François Legault et le déclin du courage

François Legault et le déclin du courage

Dans son fameux discours de 1978 à l’Université Harvard, Alexandre Soljénitsyne disait qu’on reconnaît les signes avant-coureurs de la fin d’une civilisation par le déclin du courage de ses classes dirigeante et intellectuelle. Depuis le début de la crise du COVID-19, on peut dire que les politiciens et les intellectuels québécois incarnent parfaitement cette faillite des élites dont nous parlait Soljénitsyne.

Jusqu’ici soutenu par la grande majorité de l’intelligentsia québécoise (s’il en est une), notre premier ministre François Legault surfe depuis plus d’un an sur la peur inoculée à ses concitoyens et sur le concept d’urgence sanitaire, justifiant la mise en pause de la démocratie et l’instauration d’une gouvernance opaque sans précédent. La situation n’est pas unique au Québec. Cet affaissement de nos valeurs profondes (transparence du pouvoir, liberté, souveraineté populaire) et le silence des institutions qui sont censées les défendre dévoilent que les sociétés occidentales sont à un point de bascule en ce qui a trait à leur organisation sociale, leur structure économique et leur répartition du pouvoir politique.

Tout ceci se fait au grand jour, mais les ministères de la propagande nationaux prennent grand soin de dorer la pilule. Au Québec, par exemple, on présente François Legault comme un homme droit et rationnel. On l’expose en démocrate qui écoute la science, en politique honnête qui cherche à sauver des vies, en homme de culture qui lit des livres la fin de semaine. Abraham Lincoln disait qu’on pouvait tromper une partie du peuple tout le temps ou tout le peuple une partie du temps, mais qu’on ne pouvait tromper tout le peuple tout le temps. L’image de bienveillance et de hauteur morale que le premier ministre et ses caudataires se sont donnés leurre désormais de moins en moins de Québécois.

On constate que les chiffres de mortalité reliés à la COVID-19 ne justifient plus rien des mesures sanitaires en place. On constate que c’est notre système de santé universel qui est en perdition et incapable de prendre soin des malades, le gouvernement utilisant une crise de gestion et de ressources humaines pour la transformer en crise sanitaire. On constate que nos décideurs instaurent des règles sans fondement scientifique (p.ex. fermeture des restaurants, masques à l’extérieur et masques pour les enfants à l’école, couvre-feu), les dévoilant de plus en plus comme les outils de contrôle social qu’elles ont toujours été. On constate des hausses majeures d’autres maladies et des dommages collatéraux épouvantables (maladies du coeur, cancers, ITS, problèmes de santé mentale, faillites, endettement public massif etc.). On constate que des personnes sont privées de leur famille au moment de leur mort et qu’elles doivent être transportées dehors en plein hiver pour voir les visages masqués de leurs proches une dernière fois (l’histoire de madame Justine Bouchard est une honte pour notre bureaucratie servile (1)).

Mais quel genre de catastrophe nécessite qu’un gouvernement prenne autant de mesures dramatiques et vexatoires? Certainement pas une maladie avec un taux de survie aussi élevé que la COVID-19 (0,4% de létalité à l’IHU de Marseille lorsque les malades sont soignés (2); 0,06% de décès Covid-19 au Canada tous âges confondus (3))! C’est pourtant dans la voie de la démesure que nous a entraîné le gouvernement Legault et son armée d’experts à la probité douteuse.

À l’instar de plusieurs de ses homologues à travers le monde, le leadership de François Legault s’est résumé à deux choses: implantation de restrictions et attente de vaccins. Au lieu de faire preuve de courage et de prendre des décisions politiques à contre-courant des divers mouvements d’affolement, François Legault a choisi la facilité en soumettant le Québec à la vision tunnel du sanitarisme et du pan-médicalisme. Il a cédé le Québec à des idéologues bornés et ornés de diplômes qui confondent les prévisions épidémiques avec le réel, qui prennent les désirs et les besoins humains pour des variables d’ajustement sanitaire, qui se servent de la crédulité des peuples pour tester et vendre des vaccins dont les effets secondaires seront inévitables. Oui, nos gouvernants manquent de courage et la civilisation occidentale en est clairement mise à l’épreuve.

On observe aujourd’hui de la dissension au sein de la population québécoise qui vit dans deux réalités parallèles et dans une incompréhension mutuelle. En dépit de tous les slogans et de tous les messages publicitaires de solidarité que le gouvernement Legault nous fait bouffer ad nauseam à coup de millions de dollars par mois (4), je prétends qu’il n’y a rien eu de solidaire dans cette crise. Ce qu’il y a eu, c’est une monstruosité de lâcheté, de conformisme et d’égocentrisme généralisé. En quoi les Québécois ont-ils été solidaires? Dans la désertion des milieux de soins qui est assurément à la source d’une partie de la surmortalité du printemps dernier? Dans la délation entre voisins encouragée par le pouvoir politique? Dans notre grande sensibilité à la détresse de ceux qui ont été forcés de vivre dans l’isolement et la sédentarité? Dans notre soutien aux petits entrepreneurs appauvris qui doivent maintenant passer par les tribunaux pour se faire entendre? Combien aura-t-on poussé au suicide en essayant de sauver des vies?   

Contrairement à ce qu’il affirme, le gouvernement caquiste ne prend pas ses responsabilités. Il profite d’une situation difficile pour amplifier la panique et jouir de l’arbitraire. Il ne nous construit pas un Québec soudé, plus fier et plus prospère (5). Il divise pour mieux régner. Il créé deux classes de citoyens perdus dans leur solitude en alimentant un discours tout en dénigrant l’autre. Il bâtit un Québec formé de citoyens qui craignent la vie et souhaitent être gavés sous l’égide de l’État, hystériques devant les amants de la liberté qui se sentent aujourd’hui aliénés chez eux. Le Québec de Legault, c’est un Québec hypocondriaque et mortifère, piétineux de bon sens et de sang-froid, qui répudie l’initiative individuelle au profit de la mise sous tutelle, encourageant l’infantilisation et la peur en les faisant passer pour de la responsabilisation et de la solidarité sociale. Les membres des partis d’opposition n’ont par ailleurs guère été plus nobles dans leurs prises de position. Le manque de courage de toute la classe politique est à dénoncer et le rôle des soi-disant oppositions dans cette déroute ne doit pas être occulté.

Le régime Legault et ses collaborateurs n’échapperont pas à l’éternel retour du concret. Ce gouvernement passera à l’histoire comme le plus arrogant, le plus abusif et le plus inhumain que le Québec ait connu. Dans n’importe quelle relation qui s’effrite, toute réparation passe par une reconnaissance de ses torts. Après les mea culpa d’Angela Merkel et de Doug Ford, après la réouverture sans condition de plusieurs États américains juste au sud de nos frontières, à quand des excuses publiques de la part de François Legault pour toutes les violences psychologiques, politiques et économiques qu’il a fait subir aux Québécois dans la dernière année? Je crois que notre premier ministre n’a pas cette inclinaison à l’humilité et ainsi je crains que les chicanes intestines ne polluent l’espace public québécois pour les années à venir. Bien au-delà de l’épidémie, dans notre corps national et nos chairs personnelles, le Québec aura subi des dommages qui le marqueront à jamais.

Vincent Mathieu, Ph.D.

Références

(1) https://www.journaldequebec.com/2021/03/10/femme-decedee-a-alma-elle-voulait-que-son-histoire-soit-racontee

(2) https://www.mediterranee-infection.com/wp-content/uploads/2020/09/Rapport-Prof-Didier-Raoult.pdf

(3) https://www.inspq.qc.ca/covid-19/donnees/comparaisons

(4) https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1758578/campagne-covid-artistes-depenses-quebec-vedettes

(5) https://www.quebec.ca/premier-ministre/actualites/detail/le-renouveau-d-investissement-quebec-nous-aidera-a-batir-un-quebec-plus-vert-plus-prospere-et-surtout-plus-fier-francois-legault

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