Le sort de Julian Assange démontre l’imposture des ‘valeurs’ de l’Occident

Le sort de Julian Assange démontre l’imposture des ‘valeurs’ de l’Occident

Le 11 avril 2021, Julian Assange aura passé deux ans dans la prison de haute sécurité de Belmarsh. C’est l’occasion de revenir sur certaines des leçons à tirer de cette triste affaire complètement occultée par nos médias aux ordres, qui préfèrent encenser le folliculaire Navalny.

Par Caitlin Johnstone

Source : RT, le 6 avril 2021

Traduction : lecridespeuples.fr

Le monde occidental a une très haute opinion de lui-même et de ses prétendues valeurs, mais la manière dont il traite le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, révèle qu’il ne s’agit que de mensonges.

Vérité. Justice. Liberté. Démocratie. On nous apprend dès le plus jeune âge que ce sont les valeurs sacrées que notre société défend avec la plus grande révérence, et que nous sommes très chanceux d’être nés dans une partie du monde qui détient une telle vertu.

Vous voyez cette morgue arrogante surgir quotidiennement dans les cercles les plus influents de la planète, de la façon dont les Présidents américains sont encore appelés à ce jour le « leader du monde libre », au secrétaire d’État américain Tony Blinken babillant récemment sur les « valeurs partagées » de « l’ordre libre et ouvert fondé sur des règles », en passant par le manipulateur ayant conçu la loi Magnitsky Bill Browder qui a récemment qualifié l’alliance de pouvoir centralisée autour des États-Unis de « monde civilisé » dans le but de mettre l’Australie sur la ligne anti-chinoise belliciste de l’empire au prétexte du traitement allégué infligé aux Ouïghours.

Tout cela est absurde. Tout cela est faux. Tout ce que le monde occidental croit de lui-même et de ses valeurs est invalidé par son traitement de Julian Assange.

Le monde occidental n’accorde aucune valeur à la vérité.

Si le monde occidental appréciait la vérité, il n’y aurait pas de journaliste qui languirait dans la prison de Belmarsh pour l’avoir publiée.

Julian Assange est en prison du seul fait de ses publications authentiques sur les documents transmis par Manning en 2010. Il reste enfermé pour aucune autre raison que les efforts de l’administration Biden pour faire appel du rejet par un tribunal britannique de sa demande d’extradition pour le juger aux États-Unis pour ces publications entièrement véridiques.

Si le monde occidental valorisait la vérité, Julian Assange serait libre. Il n’aurait jamais été emprisonné en premier lieu. Ce serait un héros célébré.

Le monde occidental n’accorde aucune valeur à la justice.

Si le monde occidental valorisait la justice, Julian Assange n’aurait pas été contraint à la détention arbitraire pendant des années en essayant d’éviter une campagne calomnieuse manifeste (et prouvée depuis) ​​pour l’extrader vers les États-Unis. Il n’aurait pas été traîné hors de l’ambassade équatorienne par la force, et il n’aurait pas été emprisonné pendant encore deux ans (et ça continue). Il n’aurait pas enduré un procès-spectacle kafkaïen aboutissant à ce que le juge le proclame handicapé mental mais le maintienne quand même enfermé à Belmarsh en attendant une extradition vers une nation dans laquelle il n’a aucune chance de bénéficier d’un procès équitable et serait complètement réduit au silence et enterré en vertu des mesures administratives spéciales américaines.

Voir Assange a gagné, mais à quel prix ? La liberté de la presse est broyée, et la dissidence qualifiée de maladie mentale

Le monde occidental n’accorde aucune valeur à la liberté.

Si le monde occidental valorisait la liberté, il ne mettrait pas gravement en péril les libertés de la presse dans le monde en faisant un exemple public de ce qui arrive à un journaliste de renom, ayant reçu de nombreux prix pour ses publications, qui révèle des vérités dérangeantes sur l’empire, et en travaillant à renforcer un précédent juridique qui, comme l’affirment certains impérialistes, a déjà été fixé comme la norme pour la future persécution de la presse désobéissante.

Le monde occidental n’accorde aucune valeur à la démocratie.

Si le monde occidental valorisait la démocratie, il ne persécuterait pas un journaliste pour avoir tenté de créer une population électorale plus informée. Sans une population informée, la démocratie n’a pas d’existence réelle. Tant que la perception du public est manipulée et obscurcie par le secret gouvernemental et la propagande, les gens ne votent pas sur la base d’une perception claire et éclairée de la réalité, mais sur la base de la convenance des puissants.

La dépendance de la démocratie sur une population électorale informée est la seule raison pour laquelle la presse est la seule profession explicitement nommée comme protégée dans la Constitution américaine, mais un membre de la presse est persécuté pour avoir tenté de faire exactement cela.

Le monde occidental ne s’oppose pas à l’oppression tyrannique des dissidents politiques

Si le monde occidental s’opposait à la répression tyrannique des dissidents politiques, il ne punirait pas un journaliste pour avoir embarrassé le gouvernement le plus puissant de la planète.

Voir L’Occident encense Navalny tout en torturant Assange

Le monde occidental ne s’oppose pas à la torture des dissidents politiques

Si le monde occidental s’opposait à la torture des dissidents politiques, le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture Nils Melzer n’aurait pas établi qu’Assange présentait des symptômes de torture psychologique, et ce monde occidental n’œuvrerait pas à l’envoyer dans un système carcéral où la torture est la norme.

Melzer rapporte :

« L’affaire relève de mon mandat de trois manières différentes.

Premièrement, Assange a publié des preuves de torture systématique. Mais au lieu des responsables de ces actes de torture, c’est Assange qui est persécuté.

Deuxièmement, il a lui-même été maltraité au point qu’il présente maintenant des symptômes de torture psychologique.

Et troisièmement, il doit être extradé vers un pays qui détient des personnes comme lui dans des conditions de détention qu’Amnesty International a qualifiées de torture.

En résumé : Julian Assange a révélé des actes de torture, a été torturé lui-même et pourrait être torturé à mort aux États-Unis. »

Voir Toute la vérité sur Julian Assange : ‘Un système assassin est en train d’être créé sous nos yeux’, par Nils MELZER

Le monde occidental prétend valoriser la vérité, la justice et la liberté et s’opposer à la tyrannie et à l’oppression, mais si vous regardez comment ce même monde occidental a traité un journaliste dont le seul « crime » avéré est d’avoir publié des vérités dérangeantes sur les puissants, vous voyez que tout ceci n’est qu’un mensonge.

Nous croyons que notre société défend des valeurs nobles parce que c’est ce à quoi nous avons été formés par nos systèmes scolaires et par nos médias, mais ces mêmes systèmes d’information nous ont également formés à accepter un modèle de pouvoir dans lequel un journaliste est puni pour avoir dit la vérité.

On nous a menti.

Nous avons été dupés.

Assange l’a prouvé sans l’ombre d’un doute. Avec ses publications, oui, mais avant tout avec la réponse brutale et tyrannique à ces publications.

Nous lui devons tous une grande dette pour avoir dévoilé le mensonge du monde occidental.

Voir notre dossier sur l’Affaire Assange.

***

En France, Le Monde et Mediapart sont de beaux exemples de cette fausse gauche atlantiste, qui a soutenu les groupes terroristes en Syrie, diffamé Assange et porte le folliculaire Navalny aux nues. Cf. par exemple cet éditorial du Monde suite à l’arrestation d’Assange et à son inculpation par les Etats-Unis, développements qui lui donnaient entièrement raison : au lieu de faire son mea culpa, Le Monde s’enfonce ignominieusement :

« Julian Assange est un justiciable comme les autres. Ses démêlés avec la police ont commencé parce qu’il a refusé de se rendre à une convocation de la police suédoise qui souhaitait l’entendre après les plaintes de deux femmes pour agression sexuelle, au motif fantaisiste, à l’époque, qu’il craignait que la Suède ne le livre à la CIA. Il a eu tort de refuser de s’expliquer sur ces graves accusations. »

Comme l’établit le rapporteur de l’ONU sur la torture, Nils MELZER, lorsqu’il était réfugié à Londres, la Suède a refusé d’interroger Assange à l’ambassade d’Equateur ou via vidéo (alors que durant la même période, de tels interrogatoires de suspects entre la Suède et l’Angleterre ont eu lieu dans 44 autres cas) et de lui garantir qu’il ne serait pas extradé :

« Assange n’a pas cherché à se cacher de la justice. Par l’intermédiaire de son avocat suédois, il a proposé aux procureurs plusieurs dates possibles d’interrogatoire en Suède. Cette correspondance existe. Ensuite, les événements suivants se sont produits : Assange a eu vent du fait qu’une affaire criminelle secrète avait été ouverte contre lui aux États-Unis. À l’époque, cela n’a pas été confirmé par les États-Unis, mais aujourd’hui nous savons que c’était vrai. À partir de ce moment, l’avocat d’Assange a commencé à dire que son client était prêt à témoigner en Suède, mais il a exigé l’assurance diplomatique que la Suède ne l’extraderait pas aux États-Unis. [Ce risque était tout à fait réel, car] quelques années auparavant, le personnel de sécurité suédois avait livré à la CIA deux demandeurs d’asile, tous deux enregistrés en Suède, sans passer par la moindre procédure judiciaire. Les abus ont commencé à l’aéroport de Stockholm, où ils ont été maltraités, drogués et transportés par avion en Égypte, où ils ont été torturés. Nous ne savons pas s’il s’agit des seuls cas de ce type. Mais nous sommes au courant de ces deux cas car les hommes ont survécu. Tous deux ont par la suite déposé plainte auprès des agences des droits de l’homme de l’ONU et ont obtenu gain de cause. La Suède a été obligée de payer à chacun d’eux un demi-million de dollars en dommages et intérêts. Les avocats d’Assange affirment que pendant les près des sept ans au cours desquels leur client a vécu à l’ambassade d’Équateur, ils ont fait plus de 30 offres pour organiser la visite d’Assange en Suède, en échange d’une garantie qu’il ne serait pas extradé vers les États-Unis. La Suède a refusé de fournir une telle garantie en faisant valoir que les États-Unis n’avaient pas fait de demande formelle d’extradition. »

Voir également l’infâme article de Mediapart Julian Assange, l’histoire d’une déchéance, qui prend au sérieux les accusations de viol et valide sans l’ombre d’une preuve la thèse de la collusion avec la Russie :

[…] Depuis Londres, le fondateur de WikiLeaks annonce qu’il refuse de se rendre en Suède au motif que cette procédure n’est qu’un prétexte. Selon lui, dès qu’il foulera le sol suédois, les États-Unis demanderont son extradition pour être jugé pour espionnage, crime passible de la peine capitale. Sous le coup d’une procédure d’extradition accordée par la justice anglaise, Julian Assange va tout d’abord mener une bataille juridique pour en obtenir l’annulation. Une fois tous les recours épuisés, il se réfugie, le 19 juin 2012, dans les locaux de l’ambassade de l’Équateur qui lui accorde l’asile politique. Il y restera cantonné dans une pièce de l’immeuble sans pouvoir sortir au risque d’être immédiatement interpellé par les policiers britanniques qui le surveillent en permanence.

Avec ces accusations sexuelles, Julian Assange tombe de son piédestal. Son image de chevalier blanc se fissure et, même au sein de WikiLeaks, des langues se dénouent, dévoilant un tout autre visage. De nombreux témoignages décrivent un homme égocentrique, intransigeant et exigeant de ses collaborateurs une obéissance absolue.

Dès septembre 2010, plusieurs membres de WikiLeaks quittent l’organisation en raison d’un désaccord sur la manière dont Julian Assange gère la publication des « leaks » et son refus de toute critique. Selon le site Wired, six volontaires ont quitté l’organisation à ce moment-là. Sur le tchat interne de l’organisation, Julian Assange leur aurait lancé : « Je suis le cœur de cette organisation, son fondateur, philosophe, porte-parole, codeur original, organisateur, financeur et tout le reste. Si vous avez un problème avec moi, faites chier. »

Parmi les défections, figure celle de Daniel Schmitt, porte-parole de WikiLeaks, qui annonce sa démission dans les colonnes du Spiegel. « Julian Assange réagit à toute critique avec l’allégation que je lui ai désobéi et que j’ai été déloyal vis-à-vis du projet. Il y a quatre jours, il m’a suspendu – agissant comme le procureur, le juge et le bourreau en une personne », accuse-t-il. Daniel Schmitt racontera en détail son conflit avec Assange dans un livre paru en 2011, Inside WikiLeaks. Dans les coulisses du site internet le plus dangereux du monde (Grasset, 2011).

En début d’année 2011, un autre collaborateur de WikiLeaks, Julian Ball, claque la porte de l’organisation trois mois après y être entré. Il rejoint le Guardian et décrit, dans un article publié en septembre 2011, un Julian Assange tyrannique, plus préoccupé par sa propre défense que par les idéaux de WikiLeaks. En 2014, c’est Andrew O’Hagan, l’auteur d’une Autobiographie non autorisée publiée en 2011, qui se répand dans la presse. « Il voit chaque idée comme une simple étincelle venant d’un feu dans son propre esprit. Cette sorte de folie, bien sûr, et l’étendue des mensonges de Julian m’ont convaincu qu’il était probablement un petit peu fou, triste et mauvais, malgré toute la gloire de WikiLeaks en tant que projet », affirme-t-il.

Beaucoup s’interrogent également sur la ligne éditoriale de Julian Assange. Le rédacteur en chef de WikiLeaks est notamment accusé d’être trop indulgent, voire trop proche, de la Russie, pays sur lequel l’organisation n’a publié que peu de documents. Plusieurs interventions de Julian Assange surprennent, comme lorsqu’il assure, durant quelques mois en 2012, une émission de géopolitique sur la chaîne Russia Today (RT), The Julian Assange Show. Ou lorsque, à l’occasion d’une table ronde organisée pour les dix ans de RT, il livre un discours dans lequel il appelle « à oublier le concept de liberté individuelle, qui n’existe plus ».

La question de la proximité de WikiLeaks avec la Russie va devenir centrale avec la publication, en 2016, des DNC Leaks. Le 22 juillet, trois jours avant l’ouverture de la convention annuelle du Parti démocrate, WikiLeaks publie 19 252 mails piratés dans les ordinateurs de sa direction, le Democratic National Committee (DNC). La convention doit justement entériner l’investiture d’Hillary Clinton comme candidate démocrate à l’élection présidentielle américaine. Or, les mails révèlent une collusion dans la direction du parti visant à défavoriser son principal concurrent, Bernie Sanders.

Les DNC Leaks vont empoisonner la campagne d’Hillary Clinton et faire le délice de son adversaire républicain Donald Trump qui ira jusqu’à déclarer : « I Love WikiLeaks. » Le malaise est encore accentué par les déclarations de Julian Assange qui assume avoir publié ces « leaks » afin de nuire à Hillary Clinton, qu’il voit comme « un problème pour la liberté de la presse », et reconnaît avoir volontairement fait coïncider leur publication avec la convention démocrate. […]

WikiLeaks s’isole encore plus lorsque l’enquête sur le piratage des mails de la direction du Parti démocrate révèle que celui-ci a été réalisé par un groupe de hackers, Guccifer 2.0, lié aux services secrets russes, le GRU. Julian Assange démentira formellement que sa source soit des hackers et les différentes enquêtes ne permettront pas d’établir un lien direct entre WikiLeaks et Moscou. Mais pour beaucoup, la ficelle est trop grosse. Que Julian Assange se soit rendu complice, même à son insu, d’une opération de déstabilisation russe est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. […]

Pour ne rien arranger, Julian Assange multiplie les prises de position polémiques, voire parfois difficilement compréhensibles. En septembre 2017, il affirme par exemple, chiffres à l’appui, que le capitalisme, l’athéisme et le féminisme sont responsables de la stérilité de nos sociétés qui, elle-même, est la cause de l’immigration. […]

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À propos de l'auteur Le Cri des Peuples

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