Sublimité de « la guerre en cours »

Sublimité de « la guerre en cours »

Sublimité de « la guerre en cours »

26 mars 2021 – Ce thème a été largement abordé depuis longtemps, au travers de divers commentaires constatant une évolution dans le sens. Nous le faisons très précisément et très explicitement dans ces récents textes, Notes d’analyse du 21 mars 2021, Faits & Commentaires du 24 mars 2021, pour la cause péremptoire et de plus en plus pressante, sinon même bouleversante, qui soutient malgré tout nos pauvres âmes épuisées dans ces jours sans fin, que le phénomène parvient à maturation :

«ºCe qui fait absolument la singularité de la situation présente (par rapport, par exemple à 2012 ou à 2018, où les textes cités furent édités), c’est que nous sommes arrivés à un point de fusion de l’affrontement. La raison en est évidente : le bloc-BAO, qui s’appuie sur des “valeurs” qu’il manipule et dont il fait son miel, est parvenu pour lui-même à un piège terrible qui s’est refermé sur lui. Toutes les “valeurs” dont il usait ont pris des proportions énormes et sont devenues totalitaires, pour lui-même et à l’intérieur de lui-même. » 

L’un et l’autre, les deux textes cités des 21 mars 2021 et 24 mars 2021, présentent les événements antagonistes marquant une nouvelle phase, que nous envisageons comme l’ultime phase  de l’affrontement entre les antiSystème de l’Est et le bloc-BAO.

(On utilise ici cette expressions de “antiSystème de l’Est” pour renforcer l’idée d’un affrontement final autour du Système et contre lui, d’une intensité et d’une simplicité dans les positions d’affrontement des antagonistes, comme jamais vues auparavant ; et bien qu’il n’y pas eu d’“auparavant”, l’affrontement venu et ordonné par le Ciel sans préliminaires, comme joute finale, sans appel, décisive et définitive. Ceci le 24 mars : « Quoi qu’il en soit, et qu’elles le veuillent ou non, ces deux puissances, Russie et Chine, se trouvent complètement dans la posture antiSystème simplement du fait qu’elles combattent une entité qui constitue absolument l’opérationnalisation ultime du Système. »)

Nous trouvons une confirmation opérationnelle de l’esprit de nos propos dans un texte de RT.com, d’ailleurs tronqué, mal fait, avec des ajouts venus dans sa deuxième partie comme cheveux sur la soupe, pure langue de bois des occidentalistes russes, comme pour tenter de transformer en une vilaine soupe translucide et sans-goût la fermeté des premiers propos. Le porte-parole de Poutine, Pechkov, connu pour cet exercice qui lui donnerait une place de choix dans la bureaucratie UE ou au Parlement européen, se charge de cette besogne d’affadir la soupe, il y excelle. La soupe entre sa prudence pro-occidentaliste et la défense intransigeante de l’identité russe de Poutine donne souvent une salade russe de pathos indigeste, comme cet enfilage de perles de Pechkov, suivant l’exposé d’un nouvelle sorte de conflit opposant des identités inconciliables, – l’une antiSystème, l’autre Système, mais non Pechkov renchérit ! C’est alors l’extraordinaire certitude préconçue qu’il existe encore une “civilisation de l’Europe occidentale”, une “culture occidentaliste”, – mais où cet homme cultivé va-t-il chercher une telle ânerie au regard de ce qui reste de la “culture occidentaliste” dans l’état de catastrophe où nous nous trouvons, nous à l’Ouest, dans le bloc-BAO ?
« “La culture russe [est] fondamentalement compatible avec la civilisation de l’Europe occidentale”. “Il serait stupide de maltraiter l'Occident”, a déclaré le porte-parole. “L’Occident possède la technologie, et nous sommes à la traîne derrière eux à bien des égards. Ils ont une culture riche, et nous la partageons”. »

On dira, très classiquement : “Monsieur Pechkov, dire autant d’âneries en si peu de mots relève de la prouesse qu’on ne croirait possible qu’à l’Ouest”.

Tout cela vient après quelques paragraphes du début, mis en évidence, donnant des extraits de déclarations que manifestement RT.com veut mettre en évidence, qui disent tellement le contraire de ce que dit  Pechkov ensuite qu’on ne peut que songer à une maladroite tentative de rendre un peu moins vives les aspérités de l’essentiel du début du propos qui ne perd pas son temps à polir les angles, là où ils sont naturellement vifs et tranchants.

Voici cette déclarations, que l’on commente ensuite, qui expose non pas un risque de conflit, mais bien, en référence au titre de notre titre du texte du 24 mars, « Pour info : la guerre est en cours ».

« Craignant la puissance de feu nucléaire et l’une des meilleures armées du monde, les États étrangers [et hostiles] souhaitent éviter un conflit direct avec la Russie, a déclaré un haut responsable à Moscou. Il a observé que ces États mènent plutôt une guerre hybride contre la société russe.
» Dans une interview accordée au magazine Armory of the Fatherland, Andrei Ilnitsky, conseiller au ministère de la défense du pays, a déclaré que l’Occident était parfaitement conscient de la taille de l'arsenal d’armes très avancées et de la qualité des troupes modernes et bien équipées de l’armée russe. Par conséquent, il y a peu sinon pas de possibilité qu’un véritable conflit armé à haut niveau entre les deux sphères rivales se produise au cours de la prochaine décennie.
» Cependant, poursuit Ilnitsky, “cette situation a finalement conduit à l'émergence d'un nouveau type de guerre”. Dans le passé, “le but des guerres était de détruire la capacité de production de l’ennemi, puis, dans les cyberguerres modernes, il s’est agi de détruire l'infrastructure ennemie”.
» Aujourd'hui, un nouveau type de guerre a été développée, dont “l’objectif est de détruire la conscience de son identité de la société ennemie en modifiant sa base mentale, ou civilisationnelle. J’appellerais cela ‘guerre mentale’”.
» Alors que les vies perdues et les biens endommagés peuvent être reconstitués dans un laps de temps [contrôlable], la perte du sens de son identité d'un pays provoque des dommages très profonds [et incontrôlables] a déclaré Ilnitsky. Selon lui, les conséquences de ce type d’agression “n’apparaissent pas immédiatement, mais seulement, au moins après une génération, au moment où il est devenu impossible de faire quoi que ce soit.” »

Faut-il nommer cela “guerre mentale”, qui dénote une dimension psychiatrique, ou psychologique, qui n’a rien à faire ici ? Pourquoi pas, plutôt : “guerre des âmes” ou “guerre pour les âmes” ? Cela  qui donne une dimension intellectuelle et au-delà de l’intellect, ou disons dans la dimension spirituelle de l’intellect qui est bien le caractère fondamental qu’on peut identifier .

(Il importe bien entendu de tirer la chasse d’eau si l’on prétendait voir une référence approchante dans le but de guerre de l’US Army dans ses diverses œuvres de destruction, au cours de ses nombreuses guerres d’agression : « To win hearts and minds ». L’absurdité même de la référence, mélangeant barbarie et bêtise, ne mérite aucune discussion. Laissez donc l’US Army se wokeniser, c’est ce qu’elle a de mieux à faire.)

En employant d’autres termes, moins techniquement “militaires”, nous avons défini dans notre texte du 24 mars une conception de l’affrontement qui s’exprime assez bien par les expressions symboliques de “guerre des âmes” ou “guerre pour les âmes” (avec une préférence pour le second car le conflit a moins pour but de détruire que de sauver et de magnifier l’objet du conflit). On rappelle ici plusieurs passages qui peuvent servir d’éléments de définition au type de conflit qu’évoque Ilnitsky, en remarquant que ce conflit est pour nous latent, plus que jamais depuis 9/11, avec des phases d’activité directes depuis déjà plusieurs années (en témoignent dans notre F&C référencé la citation de plusieurs textes précédents dont un de 2012) :
 

« La Chine et la Russie s’instituent en défenderesses d’une conception différente de la civilisation derrière laquelle se regroupent d’autres pays que les deux intervenants ; et la “guerre” dont il est question dépasse le sujet de la géopolitique et son appendice militaire, pour embrasser une conception du monde et de la vie, c’est-à-dire effectivement une conception civilisationnelle. » […]
« Ce qui fait absolument la singularité de la situation présente (par rapport, par exemple à 2012 ou à 2018, où les textes cités furent édités), c’est que nous sommes arrivés à un point de fusion de l’affrontement… » […]
« A ce point où nous nous trouvons, on peut même envisager que l’hypothèse d’un conflit armé en bonne et due forme est de plus en plus contrebattue par la forme actuelle de l’affrontement, qui est culturelle et de communication, et par conséquent psychologique, et se réalisent parfaitement dans le conflit “valeurs” versus “principes”, réalisant ainsi une nouvelle sorte de conflit, totalement hybride et asymétrique. »
 

…Et lorsque nous disons que “la Chine et la Russie s’instituent…”, nous voulons dire qu’il s’agit d’une situation qui leur est imposée, – nous aurions pu écrire “la Chine et la Russie sont instituées…” ; parce que Chine et Russie sont dans ce cas les instruments d’une réaction vitale et nullement des puissances engagées dans des luttes géopolitiques terrestres ; ce qui conduit à cette conclusion, où l’on peut comprendre et doit entendre (intuition) que la survie de “l’âme” est liée au sort et à la destruction du Système :
« Quoi qu’il en soit, et qu’elles le veuillent ou non, ces deux puissances, Russie et Chine, se trouvent complètement dans la posture antiSystème simplement du fait qu’elles combattent une entité qui constitue absolument l’opérationnalisation ultime du Système. Elles […] s’y trouvent parce qu’il n’y a d’autre choix, parce que les événements ont “réduit” l’affrontement, c’est-à-dire l’ont grandi prodigieusement en le “réduisant” au choix le plus simple du monde et au choix ultime à propos d'être pour ou contre le Système, choix concernant l’effondrement du Système et de la modernité qu’il représente et qu’il prétend défendre. »

Finalement, l’intérêt principal des remarques d’Ilnitsky est de nous communiquer ce qui est sans doute l’avis des dirigeants russes, et notamment de l’armée dont il est le conseiller, que cette “guerre pour les âmes” qui n’est pas nouvelle, cette “guerre pour la civilisations”, a désormais la première place, qu’elle est le centre de la situation crisique conflictuelle générale où nous nous trouvons. Il s’agit là de l’événement essentiel du propos, et de la séquence que nous vivons actuellement.

(Nous disons bien “guerre pour la civilisations” et non pas “choc des civilisations” puisque de notre côté il n’y a plus de “civilisation”, mais une “contre-civilisation”, c’est-à-dire une entreprise de destruction de la civilisation. Il ne s’agit pas d’un “modèle” contre un autre, mais bien d’une défense et d’une réaction vitale du concept de civilisation contre une entreprise de destruction de la civilisation, – effectivement antiSystème contre Système.)

Il est tout à fait remarquable et significatif d’une situation complètement inédite que cette analyse vienne de milieux qui n’ont guère l’habitude de définir les situations en termes disons philosophiques ou spirituels, sans agiter comme nécessité une victoire en termes politico-militaires mais une évolution fondamentale (nécessairement commune au bout du compte) en termes civilisationnels. Cela signifie que ce nouveau type de guerre sort des standards des “modèles“ de guerre, qu’il est la sublimation du concept de guerre devenant ainsi vertueux et sans rapport avec la chose militaire (même s’il existe une “chose militaire” pour muscler l’argument si besoin est) ; le qualificatif “sublime” désigne ici “ce qu’il y a de plus haut dans la hiérarchie de toutes les valeurs”.  Cette sorte de dynamique implique une marche vers l’“eschatologisation” des esprits (des âmes).

Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org

À propos de l'auteur Dedefensa.org

« La crisologie de notre temps » • Nous estimons que la situation de la politique générale et des relations internationales, autant que celle des psychologies et des esprits, est devenue entièrement crisique. • La “crise” est aujourd’hui substance et essence même du monde, et c’est elle qui doit constituer l’objet de notre attention constante, de notre analyse et de notre intuition. • Dans l’esprit de la chose, elle doit figurer avec le nom du site, comme devise pour donner tout son sens à ce nom.

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