas­se­ra à autre chose, on a d’autres choses à faire, un nou­veau chef suprême à élire, un grand rem­pla­ce­ment nous menace, etc.

Concer­nant son conte­nu (si vous ne vou­lez pas savoir, scrol­lez votre che­min) : la méta­phore du réchauf­fe­ment cli­ma­tique qu’il pro­pose — sous la forme d’une comète mena­çant de s’écraser sur Terre — est assez mau­vaise. Une par­tie de l’humanité — les humain­dus­triels, les habi­tants de la civi­li­sa­tion indus­trielle — est direc­te­ment res­pon­sable du réchauf­fe­ment cli­ma­tique. Une comète qui menace de frap­per la Terre, ça ne marche pas (sauf si on prend la comète pour une méta­phore de la civi­li­sa­tion indus­trielle elle-même : on se retrouve alors avec la civi­li­sa­tion indus­trielle lut­tant contre la civi­li­sa­tion indus­trielle, ce qui se tient, vu que c’est un peu ce qui se passe réel­le­ment… mais, bon, ce n’est pas ce qui est sug­gé­ré). Le réchauf­fe­ment cli­ma­tique est rela­ti­ve­ment gra­duel, une comète qui s’écraserait sur Terre, assez peu. (Au pas­sage, on note l’habituelle réduc­tion du pro­blème éco­lo­giste à celui du seul réchauf­fe­ment cli­ma­tique.) L’endiguement — mieux encore, l’inversion — du réchauf­fe­ment cli­ma­tique implique d’en finir avec la civi­li­sa­tion indus­trielle, de mettre un terme à l’industrialisme, de dés­in­dus­tria­li­ser, détech­no­lo­gi­ser le monde. La pré­ser­va­tion de la vie sur Terre mena­cée par une comète implique au contraire de recou­rir aux tech­no­lo­gies les plus avan­cées, d’utiliser toutes les res­sources pro­duites par la civi­li­sa­tion indus­trielle. Bref, une méta­phore ratée.

Bien enten­du, le film ne pro­pose aucune cri­tique de l’État, du capi­ta­lisme, de l’industrialisme ou du patriar­cat. Le pro­blème ? Des diri­geants ter­ri­ble­ment stu­pides, pro­fon­dé­ment inca­pables (et des médias à l’avenant). La solu­tion (impli­ci­te­ment sug­gé­rée) ? Élire de meilleurs chefs (qui écou­te­ront les sachants de la caste des scien­ti­fiques, les­quels savent com­ment rendre durable la civi­li­sa­tion tech­no-indus­trielle ; for­mulent des recom­man­da­tions qui ne remettent évi­dem­ment jamais en ques­tion les ins­ti­tu­tions qui les financent et les forment, le tech­no­ca­pi­ta­lisme et l’État). Mais com­ment faire avec — ain­si que le film le dépeint, de manière rela­ti­ve­ment réa­liste — une popu­la­tion lour­de­ment com­po­sée d’abrutis, le cer­veau câblé sur les mass-médias, notam­ment télé­vi­suels avec leurs émis­sions grand public au conte­nu déses­pé­ré­ment stu­pide, obnu­bi­lés par les aven­tures des célé­bri­tés et autres influen­ceurs (ou ‑ceuses) qui sévissent dans les cyber-asiles psy­chia­triques (Ins­ta­gram, Tik­Tok, Twit­ter, Snap­chat, Face­book, etc.), accros à la tech­no­lo­gie, aux « mèmes » sur inter­net, ber­nés par le popu­lisme de richis­simes cra­pules encou­ra­geant les conflits iden­ti­taires ou encore per­sua­dés que des rep­ti­liens se cachent par­mi nous et que Bill Gates est l’un des leurs qui a pour objec­tif de tous nous don­ner à man­ger à une cabale consti­tuée de juifs et d’aliens cru­di­vores, etc. ? Mal­heu­reu­se­ment, le film ne nous aide pas à répondre à cette question.

Cela dit, il a au moins le mérite de sou­li­gner ce fait que la véri­table catas­trophe, la pre­mière catas­trophe, qui n’est pas une menace loin­taine, qui est en cours depuis des siècles, est sociale. Le pre­mier désastre, c’est la socié­té humaine (« la » parce qu’à bien des égards il n’en existe gros­so modo plus qu’une seule, pla­né­taire, indus­tria­li­sée, capi­ta­liste, éta­tique, patriar­cale). La catas­trophe éco­lo­gique — qui ne se limite cer­tai­ne­ment pas au réchauf­fe­ment cli­ma­tique mais com­prend la pol­lu­tion et la des­truc­tion inexo­rable des éco­sys­tèmes depuis déjà des siècles, le ravage des habi­tats de toutes les espèces, du pay­sage pla­né­taire — n’est qu’une consé­quence de la catas­trophe sociale.

Et cette catas­trophe sociale n’a rien à voir avec de mau­vais diri­geants. Elle cor­res­pond à — et découle de — l’existence même de diri­geants, de « déci­deurs poli­tiques », de « chefs d’État », de (pre­miers) ministres, etc. Elle cor­res­pond à — et découle de — la délé­ga­tion obli­ga­toire de notre pou­voir au tra­vers de l’élection, soit l’aliénation obli­ga­toire de notre droit légi­time à par­ti­ci­per nous-mêmes, direc­te­ment, à la fabrique de la socié­té dans laquelle on vit, à la fabrique de notre quo­ti­dien. Elle cor­res­pond à — et découle de — la pro­pa­gande mas­sive qui nous fait prendre des sys­tèmes sociaux oli­gar­chiques, auto­cra­tiques, pour des « démo­cra­ties » ; la domi­na­tion la plus écra­sante — la dépos­ses­sion la plus éten­due — que l’humanité ait jamais souf­fert pour le sum­mum de la liber­té humaine ; une ins­ti­tu­tion éta­blie afin de « diri­ger les opi­nions poli­tiques et morales » des indi­vi­dus (l’école, dixit son père fon­da­teur, Napo­léon) pour un for­mi­dable orga­nisme d’émancipation visant à « apprendre à cha­cun à pen­ser par soi-même » ; etc.

La catas­trophe, c’est que la plu­part des « éco­lo­gistes » ne com­prennent pas les ori­gines (sociales) du désastre qu’ils ne per­çoivent que par­tiel­le­ment et aux­quels ils espèrent alors remé­dier sans s’attaquer à ses causes réelles.

Le « mou­ve­ment cli­mat » pos­sède désor­mais son film. Les poli­ti­ciens actuels sont des inca­pables, il faut les secouer, il en faut de meilleurs, qui « écoutent la science », « écoutent les scien­ti­fiques », afin qu’enfin les plans tech­no­cra­tiques visant à rendre durable (décar­bo­ner) la civi­li­sa­tion indus­trielle soient appli­qués. Faute de quoi on va tous cre­ver. Ou plu­tôt, faute de quoi la civi­li­sa­tion indus­trielle risque de s’effondrer.

Décar­bo­ner l’exploitation et la domi­na­tion sociale, décar­bo­ner l’exploitation (la des­truc­tion) de la nature. Décar­bo­ner le tech­no­ca­pi­ta­lisme. Quelle riche idée.

*

D’aucuns pré­tendent voir dans Don’t Look Up une cri­tique du capi­ta­lisme, voire du capi­ta­lisme tech­no­lo­gique — oubliant un peu rapi­de­ment qu’ils l’interprètent ain­si à la lumière de leurs propres connais­sances : tous les spec­ta­teurs net­flixiens n’ont pas lu la Socié­té du spec­tacle de Debord ou Le Sens des limites de Renaud Gar­cia. À d’autres, on rap­pel­le­ra que le fait de comp­ter par­mi ses pro­ta­go­nistes un chef d’entreprise avide, avare et irres­pon­sable ou de mau­vais indus­triels, méga­lo­ma­niaques, sans scru­pules, etc., ne fait évi­dem­ment pas d’un film une cri­tique du capi­ta­lisme. Le capi­ta­lisme, c’est un vaste sys­tème d’entr’exploitation sociale fon­dé sur la pro­prié­té pri­vée, l’argent (notam­ment comme équivalent/aplatisseur uni­ver­sel), le tra­vail, le sala­riat, la mar­chan­dise, la pro­duc­tion de sur­va­leur, l’État, etc. Pour la même rai­son, une cri­tique de la finance, ou de quelque sec­teur indus­triel ou même de plu­sieurs sec­teurs indus­triels n’est pas une cri­tique du capi­ta­lisme. Tout comme dénon­cer la bêtise de cer­tains diri­geants poli­tiques voire de tout une classe poli­tique n’est pas une cri­tique de l’État (seule­ment de ces diri­geants ou de cette classe politique).

Il est assez conster­nant de voir nombre de soi-disant éco­lo­gistes s’imaginer qu’une super­pro­duc­tion signée Net­flix (ou Hol­ly­wood) pour­rait bien être une cri­tique per­ti­nente du capi­ta­lisme, de l’État, de la tech­no­lo­gie ou de quoi que ce soit. Il en va du ciné­ma, du film, comme de l’agroalimentaire : la grande indus­trie pro­duit essen­tiel­le­ment, voire uni­que­ment de la merde.

Enfin, fort aima­ble­ment, afin d’éviter de prendre nos dési­rs pour des réa­li­tés, nos inter­pré­ta­tions sub­jec­tives pour des géné­ra­li­tés, Leo­nar­do DiCa­prio nous résume le film. Il s’a­git, nous dit-il, d’une « ana­lo­gie de la socié­té moderne et de notre inca­pa­ci­té à entendre et à écou­ter la véri­té scien­ti­fique » (autre­ment dit : de l’incapacité de nos diri­geants à suivre, encore une fois, les recom­man­da­tions tech­no­cra­tiques éla­bo­rées par les scien­ti­fiques afin de sau­ver la civi­li­sa­tion indus­trielle et ses scien­ti­fiques, à enta­mer une grande décar­bo­na­tion de l’exploitation, de la dépos­ses­sion et de la domi­na­tion sociale, etc.). Soit, sans sur­prise, le cre­do du « mou­ve­ment cli­mat » — mou­ve­ment essen­tiel­le­ment apo­li­tique, anti­po­li­tique, regrou­pant aus­si bien des jeunes étu­diants d’i­ci et de là, des acteurs hol­ly­woo­diens, des maires de villes majeures, etc., un grand ras­sem­ble­ment d’i­diots utiles du technocapitalisme.

Adam McKay, le réa­li­sa­teur du film, explique, lui, que si le film a ini­tia­le­ment été pen­sé comme une méta­phore du com­por­te­ment de la socié­té indus­trielle face au réchauf­fe­ment cli­ma­tique, « ensuite, la pan­dé­mie a frap­pé. Cela a fait res­sor­tir ce dont parle vrai­ment le film, à savoir la façon dont nous com­mu­ni­quons les uns avec les autres. Nous ne par­ve­nons même plus à nous par­ler. Nous n’ar­ri­vons même plus à nous entendre. Il s’a­git donc du chan­ge­ment cli­ma­tique, mais au-delà, il s’a­git de ce que l’in­ter­net, les télé­phones por­tables, le monde moderne ont fait à notre façon de communiquer. »

S’il est bien sûr louable de dénon­cer « ce que l’in­ter­net, les télé­phones por­tables, le monde moderne ont fait à notre façon de com­mu­ni­quer », il y a dif­fé­rentes manières de le faire, plus ou moins super­fi­cielles, tou­chant plus ou moins au cœur de l’affaire, ou se conten­tant, comme le font les rares cri­tiques grand public de ce pro­blème, comme ce film, de sug­gé­rer un més­usage de ces ins­tru­ments tech­niques (les télé­phones por­tables, l’internet, etc.). La cri­tique super­fi­cielle (tron­quée) des télé­phones por­tables et de l’internet, qui ne par­vient pas à faire com­prendre — ou occulte — en quoi ces appa­reils posent fon­da­men­ta­le­ment pro­blème, pour­quoi il ne s’agit pas d’un pro­blème de més­usage, pose elle-même pro­blème dans la mesure où elle induit en erreur, où elle ignore l’essentiel : à savoir que la tech­no­lo­gie n’est pas neutre, qu’aucune tech­no­lo­gie n’est neutre, que toute tech­no­lo­gie pos­sède des impli­ca­tions sociales et maté­rielles et que les hautes tech­no­lo­giques sont par défi­ni­tion, consti­tu­ti­ve­ment, syno­nymes d’iniquités sociales et de nui­sances écologiques.

Sor­tir un film fort confus, basé sur des idées capi­ta­lo- et tech­no-com­pa­tibles, avec un cas­ting d’immenses stars, sur Net­flix, le jour de Noël, pour (mal) dénon­cer les pro­blèmes de la com­mu­ni­ca­tion modernes est incroya­ble­ment hypo­crite. En tant que média et indus­trie de masse, le ciné­ma, et la culture de la célé­bri­té qu’il favo­rise, par­ti­cipent lour­de­ment à la pro­pa­gande contem­po­raine, à l’entreprise d’abêtissement géné­ra­li­sée de la civi­li­sa­tion indus­trielle. Avec Don’t Look Up, la noto­rié­té de richis­simes icônes du star-sys­tem tech­no­ca­pi­ta­liste va s’accroitre, Net­flix va empo­cher un pognon de dingue, et la pro­pa­gande absurde du « mou­ve­ment cli­mat » va se pro­pa­ger davantage.

Le « mouvement climat » contre le mouvement écologiste

Le « mou­ve­ment cli­mat » est né entre 2000 et 2010, avec la créa­tion de plu­sieurs ONG d’un nou­veau genre, foca­li­sées sur la « ques­tion cli­ma­tique », comme 350 (.org), notam­ment fon­dée grâce à l’argent d’une des plus grandes familles de phi­lan­thro­ca­pi­ta­listes états-unien, les Rocke­fel­ler, ou comme le Glo­bal Call for Cli­mate Action, éga­le­ment finan­cé par les Rocke­fel­ler mais aus­si par des fon­da­tions figu­rant elles-mêmes par­mi les plus riche­ment sub­ven­tion­nées (par des riches et des entre­prises et d’autres fon­da­tions pri­vées) au monde, comme la Euro­pean Cli­mate Foun­da­tion (finan­cée, entre autres, par la William and Flo­ra Hew­lett Foun­da­tion, la Bloom­berg Fami­ly Foun­da­tion, le Rocke­fel­ler Bro­thers Fund, la IKEA Foun­da­tion, etc.) ou la Cli­ma­te­Works Foun­da­tion (éga­le­ment finan­cée par la William and Flo­ra Hew­lett Foun­da­tion, mais aus­si par la David and Lucile Packard Foun­da­tion, le Bezos Earth Fund, Bloom­berg Phi­lan­thro­pies, la fon­da­tion Ford, la IKEA Foun­da­tion, etc.).

Autre­ment dit, l’argent des ultra-riches et des mul­ti­na­tio­nales qu’ils pos­sèdent a per­mis, voire fabri­qué ce « mou­ve­ment cli­mat », ses marches hau­te­ment média­tiques (les médias appar­tiennent sinon aux mêmes inté­rêts finan­ciers, au moins à la même classe sociale), etc.

Cela étant, l’argent des ultra-riches finan­çait déjà, avait déjà réus­si à coop­ter une par­tie du mou­ve­ment éco­lo­giste, ou, disons, à créer de toutes pièces un mou­ve­ment éco­lo­giste d’un cer­tain type. Les Amis de la Terre ont été créés en 1969 aux USA grâce au sou­tien finan­cier de Robert O. Ander­son, le fon­da­teur et pro­prié­taire de la com­pa­gnie pétro­lière amé­ri­caine ARCO. Le WWF a direc­te­ment été pen­sé et créé (en 1961) par des riches, finan­cé par des princes, etc.

Mais en paral­lèle (et aux anti­podes) de cet éco­lo­gisme lour­de­ment finan­cé exis­tait, depuis les années 1930 en France, et sans doute ailleurs, un mou­ve­ment éco­lo­giste aux idées et aspi­ra­tions réel­le­ment sub­ver­sives, anti­ca­pi­ta­liste, anti-indus­triel même (en par­tie), qui aspi­rait à pré­ser­ver la nature (y com­pris pour elle-même), cen­tré sur le vivant et non sur la civi­li­sa­tion, qu’incarnaient Jacques Ellul, Ber­nard Char­bon­neau, Pierre Four­nier, le jour­nal La Gueule Ouverte, la revue Sur­vivre… et vivre fon­dée par Alexandre Gro­then­dieck et ses amis, l’é­co­fé­mi­nisme de Maria Mies et Van­da­na Shi­va, etc.

Aujourd’hui, dans l’ensemble, il ne reste plus que le « mou­ve­ment cli­mat ». Les grandes ONGE (les ONG envi­ron­ne­men­tales) se sont plus ou moins ali­gnées des­sus. De richis­simes acteurs hol­ly­woo­diens (net­flixiens) comme Leo­nar­do DiCa­prio s’en réclament, le rejoignent. Ce qui n’a rien d’étonnant. Le « mou­ve­ment cli­mat » n’a essen­tiel­le­ment aucune reven­di­ca­tion anti­ca­pi­ta­liste, ne s’intéresse pas vrai­ment à l’exploitation et à la domi­na­tion sociale, aux classes sociales — il se contente de bavar­der de quelque « jus­tice sociale » der­rière laquelle on trouve tout et rien. Adam McKay, le réa­li­sa­teur de Don’t Look Up, fait par­tie de ce « mou­ve­ment cli­mat », dont voi­ci les prin­ci­paux griefs et les prin­ci­pales revendications :

Nos diri­geants n’agissent pas comme il faut pour endi­guer la crise cli­ma­tique, ou pour adap­ter nos socié­tés, la civi­li­sa­tion indus­trielle, au réchauf­fe­ment cli­ma­tique (c’est selon, par­fois les deux mélan­gés). Ils n’écoutent pas la science. Ils n’écoutent pas les scien­ti­fiques. Ils ne déve­loppent pas assez vite et mas­si­ve­ment les indus­tries de pro­duc­tion d’énergie dite renou­ve­lable, verte, propre, décar­bo­née ou bas-car­bone, l’industrie de cap­ture et sto­ckage du car­bone. Ils ne dés­in­ves­tissent pas assez vite des éner­gies fos­siles. Le nucléaire, bon, pour­quoi pas.

C’est-à-dire que ce mou­ve­ment d’imbéciles ne voit aucun pro­blème fon­da­men­tal dans le capi­ta­lisme, l’industrialisme, la tech­no­lo­gie, la science, etc. Ce qui explique son finan­ce­ment, sa com­po­si­tion et sa pré­sence média­tique. Les patrons de mul­ti­na­tio­nales, les ultra-riches, les jour­na­listes des grands médias comme le Guar­dian, le New York Times, les stars d’Hollywood, etc., ne sont évi­dem­ment pas anti­ca­pi­ta­listes. Tous ces gens-là ont donc créé un mou­ve­ment éco­ca­pi­ta­liste (pour un capi­ta­lisme indus­triel durable, vert, car­bo­neutre), qui occupe tout le maigre espace média­tique alloué à l’écologie, et auquel, tris­te­ment, mais sans sur­prise, des gens de toutes condi­tions adhèrent (sans sur­prise étant don­né que, comme l’ont noté Marx et Engels il y a long­temps : « Les pen­sées de la classe domi­nante sont aus­si, à toute époque, les pen­sées domi­nantes, autre­ment dit la classe maté­riel­le­ment domi­nante de la socié­té y est aus­si la puis­sance spi­ri­tuel­le­ment dominante »).

Ce que tout ça signi­fie, pour faire au plus clair, c’est que Don’t Look Up est un film finan­cé et réa­li­sé par des éco­ca­pi­ta­listes, pour des éco­ca­pi­ta­listes, et encen­sé dans les médias éco­ca­pi­ta­listes. Que le « mou­ve­ment cli­mat » (mou­ve­ment éco­ca­pi­ta­liste) n’a aucune chance de jamais mettre un terme au désastre éco­lo­gique en cours, qu’il ne com­prend que très par­tiel­le­ment, puisqu’il ne sou­haite pas s’attaquer à ses causes mais au contraire encou­rage sa conti­nua­tion sous cou­vert de lutte contre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique, de rendre durable la civi­li­sa­tion indus­trielle — la prin­ci­pale chose qu’il essaie de sauver.

On rap­pel­le­ra, pour finir, que la science et les scien­ti­fiques, qu’A­dam McKay et le mou­ve­ment cli­mat célèbrent, sont res­pon­sables du réchauf­fe­ment cli­ma­tique qu’ils déplorent aujourd’­hui, et plus géné­ra­le­ment du ravage du monde et de l’ex­pan­sion, de l’ap­pro­fon­dis­se­ment et du ren­for­ce­ment modernes de l’ex­ploi­ta­tion sociale. Sans science et scien­ti­fiques, pas de hautes tech­no­lo­gies, pas de voi­tures, pas de che­va­lets à pom­per le pétrole, pas d’or­di­na­teurs, pas de bombes ato­miques, pas de tron­çon­neuses, pas de camé­ras de vidéo­sur­veillance, pas de LBD, pas de gaz lacry­mo­gènes, etc.

Net­flix nous dit quoi faire « après avoir regar­dé Don’t Look Up » : « Vivre, rire, écou­ter les scien­ti­fiques » (Source : publi­ca­tion Face­book, ici)

& aus­si que ce n’est pas un hasard si la ques­tion posée à McKay indique une inquié­tude pour « la sur­vie de l’espèce humaine » plu­tôt que pour celle des forêts anciennes, plu­tôt que pour la pré­ser­va­tion de la nature, l’arrêt de la des­truc­tion du monde. En outre, par « l’espèce humaine » McKay et son inter­vie­wer entendent évi­dem­ment « la civi­li­sa­tion » : peu leur importe les humains qui vivent en dehors de la socié­té tech­no­lo­gique. D’où la réponse de McKay cen­trée sur la science et la technologie.

Nico­las Casaux

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À propos de l'auteur Le Partage

« Plus on partage, plus on possède. Voilà le miracle. »En quelques années, à peine, notre collec­tif a traduit et publié des centaines de textes trai­tant des prin­ci­pales problé­ma­tiques de notre temps — et donc d’éco­lo­gie, de poli­tique au sens large, d’eth­no­lo­gie, ou encore d’an­thro­po­lo­gie.contact@­par­tage-le.com

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