Les ombres du Bataclan… et de Manuel Valls

Les ombres du Bataclan… et de Manuel Valls

C’est un documentaire qui n’est pas passé inaperçu, mais qui n’a pas fait plus de vagues que ça, à part la procédure en diffamation de l’ancien Premier ministre de sinistre mémoire, et pour cause, Manuel Valls. Les journalistes sérieux qui ont vraiment regardé ce documentaire, minute après minute, les autres ayant recopié le dossier de presse d’Arte, vont sentir une remontée d’égouts extrêmement nauséabonds, pour le coup. Pendant que la presse traite le procès des responsables présumés du massacre du 13 Novembre sur le mode émotionnel, le doc de Francis Gillery (à qui on doit le troublant La double mort de Pierre Bérégovoy, voir notre article en financement participatif) travaille dans la profondeur, dans les entrailles de cette nuit infernale, mais surtout de ses vrais responsables, de ceux qui étaient alors en charge de la sécurité des Français. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que dans le meilleur des cas, ils ont failli. Et dans le pire, ils…

Parce que cet attentat est historique, et que trop peu de journalistes ont creusé la question des failles (le nom d’un autre service de renseignement ?), nous avons noté les déclarations les plus frappantes des intervenants.


C’est l’ancien Premier ministre (PM) socialiste qui ouvre le bal. Il ne sait pas encore qu’il sera visé par le montage, lourdement à charge. Il est suivi de son ministre de l’Intérieur, lui aussi très lié au CRIF. Ces deux premières interventions sont estomaquantes.

Valls : « Dans le TGV de retour avec un journaliste de L’Opinion je lui dis que ce que je crains le plus c’est un attentat majeur, ce jour même. »

Cazeneuve : « Le matin, nous faisons un exercice mobilisant l’ensemble des services de secours, de sécurité, pour le cas où une tuerie de masse viendrait survenir à Paris, c’est un hasard total ! J’ai une crainte considérable, c’est qu’une tuerie de masse à Paris fasse 110, 120 morts. »

Georges Fenech est le député UMP qui sera en charge de la commission d’enquête et du rapport suivant les grands attentats de 2015. Il évoque le discours très martial de François Hollande le 16 novembre à Versailles : « Il dit “la France est en guerre”. »

Manuel Valls n’apparaîtra pas à ses côtés le soir du 13 novembre 2015, c’est peut-être une prescience de la part du Président.

Fenech : « On comprend bien que y a eu des failles dans nos services de renseignement. »

Le mot faille est celui derrière lequel se cacheront tous les services concernés. On apprend que la commission parlementaire n’a jamais convoqué ni interrogé Manuel Valls.


Gillery entre dans le vif du sujet : la lenteur mortelle de l’intervention des forces de police et l’empêchement d’intervenir de plusieurs forces militaires et de police.

Fenech  : « Il y avait présents devant le Bataclan, dès les premières minutes, 8 militaires de la force sentinelle ; comment comprendre que des militaires en arme, postés devant le Bataclan, entendant les tirs en rafale des kalachnikov, n’aient pas tentés quelque chose ? »

Gillery va tenter, en interrogeant toutes les personnalités concernées, de briser ce mystère.


D’Allemagne, vice-président de la commission enquête sur les attentats de Bruxelles en 2016 : « Le fait que des militaires en armes étaient au Bataclan depuis plusieurs dizaines de minutes, qu’ils n’ont pas pu intervenir, moi ce que je peux vous dire c’est qu’une information comme ça en Belgique elle aurait créé la démission du gouvernement, immédiatement. »

On comprend que dans tout ce processus, le coup des Sentinelle n’a pas été prévu par les organisateurs. Sébastien Pietrasanta est le député PS qui a codirigé la commission d’enquête avec Fenech. En l’écoutant, on comprend qu’il est là pour l’alternance, mais que c’est Fenech qui tient le manche. Il constate mais ne va pas plus loin. Fenech va plus loin mais pour des raisons éminemment politiques : l’élimination de Valls. Qui va tout prendre. Tout.


Pietrasanta : « Effectivement, le 13 novembre, on n’explique pas, euh, clairement, pourquoi le préfet de police n’a pas engagé les militaires de Sentinelle. »

La réponse de Valls sur cette non-intervention est d’une légèreté qui serait comique s’il n’y avait eu 131 morts, dont 90 au Bataclan.

Valls : « Après on peut décider que l’armée intervient, euh, partout, dans nos banlieues, quand il y a une attaque, etc., mais c’est un débat qui existe, c’est surement pas le politique qui doit décider qui intervient et sous quelle forme, les militaires hein, je parle de l’opération elle-même. »

Le PM botte en touche vers les étages inférieurs de la police, ceux de l’opérationnel. Il n’est pas question de décision politique. Or, on verra que dans cette affaire, le politique est intimement lié à l’opérationnel.


Fenech : « Les militaires disent “nous n’avons pas l’ordre d’engager le feu”, les policiers désemparés appellent par radio le poste de commandement, à la préfecture de police de Paris, en disant “voilà ce qui se passe, on entend les tirs, les militaires sont là, donnez-leur le feu vert pour tirer, pour riposter”, la réponse viendra tout aussi nette, et rapide, “négatif, les militaires n’engagent pas le feu sur le territoire national car nous ne sommes pas en guerre”. Mais c’est impensable, c’est impensable, ce qui s’est passé, impensable. »


Le Bret : « Sentinelle c’est un dispositif qui vise à dissuader, plus qu’autre chose. »

Pour toute explication de l’inexplicable, Valls s’en remet aux « failles ». Il arrive même à noyer le poisson français dans l’étang européen…

Valls  : « Et donc les commissions d’enquête, euh, l’instruction des juges, démontrent très bien l’organisation, la nébuleuse, et sans doute les failles qu’il y a eues dans tous les services de renseignement à tous les niveaux, et dans plusieurs pays européens. »

Fenech  : « Et d’ailleurs lorsque nous allons auditionner les deux patrons de nos services, ils ont avec beaucoup de franchise dit textuellement, “c’est un échec de nos services”. »

La faute des services avouée, le crime à moitié pardonné ?

Les responsables de la sécurité publique française bottent maintenant en touche en direction de la Belgique, puisque le commando venait de Molenbeek.

Pietrasanta  : « Là, ce qui m’a interpellé quand on a fait les auditions, c’est que la DGSI dit “ça venait de Belgique, donc ça ne nous concernait pas. Parce qu’ils n’étaient pas français”. »

Le Bret avance une autre explication pour les failles : la restructuration des services, que l’on doit à Sarkozy.

Le Bret : « C’est le moment où les renseignements généraux sont supprimés, où la DST fusionne avec d’autres services et crée la DCRI d’abord, puis la DGSI, donc l’idée d’avoir une espèce de FBI à la française sur le papier c’était pas absurde, dans la pratique ça a conduit à multiplier je pense les angles morts et on payera longtemps l’affaiblissement du renseignement territorial. »

Selon le juge antiterroriste de l’époque, Marc Trévidic, tout le monde s’attendait à un gros attentat, texto. Confirmation par Bernard Squarcini, qui évoque même une salle de spectacle : un attentat au Bataclan était programmé, avec des infos qui se précisent en août 2015, soit trois mois avant le massacre.


D’ailleurs, dès 2008, le propriétaire (juif) de la salle subissait déjà des menaces par des hommes au visage caché par un… keffieh ! Comme si on voulait préparer le terrain…

Nous insérons ici une interview de Georges Fenech qui a fait des voyages en Israël pour en ramener des idées sur la sécurité…

Le modèle est habituellement considéré sur la scène internationale comme contestable, portant atteinte aux droits des Palestiniens. Une personne peut notamment être retenue en détention sans avoir été condamnée parce que suspectée de vouloir passer à l’acte. Ce modèle, c’est celui des Israéliens pour lutter contre le terrorisme. Et s’il est régulièrement critiqué, il a aussi désormais ses défenseurs au niveau international. Une partie de la droite française souhaiterait s’en inspirer. Le député Les Républicains (LR) Georges Fenech, soutien de Nicolas Sarkozy, vient de passer deux jours en Israël. Un séjour instructif à ses yeux.

« Je ne parle pas de modèle, je parle d’inspiration. » La différence est subtile, mais en tout cas pour le président de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015, la France aurait à gagner à regarder du côté israélien :
« Je pense qu’elle a un système qui a fait ses preuves, qui aujourd’hui est tout à fait conforme de mon point de vue au respect des libertés individuelles même si l’individu n’est pas passé à l’acte. Mais autant agir avant qu’il passe à l’acte quand on sait qu’il a toutes les caractéristiques pour commettre un attentat terroriste. »

Le débat porte alors sur la surveillance des djihadistes 100 % connus de nos services, comme les frères Clain, qui, après avoir formé de nombreux djihadistes français, partiront tranquillement en voiture, en famille, en Syrie… Une sacrée faille !

Squarcini  : « L’insuffisance des preuves, la légèreté des charges judiciaires, l’absence de renseignements je dirais plus pertinents, n’a pas permis au juge d’instruction dûment saisi sur cette affaire d’aller plus loin. »


Application au jeune Abaaoud, dont on veut nous faire croire qu’il était le coordinateur, voire l’organisateur d’une opération militaire de tuerie de masse multisites à Paris… Abaaoud était connu de tous les services européens, il se baladait en Europe librement, selon Pietrasanta. Localisé à Athènes, alors que tout le monde sait qu’il prépare un attentat, sa trace est perdue avant qu’on le retrouve à Paris, le fameux soir.

Charles (un pseudo), haut cadre de la DGSE : « Cette menace-là, on l’avait identifiée. »

C’est grâce à une civile, Sonia, que nos forces retrouveront la trace d’Abaaoud à Saint-Denis, avant le fameux assaut matinal. Grâce à Sonia, pas au renseignement et à ses « centaines d’agents professionnels », selon Charles.

Samia Maktouf, l’avocate des familles de victimes : « Aujourd’hui parmi nous et avec nous existent des personnes qui avaient connaissance de la présence non seulement d’Abaaoud sur le territoire français mais de son projet terroriste. Et ces personnes ne sont pas interpellées, ne sont pas inquiétées. »

Là encore, alors que l’étau se rapproche, Valls invoque le côté inédit de l’opération, alors qu’en début de documentaire, il déclare qu’il s’attendait à un gros attentat, qui plus est multisites, selon la terminologie de Cazeneuve avec sa « coïncidence ».

Valls  : « Nous faisons face à une attaque multisites. »

Le doc passe alors en revue les responsables de la police… et de la gendarmerie. L’ancien commandant du GIGN lance la première grenade.


Orosco : « Quand il y a ça, il faut aller vite, chaque seconde passée, avant que les forces de l’ordre interviennent, ce sont des morts en plus. On n’a pas le temps de prendre le temps de se déployer de monter un poste de commandement. »

Valls commence à perdre ses moyens.

Valls  : « Dans toute prise d’otages, dans touk… toute attaque té… terroriste, le préfet de police déclenche la force d’intervention de la police nationale, la FIPN, et en l’occurrence, là, c’est le RAID, de la police nationale, et la BRI, police nationale aussi, mais qui appartient à la préfecture de police de Paris, c’est-à-dire deux unités d’élite qui sont en capacité d’intervenir sur le territoire parisien et d’unir des forces, ce sont des policiers d’élite, là ils sont commandés par Jean-Michel Fauvergue. »

Et hop, je botte en touche vers le patron du RAID de l’époque. À toi la balle magique !


Mais le grand flic ne va pas se laisser abattre si facilement. Il invoque la hiérarchie interne opérationnelle. Et la balle va remonter tout en haut.

Fauvergue  : « Ce qui est problématique c’est qu’on ne déclenche pas la FIPN, à un certain moment il faut quelqu’un pour prendre le commandement de cette unité-là, c’est le chef du RAID qui prend le commandement de cette unité-là, et le chef de la BRI devient l’adjoint du RAID dans cette affaire. »

Fenech  : « Dans le cas où on déclenche la FIPN. »

Fauvergue : « Dans le cas où on déclenche la FIPN. »

Fenech  : « Ce qui avait été fait semble-t-il pour l’Hypercacher. »

Fauvergue  : « Exactement, ça avait été fait pour l’Hypercacher. Et pour l’Hypercacher j’avais pris le commandement à la fois du RAID et de la BRI. Normalement le RAID doit être réquisitionné par la préfecture de police, l’état-major de la préfecture de police ne m’a jamais saisi, jamais. »

Fenech  : « Donc, la FIPN n’est pas déclenchée, ce qui veut dire que c’est la BRI qui va mener l’opération. »

Fauvergue  : « Il n’est pas normal à un certain moment que les protocoles ne soient pas respectés et il n’est pas normal non plus qu’une unité qui ne sert qu’à ça, qui ne s’entraîne qu’à ça, donc le RAID, qui est nationale qui plus est, intervienne sous l’autorité d’une unité qui elle est uniquement locale, et qui ne travaille pas que là-dessus. »

La balle remonte donc jusqu’au ministre de l’Intérieur. Qui noie lui aussi le poisson.


Cazeneuve  : « Qui prend la décision de ne pas déclencher la FIPN ? Mais la décision donc qui est prise c’est de mettre tout le monde en alerte. »

Valls  : « Comment, elle intervient pas ? Ne me dites pas qu’elle n’intervient pas ! La force, Jean-Michel Fauvergue et ses hommes rentreront dans le, dans le ! »

« Après minuit », ajoute Gillery sobrement, et cruellement.

Fauvergue  : « Je n’ai pas compris pourquoi cette force d’intervention de la police nationale n’a pas été déclenchée, par le ministre ou par le directeur général de la Police nationale, ou par le préfet de police, soyons très clairs, il y a une rivalité, entre, au ministère de l’Intérieur la préfecture de police, le préfet de police et le directeur général de la Police nationale. »

Alors d’où vient cet ordre à la fois inexplicable et infâme ? Un informateur va lâcher un nom et tout va craquer.

Franck B, ancien officier du renseignement, masqué visage et voix : « Il y avait non seulement le RAID qui aurait pu intervenir, mais non loin il y avait également une équipe du GIGN, la caserne des Célestins qui était justement présente, qui finissait un entraînement de lutte antiterroriste et qui était équipée et en mesure d’intervenir rapidement. Ce qu’il se disait chez les personnes qui avaient accès à l’information c’est que c’était bien un ordre de Valls. »

Gillery  : « Pas du préfet ? »

Franck B : « Mais il obéit, le préfet. C’est qu’à ce moment-là, on était dans un contexte particulier, nous avions Manuel Valls qui en tant que Premier ministre visait clairement le poste de président de la République. Donc il avait besoin de s’accaparer les bonnes grâces au sein des policiers, ce qui n’était pas gagné, fallait qu’il mette en avant les policiers sur une intervention, quitte à ne pas faire intervenir certains et en privilégier d’autres, comme par exemple la BRI. Où apparemment il avait de très bons rapports avec le chef de la BRI et donc derrière c’était l’occasion justement de mettre en avant face à un attentat d’ampleur nationale des héros qui seraient en mesure de lui retourner la pareille. En mettant en avant la coordination et le travail du gouvernement. Il y avait une incohérence dans les ordres qui avaient été donnés, et on savait que Cazeneuve obéissait à Manuel Valls. Donc c’était Valls qui avait donné les ordres. Pour laisser intervenir la BRI, point à la ligne. »

Valls, au pied du mur, va encore balancer un n-1.

Gillery  : « Mais la décision, qui est-ce qui la prend, en fait ? »

Valls  : « Mais je pense que c’est le, je pense mais je ne veux pas vous répondre à côté, j’imagine que c’est en tout état de cause, c’était à ce moment-là Cadot, c’était le préfet de police de Paris. »

Gillery  : « C’était pas le ministre de l’Intérieur ? »

Valls, qui s’énerve : « Non, je pense que c’est le préfet de police qui est directement sur le mode opératoire face à cela, je ne pense pas que ce soit le ministre de l’Intérieur, mais interro-logez-le à ce moment-là, c’était Bernard Cazé, Bernard Cazeneuve. (…) Il y a eu peut-être du retard dans les… euh… procédures. En revanche, euh… il y a une réalité, c’est que il y a une prise d’otages, il y a une attaque d’une violence inouïe, on tire dans la, dans la, dans une foule dans une salle de spectacle… »

Toujours, l’appel à la tragédie pour noyer l’explication. Comme le fait la presse aujourd’hui, pendant le procès des responsables du 13 Novembre. Comme si la tragédie ne pouvait pas avoir d’explication et qu’elle devait tout justifier, toutes les erreurs, toutes les failles, tous les calculs, par son effet de souffle…

Fenech  : « C’est là, à ce moment-là qu’intervient le commissaire X, entendant ce qui se passe dans le XIe, arrive avec sa voiture, son chauffeur, son adjudant, et il voit ce que nous savons, c’est-à-dire une police désarmée, une force Sentinelle empêchée, des cadavres devant le Bataclan, et ils entendent des tirs à l’intérieur. »

L’intervention du commissaire n’est pas prévue dans le plan : il semble qu’elle foute tout un plan en l’air.

Fenech insiste : « Il enfreint le protocole au péril de sa vie. »

Fauvergue assène : « Ce primo intervenant, c’est le premier qui arrive et qui intervient, eh bien il a fait cesser le massacre. »

Cazeneuve, presque à regret : « Il l’a fait et c’est un héros pour l’avoir fait, et mais euh, lorsque les forces interviennent pour une neutralisation, elles ne peuvent pas intervenir sans un minimum d’expertise et d’analyse. »

Et de retard, n’est-ce pas ?

Fenech devant le Bataclan le 17 mars 2016 : « Pourquoi a-t-il fallu trois heures entre la première attaque et l’assaut final, pourquoi a-t-il fallu aussi trois heures pour que les secours puissent extraire les victimes qui étaient encore présentes au Bataclan ? »

Fenech en 2021 : « La question quand même qui reste posée, en tout cas que je me pose toujours, c’est le temps qui a été mis pour progresser dans le Bataclan depuis la fosse jusqu’à l’étage. Deux heures vingt. Le chef de la BRI nous explique que c’est par précaution, qu’il faut avancer pas à pas… Deux heures vingt, c’est le temps que vous mettez pour aller de Lyon à Paris, hein, en TGV. »

Cazeneuve tente un retourné acrobatique : « La question n’était pas celle du délai d’intervention, au Bataclan, la question était celle de la possibilité d’intervenir, parce que une intervention pour neutraliser des terroristes, ne peut pas conduire à plus de morts que ceux qui sont déjà retenus en otages par les terroristes en question. »

Détail important, qui va dans le sens de Cazeneuve : un membre de la BRI masqué parle de coups de feu à l’étage pendant que la colonne est dans la fosse, vers 22h30-22h40. Malheureusement, on va apprendre que la BRI n’était pas formée précisément pour une telle intervention.

Arrive le témoignage de l’enquêtrice Laurence Beneux qui explique que c’est la brigade d’intervention (BI) qui avait la compétence (équipement et entraînement) sur une tuerie de masse. Confirmation par un ancien de la BI : les membres de la BI sont « forcément mieux formés mieux équipes et mentalement prêts pour aller résoudre des crises majeures du type Bataclan ».


Beneux  : « Il se trouve que ce jour-là il y avait une colonne de six de la BI qui était sur une réserve “escalade” à la Tour Eiffel. Ils sont en train de revenir quand ils entendent à la radio que ça tire au Stade de France. Ils se rendent compte qu’il se passe quelque chose de sérieux. Donc ils me disent “on a filé, on s‘est dépêchés pour rentrer jusqu’au QG, en moins de 10 minutes on y était, on s’est équipés, parce qu’on s’est dit on va nous appeler, on va y aller”. Et puis entre-temps ils entendent à la radio que ça tire dans le Xe et dans le XIe, donc ils sont à côté, hein, il faut savoir qu’en voiture ils sont à cinq minutes. (…) Donc ils appellent leur QG, il est neuf heures et demie, parce que ça a commencé à tirer à ce moment-là, en disant “bon ben voilà, on est prêts” ! Et là on leur dit “non, vous y allez pas”. »

L’ancien de la BI, au moment où les six veulent aller sur place avant la BRI et donc pas sous les ordres de la BRI : « Et la salle d’information et de commandement leur dit non, vous allez pas au Bataclan. »

Pour marquer leur professionnalisme et leur expérience, il dévoile que certains faisaient partie de la colonne d’assaut de l’Hypercacher en janvier 2015. Beneux explique que la BI a dû passer par le 36, quai des Orfèvres, ce qui a occasionné un retard important, alors qu’elle aurait pu aller directement et rapidement au Bataclan, dès les premières minutes.

Beneux  : « Ils me disent “le retard au Bataclan nous on le pardonnera jamais !” Parce que ce qu’ils ont vu, ils ne s’en remettront jamais ! »


L’ancien de la BI ajoute : « Se pose le problème de pourquoi on a été au 36, quai des Orfèvres et pas au Bataclan. On commence à s’interroger collectivement. On n’a toujours pas la réponse. La hiérarchie n’a toujours pas la réponse non plus. »

Pour info, l’intervention possible de la BI ne figure quasiment pas dans le rapport de la commission d’enquête. De plus, on leur a demandé de ne pas mentionner les coups de fil au QG, où siège la hiérarchie…

Valls conclut : « On ne va pas rentrer dans un débat sur le fait s’ils étaient intervenus, euh… euh… on aurait empêché. La question est légitime pour eux, comme pour les victimes, comme pour vous, mais là, là, je suis dans un débat trop général. »

Suit l’intervention sur place, à 2 heures du matin, du président François Hollande et de sa suite, alors que le membre de la BI évoque la possibilité d’un sur-attentat ! Mais visiblement, François Hollande et Bernard Cazeneuve n’ont pas eu peur, ils ont bravé le danger… Alors que le portable d’Abaaoud, en fuite (dans le métro), bornait dans le quartier Voltaire !


On ne peut pas expliquer le massacre du 13 Novembre uniquement par la guerre des polices. Mais les interventions et explications pour le moins maladroites de Cazeneuve et Valls laissent entrevoir des failles inquiétantes. Politiquement, puisque la politique s’en mêle aussi, on a l’impression que Fenech est là pour accabler les services de renseignement, mais pas plus. Et qu’il est là aussi, indirectement, parce qu’il est UMP et que Valls est PS, pour charger Valls. Un Valls qui semble aujourd’hui complètement lâché, et lâché par ceux qui l’ont fait monter en 2014, lors de l’opération Dieudonné, car c’était une opération : le CRIF.

Le documentaire diffusé sur Arte le 3 septembre 2021

(Même le droitard Damien Rieu se pose des questions…)

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Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation

À propos de l'auteur Égalité et Réconciliation

« Association trans-courants gauche du travail et droite des valeurs, contre la gauche bobo-libertaire et la droite libérale. »Égalité et Réconciliation (E&R) est une association politique « trans-courants » créée en juin 2007 par Alain Soral. Son objectif est de rassembler les citoyens qui font de la Nation le cadre déterminant de l’action politique et de la politique sociale un fondement de la Fraternité, composante essentielle de l’unité nationale.Nous nous réclamons de « la gauche du travail et de la droite des valeurs » contre le système composé de la gauche bobo-libertaire et de la droite libérale.

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