3 priorités pour les familles surnaturelles

3 priorités pour les familles surnaturelles

« Par la foi, Noé, divinement averti de ce que l’on ne voyait pas encore, prit l’oracle au sérieux, et construisit une arche pour sauver sa famille. » (Hb 11, 17) Noé a construit une arche pour sauver sa famille. Et nous, comment allons-nous sauver nos familles ?

Le monde actuel est, à plusieurs égards, hostile au mariage et à la famille. Les chrétiens le sentent mieux que quiconque. 

Face à ces attaques, la première réaction est de réaffirmer fortement les vérités naturelles sur la famille : mariage entre un homme et une femme, unicité et indissolubilité, ouverture à la vie, liberté de l’éducation, etc. 

Sauver la famille ce n’est pas tant retrouver le modèle « traditionnel », mais vivre le modèle « surnaturel ».

Mais pour vraiment restaurer, protéger et accomplir le naturel, les chrétiens doivent viser le surnaturel. C’est un principe qui s’applique à tous les domaines de la vie. De même que c’est en visant la santé de l’âme que l’on acquiert au mieux la santé du corps, de même c’est en vivant et prêchant l’Évangile que l’on assainit le plus la société civile. Celui qui ne vise que le naturel manque l’essentiel. Car l’homme n’est pas seulement appelé à être humain, l’homme est appelé à être divin ! 

Ainsi, pour sauver la famille, les chrétiens doivent avant tout sauver la famille en tant qu’elle est plus qu’humaine, qu’elle est famille divine !

Vivre comme Dieu

Sauver la famille ce n’est pas tant retrouver le modèle « traditionnel », mais vivre le modèle « surnaturel ». Ce modèle, c’est bien connu, nous l’avons à la perfection dans la Sainte Famille. La famille de Nazareth n’est d’ailleurs pas très « traditionnelle » : un seul enfant, des époux vivant la continence parfaite, des persécutions qui forcent à l’exil, un fils crucifié. 

On est loin de la grande table entourée d’enfants !

Si votre famille n’est pas « normale », ne vous en faites pas. Ce qui compte c’est que votre famille soit profondément « surnaturelle » dans toutes ses anormalités.

Mais quelle distinction y a-t-il entre une famille purement naturelle et une famille surnaturelle ? Le mariage et la famille naturelle sont ordonnés au bien des époux pour la procréation et l’éducation des enfants. (CEC #2201) Mais le mariage sacramentel et la famille proprement chrétienne qu’elle engendre sont en plus, et même premièrement, ordonnés à l’entraide mutuelle sur le chemin du ciel pour la croissance du Corps mystique du Christ, c’est-à-dire l’Église.

La priorité des familles chrétienne dans ce monde hostile, c’est donc d’être profondément théologal, c’est-à-dire tourné vers Dieu en toutes ses intentions et manières de vivre. Vivre avec et pour Dieu dans toutes les activités les plus ordinaires du quotidien. Vivre en Dieu toutes les joies et peines. Plus encore, vivre comme Dieu ! Mais comment Dieu vit-il au juste ?

I. Vie commune

Dieu vit d’abord et avant tout dans la communion des personnes. C’est pourquoi la communion entre les personnes d’une même famille est le grand principe qui fera d’elle une famille vraiment à la ressemblance de Dieu. « La famille chrétienne est une communion de personnes, trace et image de la communion du Père et du Fils dans l’Esprit Saint. » (CEC #2205) 

Dieu nous donne la famille comme une école de communion. La communion est la grande mesure de toutes les autres activités d’une famille. Si cela sert la communion, c’est bon. Si cela crée la division, c’est mauvais, même si cela semble bon sous un certain angle. « Si une famille est divisée contre elle-même, cette famille ne pourra pas tenir. » (Mc 3, 25)

Ce qui fait la communion, c’est d’abord la vie commune plus encore que les liens de sang. Familia en latin a d’abord signifié l’ensemble des serviteurs vivant avec leur maitre. Vivre ensemble, c’est vivre sous le même toit autant que possible. Mais vivre ensemble c’est surtout vivre l’un dans l’autre, n’avoir qu’un seul cœur comme l’on n’a qu’un seul toit. La famille est à l’image de Dieu si elle vit vraiment ensemble, si les activités internes priment sur les externes, si le temps en dedans dépasse celui passé au-dehors, si les portes des chambres et des cœurs sont ouvertes.

« Malheur, pensez-vous, ma famille est déchirée ! » Rendez plutôt grâce à Dieu, car chaque déchirure est une occasion de nouvelles coutures plus solides. Nos misères sont des occasions de miséricorde et la miséricorde cimente la communion. Certes, Jésus a dit : « Soyez parfait comme votre père est parfait. » Néanmoins, il a lui-même explicité de quel genre de perfection il parlait en disant : « Soyez miséricordieux comme votre père est miséricordieux », plaçant ainsi la perfection dans l’exercice de la miséricorde reçue et donnée. Du coup, toutes les blessures de nos familles deviennent des occasions d’exercer la miséricorde et ainsi de grandir en perfection évangélique !

II. Vie contemplative

La famille vraiment divine imite la vie de Dieu. Or, Dieu n’est pas sorteux ! Chez lui, aucun activisme, mais pure vie contemplative. La première vocation de la famille chrétienne dans le monde moderne, c’est d’être profondément contemplative. Je dirais même être une famille plate ! Si l’on vous demande ce que vous avez fait en fin de semaine et que vous répondez : « Rien de spécial. », alors vous venez d’enclencher une minirévolution. 

Vive la simplicité ! Vive le cocooning !

Certes, la vocation familiale demeurera toujours fondamentalement active (et parfois même très active, diront les jeunes parents), mais en tant qu’elle est une famille proprement chrétienne, son action est toujours ordonnée à la contemplation. C’est pourquoi la question à se poser n’est peut-être pas tant : « Qu’est-ce que ma famille doit faire ? », mais plutôt : « Qu’est-ce que ma famille doit cesser de faire ? »


Cet article est tiré du numéro spécial Famille de la revue Le Verbe. Cliquez ici pour consulter la version originale.


Le démon de l’activisme est surement la principale tentation des familles ferventes. On peut être trop actif même dans l’apostolat, surtout dans l’apostolat individuel et hors de la maison. La famille n’évangélise pas en se divisant ; la famille évangélise en accueillant. La famille n’évangélise pas premièrement par ses activités ; la famille évangélise premièrement par son unité. « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que tous reconnaitront que vous êtes mes disciples. » (Jn 13, 35)

N’oublions jamais qu’une humble prière en famille et l’offrande de toutes les souffrances du quotidien sont une participation cachée certes, mais puissante, à la prière et au sacrifice du Christ pour le salut du monde.

III. Vie active

À la suite du Père créateur, du Fils rédempteur et de l’Esprit sanctificateur, la famille chrétienne est aussi procréatrice, évangélisatrice et missionnaire. Mais même quand il est actif, Dieu agit par un libre débordement de sa vie intérieure de communion et de contemplation. Dieu ne sort pas de chez lui pour travailler. Dieu est un père à la maison !

La famille chrétienne est créatrice comme le Père et avec le Père en se multipliant comme il lui a été commandé au commencement : « Soyez féconds et multipliez-vous » (Gn 1, 28). « Son activité procréatrice et éducative est le reflet de l’œuvre créatrice du Père. » (CEC #2205) C’est là sa plus grande source de joie et sa plus haute dignité.

L’éducation chrétienne des enfants est ensuite sa première et plus importante œuvre d’évangélisation. Comme le Fils incarné, les parents révèlent par leurs paroles et leurs actes le vrai Dieu. Une petite anecdote vraie raconte que des époux avaient décidé de centrer toutes leurs énergies sur l’éducation catholique de leurs 12 enfants. Or, ces 12 enfants ont eux-mêmes eu en moyenne dix enfants qui ont eu à leur tour huit enfants, tous éduqués dans la joie de croire. En un demi-siècle, voilà qu’une paroisse complète était née ! Peu de missionnaires en ont fait autant !

La famille est enfin missionnaire comme l’Esprit par une diversité de missions cachées qu’elle pratique quotidiennement dans son entourage et par son implication ecclésiale et sociale. Mais comme le feu de l’Esprit, il ne faut jamais oublier que c’est de la communion et de la contemplation que rayonne sa mission. Le foyer familial doit être un brasier ardent de charité qui éclaire, réchauffe et attire les voisins ! Comme l’Esprit, la force missionnaire des familles est beaucoup plus centripète que centrifuge.

Construire une arche

Noé a construit une arche pour sauver sa famille. L’arche est une image de l’Église. Sauver sa famille, c’est donc construire une Église. Sauver sa famille, c’est faire de sa famille une Église dans l’Église. « La famille chrétienne constitue une révélation et une réalisation spécifiques de la communion ecclésiale ; pour cette raison, elle doit être désignée comme une Église domestique. Elle est une communauté de foi, d’espérance et de charité. » (CEC #2204)

Communauté théologale, la famille chrétienne est une Église domestique qui vit de la vie même de Dieu, vie de communion, vie de contemplation et vie d’action. Sauver sa famille c’est en faire une arche pleine de Dieu. Une arche pour l’émerger de l’océan du monde et l’immerger dans le ciel de Dieu !


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