La condition humaine à l’épreuve de la science 

La condition humaine à l’épreuve de la science 

 «Un être humain vaut beaucoup plus que ses diplômes et je veux rester toute ma vie une élève.» (Rigoberta Menchu, prix Nobel de la paix 1992)

Le mois de Ramadhan  est un mois propice à l’introspection. De tout temps, les hommes se sont posés les questions suivantes, fruit d’une inquiétude légitime : que faisons-nous en ce bas monde ? Qui sommes-nous vraiment ? Comment expliquer l’ordre superbe de l’univers, depuis la délicate harmonie d’une humble fleur des champs, jusqu’à la splendeur sombre de la voûte étoilée ? Suffit-il de laisser agir les lois de l’univers pour qu’à partir du hasard naisse naturellement la vie — ou faut-il imaginer qu’au-delà des choses visibles, il y a encore autre chose, une Intelligence discrète — un horloger transcendant —, qui animerait la matière et lui donnerait souffle ?  

La création de l’univers 

Le Big Bang nous fait découvrir une histoire imprévue et fantastique. L’histoire connue commence alors que l’univers avait déjà atteint l’âge de 10-43  seconde – le temps de Planck. Avant, on ne sait rien. Puis, pour une raison inconnue que les scientifiques ne s’expliquent pas, le vide si vivant s’est mis à enfler. C’est comme si quelqu’un a donné le signal du début. En moins de temps qu’un battement de cils (entre 10-43 et 10-32 seconde), son volume a été multiplié par 1050 (10 suivi de 50 zéros) ! Et sans que l’on sache pourquoi, sont apparues les premières particules de matière.

Après cette barrière fatidique des trois cent mille ans (rayonnement fossile), des nuages de gaz se sont formés. Ils donnèrent naissance aux milliards de galaxies pendant près de 13,7 milliards d’années les plus petits éléments qui composent l’univers, les quarks, n’ont pas de masse à l’origine. Quand ils se déplacent, on suppose qu’ils traversent un «champ de Higgs».

On serait tenté de reformuler : quelle est l’origine de l’origine ? Qui a donné l’ordre au boson de Higgs  d’alourdir les particules pour en faire des atomes, des molécules de la matière, matière dont nous sommes constitués en tant qu’humains, toute vie sur Terre et même dans le règne minéral ?

La condition humaine à l’épreuve de la science 

L’univers est-il né par hasard ? 

«Après une évolution de 13,7 milliards d’années, peut-on concevoir que la vie et la conscience existent partout ou seulement sur Terre ? La précision stupéfiante du réglage de la densité initiale de notre univers est comparable à celle que devrait montrer un archer pour planter une flèche dans une cible carrée d’un centimètre de côté qui serait placée aux confins de l’univers, à une distance de quelque 14 milliards d’années-lumière.»

A priori, ni la Terre ni l’Homme ne sont au centre de l’immense univers. Et pourtant, tout semble «ajusté» comme si le cosmos entier, de l’atome à l’étoile, avait exactement les propriétés requises pour que l’Homme puisse y faire son apparition. Des atomes jusqu’aux étoiles, l’univers semble fantastiquement structuré, hiérarchisé, ordonné. Bien au-delà de ce que nous pouvons comprendre. Or, cet «ordre» mystérieux repose sur un petit nombre de ces mystérieuses «constantes physiques» : la vitesse de la lumière, la constante de gravitation, le temps de Planck, la masse de l’électron, etc.

D’où viennent-elles ? Ce qu’on sait, c’est que ces nombres existent «depuis toujours», c’est-à-dire depuis les tout premiers instants du Big Bang. Et qu’ils n’ont pas varié depuis l’aube des temps. Mais par quel miracle ont-ils tout juste la valeur qu’il faut pour que «tout marche» dans l’univers ? Chacune de ces constantes s’écrit avec un chiffre, une virgule et, parfois, trente ou quarante décimales. Incroyablement ajustés les uns aux autres. Il est vrai que si une seconde après le Big Bang le taux d’expansion a été à peine plus lent (de 1milliardième), alors, inéluctablement, le cosmos n’aurait pas pu s’arracher à la gravitation et se serait effondré sur lui-même en un magma informe.

À l’inverse, un Big Bang un milliardième plus rapide et la matière se serait dispersée en poussière dans le vide, ne laissant aucune chance aux étoiles de se former et, là encore, il n’y aurait pas de système solaire. Si un seul de ces paramètres avait une très faible déviation même d’une valeur infime, la vie n’aurait jamais pu émerger de la matière et la matière elle-même n’aurait jamais pu se former.

Tout est agencé de telle façon qu’il ne fasse ni trop chaud ni trop froid, une gravité qui permet à l’Homme de ne pas flotter dans l’air ou d’être cloué au sol. Le rythme des saisons, la beauté de la nature – ou ce qu’il en reste — du fait de la prédation humaine, ne peuvent pas avoir été  créés par hasard. Ces grandes constantes sur lesquelles repose en un invraisemblable équilibre tout notre univers ont tourmenté, fasciné les plus brillants esprits scientifiques. Einstein disait que Dieu ne  joue pas aux dés.

Le Big Bang et les religions  

Le  point de départ du théologien n’est pas le même que celui du physicien. Le temps est, non seulement, associé très intimement à l’œuvre de création, mais encore à l’alliance que Dieu signe d’une certaine façon avec son peuple et, à travers lui, avec l’humanité.
Dans l’Ancien et le Nouveau Testament  il est une création de Dieu. D’où l’importance accordée dans le récit de la Genèse au temps de la création, émergeant d’un monde chaotique, le tohubohu. Genèse.(1) L’Islam a donné une valeur sacrée au temps.

«Du ciel Il dirige toute chose sur la terre, puis tout remontera vers Lui un Jour dont la durée est de mille ans d’après votre manière de compter.»  Sourate 33 : La Prosternation, versets 4 et 5.
On voit que le jour n’a pas la même signification que dans la Bible, il s’agit de «périodes». D’ailleurs, dans la sourate 70, «Les degrés», verset 4, on lit : «Les Anges monteront vers Lui en un Jour dont la durée est de 50 000 ans.»  Il est écrit dans le Coran : «En vérité, il y a dans la création des Cieux et de la Terre et dans l’alternance de la nuit et du jour tant de signes pour des gens doués d’intelligence qui, debout, assis ou couchés ne cessent d’invoquer Dieu et de méditer sur la création des Cieux et de la Terre en disant : ‘’Seigneur ! Ce n’est pas en vain que Tu as créé tout cela !  Rabbana la khalakta hadha batilane Soubhanaka Gloire à Toi ! Préserve-nous du châtiment de l’Enfer !’’» Sourate 3 «Âl ‘Imrân», versets 190-191.

Sommes-nous seuls dans l’univers ? 

Dans les textes anciens et même dans les textes religieux comme la Bible, on fait allusion aux civilisations extraterrestres. Dans les textes anciens et même dans les textes religieux comme la Bible, on fait allusion aux civilisations extraterrestres. L’Équation de Drake nous indique comment calculer la probabilité qu’il y ait une vie ailleurs que sur Terre. Le nombre N probable de civilisations dans notre galaxie est égal au produit de sept paramètres.  En mettant des valeurs plausibles pour chaque paramètre, on obtient généralement une valeur N>>.(1) Ce résultat a été source de grande motivation pour le projet SETI mis en place pour traquer tout signal venant de l’espace. 

Les changements climatiques sont de nature anthropique

Dans cette boulimie pour le toujours plus, notamment en matière  d’énergie, l’humanité a consumé (consommé) en moins d’un siècle le viatique d’hydrocarbures que la nature a mis 300 millions d’années à créer ! Résultat des courses, les changements climatiques de plus en plus incontrôlables : vagues de chaleur, incendies, inondations catastrophiques… Tel est le lot actuel.

Les tentatives de limiter la température à moins de 2°C paraissent vaines et tout les scénarios actuels garantissent un scénario d’enfer. Les pays sous-développés qui ne sont pas responsables des 1 500 milliards de tonnes de CO2 sont les premiers à être impactés.
Jouant aux apprentis sorciers, l’Homme s’en remet à la géo-ingénierie du climat ! Ainsi les Jeux olympiques de Pékin se sont déroulés comme promis par le gouvernement, sous un ciel bleu. Et ceci par le miracle de l’ensemencement des nuages qui couvraient la ville par des cristaux d’iode qui ont précipité  les gouttes pour amener la pluie. Jusqu’à quand l’hubris de manipuler le climat persistera-t-il ? Comment éviter le chaos climatique ?
L’apport de la science pour atténuer les désastres climatiques et les agressions contre la nature ? Par   le recours à une consommation raisonnable, la chasse au gaspillage, consommer moins en consommant mieux ?  En somme, un progrès en pente douce qui ne laisse personne sur le bord de la route pourrait avoir lieu si, de plus, on a recours aux énergies renouvelables qui évitent la «production» du CO2 qui stationne dans l’atmosphère pendant 120 ans créant un effet de serre, aussi une acidification des océans.

Pourquoi l’Homme fait la guerre à son prochain ? 

Le mythe de la certitude d’appartenir à des races supérieures, l’extension de l’espace vital, le consumérisme du toujours plus, plus de matières premières, plus d’énergie, d’argent, ajoutés à une vision religieuse des conflits. Nous nous rappelons des croisades et, plus près de nous, des invasions au nom de la croix.

Pendant cinq siècles, ce fut le bréviaire de l’Occident avec la règle des 3C (christianisation, commerce, colonisation) qui a amené à la quasi-disparition de civilisations plusieurs fois millénaires qui ont vu l’enfance de l’humanité comme ce fut la cas de la Syrie et de l’Irak.  La première Révolution industrielle qui est né en Angleterre puis étendue à toute l’Europe donna une avance décisive en matière de science et de technologie à l’Occident qui s’en est servi pour occuper et asservir les peuples faibles  et notamment les pays arabes qui ont abdiqué la rationalité scientifique  pour devenir des proies exploitées à des degrés divers  On rapporte qu’en juin 2003, les GI’S avaient comme seule préoccupation de sécuriser le ministère du Pétrole et pas le musée de Bagdad qui fut pillé «intelligemment».  

Le XXe siècle est marqué par plus de 200 guerres. Après le démantèlement de l’URSS.  Les guerres se sont multipliées en Afrique, au Moyen-Orient. Depuis 2000, on compte à ce jour 55 guerres du fait du déclin de l’énergie et des matières premières.  Des guerres de l’eau seront de plus en plus récurrentes. On sait que le Nil est partagé par 8 pays et 86% des réserves se trouvent en Éthiopie. L’Éthiopie construit son gigantesque barrage et le litige avec l’Égypte et le Soudan est d’actualité. Les conflits sont nombreux entre la Syrie et la Turquie et l’Irak avec les deux fleuves. Enfin, la Jordanie est en plein stress hydrique, les pressions des États-Unis ont amené Israël à vendre à la Jordanie de l’eau qui lui appartenait (avril 2021).

Les progrès spectaculaires de la biologie génomique 

Il n’y a pas de mois sans qu’on annonce une nouvelle portant sur les techniques biomédicales visant à soulager la douleur, réparer une anomalie,  donner de nouvelles possibilités à l’Homme grâce aux NBIC (nanotechnologie, biologie, informatique et cognition). Ces avancées positives sont à saluer. Elles permettent d’augmenter les performances de l’Homme. Ainsi, des progrès spectaculaires ont été faits ces dernières années dans le développement des prothèses pour les personnes amputées des bras ou des jambes. En 2013, un Suédois amputé du bras droit a même pu bénéficier d’une prothèse contrôlée par la pensée. Des chercheurs coréens et américains ont peut-être résolu le problème des «sensations» en développant une peau artificielle intégrant des capteurs capables de détecter la chaleur, le froid, la pression et l’humidité, reproduisant les réactions de la peau humaine.  Des chercheurs de l’université de Stanford ont utilisé une technique d’ingénierie génétique cellulaire, et ont été capables de programmer des neurones afin que celles-ci puissent réagir à une fréquence spécifique de lumière bien précise, et ainsi comprendre les données envoyées par la peau artificielle.

L’instrumentation dangereuse  du génome humain en absence d’éthique

La modification génétique de l’embryon humain se retrouve au cœur des débats depuis l’utilisation de la technique CRISPR/Cas9, véritable «couteau suisse» qui permet de couper et remplacer des morceaux de génome à la carte. Si cette technique de manipulation génétique était présentée comme une solution contre des maladies génétiques mortelles, de tels travaux franchiraient alors une ligne éthique, comme s’en est ému récemment un collectif de scientifiques dans Science. Inquiets des dérives possibles, ils ont demandé un moratoire sur ces recherches. En effet, des changements génétiques dans l’embryon peuvent se transmettre et avoir des effets imprévisibles sur les générations futures.

Le triomphe de l’intelligence artificielle 

L’intelligence artificielle : les prouesses des NBIC, la santé connectée, la qualité de vie. L’Homme est de plus en plus réparé, puis augmenté grâce à des prothèses. On lui promet l’immortalité par guérison des maladies. Naturellement, il y a le revers de la médaille Des scientifiques qui se prennent pour des apprentis sorciers veulent manipuler la structure intime du génome humain.

Pour certains scientifiques lanceurs d’alerte,  l’intelligence artificielle est peut-être plus dangereuse que les armes nucléaires. Il faut agir de manière très circonspecte avec la technologie. «Espérons que nous ne serons pas le chargeur biologique d’une super-intelligence numérique», disait Elon Musk. Même l’astrophysicien Stephen Hawking nous prévient d’un trop grand développement de l’intelligence artificielle. Selon Ray Kurzweill, les hommes biologiques ne seront jamais dépassés par les ordinateurs. Ce n’est pas le cas du professeur  Stephen Hawking qui appelle à faire attention à l’addiction à l’intelligence artificielle qui peut échapper à l’homme.

Le coronavirus : une déconstruction de la civilisation ? 

À toutes les anomalies et dérives dont s’est rendu coupable l’homme, il faut ajouter une épreuve vécue par l’humanité. Un virus a réussi à bloquer la machine humaine en mettant la moitié de la planète en confinement. Le nouveau monde que nous devons réinventer doit tenir compte du fait que plus rien ne sera jamais comme avant. Nous devons réinventer une nouvelle façon de notre rapport au monde. Dans nos rapports aux autres.

Dans notre façon de revoir fondamentalement les us et coutumes que nous croyons gravées dans le marbre et qui partent en éclats, nous laissant désemparés. Le covid vient en quelque sorte remettre en cause ce que nous sommes, et faire passer par pertes et profits tout ce que nous avons bâti. Mais tant de continents ont sacrifié des vies pour simplement préserver l’économie parce qu’ils n’avaient pas de choix possible, pas d’autre choix à faire les pays pauvres, touchés très fortement ou même des continents  ont été obligés de sacrifier beaucoup de vies simplement pour préserver l’activité économique   Nous n’avons pas encore fait le tour de tout ce qui nous attend. Ce sera d’autant plus difficile si on continue à s’accrocher à une vision du passé.

Dieu et les scientifiques 

À côté des savants qui ne croient pas à la transcendance, il existe des scientifiques prestigieux qui doutent et qui expriment leurs intimes convictions. Ci-après les témoignages de plusieurs scientifiques de renom qui en sont arrivés à la conclusion que Dieu est à l’origine de la création. Parmi ces savants, des prix Nobel. Tous témoignent que l’existence de Dieu peut être reconnue par la science. 

Nicolas Copernic (1473-1543) : «Qui, vivant en contact intime avec l’ordre le plus parfait et avec la sagesse divine, ne se sentirait pas poussé aux aspirations les plus sublimes ? Qui n’adorerait pas l’architecte de toutes choses ?»(1)(2) 

Isaac Newton, fondateur de la physique théorique (1643-1727) : «Ce que nous savons est une goutte, ce que nous ignorons est l’océan. L’incomparable disposition et harmonie de l’univers, tout cela n’a pu se faire que selon les plans d’un Être éternel doué de sagesse et de puissance.»(1)(2)

Robert Andrews Millikan (1868-1953), physicien, prix Nobel 1923 : «Je peux affirmer catégoriquement que l’incroyance est dépourvue de tout fondement scientifique. J’estime qu’il n’existe aucune contradiction entre la foi et la science.»(1))(2)

Albert Einstein (1879-1955), fondateur de la théorie de la relativité et prix Nobel 1921 : «Quiconque est sérieusement impliqué dans la science devient convaincu qu’un esprit se manifeste dans les lois de l’univers – un esprit infiniment supérieur à celui de l’Homme, et devant lequel, nous, avec nos pauvres pouvoirs, devons nous sentir humbles.»(1)(2)

Max Planck (1858-1947), créateur de la théorie des quanta, prix Nobel 1918 : «Rien ne nous empêche donc et notre instinct scientifique exige… d’identifier l’ordre universel de la science et le Dieu de la religion. Pour le croyant, Dieu se trouve au début ; pour le physicien, Dieu se rencontre au terme de toute pensée.»(1)(2) 

Howard Hathaway Aiken (1900-1973), père du cerveau électronique : «La physique moderne m’apprend que la nature est hors d’état de s’ordonner elle-même. L’univers présente un ordre immense, d’où la nécessité d’une grande ‘‘Cause Première’’ qui n’est pas soumise à la loi seconde de la transformation de l’énergie, et qui donc est surnaturelle.»(1)(2) 

Allan Sandage (1926-2010), astronome professionnel, a calculé la vitesse d’expansion de l’univers ainsi que l’âge de l’univers par l’observation des étoiles lointaines : «Enfant, j’étais athée. C’est ma science qui m’a conduit à la conclusion que le monde est bien plus compliqué que ce qui peut être expliqué par la science. Ce n’est que par l’intermédiaire du surnaturel que je comprends le mystère de l’existence.»(1)(2) 

Darwin, le père de «l’évolution des espèces : «Jamais je n’ai nié l’existence de Dieu. Je crois la théorie de l’évolution parfaitement conciliable avec la foi en Dieu. Il est impossible de concevoir et de prouver que le splendide et infiniment merveilleux univers, de même que l’Homme, soit le résultat du hasard ; et cette impossibilité me semble la meilleure preuve de l’existence de Dieu.»(1)(2)

Qu’est-ce qui fait que nous sommes humains ? 

Si rien n’est fait pour rendre impossibles les dérives de la science en l’absence d’un moratoire robuste qui fixe les lignes éthiques à avoir comme horizon, l’Homme des prochaines décennies aura une humanité hybride organique et métallique.  Les hommes améliorés par la mécanique, dotés de prothèses totales et appelés «cyborgs», devraient voir le jour dans les prochaines décennies  chez les plus riches, et ce, grâce aux innovations médicales et technologiques. C’est en tout cas ce que promettent les trans-humanistes. Il se posera alors un problème éthique : qu’est-ce qui fait que nous sommes des humains ?

Au début de l’Histoire, l’Homme apparaît fragile, vulnérable, exposé à tous les dangers. Surmontant pourtant les difficultés, il se met à inventer, penser, manier le verbe, écrire et communiquer. Mais l’Histoire de l’homme ne s’arrête pas là. Le voilà qui cherche désormais à dominer sa propre nature pour assurer la maîtrise de son destin. Lui, le faible, ambitionne désormais la toute-puissance au point de décider des formes qu’il pourrait prendre demain.
La génétique, les nanotechnologies, l’informatique et les sciences cognitives lui offrent les flammes modernes du feu de Prométhée pour devenir l’égal des dieux. Pourtant, dans cette aventure, celle de la posthumanité, le corps, cette encombrante chose, n’est pas sans poser de cruciales questions. 

Peut-on ainsi sans conséquence instrumentaliser le corps ? Que deviendrait l’espèce humaine affranchie de sa vulnérabilité, sa conscience, ses émotions, sa finitude qui furent les moteurs de son évolution ? Avec l’emprise des technologies nouvelles sur le corps ou l’esprit humain – biomédecine, nanotechnologies, fantasme de l’homme augmenté, robotisation de l’homme —, la nature même de l’Homme n’était-elle pas mise en danger ? 

À l’heure où notre espèce n’est pas loin d’entrer dans l’ère de la post-humanité, un cri d’alarme est lancé par deux éminents professeurs de médecine. Peut-on alors, sans risque pour l’humanité, «combler» par la technique cette vulnérabilité constitutionnelle de son être et moteur de son évolution ? 

Pour le professeur Mattei, «le vrai danger est le projet en cours d’instrumentaliser le corps humain et au-delà son esprit et sa conscience.  Avec la tentation de réduire le corps humain à un simple agrégat d’organes que l’on pourrait remplacer jusqu’à atteindre ‘‘l’immortalité’’. L’homme doit-il être traité comme une simple chose au nom de l’efficacité ? Sommes-nous propriétaires de notre corps ou bien dépositaires d’une évolution qui le dépasse ? Mon corps est-il ma personne ou est-il une chose ? S’agit-il simplement d’un ensemble de pièces que l’on peut remplacer, ou d’une enveloppe que l’on pourrait changer ? Notre destin est-il, tout entier, inscrit dans nos gènes ? Avec le développement des techniques de procréation médicalement assistée, l’enfant demeure-t-il un sujet de droit ou devient-il un objet auquel on aurait droit ? L’aventure humaine est-elle réellement menacée par le posthumanisme ? Que penser enfin des promesses d’un homme manipulé et amélioré par le transhumanisme, grâce aux nanotechnologies, aux biotechnologies, à l’informatique et aux sciences cognitives…» 

Jean-François Mattei nous propose un retour à une culture du doute, nécessaire pour armer notre pensée face aux défis à venir. Nous invitant à une réflexion éthique, philosophique et politique, il nous amène à nous demander si, en modifiant notre humanité, nous pourrions néanmoins rester humains…(3)  Après avoir passé en revue la question du statut du corps humain, le généticien dissèque les nuances entre «l’homme réparé», objectif premier de la médecine, et «l’homme augmenté» que les transhumanistes, détournant les techniques thérapeutiques au profit de l’amélioration des performances, voudraient voir se réaliser. Bref, un appel sur les risques et dangers de l’évolution actuelle des sciences biomédicales, notamment ce qu’on appelle les technologies de convergence (Nbic,) et la robotique, à propos de laquelle Jean-François Mattei appelle d’urgence à l’avènement d’une «robot-éthique».(3)

Conclusion

La quête du bonheur de l’humanité va de pair avec les conquêtes positives de la science, il n’en demeure pas moins que la science ne peut pas apaiser les angoisses de l’homme, la lancinante question de la destinée humaine.  

Seules les religions, les grandes spiritualités et la sagesse peuvent rasséréner cette angoisse métaphysique. Pour cela, à quelque spiritualité qu’il appartienne, l’homme devra aller au-devant de l’inconnu avec sérénité et détermination.  

Il aura à se battre sur un double front : contre les prétentions scientifiques concordistes irrecevables de certains théologiens créationnistes et contre les extrapolations scientistes arrogantes de certains biologistes. Le salut de l’homme serait dans une humilité devant le mystère de la symphonie secrète aussi bien de l’infiniment petit que dans l’infiniment grand en rappelant que tout est «calculé» pour que la vie apparaisse, qu’il y ait un jour, qu’il y ait une nuit, qu’il y ait des saisons. Que la température soit supportable par l’homme.
Nous n’avons pas encore trouvé de planète semblable à la Terre, bien que la probabilité ne soit pas nulle. Je me refuse à croire que l’harmonie du monde puisse s’expliquer par le hasard qui fait qu’un beau matin on a touché le bon lot à la loterie. 

Ce bon lot que la science, malgré ses avancées remarquables, n’est pas près de comprendre d’autant que ce n’est pas son rôle et c’est là toute la saveur du mystère de la création et du passage de l’Homme sur Terre. Voltaire disait qu’il ne pouvait concevoir d’horloge sans horloger, à une époque où la science était balbutiante. La science avance, les mystères aussi. Une immanence doit veiller sur nous et, à ce titre, nous devons lui être reconnaissants.
Par notre comportement irresponsable, les scientifiques parlent de sixième extinction probable si nous ne prenons pas toutes les précautions, qu’elles soient sur une utilisation rationnelle ressources naturelles mais aussi pour éviter un comportement  prométhéen alors que nous sommes à un clin d’œil à l’échelle du Big Bang.   Prenons soin de la Terre  Restons humbles et reconnaissant au fait que la vie sur Terre tienne du miracle et nous permet de profiter des bienfaits de la sous l’oeil bienveillant d’une transcendance. C’est ce à quoi l’éthique et  les religions nous appellent.  Ecoutons les avant qu’il ne soit trop tard !

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique Alger

Image en vedette : La condition humaine, Flickr.com

Notes :

 1°https://fr.aleteia.org/2014/06/21/ quand-25-savants-illustres-confessent-leur-foi-en-dieu/

2°. Chems Eddine Chitour La Condition humaine à l’épreuve de la science. Éditions Chihab 2021, Alger.

3° Jean-François Mattei Questions de conscience. De la génétique au posthumanisme. Éditions les Liens qui libèrent 2017.

Article  de référence   Chems Eddine Chitour

https://www.lesoirdalgerie.com/contribution/la-condition-humaine-a-lepreuve-de-la-science-60902


La condition humaine à l’épreuve de la science 

Source : Lire l'article complet par Mondialisation.ca

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