par Strategika 51.
Un peu plus d’une année après l’attaque, le CentCom américain à déclassifié une petite vidéo prise par un drone montrant la précision des missiles balistiques iraniens de type Qiam1 qui s’étaient abattu le 08 janvier 2020 sur la base US de Ain Al-Assad, dans la province irakienne d’Al-Anbar (Ouest de l’Irak).
Le Qiam-1 est un missile balistique de courte portée (SRBM) fabriqué en Iran depuis 2010 à partir d’une version améliorée du missile Shahab-2, une copie sous licence du Hwasong-6 nord-coréen. D’une portée de 800 kilomètres (497 miles), ce missile à une probabilité d’erreur circulaire (CEP) de 10 mètres. La tête portant une charge explosive de 750 kgs est manœuvrable (MARV). Le Qiam-1 peut porter une charge nucléaire tactique qui peut s’avérer d’une redoutable efficacité vu la précision de ce vecteur.
Les frappes balistiques iraniennes du 08 janvier 2020 étaient des actions de représailles mesurées et limitées faisant suite à l’assassinat par les États-Unis et leurs alliés du général iranien Qassem Sulaimani, commandant de la brigade Al-Quds (Jérusalem) du Corps des Gardiens de la Révolution iranienne (CGRI) ainsi qu’un commandant d’une milice irakienne. L’Iran avait averti Washington de l’imminence d’une frappe balistique avant l’attaque pour minimiser les risques d’une escalade. De de fait, une grande partie de la base US d’Ain Al-Assad (littéralement la Source du Lion en Arabe) sise dans la province irakienne occidentale d’Al-Anbar avait été évacuée. Néanmoins, plus de 110 militaires US ont été blessés lors de cette frappe balistique iranienne inédite.
La symbolique de ces frappes est assez forte. La chute fort précise de missiles balistiques iraniens sur une base militaire US située à des centaines de km des sites de lancement en Iran montrent la vulnérabilité militaire US face à un adversaire assez sérieux. D’un autre côté, Washington n’avait aucun autre choix que de laisser sa base se faire pilonner pour préserver la face du leadership iranien et l’amener à ne pas engager des actions extrêmes. Les images des principaux hauts responsables iraniens, dont le guide suprême de la Révolution iranienne en pleurs lors des funérailles du général Soleimani faisait craindre un basculement radical du rapport de forces au sein de la République islamique en faveur de la ligne dure et au détriment du courant pro-occidental, lequel est assez influent en Iran en dépit des apparences. Ce basculement aurait accéléré la mise au point d’une arme de dissuasion nucléaire et l’entrée en guerre frontale de Téhéran contre les États-Unis au Moyen-Orient, au Levant, dans le Golfe et en Afghanistan. Il fallait donc laisser une marge de manœuvre aux Iraniens pour gérer un affront que l’opinion publique iranienne ne pouvait supporter en raison des immenses sacrifices socio-économiques qu’elle subit pour soutenir l’effort de guerre et le prestige géostratégique du pays.
La vidéo confirme la précision des forces balistiques iraniennes mais également la retenue de Téhéran, lequel n’a pas voulu infliger des pertes humaines à son adversaire. Une attaque balistique iranienne surprise contre une base militaire US aurait provoqué un carnage susceptible de déclencher un conflit dans lequel des armes nucléaires tactiques auraient été utilisées dès l’entame des hostilités.
La guerre hybride à 360 degrés est donc une approche asymétrique tentant d’éviter le recours à une guerre nucléaire dans le bras de fer stratégique entre Washington et Téhéran. Il est clair pour Washington qu’il valait mieux privilégier l’ingénierie sociale par les réseaux sociaux combinées à des actions de guerre cybernétique et celle de noyaux infiltrés (cellules actives et dormantes) visant à obtenir un changement au sein de l’opinion iranienne et éventuellement une révolution colorée que d’avoir à faire face à un déluge de missiles balistiques visant les bases et les groupes de l’aéronavale US dans la région susceptible de porter un coup fatal à l’image des États-Unis en tant que puissance militaire de premier ordre.
La stratégie est également l’art de s’abstenir quand il le faut. Un précepte qu’un Douglas McArthur n’aurait jamais pu assimiler. Cela prouve que Washington est en train d’apprendre qu’il y a des limites à la nouvelle frontière, même si le réflexe de la canonnière prime toujours le politique.
source : https://strategika51.org/
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