Petite fille : Le « mauvais corps » du patriarcat capitaliste (par Ana Minski)

Petite fille : Le « mauvais corps » du patriarcat capitaliste (par Ana Minski)

Le docu­men­taire Petite fille, récem­ment dif­fu­sé sur Arte et una­ni­me­ment célé­bré par les médias de masse, manque cruel­le­ment de recul et de cri­tique quant aux consé­quences de la prise de blo­queurs de puber­té chez un enfant de sept ans et aux réper­cus­sions pour tout être humain de gran­dir dans une socié­té où l’asymétrie des genres1 façonne notre iden­ti­té.

Le réa­li­sa­teur dési­rait fil­mer une famille la plus clas­sique pos­sible pour que la majo­ri­té des spec­ta­teurs puissent s’y recon­naître. Il a donc obser­vé et mon­tré une famille qui incarne bien l’asymétrie des genres, une des prin­ci­pales oppres­sions que tout être humain subit de sa nais­sance à sa mort dans une socié­té patriar­cale et qui, tout au long de ce docu­men­taire, n’est jamais remise en cause, ques­tion­née ou sim­ple­ment sou­li­gnée.

Ce que le réa­li­sa­teur nous donne à voir c’est une mère qui pleure sou­vent, câline, s’inquiète, culpa­bi­lise beau­coup, et un père qua­si absent. La mère semble être seule à éle­ver ses quatre enfants pen­dant que le père assume son rôle de chef de famille. La dévo­tion de la mère est un par­fait modèle pour une socié­té capi­ta­liste qui exploite et béné­fi­cie du tra­vail gra­tuit de la femme et des mères dans la sphère domes­tique. C’est d’ailleurs avec fer­veur qu’elle accepte sa mis­sion : com­battre une socié­té into­lé­rante res­pon­sable du mal-être de son enfant. Sou­li­gnons au pas­sage qu’il est par­ti­cu­liè­re­ment éton­nant de consta­ter à quel point les pro­ta­go­nistes – la mère, le père, la sœur et les frères — cor­res­pondent par leurs dires, com­por­te­ments et appa­rences aux genres que la socié­té assigne de force aux sexes bio­lo­giques.

La mère repré­sente ici la figure mater­nelle et elle n’a rien à envier à l’idéal fan­tas­mé par la domi­na­tion mas­cu­line — empa­thique, émo­tive, tolé­rante, douce, vouée entiè­re­ment à la cause de son enfant. À plu­sieurs reprises, elle déclare avoir dési­ré for­te­ment une fille pen­dant toute la gros­sesse. Serait-elle donc res­pon­sable du mal-être de Sasha qui n’accepte pas son corps, qui est « dégoû­té par son zizi » ? Cette ques­tion elle se la pose sou­vent, sûre­ment pour répondre à un besoin d’explication a pos­te­rio­ri. À l’école, le direc­teur n’hésitera d’ailleurs pas à pen­ser qu’elle est en effet cou­pable. La pédo­psy­chiatre la ras­sure, non, la dys­pho­rie de genre ne naît pas d’un désir des parents. Il est éton­nant de consta­ter que le père n’est jamais impli­qué dans l’éventuel mal-être de l’enfant, la mère est seule res­pon­sable et pour cer­tains seule cou­pable. Pour rebon­dir sur les pro­pos de la pédo­psy­chiatre, les parents ne sont en effet pas omni­po­tents.

Bien que dans notre socié­té les enfants appar­tiennent à leurs parents jusqu’à leurs dix-huit ans, qu’ils sont pri­son­niers de la cel­lule fami­liale, idéa­le­ment nucléaire, et que c’est dans cette cel­lule que de nom­breuses vio­lences et abus créent de dou­lou­reux trau­ma­tismes – mal­trai­tance, assas­si­nat, inceste, pros­ti­tu­tion – les parents ne sont pour autant pas les seuls à par­ti­ci­per à la construc­tion de l’identité de l’enfant. Dans notre socié­té, les enfants sont mis en nour­rice, à la crèche, à la mater­nelle, à l’école, enfer­més dans des bâti­ments, tenus de se tenir sage­ment assis pen­dant des heures dans l’attente de la son­ne­rie d’école où ils pour­ront dis­cu­ter avec leurs amis, cou­rir, crier, se cha­mailler, rire, pleu­rer, vivre enfin. À la mai­son, les enfants sont assis devant la télé, devant des écrans, et sou­vent la grande sor­tie se fait au MacDo et au super­mar­ché où sont éta­lés « tous ces beaux jou­joux » qu’ils voient à la publi­ci­té. La mère pleure sur l’enfance dif­fi­cile de Sasha qui ne peut aller à l’école avec le sac à dos qui lui fait tant envie, avec la robe qui lui fait tant envie. Mais com­bien d’enfants sou­hai­te­raient tout sim­ple­ment ne pas aller à l’école si tout sim­ple­ment on le leur deman­dait, si on les auto­ri­sait à appré­hen­der leur corps et leurs dif­fé­rences par le jeu et non dans des classes à écou­ter des heures durant des adultes pos­sé­dés par leur rôle d’éducateur de la Répu­blique, ces repro­duc­teurs de l’asservissement moderne ?

Si nous lais­sions les enfants recon­qué­rir les rues prises en otage par les voi­tures, les ter­rains vagues, les espaces publics, peut-être alors auraient-ils une enfance pleine et heu­reuse, peut-être entraî­ne­raient-ils aus­si dans leur sillon les adultes, les libé­rant des entraves que trop d’années de bour­rage de crâne ont mal­trai­tés et défor­més. Mal­heu­reu­se­ment, les adultes sont bien trop sou­vent les enfants du patriar­cat et il semble ain­si donc évident pour tous qu’enfance rime avec école, cette fameuse école qui refuse que Sasha s’habille selon son sou­hait et que son appa­rence phy­sique soit en adé­qua­tion avec… avec quoi exac­te­ment ? Son cer­veau, son cœur fémi­nin ? Est-ce que cela signi­fie qu’il existe un cœur, un cer­veau fémi­nin ? Vrai­ment, nous en sommes encore là ? À croire que le rose est la cou­leur du fémi­nin ? Le rose, peu repré­sen­té en pein­ture, a pour­tant d’abord été la cou­leur des hommes, des aristocrates, des princes. Et rap­pe­lons tout de même que le rose n’a ni genre ni sexe, c’est une cou­leur comme les autres, aus­si belle que le rouge des coque­li­cots et que le bleu des myo­so­tis. Les robes aus­si ont long­temps été por­tées par des hommes et de nom­breux hommes en portent encore chez cer­tains peuples. Bien plus que le rose ou la robe, ce qui ici est caté­go­ri­sé fémi­nin ce sont les tenues qui sont cen­sées faire rêver les petites filles, les tenues de prin­cesses, des concours de beau­té, ces tenues créées par et pour les hommes : les talons, les décol­le­tés, les paillettes, les sou­tiens-gorges, les gestes éthé­rés, gra­cieu­se­ment fra­giles mais si dou­lou­reux à acqué­rir. Rap­pe­lons que la danse clas­sique, que Sasha aime­rait tant pra­ti­quer en por­tant le tutu des filles, « repré­sente un corps éter­nel­le­ment jeune et sain » et qu’endurer « des atteintes à l’intégrité phy­sique par­ti­cipe des réas­su­rances nar­cis­siques néces­saires à l’entretien et au main­tien de la voca­tion de dan­seur.2 » Ce n’est pas pour que Sasha porte un tutu que nous devons nous battre mais pour que cesse le fan­tasme du corps jeune, sain, com­pé­ti­tif, per­for­mant qui se cache der­rière le port du tutu.

Mais il est vrai que la mère dit à Sasha : « pour être belle il faut souf­frir ». Quelle petite fille n’a pas enten­du cette injonc­tion quand sa mère lui tirait fort les che­veux pour l’apprêter ? Nous voyons Sasha habiller et coif­fer sa pou­pée Barbie et décla­rer à son amie « je suis plus belle que toi » : la quête de la beau­té fémi­nine est la mise en com­pé­ti­tion des femmes au vu de satis­faire le plai­sir des hommes. Et cette quête de beau­té est la malé­dic­tion des femmes : « l’homme qui ordonne à la femme de le séduire, pour ensuite l’en châ­tier.3 » La beau­té fémi­nine – et la fémi­ni­té en géné­ral — est un des piliers du patriar­cat et une vio­lence à l’encontre de toutes les femmes.

Et parce que Sasha a un zizi, le rose, les robes, les couettes lui sont donc inter­dits ? Parce que Sasha déclare à quatre ans vou­loir être maman, il lui faut subir un trai­te­ment chi­mique ? Pour cer­tains il semble donc plus judi­cieux de lui faire des injec­tions d’hormones que lui apprendre à gérer ses frus­tra­tions ? Un enfant de quatre ans sait-il vrai­ment ce que signi­fie « être enceinte » ? C’est ici qu’apparaît la plus pro­fonde oppres­sion dans laquelle nous sommes tous venus au monde, et ce n’est pas parce que cer­tains s’y adaptent, bon gré mal gré, qu’il faut l’accepter sans bron­cher. Être né avec un zizi ou une vulve ne joue aucun rôle dans notre goût pour le rose ou le bleu, les robes ou les pan­ta­lons, la pas­si­vi­té ou l’agressivité. Loin de remettre en ques­tion les normes patriar­cales de genre les adultes, for­gés par les­dites normes, cer­ti­fient à Sasha qu’il serait « né dans le mau­vais corps », ce concept d’a­dulte récem­ment appli­qué aux enfants. Parce qu’il n’accepte pas de se plier au genre mas­cu­lin tel que défi­ni par le patriar­cat, et pour qu’il ne déroge pas à la norme, des blo­queurs de puber­té vont lui être pres­crits, c’est-à-dire un trai­te­ment chi­mique qui bloque son déve­lop­pe­ment hor­mo­nal, qui contrôle sa thy­roïde. Voi­là donc que les « per­tur­ba­teurs endo­cri­niens », si dan­ge­reux pour l’avenir de la repro­duc­tion de tous les êtres vivants sur terre, sont pré­sen­tés ici comme qua­si inof­fen­sifs. Il est tout de même dit rapi­de­ment qu’il fau­drait peut-être pen­ser à conge­ler les tes­ti­cules de Sacha pour si sait-on jamais il dési­rait se repro­duire plus tard. La sté­ri­li­té ce n’est en effet pas bien grave puisqu’aujourd’hui nous avons des banques de sper­ma­to­zoïdes, d’embryons, d’ovocytes, des mères por­teuses, et peut-être aus­si bien­tôt des uté­rus arti­fi­ciels. La tech­no­lo­gie, le pro­grès, c’est magique ! Il suf­fit de vou­loir et tous nos rêves deviennent réa­li­té… enfin sur­tout nos cau­che­mars. Des enfants ayant subi les trai­te­ments chi­miques qui sont pré­co­ni­sés dans ce docu­men­taire en gardent des séquelles, les blo­queurs de puber­té ne sont que le début d’un pro­ces­sus chi­rur­gi­cal qui mutile les corps comme en témoigne Kei­ra Bell, ancienne enfant trans qui a por­té plainte contre la cli­nique de Tavi­stock lui ayant fait subir, à ses seize ans et sous pré­texte de résoudre son mal-être, une double mas­tec­to­mie, et pour les dif­fé­rentes cica­trices et consé­quences des trai­te­ments qui sont irré­ver­sibles. Parce que « ces trai­te­ments impliquent presque sys­té­ma­ti­que­ment une myriade d’interventions, notam­ment l’injection d’hormones puis éven­tuel­le­ment des actes chi­rur­gi­caux de réas­si­gna­tion de genre. 4 » Au Royaume-Uni, il est désor­mais néces­saire d’obtenir une auto­ri­sa­tion du tri­bu­nal pour pres­crire des blo­queurs de puber­té à des enfants de moins de seize ans. De nom­breuses recherches sug­gèrent que les enfants qui pré­sentent un tel com­por­te­ment se récon­ci­lient avec leur corps quand la puber­té s’atténue ou sont plus sus­cep­tibles d’être tout sim­ple­ment atti­rés par le même sexe. La réas­si­gna­tion chez ces jeunes enfants ne cache­rait-elle pas une poli­tique de recon­ver­sion de l’homosexualité en hété­ro­sexua­li­té ? Ces mêmes études montrent éga­le­ment que les blo­queurs de puber­té exa­cerbent la dys­pho­rie de genre.

La réas­si­gna­tion de genre dont sont vic­times les inter­sexes et contre laquelle ils se battent serait donc ici accep­table ? Chez un enfant de sept ans ? Cer­tains diront que c’est pour évi­ter la souf­france future et la menace de sui­cide qui pèse sur les enfants trans, pour­tant, des études récentes révèlent une aug­men­ta­tion des ten­ta­tives de sui­cide chez les enfants qui subissent des injec­tions d’hormones en vue de blo­quer la puber­té. Rap­pe­lons que le sui­cide chez les enfants de manière générale ne cesse d’augmenter. Com­ment avoir une enfance heu­reuse dans une socié­té qui s’effondre de toutes parts, dans la socié­té mar­chande du monde machine qui consi­dère le corps comme un ensemble de rouages qu’il est pos­sible de modi­fier selon les dési­rs de cha­cun, et sur­tout selon le désir des lois du marché ? C’est de nos dési­rs, de nos rêves, de nos espoirs, de nos peurs, de nos frus­tra­tions que le patriar­cat capi­ta­liste se nour­rit, et si le monde vivant et libre s’effondre de toutes parts, il sait en tirer pro­fit.

Il est remar­quable que la mère accepte le trai­te­ment sans trop se poser de ques­tions tan­dis que le père, le mas­cu­lin étant tou­jours consi­dé­ré comme la figure de la rai­son, s’inquiète tout de même un peu des consé­quences. Inquié­tude à laquelle la mère répond : « Je n’ai pas pen­sé à deman­der ». L’important en effet c’est l’attestation du méde­cin qui per­met­tra à Sasha de ne plus être mégen­ré à l’école, qui lui per­met­tra de por­ter des robes, des chaus­sures à talon, des nœuds roses, des col­liers, du rouge à lèvres, etc. Les émo­tions priment ici sur la rai­son, ce qui prouve que les émo­tions, la sen­si­bi­li­té, l’empathie, ces qua­li­tés dites « fémi­nines » ne sont pas un dan­ger pour le capi­ta­lisme5.

Je me sou­viens d’une amie qui me racon­tait, il y a trois ans, que dans l’école où allait sa fille il y avait des porte-man­teaux bleus et roses pour que les enfants intègrent leur genre et leur sexe rapi­de­ment, sa fille avait quatre ans. L’obsession pour le res­pect des caté­go­ries gen­rées, si elle n’a jamais quit­té le devant de la scène, semble bien reve­nir en force. Le tra­vail des fémi­nistes des années 60, 70, 80, qui nous ont appris à dis­tin­guer le genre – féminin/masculin – du sexe – femelle/mâle – remet­trait-il trop en cause le patriar­cat et le capi­ta­lisme pour que celles qui défendent aujourd’hui ce fémi­nisme soit insul­tées, mena­cées de viol et de mort ? Les gar­çons et les filles des années 1980 qui se tra­ves­tis­saient étaient-ils donc, sans le savoir, nés dans le mau­vais corps ? Les tra­ves­tis acceptent leur corps, c’est le regard que cer­tains portent sur eux qui est à chan­ger, pas le corps des tra­ves­tis. Mais les accu­sa­tions de trans­pho­bie sont assé­nées pour cen­su­rer toute ten­ta­tive de dis­cus­sion rai­son­née et rai­son­nable sur l’identité de genre et le rejet du corps bio­lo­gique. N’entendons-nous pas la pédo­psy­chiatre dire à la mère « c’est trans­phobe » lorsque cette der­nière explique que Sasha a été reje­té par les pro­fes­seures de danse clas­sique ? L’agression com­mise par les pro­fes­seures du conser­va­toire est avant tout une agres­sion sexiste qui est, bien sûr, condam­nable. Ce mot « trans­phobe » n’est pas ano­din, il nous rap­pelle qu’à l’heure actuelle il est omni­pré­sent sur le web et les milieux mili­tants pro­gres­sistes. Ces soit-disant « trans­phobes », que cer­tains sou­hai­te­raient voir brû­ler dans des bûchers, sont très majo­ri­tai­re­ment des fémi­nistes ou des hommes pro­fé­mi­nistes qui reven­diquent une réa­li­té bio­lo­gique des sexes, qui osent consi­dé­rer le trans­gen­risme comme un enjeu poli­tique, qui refusent de le relé­guer à des expli­ca­tions et solu­tions indi­vi­dua­listes, à des thé­ra­peutes et des méde­cins qui ne com­prennent pas la dys­pho­rie de genre. Un consen­sus sur la ques­tion de la prise en charge thé­ra­peu­tique des per­sonnes n’existe pas, et on peut donc uti­le­ment s’interroger sur l’existence de don­nées acquises per­ti­nentes sur les­quelles le méde­cin pour­rait s’appuyer pour accom­pa­gner son patient pré­sen­tant ce syn­drome6 .

La nou­velle chasse aux sor­cières est tout entière dans ce mot « trans­phobe » qui exprime la miso­gy­nie ancrée aus­si bien chez les hommes que les femmes. Au XVe et XVIe siè­cles, les sor­cières étaient très majo­ri­tai­re­ment des sages-femmes, des veuves, des laides, des méno­pau­sées, des vieilles, des rurales, celles qui ne pré­sen­taient plus aucun inté­rêt pour les hommes : les sages-femmes devaient libé­rer la place à l’obstétricien et les vieilles et laides n’étaient même plus bonnes à pros­ti­tuer. De nos jours, il se pour­rait bien que les nou­velles sor­cières soient les femmes et les quelques hommes qui refusent l’identité de genre, qui refusent que le sexe bio­lo­gique défi­nisse notre carac­tère, nos goûts, nos choix, notre place dans la socié­té.

On nous pré­vient pour­tant depuis presque cin­quante ans :

« Main­te­nant, nous ne vivons pas seule­ment à côté de nos pompes. Mais à côté de notre corps. Com­plè­te­ment à côté. Nous en igno­rons tout. Puisqu’il y a des spé­cia­listes pour savoir. Et quand notre corps nous parle par la mala­die, nous en sommes sur­pris, agres­sés, comme de quelque chose qui vien­drait de l’extérieur. Nous ne le sen­tons pas, nous ne le contrô­lons pas, nous ne recher­chons pas son équi­libre propre. Notre corps ne nous appar­tient pas. Nous ne vivons pas avec lui, mais sans lui, mal­gré lui, contre lui. 7 »

La crise éco­no­mique et éco­lo­gique actuelle réveille les mas­cu­li­ni­tés toxiques, le retour de la femme au foyer en fait rêver plus d’un et plus d’une. Des mères dévouées au mari et à l’élevage des enfants pour nour­rir le monde machine aux corps mar­chan­dises, à l’heure du chô­mage de masse et de l’augmentation des vio­lences mas­cu­lines, voi­là qui fait rêver le guer­rier des temps modernes.

Infir­mières, ges­tion­naires des crises, pros­ti­tuées, por­no­gra­phiées, domes­ti­quées. Les femmes et les enfants sont les pre­mières vic­times de cette civi­li­sa­tion et il est urgent de s’inquiéter des accu­sa­tions que subissent celles et ceux qui osent dire que la bio­lo­gie existe, qu’être née avec une vulve est la prin­ci­pale cause de l’oppression des femmes, qui s’inquiètent des expé­ri­men­ta­tions faites sur les enfants, qui affirment que la bina­ri­té des sexes en vue de la repro­duc­tion n’est pas une natu­ra­li­sa­tion ou un essen­tia­lisme des com­por­te­ments, mais sim­ple­ment une réa­li­té indé­pen­dante de l’asymétrie des genres qui, elle, est impo­sée par la domi­na­tion mas­cu­line. C’est contre cela que nous devons nous battre, non contre nos corps. Ces femmes qui recon­naissent la réa­li­té bio­lo­gique sont cer­tai­ne­ment trop rurales, elles ont déci­dé­ment trop les pieds sur terre pour refu­ser les réas­si­gna­tions chi­miques et chi­rur­gi­cales qui masquent le nou­veau visage du patriar­cat.

Rap­pe­lons enfin que pres­crire aux enfants de la rita­line, des blo­queurs de puber­té, ou autre cami­sole chi­mique et chi­rur­gi­cale, ne les aide­ra pas et ne les libé­re­ra pas de ce sys­tème mor­ti­fère qui traite les humains comme il traite les ani­maux d’élevage, le sort des uns étant inti­me­ment lié au sort des autres. Si nous nous inquié­tons vrai­ment pour le futur de nos enfants et leur bien-être, nous devons dénon­cer et nous battre contre cette nou­velle forme d’exploitation et de rejet des corps, déni démiur­gique qui creuse tou­jours plus l’enfer dans lequel nos corps sont sou­mis, affai­blis, muti­lés, robo­ti­sés, sté­ri­li­sés.

Ana Mins­ki

Cor­rec­tion : Lola Bear­zat­to


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À propos de l'auteur Le Partage

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