Haïti – Pleurs et gémissements

Haïti – Pleurs et gémissements

par Serge H. Moïse.

« Si bergers du troupeau, nous nous en constituons les loups, et si gardiens de la maison, nous nous faisons nous-mêmes les voleurs qui la brisent et la pillent… alors il sera temps d’entrer en jugement avec nous et de nous demander compte » ~ Dumarsais Estimé

*

Nous en avons encore pour un bout de temps à compter nos blessés et pleurer nos morts. Nous devrons nous armer de patience et de courage car la lutte s’annonce longue et ardue. Il n’y a pas de solution miracle – vérité de la Palisse – mais quand la volonté est manifeste, il y a lieu d’espérer.

Il nous faut repartir à zéro, c’est vite dit, et cela n’exprime qu’une vue de l’esprit. On ne peut repartir à zéro, dans la vie, on ne fait que continuer. Libre à nous de changer d’orientation, encore faut-il en choisir la bonne et pour ce faire, nous devons apprendre à dialoguer avec ouverture et franchise, les uns avec les autres. Bannie la langue de bois !

Alors entamons cette révolution que souhaitent les plus hardis. Encore là, quand, comment et avec qui ? Pour réussir une révolution, il faut accepter de prendre des risques au péril de sa vie, si cela s’avère nécessaire, renoncer à son confort nord- américain ou européen le cas échéant, or notre vérité nous la connaissons : « Tout le monde veut aller au paradis mais personne ne veut mourir ».

Les problèmes sont nombreux, complexes, ils exigent le meilleur de nous-mêmes afin de bien les appréhender, et beaucoup plus pour les résoudre.

Pour l’instant nous ne contemplons que la pointe de l’iceberg « sé troket la, chaj la dèyè » En effet, nous n’avons pas encore pleine conscience de l’ampleur des dégâts auxquels nous sommes confrontés du point de vue matériel et encore moins sur le plan humain.

Un handicapé physique se reconnaît facilement et peut être aidé ou pris en charge, pour ce qui est des millions de nos compatriotes affectés mentalement la tache devient plus lourde et requiert des ressources professionnelles dont nous ne disposons même pas. Les ministères de la Santé publique, des Affaires sociales, de l’Économie et des Finances auront énormément à faire en commençant par établir des statistiques fiables afin de tenter d’en évaluer le coup et la durée.

La ferraille et le béton coûtent très cher, les accessoires peut-être plus, mais avec la magie de la technologie moderne ce n’est qu’une affaire de temps, d’argent et de savoir faire. On n’aura donc pas à réinventer la roue. Les loups, jeunes et moins jeunes sont à l’affût de prébendes et de contrats juteux et on ne parle que de reconstruction.

Par contre les conditions infra-humaines dans lesquelles croupissent nos millions de sinistrés et de démunis vivotant dans la crasse et la saleté, en deçà du seuil de la pauvreté semblent émouvoir très peu nos décideurs d’hier et d’aujourd’hui. Le choléra continue ses ravages. La faim, la promiscuité, la misère humaine sous toutes ses formes demeurent le quotidien de nos sœurs et frères, qui n’en peuvent plus d’attendre, qui ne crient plus leurs douleurs puisqu’ils ont perdu le peu d’espoir qui leur restait.

Deux ans après l’innommable catastrophe rien n’a pu être fait pour secourir nos sœurs et frères en lambeaux. Deux mois après les élections et l’avènement au pouvoir d’un leader qui promettait le changement, le pays fait du surplace et la situation de la population tout entière continue de se détériorer.

Entre temps, palabres et tergiversations se multiplient à profusion, étalant avec ostentation l’indifférence et le mépris de nos « élites pensantes ». Chacun y va de son érudition à nulle autre pareille, de ses connaissances pointues dans tous les domaines, de son docte superbe et de sa faramineuse rhétorique – un égo qui l’étouffe et le paralyse au point de ne pouvoir plancher humblement sur les solutions à apporter aux problèmes de la population en détresse.

L’État est en faillite et la nation en péril, nous ne pouvons continuer à nous croiser les bras, faisant semblant que tout va rentrer dans l’ordre par la force des choses, par une espèce de déterminisme historique.

Haïti sera sauvée par sa culture nous racontent les promoteurs de spectacles qui confondent le concept culture au sens sociologique du terme avec les activités artistiques dites culturelles. À voir les choses d’un peu plus près, force est de constater qu’on est loin de la coupe aux lèvres.

Un premier ministre qui soit un rassembleur, en mesure de s’entourer de personnes compétentes et intègres « tout moun ladan’l » qui puisse rassurer la population toutes strates sociales confondues doit être désigné et ratifié dans les plus brefs délais car le temps perdu ne se rattrape pas. Puissent donc nos leaders le réaliser et activer les consultations dans ce sens. Nos innombrables sinistrés, handicapés, mutilés physiquement et mentalement sont à bout de souffle, acculés dans leurs derniers retranchements.

Nous sommes à l’heure de l’introspection, la prise de conscience individuelle et collective, de grâce, pas du bout des lèvres, mais intimement, en toute sincérité avec nous-mêmes et conséquemment avec les autres, pour qu’enfin, comme jadis, puisque nous l’avons déjà fait, dans un sursaut de fraternité et de solidarité typiquement haïtienne, nous relevions le défi de refonder notre Haïti.

Finis les pleurs et les gémissements

Vive notre Haïti, régénérée, souveraine, forte et prospère !

Me Serge H. Moïse av.

    <meta itemscope itemprop="mainEntityOfPage" itemtype="https://schema.org/WebPage" itemid="https://reseauinternational.net/haiti-pleurs-et-gemissements/"><meta itemprop="headline" content="Haïti – Pleurs et gémissements"><span itemprop="author" itemscope itemtype="https://schema.org/Person"><meta itemprop="name" content="Serge H. Moïse"></span><span itemprop="image" itemscope itemtype="https://schema.org/ImageObject"><meta itemprop="url" content="https://reseauinternational.net/wp-content/uploads/2021/09/2-6.jpg"><meta itemprop="width" content="800"><meta itemprop="height" content="467"></span><span itemprop="publisher" itemscope itemtype="https://schema.org/Organization"><span itemprop="logo" itemscope itemtype="https://schema.org/ImageObject"><meta itemprop="url" content="https://reseauinternational.net/wp-content/uploads/2021/03/logori-1.png"></span><meta itemprop="name" content="Serge H. Moïse"></span><meta itemprop="datePublished" content="2021-09-07T07:03:02+00:00"><meta itemprop="dateModified" content="2021-09-07T07:03:02+00:00"><strong><a href="https://blockads.fivefilters.org/">Adblock test</a></strong> <a href="https://blockads.fivefilters.org/acceptable.html">(Why?)</a>

Haïti – Pleurs et gémissements

Source : Lire l'article complet par Réseau International

Source: Lire l'article complet de Réseau International

À propos de l'auteur Réseau International

Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recommended For You