Pour en finir avec le Grand soir référendaire

Pour en finir avec le Grand soir référendaire

Chronique de Jean-Claude Pomerleau

Dans Le Devoir du 8 février 2021, le chroniqueur François Brousseau revient sur le refu de Boris Johnson de permettre un autre référendum en Écosse (1) :

« Boris Johnson prétend que la question est réglée pour 40 ans. »

Ce bras de fer nous rappelle les règles du jeu en matière de changement de statut d’un État, et l’incontournable principe d’effectivité :

Il ne suffit pas de prendre une décision, aussi démocratique soit elle, il faut surtout rendre cette décision effective !

Or, en 2014, l’Écosse avait cette garantie d’effectivité grâce à l’Entente d’Edimbourg, par laquelle Londres s’était engagé d’avance à reconnaître le résultat du référendum. Avec Bojo, ce n’est plus le cas, et sans cette garantie, le projet souverainiste ne peut résulter que de rapport de forces favorable.

Ce qui suppose pour l’Écosse la capacité d’imposer le nouvel ordre constitutionnel sur l’ensemble de son territoire et faire reconnaître ce nouveau statut à l’international. Donc satisfaire à l’incontournable principe d’effectivité….

Cette leçon écossaise, nous ramène au projet souverainiste du Québec, mené depuis 50 ans par des idéalistes faisant fi complètement de cet incontournable principe d’effectivité.

Le camp souverainiste aurait-il maîtrisé ce principe qu’il n’aurait jamais engagé le Québec dans 2 référendums sans d’abord tester l’effectivité d’une éventuelle victoire du Oui. Cette garantie ne pouvait venir que d’un engagement formel de la reconnaissance STATUTAIRE du droit à l’autodétermination du Québec par l’État fédéral. Et dans le cas d’un refu par Ottawa, de rapport de forces favorables créés par le  Québec.

Or, le fédéral a refusé à au moins 3 reprises de reconnaître de manière STATUTAIRE le droit à l’autodétermination du Québec. (1971,1980,2013).(*)

Le camp souverainiste aurait intérêt à comprendre l’incontournable principe d’effectivité pour sortir du piège à con référendaire sans garantie d’effectivité. On ignore ce principe à nos dépends. Faut-il rappeler que cette négligence a entraîné le projet dans le cul-de-sac, et au déclin de la nation. Faut-il conclure au deuil du rêve pour autant ?

La première chose à faire pour réaliser son rêve, … c’est d’abord d’arrêter de dormir….

Il serait temps de se demander comment sortir de ce piège qu’est ce cadre stratégique reposant sur un référendum sans effectivité (pile on perd, face on ne gagne pas)

Pour ce faire, il suffirait de commettre Ottawa à la reconnaissance STATUTAIRE du droit à l’autodétermination du Québec. La seule réponse acceptable serait un engagement formel écrit et donc statutaire de ce droit, une garantie à brandir à la face du monde (à l’exemple de l’Entente d’Edimbourg ).

Un quatrième refus de reconnaître ce droit par Ottawa, justifierait que le camp souverainiste change de cadre stratégique pour un autre plus conforme à la réalité (la realpolitik). Fini la mystique du Grand soir, place à une suite de lundi matin…

Ce nouveau cadre stratégique a un nom : l’édification de l’État du Québec

Plutôt que d’espérer gagner notre pays à une loterie référendaire truquée, il suffirait de le bâtir pièce par pièce…

Commençons donc par ce qu’on peut faire lundi matin : une Constitution de l’État du Québec, un code de citoyenneté, et faire du statut du français une langue d’État. Oui Vigile a d’autres pièces à ajouter :

Pour en finir avec le Grand soir référendaire

(1) https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/594814/bojo-contre-les-separatistes#commentaire_1182812

(*) 1971 : L’État du Québec en devenir p.465-466

http://classiques.uqac.ca/contemporains/bergeron_gerard/Etat_Qc_en_devenir/Etat_Qc_en_devenir.html

 

1980 : René Lévesque L’homme brisé Pierre Godin, Boréal, p.55

 

2013 : Loi 99 (2000), par laquelle le Québec statut de jure sur son droit à l’autodétermination. Cette loi est contestée par le fédéral depuis 2013.

« La loi 99 fut adoptée parce qu’Ottawa avait dit que jamais il n’aurait reconnu un OUI du peuple québécois à sa souveraineté,….C’est l’existence ou non d’un peuple québécois qui est en cause.  (Nous reste-t-il assez de dignité?, JdeM, 24 novembre 2020 )

 

https://www.journaldemontreal.com/2020/11/24/nous-reste-t-il-assez-de-dignite

 

Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec

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