Danse du scalp autour du sommet

Danse du scalp autour du sommet

Danse du scalp autour du sommet

Tout et son contraire autour du sommet Poutine-Biden à Genève, grande ville de la neutre Confédération Helvétique. • Tout, jusqu’à :la possibilité de l’annulation du sommet parce que la Suisse, qui n’a pas enregistré le vaccin Spoutnik-V, refuse les accréditations de journalistes (russes) vaccinés au Spoutnik-V, – argument qui vaut pour les chefs d’État et ministres (russes) également, puisqu’ils sont eux aussi humains et infectables, non ? • Le sentiment général, – là-dessus tout le monde est d’accord, – est que les choses vont de mal en pis entre les deux pays…

Il existe une disparité extraordinaire dans les analyses diverses autour du sommet Poutine-Biden à Genève, et quant aux positions relatives des deux puissances, USA et Russie. Cette disparité se trouve dans les positions respectives : les USA ont-ils la main, et la Russie isolée ? Ou bien la Russie maîtrise-t-elle le jeu sans que les USA, qui agitent toute leur puissance financière et monétaire (avec les sanctions qui vont bien), font-ils plus de vent que de dégâts chez les Russes ? Les réponses et les analyses sont diverses, souvent sans tenir compte de facteurs extérieurs importants, y compris le “facteur extérieur” que représentent paradoxalement les situations intérieures.

Et d’ailleurs, le sommet aura-t-il lieu ? “Comme dit l’autre” (TheMoonofAlabama), ce n’est pas une plaisanterie et, dans cette version de l’analyse qui prend au sérieux le côté russe, cela arrangerait bien les Russes qui n’ont rien à faire de ce sommet et tiennent une position de force, notamment dans leurs actes pour se sortir des contraintes financières et monétaires (dollar, SWIFT) d’une hyperpuissance US devenue totalement illégitime, illégale :

« La Russie s'attend clairement à ce que ses relations avec les États-Unis se détériorent. Elle se protège des nouvelles sanctions américaines.
» Cela se passe deux semaines avant le sommet Biden-Poutine à Genève, si jamais ce sommet a lieu :
» Si vous croyez que cette réserve est une plaisanterie, vous avez tort :
» “La Suisse n’acceptera pas les certificats de vaccination COVID-19 avec Sputnik V pour l'accréditation des médias lors du prochain sommet russo-américain à Genève, a déclaré mercredi à Sputnik Pierre-Alain Eltschinger, porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères suisse.”
» Voici (en russe) la version officielle de Ria :; “Compte tenu du fait que Vladimir Poutine et la délégation russe au sommet de Genève sont tous vaccinés avec Sputnik V, les Russes ont enfin leur excuse pour annuler un sommet jugé finalement inutile…”
» L’annonce faite aujourd’hui est un signal adressé à Biden. Elle dit : “Votre puissant dollar n'a aucun pouvoir sur nous. Vous ne pouvez pas nous assommer de blabla sur le Russiagate et de sanctions absurdes. Prenez-nous au sérieux ou nous cesserons tout simplement de parler avec vous.” »

En complet contraste, mais sans apporter d’éléments, d’analyses ou d’informations nouvelles sur ce dossier, le site WSWS.org prend un ton crépusculaire pour nous décrire une Russie complètement “cornérisée” (puisque le verbe est d’usage quoique d’un affreux salmigondis anglo-français, – mais nous-mêmes y cédons si souvent, – alors…). Le texte décrit donc, vraiment très curieusement selon notre approche de la situation, une Russie aux abois, y compris sur le plan militaire ce qui est pousser le bouchon explosif vraiment très, très loin… Nous renonçons un peu à comprendre les acrobaties de la “Ligne du Parti“ chez WSWS.org, qui raisonne un peu comme si le grand Léon était toujours parmi nous. En attendant (sa résurrection), quelques extraits pour illustrer l’état de l’esprit de la chose (de l’analyse) :

« Les tensions entre Washington et Moscou s'intensifient à l'approche du sommet.
» Les États-Unis et l'OTAN effectuent des exercices militaires massifs dans l'Arctique et le long de la frontière européenne de la Russie, alors que l'inquiétude grandit à Moscou face aux pressions économiques et politiques auxquelles elle est confrontée.
» À l'approche du sommet du 16 juin entre le président américain Joe Biden et le président russe Vladimir Poutine, les tensions entre les deux pays continuent de monter. Quelle que soit l'issue de la discussion entre les deux chefs d'État à la fin du mois, il est clair que Washington poursuit les préparatifs de guerre contre Moscou, tandis que le Kremlin cherche des moyens militaires et économiques pour se maintenir en position d’assurer le pouvoir… »

On comprendra sans doute aisément de quel côté se marque, sous notre plume, indirectement et par allusions, le choix analytique. Il s'appuie sur les efforts puissants de réarmement de toutes les sortes (militaire, économique, culturel) de la Russie, et l'incroyable naufrage de la puissance américaniste à qui il ne reste effectivement que les seuls outils financiers et monétaires pour tenter de perpétuer son  hégémonie.

L’argument (?) de WSWS.org va si loin qu’il en arrive, malgré qu’il soit reconnu qu’il est question d’une alliance militaire, à séparer jusqu’à un point où l’on presque parler d’une sorte de “neutralité méfiante“ entre les la Russie et la Chine, sur certaines questions. C’est vraiment isoler quelques aspects des relations pour les grandir démesurément, selon un penchant inattendu de l’analyse. (D’habitude WSWS.org est capable d’intégrer tous les facteurs et de reconnaître la puissance des contraintes géopolitiques, surtout devant l’intrusion de l’impérialisme fou des USA, – de ce que nous considérons comme un “impérialisme fou”. Mais bon, chacun fait sa crise identitaire, dans ces temps impitoyablement crisiques.)

Donc, quelques mots de WSWS.org, toujours :

« Le Kremlin étant acculé, les spéculations abondent sur la perspective d'une alliance militaire russo-chinoise, que certains membres de l'oligarchie russe considèrent comme une porte de sortie. Dans une récente interview accordée à Gazeta.ru, le général et ancien chef d'état-major général de l'armée russe, Youri Balouievski, a déclaré : “En termes d'alliance militaire, personnellement, je souhaiterais la conclusion d'une telle union entre la Russie et la Chine.” Il a toutefois ajouté qu’“il était encore trop tôt” pour parler d'opérations conjointes entre les deux pays.
» Mais même si les liens entre les deux pays s'approfondissent et que tous deux sont confrontés aux menaces incessantes des États-Unis, les tensions entre la Chine et la Russie demeurent. La Chine, dont l'économie est huit fois plus importante que celle de la Russie, éclipse largement la Russie en termes de capacités économiques, de puissance militaire potentielle et de taille de la population. Alors que la Chine est le premier partenaire commercial de la Russie, cette dernière ne figure même pas parmi les 13 premiers partenaires commerciaux de la Chine. Une partie de l'élite russe craint d'être entraînée dans une alliance dont le coût pourrait être très élevé. »

Bien entendu, tout le monde, c’est-à-dire beaucoup de monde, divergent de telles analyses étranges. C’est le cas bien entendu de Pépé Escobar, ce grand spécialiste de vastes fresques géopolitiques étendues à tous les domaines de la puissance. (Ici, l’article du 31 mai d’Escobar, relayé par :la traduction du Sakerfrancophone) :

« Les analystes russes et chinois, lors de conversations informelles, ont tendance à s’accorder sur le fait que Genève sera un nouvel exemple de la bonne vieille politique de division et de domination à la Kissinger, avec quelques tactiques de séduction pour attirer Moscou loin de Pékin, une tentative pour gagner du temps et tendre des pièges géopolitiques. Des vieux renards tels que Yang et Patrushev sont plus que conscients du jeu en cours.
» Ce qui est particulièrement intéressant, c’est de constater que le couple Yang-Patrushev a jeté les bases d’une prochaine visite de Poutine à Xi, à Pékin, peu de temps après la rencontre Poutine-Biden à Genève – pour coordonner géopolitiquement, une fois de plus, le « partenariat stratégique global », selon leur terminologie mutuellement reconnue.
» Cette visite pourrait avoir lieu le 1er juillet, date du centième anniversaire du Parti communiste chinois, ou le 16 juillet, date du 20e anniversaire du traité d’amitié Chine-Russie.
» La rencontre Poutine-Biden serait donc l’entrée, avec la rencontre Poutine-Xi comme plat principal. […]
» L’image générale qui se dégage de tout cela est toujours la confrontation entre l’Eurasie et l’Occident atlantiste. Washington continuera de pousser l’Europe – et le Japon – à se découpler de la Chine et de la Russie, mais la guerre froide 2.0, menée sur deux fronts simultanés, ne fait pas recette.
» Les acteurs rationnels voient que, au 21e siècle, la puissance scientifique, économique et militaire combinée d’un partenariat stratégique entre la Russie et la Chine serait d’un tout autre niveau, en termes de portée mondiale, que celui de l’ex-URSS et du Rideau de fer du 20eme siècle. »

Bien entendu, l’analyse de Pépé s’appuie sur le fait, avéré lorsqu’il écrivit son texte, du sommet Poutine-Biden ayant lieu bel et bien. Il serait effectivement tout à fait original, et même amusant, folklorique et exotique, – si nous osons prendre aussi légèrement la formidable crise du Covid, – qu’un facteur aussi peu politique qu’un vaccin, dans un cas de pandémie, – à nouveau, qu’on nous pardonne cet impair grave de jugement, mais je (PhG) se place du point de vue des dieux de l’Olympe, – soit un événement politisé à un point tel qu’il menace une rencontre de cette importance ! A moins que, comme cela est partout suggéré, cette rencontre en elle-même soit tout à fait vide de la moindre importance, la partie US étant murée dans un enclos verrouillé de prétentions, de certitudes, de vertus morales, d’hybris super-turbochargé, façon-JSF (F-35) par exemple !

… Et ainsi la transition vers la conclusion est-elle toute trouvée.

En effet l’un des derniers arguments pour justifier de poursuivre la production du F-35 coûte que coûte, malgré des avis supplémentaires nouveaux (d’officiels de l’USAF) toujours dans le même sens, selon lesquels cet avion est “a shit in a rathole”, ou bien son abandon finalement, est donnée par un expert qui a trouvé le moment idéal pour intervenir. Selon Sputnik.News, voici la chose :

« Alors que des nuages continuent de s'amonceler à l'horizon du F-35, certains médias américains suggèrent que ce n'est pas à cause des coûts élevés, des problèmes de développement et des taux de capacité de mission non atteints, mais parce que la Russie et la Chine [unies dans ce cas] tentent de saper ce projet prometteur.
» John Venable, chercheur principal en politique de défense à la fondation conservatrice Heritage Foundation, estime que Moscou et Pékin “n'aimeraient rien de mieux que les États-Unis réduisent leurs achats de F-35” car “il n’y a aucune plateforme alliée ou adversaire en production qui puisse s'approcher de seulement espérer concurrencer du F-35”.
» “Alors, comment les Russes, les Chinois ou même une société concurrente pourraient-ils accomplir une telle besogne ignoble ? Des mandataires peut-être ? On dirait le film ‘Conspiracy Theory’, non ?” Venable suggère que ces pays mènent une “campagne de désinformation” contre le F-35 en utilisant des faits auxquels "les détracteurs du F-35 se sont accrochés… pour faire valoir leurs arguments.” »

… Et ainsi savons-nous très précisément désormais pourquoi le sommet n’aurait pas lieu. Biden ne saurait discuter avec le chef d’un pays si jaloux, félon, dissimulé, abject et tordu, puisque s’attaquant à une telle merveille technologique. Si le sommet a lieu et si Biden parle tout de même et héroïquement à Poutine, Grande sera la Gloire du Président-Biden d’avoir tout de même accepté d’entretenir de la puissance US cette vitesse lubrique (“vipère lubrique” très rapide) malgré les dangers de contamination du vice qui sera ainsi placée en vis-à-vis très proche de :la vertu.

Tout cela, très sérieux quoiqu’aimablement bouffe…

 

Mis en ligne le 4 juin 2021 à 11H15

Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org

À propos de l'auteur Dedefensa.org

« La crisologie de notre temps » • Nous estimons que la situation de la politique générale et des relations internationales, autant que celle des psychologies et des esprits, est devenue entièrement crisique. • La “crise” est aujourd’hui substance et essence même du monde, et c’est elle qui doit constituer l’objet de notre attention constante, de notre analyse et de notre intuition. • Dans l’esprit de la chose, elle doit figurer avec le nom du site, comme devise pour donner tout son sens à ce nom.

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