Crazy Woke Saloon

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• Articles du 9 septembre 2021. • Situation à Kaboul, capitale d’un Afghanistan devenu talibanesque. • Toutes les forces de l’Empire du Bien, de l’UE à la Maison-Blanche, se liguent pour tonner-menacer, et suggérer-supplier, pour que les talibans respectent leurs promesses sacrées et se constituent en cette apparence de démocratie qui permettrait au bloc-BAO de croire que, battu à plate-couture, il a tout de même remporté le tournoi de la moraline du Bien. • Au-dessus plane l’ombre sacrée de George Floyd. • Contributions : dedefensa.org et Graham Dockery.

Ce même journaliste irlandais Graham Dockery qui fait les belles-lignes du PhG du jour est un sacré garnement, et une bonne recrue pour RT.Com. Il a compris mieux que personne la substance même du wokenisme. Dans le même texte où il nous révèle l’usage du terme “Racism Industrial Complex”, que PhG a beaucoup de mal à interpréter dans la langue de Macron, Dockery nous fait une description lumineuse de la “stratégie instinctive” qui préside à cette dynamique  qu’est la pression de l’antiracisme au travers du wokenisme ; il n’en fait rien de moins que le successeur de la “Guerre contre la Terreur” (WOT pour ‘War On Terror’) de G.W. Bush, c’est-à-dire une sorte de “Guerre contre le Racisme” (WOR pour ‘War On Racism’ ?) :

« Ce que Blake [propose dans son texte pour CNN], c’est un plan pour étiqueter toute personne comme “suprémaciste blanche” potentielle et donc ennemie dans la bataille sans fin pour l'équité raciale, quelle que soit sa couleur de peau. Aucun exemple de politique ou de crime de suprématie blanche n’est mentionné dans ce long texte, aucun leader de la suprématie blanche n’est identifié, et aucun problème réel n'est soulevé à l’égard des Blancs pris individuellement, si ce n'est qu'ils sont blancs et que cette “blancheur”, qui peut également être reprochée à des non-Blancs, est le problème.

« C’est l’équivalent domestique [mais étendu dans la dimension internationale] de la “guerre contre la terreur” déclarée par l'administration Bush il y a vingt ans ce mois-ci. Comme la terreur, le “suprémacisme blanc” est un ennemi invincible, surtout lorsque ceux qui le combattent redéfinissent régulièrement ce qu’il signifie. Le Complexe Militaro-Industriel a fait des ravages en menant des guerres inutiles contre la terreur, et le Complexe Racisto-Industriel, dont CNN est l’une des principales organisations, fait de même en ce moment. »

Cette définition est excellente dans sa situation de départ, sans que nous croyions pour autant qu’il s’agisse d’une stratégie délibérée ni murie. Elle s’est institutionnalisée et a découvert ses capacités de pression internationale dans le flux d’une dynamique qui a explosé à l’occasion de la mort de George Floyd le 25 mai 2020, mais sur un terrain fortement préparé par l’activisme antiTrump d’une part et les premiers mois de la pandémie du Covid d’autre part (avec les tensions sur les pauvres, dont les Noirs pauvres, durant le confinement). Jusqu’alors, la stratégie de l’antiTrump n’était pas spécialement basée sur le racisme, mais plutôt sur le montage du Russiagate et sur le féminisme dont Trump était soupçonné, dans sa vulgarité sans dissimuler, d’en fouler les principes les plus sacrés.

Cela est pour dire que si nous sommes absolument preneurs de la description structurelle que Dockery fait de la WOR, nous pensons que le contexte est totalement différent, et que la mort de Floyd ne peut en aucun cas prétendre avoir la puissance de l’impact unificateur du 11 septembre 2001. Malgré tous les montages, soutiens et relais de la presseSystème et du ‘Corporate Power’ comme les ‘BigTech’, la mort de Floyd implique au contraire une sorte d’impuissance dés-unificatrice (coupant décisivement sinon définitivement l’Amérique en deux au départ, entre progressistes-sociétaux et conservateurs populistes, puis semant le désordre, par exemple en accusant des Noirs et des Latinos en beaucoup plus grand nombre d’être des “suprémacistes blancs” repeints) ; cela, jusqu’à pousser en avant le risque d’une désintégration des USA travaillés depuis des décennies par des facteurs déstructurants. (9/11 n’a fait que brièvement ralentir ce processus.)

Il est avéré par contre, de notre point de vue, que le “Racisme” dont nous parle cette WOR est un simulacre grandiose pour réunir dans le but d’une globalisation les forces sociétales-progressistes dans le monde entier, dans tous les cas dans le bloc-BAO s’ébrouant avec un incroyable délice-délire de repentance masochiste (voir le “mélancho-évolutionnisme” en France, où un homme qui surprend par sa haine stratégique, réussit à faire de la repentance une arme pour son hybris) ; le couple est parfait, entre délice masochiste et délire de repentance. Ainsi avons-nous rajouté dans le texte de Dockery cette référence à la dimension internationale, qui n’existait pas le 11 septembre 2001 malgré tous les éditos de la presseSystème asservie avant même d’être soumise (« Nous sommes tous des Américains », nous disait le directeur de la rédaction du Monde) :

« C’est l’équivalent domestique [mais étendu dans la dimension internationale] de la “guerre contre la terreur” déclarée par l'administration Bush il y a vingt ans ce mois-ci. »

Dans cette dimension internationale à partir d’une base désunie (les États Désunis d’Amérique) frappée par un délire sans limite (les “suprémacistes blancs” à peau noire et de toutes les couleurs), l’Afghanistan tient une place à part. Dockery nous décrit parfaitement ce carnaval du simulacre en nous rapportant dans un délire de tragédie-bouffe la vérité-de-situation de la chose à l’heure de la formation du gouvernement afghan.

C’est une incroyable débauche de missives, de déclarations compassées, de toutes les instances habituelles, de l’UE, du porte-parole de Biden, certainement de Trudeau et de l’Internationale des ONG, pour que le gouvernement des talibans (celui qui suivra le temporaire, qui déçoit tant nos attentes) soit “inclusif”, au moins un petit peu, d’apparence un peu démocratique, avec l’une ou l’autre dame pour satisfaire le féminisme-wokeniste.

(Au passage, nous fait remarquer Dockery, on se rappelle que le gouvernement afghan bon-chic “racisé” d’avant la déroute américaniste-occidentaliste ne faisait aucune part-belle au “beau-genre”.)

Ces vaticinations ironiques sinon héroïques de Dockery se terminent sur le cas d’une fresque de mur public de Kaboul, à la gloire de George Floyd, – le lien est fait avec nos angoisses intimes et nos haines des “suprémacistes-blancs” de toutes les couleurs. La drôlerie ricanante du cas est de lire sur le tweet qui annonce l’effacement (“wokeness”) de Floyd la réplique d’une suiveuse critique annonçant que non, elle vient de passer il y a un quart d’heure devant la chose, et Floyd est toujours sur les murs du Kaboul des talibans ; au « Nous avons repeint la fresque d'une fausse divinité libérale à Kaboul et écrit à sa place des messages édifiants sur la foi et la liberté » de Malang Khostay répond un cinglant « C'est une ‘FakeNews’ car la fresque de gauche est toujours là, je suis passé devant il y a 15 minutes. La peinture murale sur la gauche n'a pas été remplacée par des écrits. Veuillez vérifier vos sources » d’une Stephanie Glinsky…

Qui dit vrai ? Floyd a-t-il résisté au “wokeness” des talibans, triomphant des forces du Mal et annonçant que les talibans finiront par se convertir ? Ou bien ne parle-ton pas du même Floyd, et alors il y aurait eu au moins deux Floyd sur les murs de rue de Kaboul-BAO ? Ou bien madame est-ce que madame Glinskie prend ses vessies pour des lanternes ? Enfin, suprême question : faudra-t-il à nouveau envahir l’Afghanistan et reprendre Kaboul pour vérifier, et éventuellement rétablir Floyd dans sa lumineuse objectivité ?

… Mais, Floyd sur les murs de rue de Kaboul, effacé, woken, recouvert de slogans de paix des talibans : Si non e vero, e ben trovato.

Nous garderons notre réponse pour plus tard, maîtrisant ainsi l’art du suspens. En attendant, on lit le texte de Dockery du 9 septembre 2021, que nous avons couronné d’un titre différent nettement de l’original (« L’Occident qui critique les talibans pour leur “manque de diversité” est exactement la cause de son échec lamentable en Afghanistan »), – dans la forme mais nullement sur le fond.

dedefensa.org

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Regard inverti sur les talibans

Les talibans ne sont pas des libéraux. Cela devrait être évident pour toute personne ayant un QI d’une ambition très moyenne mais, pour une raison quelconque, la “communauté internationale” pense qu'elle peut obliger les islamistes purs et durs à se comporter comme des politiciens occidentaux.

Le retrait sans ménagement des États-Unis d'Afghanistan après deux décennies et la reconquête éclair des talibans seront considérés comme un événement marquant de l'époque. En plus de démontrer l'inutilité de la plus grande armée du monde et des commandants les plus crédibles contre des éleveurs de chèvres craignant Dieu, c'est une répudiation complète de l'idée qu'un ordre mondial libéral est universel et inévitable.

C'est un rejet de la croyance qu'en jetant des $milliards sur l'Afghanistan et en enseignant des études de genre à ses habitants, une société de l'âge de bronze pourrait être transformée en Suède.

Les universitaires sérieux l'ont compris dès le début de l'occupation, et les responsables américains eux-mêmes ont compris que leur entreprise de construction nationale était vouée à l'échec assez tôt, mais ils n'en ont rien dit. Ils ont publiquement insisté sur le fait que l’impossible était possible.

L'Afghanistan ne pouvait pas être cosmopolisé sous la menace d'une arme, et les promesses de Starbucks et du féminisme intersectionnel n’ont pas motivé ses militaires afghans financés par les États-Unis à résister à l'avancée des talibans. Pourtant, la soi-disant “communauté internationale” continue de penser qu’elle peut le faire, par le biais de réprimandes impuissantes et de lettres sévères adressées au gouvernement taliban nouvellement formé.

Dans une déclaration publiée mercredi, l'UE s'est plainte que le gouvernement des talibans “ne ressemble pas à la formation inclusive et représentative de la riche diversité ethnique et religieuse de l'Afghanistan que nous espérions voir et que les talibans promettaient ces dernières semaines”.

“Une telle inclusivité et représentation est attendue dans la composition d'un futur gouvernement de transition”, ont rappelé les Européens aux talibans.

Qu'attendaient-ils ? Que les talibans rempliraient leur cabinet de lesbiennes ? Que les islamistes sunnites purs et durs ouvriraient leurs rangs aux sikhs, aux hindous, aux chrétiens ou au seul juif du pays ?

Au lieu de cela, le cabinet provisoire des Talibans est rempli de Pachtounes, le groupe qui compose majoritairement leurs rangs, et de terroristes identifiés qui représentent également une grande partie de leurs membres.

Alors que l'UE semble avoir du mal à accepter le fait qu'elle a affaire à une organisation islamiste violente, les politiciens de Bruxelles semblent également avoir oublié que, dans la majeure partie du monde non civilisé, la politique n’est pas l’acte de soigner les bureaucraties d'État jusqu'au prochain cycle électoral. Il s'agit de récompenser les amis et de punir les ennemis. Les talibans ne sont pas les gardiens d'un État qui fonctionne. Ils sont la faction dominante d'un pays criblé de lignes de faille ethniques et sectaires, et ils agiront en conséquence.

L'Union européenne n’est pas la seule instance politique à donner un bon coup de semonce aux talibans ces derniers temps. Avant même que les combattants talibans n'atteignent Kaboul, le secrétaire de presse de la Maison Blanche, Jen Psaki, avertissait les militants qu'ils devaient “évaluer le rôle qu’ils souhaitent jouer au sein de la communauté internationale”. Mercredi, le secrétaire d’État américain Tony Blinken s’est joint à l’UE pour condamner l’incapacité des talibans à former un “gouvernement inclusif”. Les ONG de défense des droits de l’homme, quant à elles, ont demandé aux nations qui ont envahi et occupé l'Afghanistan d’“insister” pour que les talibans respectent les droits des femmes.

Le gouvernement des talibans est un gouvernement intérimaire, et les militants peuvent très bien organiser des élections libres et équitables et installer ce gouvernement inclusif. Mais s'ils ne le font pas, que fera l'Occident ? Une nouvelle invasion ? Peu probable, car lorsque l’OTAN tenait le pays, le gouvernement n'était pas non plus un modèle d'égalité des sexes.

Vingt ans de mitraillages et de bombes n'ont pas permis de vaincre les talibans, et tous les discours sur le droitdel’hommisme, le ‘Corporate Power’ et ‘diversité’ ne finiront pas le travail non plus. Et si cela n'a pas encore sauté aux yeux des eurocrates et des crétins [de la politiqueSystème], une image prise à Kaboul cette semaine devrait rendre la chose tout à fait claire.

Des membres des Talibans ont repeint une peinture murale de George Floyd dans la ville, blanchissant la “fausse divinité libérale” et remplaçant le visage de Floyd par “des messages édifiants de foi et de liberté à sa place”.

Dans l’Afghanistan dirigé par les talibans, l’évangile du libéralisme occidental a atteint ses limites. Et ils en rigolent.

Graham Dockery

Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org

À propos de l'auteur Dedefensa.org

« La crisologie de notre temps » • Nous estimons que la situation de la politique générale et des relations internationales, autant que celle des psychologies et des esprits, est devenue entièrement crisique. • La “crise” est aujourd’hui substance et essence même du monde, et c’est elle qui doit constituer l’objet de notre attention constante, de notre analyse et de notre intuition. • Dans l’esprit de la chose, elle doit figurer avec le nom du site, comme devise pour donner tout son sens à ce nom.

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