NSA ! “Maman, bobo”

NSA ! “Maman, bobo”

NSA ! “Maman, bobo

1erjuin 2021 – Au vrai du vrai, comme j’affectionne moi-même et nous-autres sur dedefensa.org, on rétablit la vraie-vérité postmoderne et wokeniste : il n’y avait rien de la NSA dans la chanson d’Alain Souchon d’un autre temps où l’on geignait déjà, en 1976, “Le grand geignement de l’homme blanc”, – cette fois il s’agit de l’Européen-UE par rapport à son grand frère/protecteur/héros admiré et glorifié, américaniste certes… Bref, disait Souchon :
 

« Allo ! Maman, bobo

Moi j'voulais les sorties d'port à la voile
La nuit barrer les étoiles
Moi les chevaux, l'révolver et l'chapeau d'clown
La belle Peggy du saloon
J'suis mal en homme dur
Et mal en petit cœur
Peut-être un petit peu trop rêveur

Allô Maman bobo
Maman comment tu m'as fait, j'suis pas beau
 »

Mais enfin, les Européens, ces parangons de vertus transatlantiques et victimaires, ont su retenir leur secrète tristesse et leur chagrin un peu affolé. Ils ont réagi avec une superbe remarquable, une hauteur extrêmement démocratique, courageusement-PC (*). Écoutez-les, pleins de dignité et de loyauté outragée, cambrés dans leurs postures sublimement convenables, auréolés de courage voire d’héroïsme, – mais pourtant, je le sais au fond de moi, secrètement blessés, trahis, malheureux, interloqués, désemparés… “Maman, bobo”, quoi.

Car, ne l’ignorez plus, Ô nouvelle incroyable ! Ô incompréhensible révélation ! Ô trahison, pourquoi, qui, quoi, comment ! Ô dieux protecteurs des démocrates ! Ô-rreur sans nom ! Nos amis, nos frères, nos amours, nos idoles, nos saints, nos dieux, – nous nous nous sommes tant aimés (et nous aimons vous encore), – démocrates de tous les pays formons une grande chaîne, – mais non ! Croirait-on cela ! Car je-nous-vous le disons : les grands-amis américanistes nous espionnent !

Bref, voyons le bobo.

• Le président français d’abord, l’enfant-roi, après un coup de fil à sa cama     rade de jeu Angela, et son complet accord, – alors sa déclaration : « Ce n’est pas acceptable entre alliés, encore moins entre alliés et partenaires européens ». (Notez tout de même que Danemark, qui, – surprise, surprise, – a copiné avec la NSA est encore plus condamnable dans son jugement que les USA. Éventuellement, cela pourrait permettre une “jauge” acceptable pour les risques, et de la colère, et de l’objectif de la colère, et aussi de dire : “Il y a quelque chose de pourri dans le paysmembreUE-Danemark, au contraire de ses copains-UE qui, vous le savez bien, ne cèdent rien qui ne soit noble et digne aux USA.)

• « J’exige des informations complètes sur le dossier », exige (bis) le ministre suédois de la Défense Peter Hultqvist. Lui n’était pas au courant.

• « Je vous assure que je prends au sérieux les informations de DR ”, assure (bis) le ministre norvégien de la Défense Frank Bakke-Jensen. Ce ministre est un type sérieux.

• « Il est grotesque que des services de renseignement amis interceptent et espionnent effectivement les principaux représentants d'autres pays. Politiquement, je considère que c'est un scandale », exige et assure Peer Steinbrück, ancien chef de l'opposition au Bundestag. Belle allure.

• « C'est extrêmement grave, il faut vérifier si nos partenaires de l'UE, Danois, ont commis des erreurs ou des fautes dans leur coopération avec les services américains[…]. Et puis du côté américain, voir si en effet, il y a eu[…] l'écoute, l'espionnage de responsables politiques,[et il faut éventuellement] en tirer les conséquences en termes de coopération avec Washington. […] On n’est pas dans un monde de bisounours, donc ce genre de comportements malheureusement peut arriver, on va le vérifier »… Ce long discours, de la part du disert Clément Beaune, secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes. Brièvement dit, nous dit Beaune en roulant des mécaniques radiophoniques, il se peut que ça chauffe durement car on n’est pas du genre-Bisounours, – et « on va le vérifier » ! On verra dirais-je sur le ton du “Cause toujours”, pouyr rester dans le mode bouffe-caustique.

Et ainsi de suite, pour ainsi dire. Le cœur apparent, je veux dire le cœur-simulacre du débat, du “scandale” comme dit l’autre ministre, c’est en quelques mots :
« La National Security Agency (NSA), l’agence de renseignement américaine, a utilisé les systèmes de surveillance électronique danois pour espionner entre 2012 et 2014 plusieurs parlementaires et hauts fonctionnaires allemands, français, norvégiens et suédois, dont la chancelière Angela Merkel. C'est ce qui ressort d'une enquête publiée par la télévision publique danoise DRle 30 mai, basée sur un rapport interne confirmé par plusieurs sources
» En effet, selon DR, dans le cadre d'un accord avec les services de renseignement militaire danois Forsvarets Efterretningstjeneste (FE), la NSA a pu se brancher sur des câbles de télécommunications hébergés dans le pays nordique, où se trouvent plusieurs stations d'accueil de câbles internet sous-marins à destination et en provenance de la Suède, de la Norvège, de l'Allemagne, des Pays-Bas et du Royaume-Uni. »

L’émoi, au moins pendant 24 heures et peut-être 48 heures, a été et continuerait peut-être dans les plus hautes et nobles consciences à être considérable, comme une affaire d’État. Je me presse d’en parler pour dire qu’il n’en faut pas trop parler, avant qu’on n’en parle plus. Donc, parlons-en, d’abord pour vous dire, comme vous le savez d’ailleurs, qu’on sait tout cela depuis longtemps et qu’alors pourquoi en parler trop longtemps ; et qu’on le sait sous le patronage ironique du camarade Edward Snowden, passé à l’Est depuis huit bonnes années avec sa malle pleine d’écoutes de la NSA.

Les affaires d’écoutes-NSA/CIA, découvertes sinon prouvées, jusqu’à des plaintes d’EADS et d’Airbus, et sans suite pour faire bref et ne pas encombrer les tribunaux bien assez occupés à ne pas condamner les protagonistes des affaires d’insécurité, ces affaires pullulent dans le grand public, au moins depuis décembre 2013. Elles allèrent jusqu’à faire s’interroger Finian Cunningham le 30 avril 2015 : « Merkel est-elle un agent de la CIA ? »

Question un peu vaine et finalement, sinon dérisoire et pathétique, dans tous les cas extrêmement classique dans les annales de l’héroïsme, de l’indépendance souveraine et de la grandeur de l’Europe. Quoi qu’il en soit et pour le plaisir des salons parisiens qui me sont si chers, et qui portent tant et tant d’affections diverses au président de la “démocrature” russe (et vlan pour le bon mot), je rappelle ceci, en date du 2 mai 2015 :
« … Le président russe répondant à des questions du public, qui était rappelée sur Spoutnik-français, le 16 avril 2015 :A la question de commenter l'état des relations géopolitiques avec l'Europe, [Poutine répond]: ‘Il est difficile de parler à des gens qui chuchotent même chez eux de peur des écoutes américaines. Et ceci n'est pas une blague, je ne plaisante pas’.”(Nous avouons bien volontiers que c’est le “Et ceci n’est pas une blague, je ne plaisante pas” qui nous a le plus impressionné. Parmi les divers dirigeants de notre monde enfiévré, Poutine est certainement celui qui se rapproche le plus, dans ses interventions, de la sincérité, et d’ailleurs la force de son proposl’exige autant qu’elle en témoigne.) »

C’est par conséquent à cette lumière qu’il faut apprécier la levée de bouclier, l’indignation également héroïque, et dans tous les cas très comme-il-faut, de nombre de personnalités européennes et européistes, surtout dans les pays qui venaient du froid de l’UE ; avec, on peut le dire, et même “je peux le dire” comme disait Francis Blanche, un œil torve vers le Danemark qui a fait cette chose incroyable, incompréhensible, unthinkable, de collaborer avec la NSA. On n’en revient pas, sinon pour envisager peut-être une invasion du Danemark-traître.

Que voulez-vous faire ou dire enfin ? Deux réactions sont possibles, certes. Vous pouvez évidemment et sans difficulté ridiculiser leurs postures, eux qui sont asservis et serviles comme il est peu imaginable dès qu’il est question des USA. C’est tout ce qu’ils méritent, et pourquoi s’en étonner. J’ajouterais, remarque subsidiaire du domaine, que cette sorte d’espionnage réalisé depuis des décennies par le monstreSystème que sont les USA dans leurs diverses machineries de leur pseudo-“sécurité nationale”, voilà qui doit bien les éclairer dans le désordre incroyable où ils se trouvent. Déjà, ils doivent se tromper dans la traduction et, de toutes les façons, les mesures qu’ils prennent suite à leurs écoutes sont en général totalement erronées et conduisent plutôt à des catastrophes. Regardez où ils en sont alors qu’ils écoutent tout, qu’ils savent tout, qu’ils dominent tout : cela les a conduit à l’effondrement.

Ou bien, vous pouvez prendre la mesure de la dévastation intellectuelle où se trouvent nos dirigeants d’accepter tout cela, de géignardiser comme Alain Souchon dans sa chanson, de prendre des poses et de ne rien faire, sinon de s’envoyer des “Bisounours” justement, comme on dirait des bisous-bisous. Je crois bien que la “politique américaine” de l’UE, c’est effectivement bien la politique des “Bisounours”, de temps en temps traversée par un « Allo ! Maman, bobo ».

Il ne reste donc qu’à en venir, ou en revenir aux conclusions inévitables lorsqu’il s’agit de ces gens-là. Indignez-vous, les gars, prenez la pose jusqu’à la fin de l’émission, et puis ensuite allez donc “jouer avec cette poussière”. Tout cela n’a vraiment aucune importance, rien de la véritable substance de la crise du monde. Il y a longtemps déjà que l’Europe, les USA, la fiesta transatlantique, le bloc-BAO, – longtemps, longtemps que tout ce brol a dépassé ses propres limites, sa propre conscience tant usée, perdu dans l’impuissance comme un débris de satellite perdu dans l’espace.

On leur conseille de continuer à s’écouter et à s’y croire, et à ne pas oublier de parler dignement de souveraineté : “Allo ! Maman, bobo, regarde ce qu’ils font de ma souveraineté”. Nous, nous savons bien que la Grande Crise est complètement hors de votre compréhension, de votre perception, de votre non-intuition, de votre immense bêtise empruntée au wokenisme et que rien ne parviendra plus à entamer… 

Flaubert, pour notre temps si-wokeniste, autant que pour cette affaire à-la-Souchon : « La bêtise est quelque chose d’inébranlable, rien ne l’attaque sans se briser contre elle ; elle est de la nature du granit, dure et résistante. » Pour le reste, ceci de je ne sais qui, peut-être bien d’un quelconque Flaubert justement : “Tout cela n’est que vile turpitude humaine qu’un peu de sable efface”. Sable, poussière, Bisounours, tout cela s’accorde bien.

Quant à la NSA, si elle a des difficultés à comprendre ce que je tente de vouloir dire du dérisoire de ces choses et d’elle-même, qu’elle me téléphone.

Note

(*) Vieux schnock, je crains toujours qu’avec PC on pense aussitôt au PCF, ou bien au PCUS, bref les partis communistes d’antan. Non, PC, définitivement, c’est devenu “Politiquement-Correct”. C’est tellement plus humaniste et plus rassurant ; mon Dieu, combien progressé nous avons et de nous fiers nous devons être.

 

Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org

À propos de l'auteur Dedefensa.org

« La crisologie de notre temps » • Nous estimons que la situation de la politique générale et des relations internationales, autant que celle des psychologies et des esprits, est devenue entièrement crisique. • La “crise” est aujourd’hui substance et essence même du monde, et c’est elle qui doit constituer l’objet de notre attention constante, de notre analyse et de notre intuition. • Dans l’esprit de la chose, elle doit figurer avec le nom du site, comme devise pour donner tout son sens à ce nom.

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