Le New York Times reconnaît l’échec américain en Russie…

Le New York Times reconnaît l’échec américain en Russie…

…mais ne comprend pas pourquoi.


Par Moon of Alabama – Le 24 septembre 2021

Les États-Unis reconnaissent enfin la défaite totale de leur stratégie de manipulation en Russie.

La nouvelle arrive sous la forme d’une analyse du New York Times au sujet de la récente élection de la Douma en Russie.

La phrase clé :

Les résultats décevants de l'opposition, lors d'une élection qui n'était ni libre ni équitable, le week-end dernier n'ont fait qu'accentuer le sentiment de défaite. L'élection a mis en évidence la triste réalité selon laquelle l'opposition pro-occidentale et pro-démocratique russe, qui est le centre d’attention de la politique américaine et d'autres pays occidentaux à l'égard de la Russie depuis des années, n'a aucune stratégie visible pour retrouver sa pertinence.

Tous les millions de dollars investis et les milliers de reportages sur l’opposition russe rédigés par la CIA et publiés dans des médias « occidentaux » comme le NY Times ont été vains.

On pourrait croire que cette constatation allait pousser à la réflexion sur les raisons de l’échec de cette stratégie.

  • Était-il erroné de soutenir des clowns « libéraux » comme Navalny, qui sont en fait trop fascistes pour être acceptés par plus de 2 % de l’électorat russe ?
  • Y avait-il un moyen d’obtenir un résultat différent en examinant les véritables problèmes que les Russes rencontrent avec les politiques économiques néolibérales de Poutine ?
  • Était-ce une erreur de ne pas prêter attention à la véritable opposition russe, celle qui obtient de vrais votes ?

Malheureusement, le reste de l’article montre que l’auteur du NY Times est incapable d’en discuter ni même de se poser de telles questions. Au lieu de cela, il poursuit avec de affirmations erronées sur le système démocratique russe :

La Commission électorale centrale a rapporté - comme d'habitude après les élections russes - une victoire écrasante des partis et des politiciens fidèles au président Vladimir V. Poutine. Le vote aux élections législatives a ouvert à M. Poutine une voie apparemment facile pour briguer un cinquième mandat présidentiel en 2024.

Les partis et les hommes politiques fidèles à M. Poutine n’ont pas gagné une telle victoire.

En fait, le parti de Poutine, Russie unie, n’a obtenu que 49 % des voix, soit une perte de 5 % par rapport à l’élection de 2016. Il a également perdu 19 de ses sièges au parlement. C’est le parti communiste qui sort vainqueur de cette élection. Les votes en sa faveur ont augmenté de 6 % passant de 13 % en 2016 à 19 % en 2021, et obtenu 15 nouveaux sièges au parlement. Cette avancée significative n’est pas du tout mentionnée dans l’article du NYT :

Le parti pro-gouvernemental, Russie Unie, a remporté un peu moins de 50 % du vote national et 198 des 225 sièges attribués lors des élections au niveau des districts. Le Parti communiste russe, qui se présente aux élections en tant que parti d'opposition mais vote avec Russie Unie une fois au Parlement, est arrivé en deuxième position, avec 19 %. Trois autres partis, tous considérés comme fidèles à M. Poutine, ont également obtenu des sièges. Aucun candidat en opposition ouverte à M. Poutine n'est entré au Parlement.

Dire que le parti communiste vote toujours en accord avec Russie Unie est totalement faux. Il l’a peut-être fait sur certaines questions d’importance nationale, comme le retour de la Crimée au sein de la Russie, mais il s’oppose catégoriquement à la plupart des autres lois et résolutions budgétaires soutenues par Russie Unie.

Les trois autres partis sont également opposés à Poutine et à la plupart de ses politiques. À l’instar des communistes, ils le chasseraient s’ils disposaient de la majorité nécessaire pour le faire.

Le fait que, juste avant le vote et sous la pression du Kremlin, Google et Apple aient retiré une application promouvant les candidats soutenus par M. Navalny n'a pas aidé.

Il serait intéressant d’analyser le sort des candidats soutenus par le « vote intelligent » de Navalny. Mais pour y parvenir, le NY Times devrait vous dire ceci :

J’analyse le système de "vote intelligent" d'Alexei Navalny à la lumière de la liste des candidats préférés pour les élections parlementaires russes de cette semaine, qui vient d'être publiée par l'équipe de Navalny. Il y a 225 circonscriptions uninominales à saisir. L'équipe de Navalny recommande un candidat par circonscription et suggère aux électeurs de voter pour cette personne, car c'est le candidat le plus susceptible de battre le parti au pouvoir, Russie Unie.

Alors, qui Navalny recommande-t-il ?

Des communistes pour la plupart (61 % du total), plus quelques membres du parti nationaliste de gauche Russie Juste, et occasionnellement des membres d'autres partis. Mais seulement une poignée de libéraux.

En bref, voter intelligent signifie voter communiste.

Maintenant, dites-moi, s'il vous plaît, ce qu'il y a de si intelligent là-dedans ? Comme je le dis dans mon article, très peu.

L’auteur du NY Times ne peut pas reconnaître ces faits parce qu’il déteste les communistes encore plus qu’il ne déteste Russie unie :

Les groupes pro-démocratiques russes étant désormais écrasés, le centre de gravité de l'opposition politique russe pourrait se déplacer dans d'autres directions peu attrayantes, a écrit Tatyana Stanovaya, chercheuse non-résidente au Centre Carnegie de Moscou. Le parti communiste, par exemple, s'est orienté vers une confrontation ouverte avec le Kremlin, avec une idéologie de renaissance soviétique plus extrême encore que celle de M. Poutine.

N’est il pas dit plus haut que le parti communiste « vote avec Russie Unie une fois au Parlement » ? Maintenant, il est soudainement en « confrontation ouverte avec le Kremlin » ? Comment ces deux affirmations, à quelques paragraphes d’intervalle, peuvent-elles être cohérentes ? Indice : elles ne le sont pas.

Et l’affirmation selon laquelle les communistes ont « une idéologie du renouveau soviétique plus extrême encore que celle de M. Poutine » est une absurdité flagrante.

Poutine déteste l’idéologie soviétique et la rejette ouvertement. Ce à quoi il travaille, c’est à une renaissance nationale de la Russie au moyen d’une politique économique néolibérale. Les communistes s’opposent à cela. Ils rejettent le système économique néo-libéral. Ils veulent renationaliser les grandes entreprises et réintroduire un système de distribution des revenus qui favorise la classe ouvrière par rapport aux propriétaires du capital. Reconnaître ces différences aiderait en fait le lecteur du NY Times à donner un sens à ce paragraphe :

Mais la désillusion est économique. La plupart des manifestations de rue en Russie ces dernières années ont été des actions syndicales provinciales qui n'ont guère été remarquées au niveau national, a déclaré Yekaterina Schulmann, membre associé de Chatham House, une tendance que le parti communiste est bien placé pour exploiter.

Ces actions syndicales n’ont pas non plus été remarquées au niveau international. Le bureau du NYT à Moscou pourrait en être la raison.

Si le NY Times avait fait un reportage sur ces actions syndicales, au lieu des clowneries autour de Navalny, cela aurait probablement pu faire la différence. Si le soutien des États-Unis au cours des deux dernières décennies était allé à un parti social-démocrate à tendance nationaliste en Russie, au lieu des faux « libéraux », le résultat des élections de cette année aurait probablement été différent.

Mais cela aurait nécessité des reportages factuels en Russie et une analyse non idéologique du système politique et économique russe. Rien de tout cela n’est disponible dans les hautes sphères des États-Unis d’Amérique.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

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Source: Lire l'article complet de Le Saker Francophone

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