Sommes-nous des zombies ?

Sommes-nous des zombies ?

Pourquoi avons-nous produit autant de films, de séries, de livres et de bandes dessinées de zombies dans les dernières décennies ? Pourquoi, avant la crise de la covid-19, des milliers de personnes se déguisaient-elles et se rassemblaient-elles régulièrement un peu partout en Occident pour marcher en hordes de zombies ? Comment ce type de monstre a-t-il pris tant de place dans notre imaginaire ?

C’est parce que nous tentons de nous comprendre nous-mêmes. 

Le zombie est une caricature de notre nihilisme, c’est-à-dire de l’absence de sens que nous détectons dans notre société

Fondamentalement, le zombie n’est pas juste le symbole d’une culture en crise de sens, mais spécifiquement d’une culture qui a perdu sa vision chrétienne du monde.

Plus fondamentalement, le zombie ne peut même pas parler. Il a la capacité d’émettre des sons, mais pas de les assembler en phrases cohérentes et significatives. Un peu comme nous, qui avons perdu la capacité de parler des choses les plus importantes dans nos vies. On a beau envoyer des déluges de tweets ou de snapchats, on a de la difficulté à parler de sens, de bien, de beauté, de vérité et encore plus de Dieu.

Le zombie est aussi complètement déraciné et sans abri. Il n’a aucune structure dans laquelle s’ancrer et construire quoi que ce soit. C’est un fait plutôt admis aujourd’hui que le « progrès » incessant mène aussi à un déracinement. On sent qu’on dérive contre notre gré, que tout change toujours et qu’on ne peut pas espérer construire quelque chose de stable.

Sans but ni espoir

Comme plusieurs d’entre nous, le zombie n’a ni but ni direction. Tout ce qu’il lui reste est un instinct de consommation jamais rassasié. Il n’est qu’un amas de matière qui suit des pulsions primitives. Et il est spécialement significatif que le zombie veuille spécifiquement manger le cerveau, qui est l’organe du sens. Dans un monde où l’on ne perçoit pas la signification spirituelle des choses, tout ce qu’il nous reste est la matière. Et dans un tel monde, ce qui s’approche le plus du sens est le cerveau. C’est le seul endroit où l’homme moderne peut accrocher ses espoirs de trouver du sens.

Autre point : il n’y a généralement pas d’issue dans les récits de zombies. On tente simplement de survivre, en sachant qu’on va finir par mourir. C’est comme si l’on ne croyait pas aujourd’hui qu’il soit véritablement possible d’arrêter la marche du nihilisme. 

Nos ancêtres religieux habitaient peut-être un monde plus magique et significatif que le nôtre, mais beaucoup voient aujourd’hui cette vision comme naïve et vouée à disparaitre. Notre monde serait ainsi destiné à toujours devenir de moins en moins enchanté, de plus en plus matérialiste. Bref, on fait ce qu’on peut pour survivre aux zombies, mais ce n’est que momentané : on pourrait penser que la bataille est fondamentalement perdue.

Tous ces parallèles sont utiles pour voir que nous utilisons le zombie pour nous comprendre nous-mêmes. Et ce n’est pas juste un exercice intellectuel. Le taux de dépression et de suicide grimpe dans notre monde précisément à cause du manque de sens dans nos vies

  1. Vervaeke, John, Christopher Mastropietro, and Filip Miscevic. Zombies in Western Culture: A Twenty-First Century Crisis. Open Book Publishers, 2017.
  2. Ibid., section 5.2.
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