L’hyper-névrose racisée

L’hyper-névrose racisée

L’hyper-névrose racisée

7 juin 2021 – Il faut admettre que ce que nous nommons ici, et moi le premier, “wokenisme”, est un formidable moteur crisique, un accélérateur inouï de la Grande Crise. Je ne parle certainement pas dans ce cas du contenu, mais bien de la dynamique, et encore plus précisément, de la dynamique de la communication. Ce dernier point est essentiel, c’est même le point essentiel et nul autre : ainsi, pa        r la communication, est investie la psychologie qui rend folle, bien plus que les meurtrissures d’une pseudo-guerre civile.

Certes, le contenu importe, non par sa pertinence, nullement par sa légitimité, puisque par ailleurs c’est le bêtise et bien la bêtise qui l’anime, mais d’une façon très-puissante par l’aliment qu’il donne à cette  dynamique pour se déchaîner. Si vous voulez, nous sommes dans un train fou, qui ne cesse d’accélérer avec sa vieille locomotive qui marche au charbon [l’image est ainsi, de mon point de vue de “vieux réac’”, plus parlante que dans nos TGV si arrogants] ; et le wokenisme c’est le charbon que le cheminot lance dans le brasier de sa chaudière, et un charbon reconnu d’une exceptionnelle qualité dans sa force de combustion, grâce à sa composition qui est justement son contenu. Le délire wokeniste fournit, on en convient, une extraordinaire chaleur du ciboulot.

Cela est pour dire que l’on atteint des vitesses absolument extraordinaire aux USA avec la dynamique de la combustion du wokenisme, – fonctionnant selon la formule en cours d’universalisation, qui dit “l’antiracisme devenu racisme”. Effectivement, la formule orwellienne de l’inversion, bien connue et popularisée par “1984”, affecte essentiellement les formulations idéologiques postmodernes (“racisme-antiracisme”), bien plus que les faits et les principes fondamentaux (“Guerre-Paix”) ; c’est-à-dire, et là elle trouve une force infiniment amplifiée, qu’elle affecte, ou plutôt caractérise des idéologies elles-mêmes déjà simulacres, simulacres à l’origine dans et par la façon dont leur contenu est manipulé…

De même, – car nous sommes parfaitement sur les terres du wokenistes qui sont sans le moindre doute “nos fascistes” dans toute leur violence, – Michel Onfray termine-t-il sa “Lettre-7” dite « Sur l’antifascisme » dans son dernier livre « L’Art d’être français », par cette formule où “l’ordre d’idées” est une remarquable description du fascisme, lequel fascisme s’avère parfaitement réalisé comme idéologisation suprême, et ainsi la potion magique “l’antiracisme devenu racisme” enfin accessible à tous comme l’archétype suprême du fascisme  :
« Dans cet ordre d’idées, l’antifascisme c’est le fascisme. »

Cela était donc pour tenter de définir plus minutieusement à quelle sorte de bestiole monstrueuse nous avons affaire. Le wokenisme, ou “l’antiracisme devenu  racisme” parfaitement réalisé en devenant « l’antifascisme c’est le fascisme », est absolument insaisissable par l’esprit avec sa raison et sa logique, moins encore par l’“esprit critique” qui n’en a rien à battre (je parle pour moi, texto). Lorsqu’elle est à la fois conduite et propulsée par une dynamique surpuissante, la bestiole-wokenisme notifie l’irrésistible victoire de la bêtise sur l’intelligence ; laquelle, la seconde, par ses analyses, ses indulgences, son aisance à tout et trop-vite comprendre,  sa volonté de la connaissance, produit face à cet ouragan la plus complète déroute qui ne semblerait jamais devoir s’arrêter.

La dernière production de cette bestiole, extrêmement dynamique dans cette activité, nous est présentée par Mathieu Bock-Côté, le  5 juin 2021 dans « Figaro-Vox ». Québécois, universitaire et sociologue, essayiste et chroniqueur, Bock-Côté est géographiquement fort proche, depuis Montréal, des grandes universités américanistes de la côte-Est. La géographie rapproche ceux qui la partagent, et ainsi est-il, sentinelle vigilante et effarée, pratiquement au cœur du délire puisque c’est effectivement dans ces citadelles du savoir qui donne la connaissance que culmine cette hyper-névrose racisée.

Le titre de son article (« Le concept de “racisme systémique” en délire ») nous en dit beaucoup à propos du grand événement qui a frappé au sommet de l’édifice savoir-connaissance, à l’établissement universitaire de Princeton :
« Cette inquisition vient d’atteindre son sommet aux États-Unis avec l’université Princeton qui s’en prend au “racisme systémique” en abolissant, dans son département d’études classiques, l’obligation de maîtriser, et même d’étudier, le grec et le latin. »

Bock-Côté décrit d’abord le processus en cours, en donnant quelques exemples remarquables, d’ailleurs avec les ramifications inévitables dans son Canada natal où le toujours jeune Premier Ministre officie en grand’prêtre pétri d’humilité et de contrition, comme une sorte de représentation christique du Politiquement-Correct formant l’essentiel des arguments d’une sorte de Congrégation de la doctrine de la foi transmise à la postmodernité.

On donne ici la deuxième partie du texte, qui est le constat général du désastre au stade actuel, et je recommande que l’on porte l’attention qui importe au mode très justement religieux que choisit Bock-Côté pour cette description : “inquisition”, “révélation religieuse”, “repentir”, “péché originel”, “sacrifice christique”, “se délivrer du mal”, “figure luciférienne”…

« Mais cette inquisition vient d’atteindre toutefois un sommet aux États-Unis avec la volonté de l’université Princeton de s’en prendre au “racisme systémique” en abolissant, dans son département d’études classiques, l’obligation de maîtriser, et même d’étudier, le grec et le latin. Cette obligation serait discriminatoire. Traduisons: pour ouvrir grandes les portes des études classiques, il faut désormais réduire drastiquement les exigences qui y étaient associées. L’excellence n’est plus qu’un résidu aristocratique à pulvériser, au nom de la démocratisation du savoir, qui justifie tous les massacres.

» Sans surprise, Princeton justifie cette réforme au nom des événements ayant secoué les États-Unis suite à la mort tragique de George Floyd. Encore une fois, cette dernière est traitée à la manière d’une révélation religieuse, dévoilant l’intime nature d’une civilisation qui devrait désormais se repentir pour renaître, lavée enfin de son péché originel colonial. Ceux qui l’évoquent dans des formules psalmodiées ne sont pas loin de transformer son malheur en sacrifice christique pour qu’enfin s’affaisse le “racisme systémique”.

» Mais derrière cette guerre contre les discriminations se cache en fait une guerre contre la culture. En dissociant les études classiques des langues anciennes, comme s’il s’agissait de vieilles béquilles ou de colifichets discriminatoires, c’est aux sources mêmes de la civilisation occidentale qu’on s’en prend. C’est ce qu’avait reconnu Dan-el Padilla Peralta, qui enseigne l’histoire antique à Princeton et qui soutenait, il y a quelques mois, dans le ‘New York Times’ qu’il fallait en finir avec son champ d’études pour en finir avec la “suprématie blanche”, – à tout le moins, il fallait l’affranchir pour de bon de la “blanchité”. Autrement, on détruira la civilisation occidentale en détruisant ses fondements, ce qui, techniquement, n’est pas si mal vu. 1492 ne suffit plus: il faut toujours remonter plus loin pour retrouver le péché originel de la civilisation maudite.

» Allan Bloom l’avait noté parmi les premiers, ce sont les institutions censées conserver la culture et la garder vivante qui aujourd’hui, l’annihilent et l’empoisonnent. L’héritage qui devait être enrichi y est répudié, presque maudit, déconstruit par des militants qui n’ont comme culture que leur idéologie. C’est une authentique névrose raciale qui s’empare des sociétés occidentales, désormais traversée par le désir de s’anéantir, comme si leur disparition pouvait rédimer l’humanité, et lui permettre d’enfin de se délivrer du mal, associé à la figure luciférienne de l’homme blanc. Si les études classiques doivent y passer et le grec et le latin sacrifiés, c’est pour effacer jusqu’à ses premières traces, pour recouvrir ses origines du mythe d’une grande noirceur, qui le condamnera à jamais. »

J’ai de la peine à le dire car on ne peut jamais considérer sans avoir le cœur serré un tel désastre civilisationnel, mais “ces citadelles du savoir qui donne la connaissance” où “culmine cette hyper-névrose racisée” désignent par le fait même leur immense responsabilité, et même dirais-je, leur culpabilité purement et simplement. Je suis au plus grand regret de conclure qu’elles n’ont que ce qu’elles méritent puisque, malgré leur puissance, leur arrogance, leur hybris, leur certitude du binôme sacré savoir-connaissance, ou à cause de tout cela aussi bien, ce sont elles qui alimentent, comme le cheminot dans sa locomotive de l’ancien temps avec une frénésie de démence hallucinée, le feu grondant de leur propre bûcher.

Sait-on quelle grandeur habitaient ces tours du savoir devenu connaissance du système universitaire de l’américanisme ? De leurs  flancs puissants sortaient ces maîtres de la diplomatie, les incomparables banquiers de Wall Street, ces brillants officiers de la CIA, les généraux les plus huppés de la plus puissante armée du monde, ces artistes divers formés au cordeau de la conception globaliste et américaniste du monde, les Africains-Américains américanisés et non-encore racisés à l’élégance toute de cooltitude obamanienne.

Ces tours de la sagesse sont devenues tours de Babel ! Les folles virevoltent dans une danse hallucinée par le délire de la contrition ! Elles se fouettent elles-mêmes, elles ne se supportent plus, elles se vomissent dans l’océan grondant du verbe devenu fou.

N’est-ce pas Lincoln qui disait : « Si la destruction devait un jour nous atteindre, nous devrions en être nous-mêmes les premiers et les ultimes artisans. En tant que nation d’hommes libres, nous devons éternellement survivre, ou mourir en nous suicidant » ? N’est-ce pas le poète Walt Whitman qui, fatigués de ses vers jubilant de la force de vie, sombrait dans de bien crépusculaires pensées lorsqu’il écrivait, son choix déjà fait dans l’alternative exposée : « Les États-Unis sont destinés à remplacer et à surpasser l'histoire merveilleuse des temps féodaux ou ils constitueront le plus retentissant échec que le monde ait jamais connu » ?

Ils en ont trop voulu. Leur connaissance a atteint des sommets vertigineux et ils n’ont su résister à l’ivresse. La connaissance, lorsqu’elle est débridée par l’hybris et s’ouvre à l’interprétation des certitudes de soi, se perd dans les labyrinthes du savoir dont les murs résonnent d’une moraline catastrophique vous enveloppant comme une toile d’araignée. Je ne suis pas un serviteur de leur foi, ni en quête de quelque credo que ce soit, mais je suis de l’avis qu’ils ont perdu le contrôle d’eux-mêmes, dans le bouillonnement des connaissances qui font croire à la maîtrise du monde ; à trop connaître, on oublie sa propre mesure et l’on se croit délivré des lois de la pesanteur de l’âme.

Bien entendu, ils entraîneront cette civilisation avec eux car, comme disait Orwell, “la surpuissance c’est l’autodestruction”. Il n’y a rien à attendre d’autre de ce culte étrange qui sonne la mort de l’Homo Americanus, de cette frénésie de dévots en folie, de cette sorte de foire à-la-Jérôme-Bosch où le mensonge fou côtoie la soif absurde de fausse justice, où le débridement affolant de tous les délires sexuels et hygiénistes se trouvent plongé dans une incroyable puritanisme de vieille bigote, comme un croquemort masturbateur... La civilisation se tire, comme l’on tire la chasse.

Ils en savaient tant et tant, ils n’ont rien vu venir, assurés de tenir le monde dans leurs mains, de le pétrir, de le déconstruire-reconstruire… Je pense que le souvenir des Anciens qu’ils veulent néantir leur survivra facile, et il enfouira leurs piètres prétentions dans la poussière des illusions perdues. Pour les “racisés”, terminus : ce sera le dernier acte de leur esclavage.

Tiens, je tiens ma formule orwellienne : “l’inconnaissance c’est la connaissance”.

Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org

À propos de l'auteur Dedefensa.org

« La crisologie de notre temps » • Nous estimons que la situation de la politique générale et des relations internationales, autant que celle des psychologies et des esprits, est devenue entièrement crisique. • La “crise” est aujourd’hui substance et essence même du monde, et c’est elle qui doit constituer l’objet de notre attention constante, de notre analyse et de notre intuition. • Dans l’esprit de la chose, elle doit figurer avec le nom du site, comme devise pour donner tout son sens à ce nom.

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