Etudiants dans le besoin : ouvrez une boutique de chasseur de « fake news ». — Jacques-Marie BOURGET

Etudiants dans le besoin : ouvrez une boutique de chasseur de « fake news ». — Jacques-Marie BOURGET

Simone Weil nous a tout appris en nous donnant un conseil  » Croire à l’histoire officielle c’est croire des criminels sur parole ». Mais les indignés sur commande qui font commerce de la vérité n’ont jamais lu Simone Weil. Alors, nouveaux chiens de garde, ils aboient pour le compte de leurs maîtres quand un aventurier ou un naïf, peut être un courageux, s’en vient à ne plus croire les criminels sur paroles. Et les dénonce. Ici les fusils des chasseurs de « fake news » les attendent. Le goudron et la plume, la boue aussi.

France Inter est une radio d’Etat que je n’écoute jamais. Seulement quand un quidam me transmet « un lien » me dirigeant « en streaming » vers un moment de grossièreté ou de mensonge. Les gestes barrière s’imposant, j’enfile alors des protections d’oreilles. J’ai donc été contraint de me coiffer d’une charlotte double couche pour découvrir des propos tenus le 26 mars dernier lors d’une séquence matinale de la radio officielle, bavardage intitulé « Antidote » (nous verrons plus loin que ce remède est pire que le mal). Un dénommé Tristan Mendès France, un citoyen qui, visiblement à son rond de serviette dans la maison ronde, pérorait à propos d’un livre « Ouïghours, pour en finir avec les fakes news », une enquête rédigée par Maxime Vivas.

Visiblement, pour le sagace agacé Tristan Mendès France, Vivas, en écrivant ses pages, a commis un crime contre l’humanité. Voire un génocide. Puisqu’il est apparent que Mendès n’a pas lu le bouquin dont il dit le plus grand mal, il utilise la vieille technique du dénigrement d’auteur. On dégomme l’homme pour anéantir son travail. Exactement ce qu’un chasseur de fake news, théoriquement le boulot de Mendès, ne doit jamais faire. Alors que pour être crédible il doit contre-enquêter, chercher, se documenter avant d’écrire un seul mot, en dire un seul aussi. Pour convaincre ses auditeurs le Nimrod auto-proclamé du « fake » choisi comme arme ce qu’il combat par ailleurs : la fausse nouvelle. Il nous déclare que Vivas est un « individu responsable d’un site bien connu, «  Le Grand Soir », qui relaie de nombreuses théories complotistes, notamment autour des attentats du 11septembre 2001 ».

N’ayant jamais rencontré Vivas j’ai donc fait ce que l’oracle en platine iridié -qui dort au pavillon de Breteuil de la Vérité- aurait dû faire : enquêter. Vivas n’est pas le responsable du site le Grand Soir et quelques clics sur les archives de ce média alternatif m’ont suffi pour ne découvrir aucun article « complotistes sur le 11 septembre 2001 ». En revanche, et cela a échappé à notre grenadier voltigeur, le 11 septembre revient souvent dans les colonnes du « Grand Soir », mais les papiers traitent du Chili en 1973, le jour où la démocratique Amérique, protectrice des Ouïghours, a commandé l’assassinat d’Allende.

Plutôt que d’utiliser, pour qualifier Vivas, de mots comme « auteur », « écrivain », « essayiste », Mendès préfère « individu ». Tout humain qui n’a pas été tamponné par Trotski ou Mendès est donc un individu. Pourquoi pas ? « Individu », je lis dans le dictionnaire, : « Corps organisé vivant d’une existence propre et qui ne saurait être divisé sans être détruit ». La définition de « l’individu », dans le dico, parle d’une « existence propre » … A ce point, tous ceux que j’ai questionnés m’affirment que ce Maxime, sans pour autant être islamiste, se lave plusieurs fois par jour. Aucun témoin n’a évoqué l’exhalation de mauvaises odeurs, sauf celle du soufre de la révolution…. Mendès a raison, Vivas a une existence propre.

De plus, au contraire du batteur d’estrade de France Inter, Vivas a voyagé en Chine et connait le Xinjiang, le territoire qui a fait l’objet de son livre. Cette compétence est à charge puisque, pour Mendès et sa meute, connaitre un sujet, ou un terrain, est une circonstance aggravante qui conduit au syndrome de Stockholm. Nouvelle guerre, presque froide oblige, Washington et ses artilleurs néoconservateurs, la « Communauté Internationale », l’OTAN ont lancé la charge contre la Chine, via la cause Ouïghours, le fantassin Mendès est donc mobilisé. Et il fait le sémaphore indigné alors qu’à Washington, la presse américaine joue déjà, sur le sujet, quelques bémols. Naguère ce n’était pas les Ouïghours mais le Tibet… Hélas le canon s’est enrayé et la Cour Pénale Internationale elle-même a refermé le dossier Tibet sans condamner. Elle a probablement lu le livre de Vivas, « Le dalaï lama pas si zen »(2011) qui disait la vérité sur cette région autonome chinoise, comme il dit aujourd’hui la vérité sur le Xinjiang, comme il démasqua l’intouchable Robert Ménard dans son livre « La face cachée de Reporters sans frontières » (2007) .

Heureusement que Tristan Mendès France et sa suite n’existaient pas quand Edwy Plenel, dans Le Monde, accusait le RPR d’avoir fait couler le navire de Greenpeace. Ou encore quand le même, journaliste immense, toujours dans Le Monde, évoquait la possibilité de « 700 000 morts au Kosovo », victimes d’un génocide selon un plan « Fer à cheval » élaboré par les Serbes (en fait un fake monté par le service secret allemand). Tristan nous a alors beaucoup manqué. Comme il nous a manqué pour dénoncer la « mainmise de Poutine dans les élections américaines », alors que les enquêteurs US les plus hostiles à la Russie, ont démontré qu’il n’en était rien. Un fake que Tristan était, cette fois, en situation de dénoncer. Ce jour-là avait-il piscine ?

La morale de cette pitoyable charge contre Vivas, fils de Républicain espagnol, refugié en France et combattant de toutes les authentiques causes révolutionnaires, est qu’il faut que France Inter mandate un technicien de surface afin de faire le ménage. J’ai acheté et lu le livre publié par les éditions « La Route de la Soie », c’est exactement le boulot que devrait faire Mendès et son bataillon.

L’auteur prend les affirmations de la presse, ou des porte-paroles de l’anti-Chine, et les démonte dès quelles sont incontestablement fausses. Simple, mais douloureux pour ceux qui sont prêts à croire, demain, à de nouveaux Powell agitant un flacon d’anthrax.

Faute d’être un exemple pour le journalisme dont il ignore la pratique, Mendès France devrait être un modèle pour nos étudiants, les plus démunis, ceux qui font la queue aux Restos du cœur. Imaginez : notre Tristan, seulement titulaire d’une maîtrise de droit public et d’un DEA de sciences politiques est, selon Wikipedia, « depuis 2008, intervenant à l’École des hautes études en sciences de l’information et de la communication – CELSA, où il délivre des cours aux master 1 et 2 sur les nouvelles cultures numériques. Il est maître de conférences associé à Université de Paris en master 1 depuis septembre 2018 et enseigne à la Sorbonne-Nouvelle depuis 2015 sur la même thématique et délivre des formations « web2 » à l’École des Métiers de l’information à Paris depuis 2009. ».

Amis, cessez de faire la queue sous le portrait de Coluche, ouvrez une boutique de chasseur de « fake news » ; et votre avenir va durer longtemps.

Jacques-Marie BOURGET

En supplément par Le Grand Soir :

Pour bien énerver Tristan Mendès France : en plus, Maxime Vivas copine avec Nicolas Maduro ( visio-conférence, 27 mars 2021). Venezuelâââââ^ !


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Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

À propos de l'auteur Le Grand Soir

« Journal Militant d'Information Alternative » « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »C'est quoi, Le Grand Soir ? Bonne question. Un journal qui ne croit plus aux "médias de masse"... Un journal radicalement opposé au "Clash des civilisations", c'est certain. Anti-impérialiste, c'est sûr. Anticapitaliste, ça va de soi. Un journal qui ne court pas après l'actualité immédiate (ça fatigue de courir et pour quel résultat à la fin ?) Un journal qui croit au sens des mots "solidarité" et "internationalisme". Un journal qui accorde la priorité et le bénéfice du doute à ceux qui sont en "situation de résistance". Un journal qui se méfie du gauchisme (cet art de tirer contre son camp). Donc un journal qui se méfie des critiques faciles à distance. Un journal radical, mais pas extrémiste. Un journal qui essaie de donner à lire et à réfléchir (à vous de juger). Un journal animé par des militants qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui prennent leur combat très au sérieux.

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