McGivney : soutenir la veuve et l’orphelin

McGivney : soutenir la veuve et l’orphelin

Les épreuves ont parfois l’effet de nous renfermer sur nous-mêmes… ou de devenir un tremplin pour aider ceux qui les traversent aussi. Toutes les difficultés vécues par Michael McGivney (1842-1890) lui ont appris à mieux aimer son prochain, au point de le conduire à la sainteté. Béatifié le 31 octobre dernier par le pape François, l’exemple de sa foi en action rayonne toujours à travers son œuvre des Chevaliers de Colomb et par les grâces qu’il donne à ceux qui le prient. Quel parcours et quelles convictions l’ont mené à donner sa vie pour les autres ?

Prêtre de paroisse, Michael McGivney est mort comme il a vécu.

Parce qu’il prêchait partout, sans crainte, dans des milieux pauvres où les conditions de vie étaient difficiles, il a contracté une pneumonie pendant la pandémie de grippe russe, la première pandémie à un coronavirus dans l’histoire (clin d’œil du Ciel nous assurant l’intercession d’un nouveau bienheureux dans la situation que nous vivons ?). S’il en est décédé à 38 ans seulement, il avait déjà déployé le fruit de ses convictions intimes sur l’importance de vivre la charité, la fraternité et l’unité.

Sa famille connait les aléas de la misère. La famine de la pomme de terre contraint ses parents à quitter l’Irlande pour le Nouveau Monde. Le climat d’accueil aux États-Unis leur est hostile. Les Irlandais sont perçus comme des gens sans éducation et sans compétences. 

Comme tant d’autres immigrants catholiques qui doivent se résigner à travailler dans les usines et dans les mines, le père du petit Michael doit travailler d’arrachepied dans les vapeurs nocives et la chaleur intense d’une fonderie de cuivre. Mais plus encore, la famille de 13 enfants connaitra le deuil de 6 enfants en bas âge. 

Un détour par Saint-Hyacinthe

Édifié par la foi inébranlable de ses parents malgré l’adversité, McGivney ressent l’appel à la prêtrise dès l’âge de 13 ans. 

À 16 ans, l’évêque le juge prêt. Michael fait partie d’une jeune cohorte envoyée au séminaire de Saint-Hyacinthe, au Québec, carrefour foisonnant de vie intellectuelle et spirituelle à l’époque. Il apprendra la langue des Canadiens français, de plus en plus nombreux dans les usines du Connecticut, qui pratiquent aussi le culte catholique. 

Pour Michael McGivney, il importait que la foi dépasse le porche de l’église. Il lui fallait servir le plus pauvre, à commencer par les veuves et les orphelins.

Cependant, une autre épreuve rappelle McGivney au bercail : le décès de son père. Il devra subvenir aux besoins de sa famille jusqu’à ce que son évêque l’aide à poursuivre ses études. Cette expérience du départ de son père comme principal revenu familial le préparera à compatir avec ceux qui partageront un sort semblable.

Un prêtre pour tous

Ordonné prêtre en 1877, McGivney est envoyé au Connecticut à l’église St. Mary. 

Là-bas, il accomplit les œuvres qui lui tiennent à cœur. Il se fait le prêtre de tous : parties de baseball avec des hommes de la paroisse, groupe d’abstinence pour des alcooliques, sorties et formation catéchétique pour les jeunes. Il visite même tous les jours un détenu, James (Chip) Smith, un jeune notable condamné à la pendaison pour le meurtre d’un policier sur qui il avait tiré dans un moment d’ivrognerie. Le jeune prisonnier est transformé par ces rencontres et accepte sereinement la mort.

Écoutez la chronique de Sarah-Christine Bourihane à On n’est pas du monde.

Avec un groupe d’une douzaine d’hommes, il discerne la possibilité de fonder une société de bienfaisance catholique. Dans un modeste sous-sol d’église nait l’œuvre majeure que sont devenus les Chevaliers de Colomb, dont le nom renvoie à la foi catholique et à l’audace du découvreur d’un nouveau continent. Un heureux patronage pour affermir l’identité des catholiques au milieu d’une nation à majorité protestante.

Une foi en service

La mission chère aux Chevaliers de Colomb, qui est de « soutenir la veuve et l’orphelin », s’inscrit dans l’expérience même de McGivney, touché par le décès de son propre père et des pères de famille qui l’entourent. Les accidents de travail, le surmenage et la maladie menacent de précarité les familles de la classe ouvrière. Et quand les veuves n’ont pas les moyens de prouver qu’elles sont en mesure de subvenir aux besoins du ménage, l’État place les enfants dans une institution ou une famille adoptive. 

Saisi par ce sort indigne réservé aux veuves et à leurs enfants, McGivney va jusqu’à en défendre certaines devant les tribunaux. Il prend même un enfant sous sa tutelle. Pour le prêtre de paroisse, il importait que la foi dépasse le porche de l’église. Il lui fallait servir le plus pauvre, à commencer par les veuves et les orphelins. Il s’évertuera à les protéger matériellement grâce à sa société de secours mutuel.

Toujours à l’œuvre 

« C’était une figure d’une formidable sérénité. Rien de sévère n’entachait sa contenance, même si son expression respirait la force et l’acharnement », racontent ceux qui ont connu McGivney. Même deux siècles plus tard, sa figure marque toujours les millions de familles membres des Chevaliers de Colomb et les nécessiteux qu’ils aident. C’est le cas de la famille Schachle, une famille américaine du Tennessee.

Depuis que le père de famille était devenu agent d’assurance pour les Chevaliers de Colomb, la famille Schachle avait développé une dévotion spéciale pour le père Michael. Quand la mère a appris être enceinte d’un enfant atteint du syndrome de Down, leur piété avait augmenté. Mais encore bien plus quand ils ont découvert la non-viabilité du fœtus lors d’une échographie.

« Père McGivney, si tu sauves notre fils, je vais l’appeler Michael », prie le père avec insistance. 

Peu de temps après la nouvelle, les parents devaient se rendre à Fatima, dans le cadre d’un pèlerinage organisé par les Chevaliers de Colomb. Avant de partir, on confie l’intention de prière à la communauté, en attente d’un miracle pour la béatification de leur fondateur. Michelle Schachle n’a qu’une prière : « S’il vous plait, père McGivney, laissez notre fils devenir le miracle. » Durant le voyage, une parole percutante de la Bible, entendue lors d’une messe, les touche au cœur et leur redonne de l’espérance : « Va, ton fils vivra. »

Au retour du pèlerinage, Michelle se présente à l’hôpital pour un autre test. Du jamais vu pour la médecine en charge du dossier : l’excès de liquide qui menaçait la vie du bébé s’est résorbé.

Michael Schachle nait le 15 mai 2015 à l’étonnement de tous. Il deviendra le rayon de soleil d’une famille et l’espérance que la charité opère des miracles, des vrais. L’intercession de l’ainé d’une famille de 13 enfants aura guéri le plus jeune et le plus vulnérable des treize d’une autre famille. Encore un signe montrant que Dieu transfigure nos histoires humaines pour en faire porter du fruit pour les autres.

Et qui sait, ce bienheureux en donnera-t-il un autre à ceux qui s’en remettent à lui ?


Pour aller plus loin :

Deux documentaires récents sur McGivney ont été produits par les Chevaliers de Colomb (sous-titrés en français). Cliquez ici pour les visionner.


Heureux que Le Verbe existe ? Nous (sur)vivons grâce aux dons généreux de personnes comme vous. Merci de nous aider à produire des contenus de qualité toujours gratuits.

Source: Lire l'article complet de Le Verbe

À propos de l'auteur Le Verbe

Le Verbe témoigne de l’espérance chrétienne dans l’espace médiatique en conjuguant foi catholique et culture contemporaine.Nos contenus abordent divers sujets qui émergent de l’actualité. Et, puisque nous souhaitons que nos plateformes médiatiques suscitent le dialogue, on espère bien y croiser autant des réactionnaires pleins d’espérance que des socialistes chrétiens, autant des intellectuelles mères au foyer que des critiques d’art en bottes à cap.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recommended For You