Québec persiste et signe sur l’obligation vaccinale, malgré les ruptures de service

Québec persiste et signe sur l’obligation vaccinale, malgré les ruptures de service

Pendant que le gouvernement Legault se débat pour trouver des solutions à la pénurie d’infirmières, un autre hôpital — celui du Suroît, en Montérégie — a dû fermer les services ambulatoires de son urgence jeudi en raison d’un manque de personnel. Une situation destinée à se répéter après le 15 octobre, avec la mise à l’écart éventuelle de 20 000 employés du réseau toujours non vaccinés.

L’hôpital du Suroît, situé à Salaberry-de-Valleyfield, a dû fermer les services ambulatoires de son urgence jusqu’à 16 h. Dix infirmières de l’urgence travaillant de jour avaient dû faire des heures supplémentaires obligatoires (TSO) de soir mercredi. Jeudi matin, six étaient absentes.

La nouvelle de la fermeture est tombée en matinée, pendant que les élus débattaient justement à l’Assembléenationale de la pénurie d’infirmières. « Lorsque l’on voit tout ce qui s’est produit depuis le début de la semaine, comment le premier ministre peut-il nous dire qu’on est encore en contrôle dans le réseau de la santé ? » a lancé la cheffe de l’opposition, Dominique Anglade, au premier ministre, François Legault.

À l’urgence du Suroît, on avait tout tenté mercredi pour garder le bateau en mer, raconte le Syndicat des professionnelles en soins de Montérégie-Ouest (FIQ-SPSMO). « Quand le quart de nuit est arrivé, les employés se sont rendu compte que la [quantité] de personnel était insuffisante pour venir les relever de leurs fonctions », dit la présidente du syndicat, Mélanie Gignac. « Alors, la cheffe de l’urgence est rentrée, on a des directeurs qui ont enfilé leur uniforme et qui sont venus travailler sur le plancher ! »

La pénurie d’employés est plus que criante à l’hôpital du Suroît. « Le Titanic, ça fait longtemps qu’il a coulé ! » dit Mélanie Gignac.

Or, le manque d’infirmières au Suroît n’est ni un cas isolé ni un phénomène nouveau. À l’hôpital de Shawville, dans le Pontiac, la pénurie a forcé la fermeture du service d’obstétrique depuis février 2020. Une mesure qui se voulait à l’origine temporaire.

Même scénario à la pouponnière de l’hôpital de Sept-Îles, au service d’obstétrique de l’hôpital de Matane et à l’urgence de Senneterre, en Abitibi-Témiscamingue…

Dans ce contexte, certains jugent que le gouvernement devrait revenir sur sa décision de rendre la vaccination obligatoire le 15 octobre, mesure qui privera le réseau de 20 000 employés supplémentaires.

Le gouvernement « s’entête », selon le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre-Plamondon. « Ça n’a aucun sens de placer des infirmières en suspension sans solde alors qu’on a cette pénurie-là. »

Plans de contingence

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, exclut toutefois tout recul à cet égard. « C’est toujours le bon choix de recommander la vaccination obligatoire », a-t-il dit mercredi. La bonne nouvelle, a-t-il ajouté, c’est que l’imposition du vaccin a amené 10 000 employés à se faire vacciner ces deux dernières semaines.

Ce qui n’empêche pas le gouvernement d’appréhender des ruptures de services. M. Dubé a d’ailleurs demandé aux p.-d.g. des CISSS de lui soumettre des plans de contingence en vue du 15 octobre, notamment pour déplacer des patients d’un hôpital à l’autre au besoin.
 

À l’approche de l’échéance, le niveau d’alerte varie d’une installation à l’autre. « On n’a même pas la capacité de perdre une seule employée », dit Mélanie Gignac, du syndicat infirmier de l’hôpital du Suroit.

Ironiquement, certains membres de son syndicat ne veulent pas se faire vacciner et « acceptent d’emblée de se faire suspendre », dit-elle. « Il y en a qui sont tellement fatiguées que c’est ce qu’elles attendent », soutient Mélanie Gignac.

Ailleurs, c’est le faible taux de vaccination du personnel qui préoccupe. Par exemple, au CHSLD polonais Marie-Curie-Sklodowska, affilié au CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, 35 % des employés en contact avec les patients n’avaient pas reçu leurs deux doses en date du 8 septembre.

La Dre Sophie Zhang, cocheffe adjointe de l’hébergement au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, s’inquiète des effets de l’approche vaccinale coercitive. « Dans certains centres [CHSLD] ayant des pénuries d’infirmières et d’infirmières auxiliaires, il y a jusqu’à 40 % des postes qui sont vacants, dit-elle. Elle trouve d’ailleurs « assez raisonnable » la « mesure de sauvegarde » actuelle de faire passer un test de dépistage aux employés non vaccinés trois fois par semaine.

À l’inverse, au CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, aucune rupture de services n’est envisagée. Le problème du TSO (les heures supplémentaires obligatoires) n’existe pas à l’Hôpital général juif de Montréal. « On est en train de regarder qui risque de ne pas être là le 15 octobre et de s’assurer qu’on va avoir des horaires de travail qui vont couvrir tous les quarts pour donner les soins aux malades, dit Lucie Tremblay, directrice des soins infirmiers et de la vaccination au CIUSSS. On n’est pas en train de parler de fermeture de lits. Pas du tout. »

Des millions pour l’attraction

Karine D’Auteuil, présidente par intérim du Syndicat des professionnelles en soins de l’Outaouais, souhaite, pour sa part, que le gouvernement fasse preuve de « flexibilité » pour les employés qui ont reçu leur première dose de vaccin cette semaine et qui ne seront pas adéquatement vaccinés le 15. « Il y a quelques membres qui nous ont appelés à ce sujet », dit-elle.

Il ne faut pas reculer sur la vaccination obligatoire, affirme quant à lui le Dr Gilbert Boucher, président de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec. « On voit la quatrième vague arriver, et les chances que ces gens-là [employés non vaccinés] soient infectés sont très, très grandes, dit-il. Lorsqu’ils sont infectés, les soignants doivent s’absenter du travail pendant deux semaines, souligne-t-il.

Pendant ce temps, le gouvernement travaille toujours à son plan « robuste » pour recruter 4000 infirmières cet automne dans le réseau. Jeudi, le ministre Dubé a soutenu que la stratégie serait prête la semaine prochaine.

Parmi les options sur la table : des primes, la possibilité pour les retraitées de garder leur pension même si elles sont salariées et des salaires plus compétitifs.

Cela coûtera « plusieurs centaines de millions de dollars », a signalé le ministre des Finances, Eric Girard, tout en soulignant qu’il s’agit de mesures « temporaires ». Une fois la pénurie résorbée, le gouvernement pense pouvoir retirer ces incitatifs puisque les bénéfices du nouveau contrat de travail des infirmières se feront alors sentir.

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À propos de l'auteur Le Devoir

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