Le coaching en séduction : Les Saigneurs de l’Amour

Le coaching en séduction : Les Saigneurs de l’Amour

COMMENT ATTIRER LE REGARD D’UNE FEMME ? POURQUOI LES FEMMES SONT-ELLES MÉCHANTES ? 5 CONSEILS POUR DEVENIR UN BAD GUY ? CES PHRASES D’ACCROCHE PUTACLIC’ DES VIDÉOS YOU-TUBE SONT RELATIVES À L’EXPLOSION D’UN PHÉNOMÈNE QUI ÉTAIT JUSQU’ALORS IMPENSABLE IL Y A DIX ANS : LE COACHING EN SÉDUCTION ! SURGIS DES TRÉFONDS DU 2.0, AGRIPPANT LES PIXELS, ILS SE SAISISSENT DE L’OCCASION IMMANQUABLE D’ÊTRE FAMOUS, CES COACHS !

L’anglicisme est primordial pour se vêtir du sérieux. So Pragmatique, l’anglais ! Pas comme cette langue délicate qui accouche (très peu) de littératures terroristes et (excessivement) de protocoles administratifs. Attentats littéraires et bureaucratie mortifère, c’est de cette mixture contradictoire que se nourrit ce qu’on appelle trop souvent la langue de Molière. C’est avec cette langue que nous aboyons les luttes en tous genres (c’est le cas de le dire !). Les scansions supplantent les suppliques et endorment les venins de l’écrit…

…Vive le modèle anglo-saxon ! Vive sa démocratie, son libéralisme, son séparatisme, vive sa propension à faire front commun pour le fric et le toujours-plus-de-fric ! Et pour nous appuyer à la tâche, vive ses développeurs personnels ! Le règne du self a ce quelque chose de si fécond qu’il serait inapproprié d’en pointer le moindre bât qui blesse.

C’est justement en tant qu’inapproprié, en tant qu’exproprié, en tant que bâtard mi figue mi raisin piétiné jusqu’à la giclure d’une confiture étalée sur une muraille sinistre, que je m’attarde sur ces gesticulations.

L’Amour, la Relation Homme-Femme, la drague, la séduction, la séparation, voilà des sujets fondamentaux pour qui souhaite ardemment supporter le poids de notre fêlure originelle. Toutes ces choses se manifestent et se supportent jusqu’alors parce qu’elles sont parmi les conditions essentielles de la Vie qui se reproduit. En dehors de la généralité évolutionniste, ce sont les atermoiements, les éclats et les turpitudes de cet Amour qui s’est fait civilité, courtoisie, culture, idéal, qui nous ont fait aboutir à l’ère du coaching qui est la nôtre. Nous allons parler depuis l’Hexagone, certes, mais surtout à partir de cette réalité du milieu urbain. C’est à la Cité, c’est à ses choses publiques et médiatiques que nous dédions ce descriptif ombrageux.

Les hommes et les femmes ne se regardent plus, ne se parlent plus et ne s’aiment plus. Comme si cela allait de soi. Les dispositifs de surveillance se sont multipliés, avec leurs promesses de récompenses et de punitions. Le panoptique foucaldien a eu raison de l’anarchie sentimentale et des ivresses romantiques. Il a façonné un monde à son image, c’est-à-dire concentrationnaire, morcelé, mécanique, un monde où, comme disait Pasolini, « des auto-mates s’entrechoquent ». L’expression subjective s’est normalisée, le marginal s’est laissé tenter par l’aventure du centre, c’est-à-dire qu’il est, volontairement ou non, allé au casse-pipe. L’art se confond avec le journalisme. Le militantisme est avant tout une promotion personnelle. La culture est essentiellement mondaine. Et l’Amour ? L’Amour est captif, tiré par le col, traîné vigoureusement dans la boue jusqu’à l’écorchure, et c’est de ces déchirures sanguinolentes dont se délecte le vampire de la séduction. Lorsque les mystères amoureux ne sont pas tout à fait sucés, c’est la petite goule sans histoire qui se faufile à travers les buissons touffus pour se charger de votre métamorphose.

J’écrirai ici du point de vue de mon sexe, car bien que l’homme soit souvent dans cette expérience de l’Amour le plus démuni, il est important d’en déceler les mécanismes qui le poussent au dénuement absolu.

Il n’est pas nouveau chez nous autres mâles, Alpha ou Bêta ou bêtement alpha, d’admettre que la Femme est un Mystère. Qu’on le reconnaisse en étant ébahi comme l’éternel petit garçon que nous sommes et serons, ou qu’on le balaye froidement comme un homme à prétention sur-humaine, la Femme est, en plus de donner le souffle, le pivot de nos actes et de nos réflexions. En notre ère mécanique, réglée par une horloge sans rythme, les effluves de nos organes sont des souvenirs évanouis. Ainsi, la métaphore du jeune prétendant à l’Amour sans coeur devra aujourd’hui prendre ce raccourci : la Femme est tout au-tant ce qui chauffe son moteur que le gel qui le paralyse. L’homme de nos contrées millénaires ne se démène pas parmi les diables et les dieux pour son seul et exclusif compte (bancaire). Cela ne serait que trop peu de choses au bout du chemin. C’est en ce sens que les MGTOW (Men Going Their Own Way), triste pile acronymique de la face féministe sextrémiste, sont les loosers de ce monde au matérialisme achevé.

Les plus darwinistes d’entre nous parlent d’une insatiable guerre calorique, calorie convoitée par la femme pour nourrir son petit et ainsi perpétuer l’espèce. Nous serions, dans ce système terrestre, des serviteurs amputés de ce privilège de ne pas mettre au monde, défaut ontologique compensé par nos conquêtes territoriales/artistiques/intellectuelles selon l’autrichien Otto Weininger. En effet, cette propension à la création chez l’homme ne serait pas la conséquence d’un asservissement du sexe féminin mais de son rattrapage frénétique et angoissé. La Chapelle Sixtine, le Voyage sur la Lune, la découverte des territoires inconnus, les coups de crayons minutieux hallucinant les premiers hélicoptères, l’immuabilité triomphante des pyramides : tant d’efforts pour oublier que nous ne pouvons chier un nouveau-né !

Or, aujourd’hui, l’homme comme la femme ne veulent plus faire caca. La constipation s’est érigée en religion d’Etat. Pourtant, comme dirait le sorcier de Rodez, « là où ça sent la merde, ça sent l’être ». La baise est devenue ce luxe que s’octroient les suicidés de la Société. Mais de quel luxe parlons-nous ? Quels sont les ingrédients de ce mets ultime dont l’Homme s’abreuve au point de fonder la quasi intégralité de sa dynamique de conquêtes, de transgressions, d’outrances du « Moi », en somme, la quasi-totalité de la signification de son existence ?

Au risque de donner une réponse sentencieuse, nous dirons que c’est de la pathologie capitaliste dont se gorge la nourriture sexuelle de façon à s’assurer de sa semence stérile. En fonction de sa zone d’acclimatation, ce mets raffiné (comme le sucre) singularise sa saveur, manifestant jusqu’au bout des impuissances virtuelles tout un panel de déviances pour surtout ne jamais faire éclore la fusion charnelle véritable. Morceaux par morceaux, nous jouissons sur un pied, une chaussure, une humiliation, sur un désir de viol ou de meurtre. L’Amour est devenu plus froid que la Mort. Les créatures de la nuit, les sociopathes, les serial-killers, les pédocriminels gagnent non seulement le terrain de la pratique de leur toute-puissance mais également le terrain du symbole. Mais les vrais amoureux, eux, se font attendre… …En attendant, les apprentis rentiers de la fausse émancipation (celle qui consiste à croire qu’on peut avoir de l’ascendant sur l’Argent) développent au sein du monstre fécond du « réseau social » de nouvelles marchandises basées sur ce à quoi tout le monde aspire dans son être profond : aimer et être aimé. Les petits opportunistes étouffés par une télévision pas encore tout à fait vaincue (le début des années 2000, M6 en chef) se sont alors incrustés dans l’internet naissant pour y déployer toute une stratégie marketing. Une stratégie rentable pour eux seuls, bien sûr, obéissants ainsi au besoin irrépressible de la validation narcissique (pour les hystériques comme pour les pervers), l’Argent se passant de toute affaire d’éthique et de grandeur d’âme.

L’heure est au New Age 2.0. Au sein d’une société française complètement écartelée par ses multiples carrefours d’idéologies aliénantes et de cultures contradictoires, de nouveaux prophètes font leurs apparitions. Ils surgissent toujours au bon moment. Celui où, terrassé par l’incapacité de savoir quoi dire à une beauté qui vous enlève les mots, ou qui par son pavlovisme idéologique, ravive vos maux, vous ressentez le besoin d’être consolé. Et Dieu est devenu chez nous qu’un détail, lointain et peu palpable, suffisamment inaccessible pour qu’on ne puisse jamais le considérer comme une soupape. Mais Celui qui Est n’est pas le seul à avoir déserté les coeurs. Les parents ont également démissionné, le ventre encore plein du festin soixante- huitard dont ils n’ont jamais voulu partager la moindre part, vieillissant comme des généalocidaires, rassurés d’avoir tué leurs enfants. Le prof, le psy, veillant à enfouir tout ce qui peut y avoir d’encore en vie en nous, n’ont de cesse de faire semblant de nous instruire et de nous soigner. Les artistes sont frappés de cécité et de mutisme. Face à cette succession d’échecs, le « new new age » s’incruste au sein de nos cerveaux enfumés, fabriquant en série de nouveaux prophètes, de gourous tout neufs, clés en mains (propres ?). Le sophisme triomphant, nous le méritons ! C’est de notre Temps. Ne sois plus : apparais ! Aie l’air révolutionnaire ! Aie l’air dissident ! Aie l’air coach en séduction par ta manière de t’habiller, de parler, d’argumenter, de te filmer ! Joue bien ton rôle de manière à pouvoir, dans un premier temps, te persuader de ta propre fiction avant de persuader tes adeptes !

Les lunes sont pleines et la nuit se prolonge éternelle-ment. L’obscurité nous enveloppe de son opacité régnante. Les minces lueurs qui se détachent du gouffre fuient les oeufs qui les voient naître. Coquilles brisées exposées aux puissances du Faux. Les rumeurs des suppliques, « De l’Amour, par pitié ! Libérez-nous ! », se mêlent au loin aux ricanements du Prince des Ténèbres. Il sait, fendant le ciel noir en deux de son rire satisfait, que les biens de consommation s’écouleront encore un moment, et qu’elles auront toujours raison de ce supplicié souterrain qui quémande, à travers les fissures de la sur-face, la Vie. Il envoie alors une plâtrée d’émissaires, afin de s’assurer que les solutions à cette souffrance existentielle causée par la séparation, le divorce, le peine-à-jouir, le manque de partenaire, ne soient que partielles. Pour ces djinns, si tu ne trouves pas ton âme soeur, si tu ne rencontres pas ta moitié, si tu ne parviens pas à te perdre dans l’Autre pour faire émerger, de ta fusion, le Tout, c’est que tu te détestes profondément. Narcisse, ton estime de soi n’est pas suffisamment englobant et force de pulvérisation ! L’Homme et la Femme deviennent, dans cette masse indifférenciée du Capital, les tyrans de leur self :

Un self-made man like le selfie d’une self-made woman posté sur un réseau a-social instantanné. Ils échangeront à partir de phrases mangées, entrecoupées d’émoticônes, s’assurant de dévoiler dans le moindre détail l’extension de leur maladie infantile. Ils finiront, un jour, par sortir du virtuel et passer le stade de la chair. Ils échangeront, soit au sein d’un restaurant self-service soit Blue Velvet, le moment où tout bascule dans un resto huppé (selon le degré de monstration de l’Avoir), en tâchant de manifester leurs stratégies d’autodéfense pour ne pas être démasqués.

Mais qu’ont-ils à cacher, nos tourtereaux en devenir, derrière ces exhibitions d’acquisitions matérielles et ces validations de statuts d’excellence ?

Un être morcelé, dont les membres disloqués s’éloignent depuis des siècles au sein des eaux contraires, rongés par la décomposition malodorante, morceaux pourris dansant au gré du vent et de la pluie avec les hautes herbes des marécages, résidus moribonds crûment éclairés par la Lune laiteuse, veillant fièrement à ce que la Nuit ne se dissipe jamais…

…Et c’est parmi ces plats élaborés, effluves du Beau éclairant les fantômes de l’Amour, que notre couple pas-sera par toute une série bavarde de déviations, de carrefours, d’impasses et d’artères bouchées, pour ne pas avoir à dire ce qu’ils souhaitent faire : Baiser ! Baiser selon le rituel imposé, le porno de masse veillant à la reproduction mécanique de nos fières galipettes : Je suis un amant exceptionnel ! Je suis une amante insatiable ! Orgasmes ! Petites morts ! Nous mourrons un court instant, parce qu’au fond, nous aimons la Vie mais nous ne savons pas, dans cette Mort régnante, comment y accéder et surtout, ce qu’il faudrait définitivement tuer pour pouvoir un jour l’embrasser.

Alors la lassitude. Alors les divergences. Alors les séparations. Alors tout ce qui semblait Vrai était Faux dès le départ. Alors l’errance. Et les vampires…

…Ecoute-les, amour déçu ! Ils déposeront du baume sur tes râles agonisants, ils auront l’air aguerris aux voluptés et feindront la générosité à ton égard. Ils te paraitront désintéressés, humbles dans leur pédagogie ha-bile. Ils te proposeront chaleureusement de s’abonner à leurs chaînes, et tu verras que leur attitude, au fil des jours, deviendra de plus en plus suffisante, leur ton davantage sentencieux et leur discours toujours plus auto-centrés. Ca, c’est l’égrégore que toi, comme vous, comme nous autres, proies livides en attente de mutation, avons fait croître en Lui, Lui n’étant plus cette marionnette gesticulant au sein d’une série de podcasts mais une idée, un mythe, une énergie extraite de sa substance charnelle : déshumanisée au profit de son devenir sur-humain.

Ainsi, parmi ces divinités du net perçues comme supra-humaines mais en réalité infra-humaines, vous autres consommateurs passifs d’une substance qui vous a enseigné comment agir sur vous-mêmes dans l’entreprise de séduction ou dans l’entreprenariat en général (c’est-à-dire l’asservissement d’un objet pour réparer l’égo meurtri), vous continuez à devenir l’ombre de vous-mêmes. Une ombre tapissant vigoureusement les mu-railles décrépies qui jonchent l’impasse mondialiste…

L’Amour ne se libérera que lorsque le Capital s’effondrera. Nous en devinons actuellement des balbutiements à travers les révoltes populaires des Gilets Jaunes. Nous l’apercevons, cet Amour dont le souffle ontologique émancipateur ne se sédimentera qu’à travers la nouvelle expérience sociale et la lutte de classe véritable. Nous les avons vus ces individus révoltés, postés aux péages et aux ronds-points, n’ayant que la dépossession matérielle et la colère révolutionnaire à exposer. Nous les avons vus entrer dans une nouvelle expérience de l’aimer : des couples se sont formés, des mariages se sont contractés dans l’entrevision de la réconciliation vraie et de la Vie qui renaît…⧫

Nikos Amilduki

Source: Lire l'article complet de Rébellion

À propos de l'auteur Rébellion

Rébellion est un bimestriel de diffusion d’idées politiques et métapolitiques d’orientation socialiste révolutionnaire.Fondée en 2002, la revue Rébellion est la voix d’une alternative au système. Essentiellement axée sur les sujets de fond, la revue est un espace de débats et d’échanges pour les véritables opposants et dissidents. Elle ouvre ses colonnes à des personnalités marquantes du monde des idées comme Alain de Benoist, David L’Epée, Charles Robin, Pierre de Brague, Thibault Isabel, Lucien Cerise … Rébellion se veut également un espace « contre-culturel » au sens large (arts, littérature, musique, graphisme).

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recommended For You