A quoi ressemblera la politique étrangère de Biden? Il suffit de regarder qui le soutient

A quoi ressemblera la politique étrangère de Biden? Il suffit de regarder qui le soutient

John Negroponte, le Darth Vader de la politique étrangère des Etats-Unis et toute une clique de Républicains, anciens membres des services secrets et des partisans de l’interventionnisme, ont des raisons d’apprécier l’ancien vice-président. 

Nous sommes nombreux à compter les jours qui nous séparent de l’expulsion du Président Trump non seulement de la Maison Blanche mais aussi de nos vies et de nos nouvelles quotidiennes. Avec la mort du juge de la Cour Suprême Ruth Bader Ginsberg, il y a d’autant plus d’urgence à remplacer Trump. Mais que gagnerons-nous avec le “Président” Biden? A quoi ressemblera sa politique étrangère ?

Plus tôt dans le mois, un groupe d’anciens sénateurs et de membres du Congrès républicains ont ouvertement apporte leur soutien à Biden expliquant qu’il était mieux qualifié que Trump pour gouverner le pays. Au même moment, un large groupe de représentants des services secrets et d’experts en politique internationale, qui pour la plupart ont travaillé pour des présidents républicains, ont eux aussi choisi de soutenir Biden. Impressionnant, non ? Mais qu’est-ce que cela nous montre ? Tout simplement qu’ils pensent que Biden continuera la politique interventionniste néo-libérale et guerrière américaine.

John Negroponte

L’ex-ambassadeur John Negroponte est un de ces responsables du renseignement qui soutiennent Biden. Il est le Darth Vader de la politique étrangère américaine depuis près de 50 ans.

Il était ambassadeur au Nicaragua pendant l’affaire de l’Iran-Contra (n.d.t. connu en France sous le nom d’Irangate ) qui a permis de détourner des fonds de la CIA pour financer les rebelles de la Contra ; ambassadeur au Mexique alors que les cartels de drogues consolidaient leur pouvoir face à un gouvernement corrompu ; ambassadeur auprès des Nations-Unis quand les Etats-Unis cherchaient absolument à entrer en guerre en Irak sous le fallacieux prétexte d’armes de destruction massive ; ambassadeur en Irak pendant l’occupation américaine du pays et finalement directeur du renseignement national alors qu’était appliqué le programme de torture du président George W. Bush.

Personne n’a jamais décrit Negroponte comme étant un progressiste, dans aucun sens du terme. Il adore la guerre et s’est toujours montré très heureux de s’y jeter à pieds joints. Et il soutient publiquement et non sans joie Biden.

Il a récemment expliqué son soutien au Daily Beast. Son interview en dit autant sur Biden que sur Negroponte lui-même. Dès le début Negroponte déclare : « Tous les chemins mènent à Trump mais je ne suis pas sûr que le pays puisse endurer 4 années de plus avec un président qui montre aussi peu de respect pour la fonction ». Là, je suis d’accord. Comme d’ailleurs presque tous les Démocrates. Donald Trump est mauvais. Mais ce n’est pas aussi simple qu’il n’y parait.

Mise sur écoute sans mandat

Negroponte a tout de même insisté pendant son interview sur le fait qu’il n’avait pas été d’accord avec Biden sur des points importants (sans donner de détails) ces dernières années, mais que ce dernier était un « politicien expérimenté », « une personne type consensuel » et un « gentleman avisé ». Il a dit, par exemple, qu’il avait appuyé la mise sous écoute  non autorisées de citoyens américains après les attaques du 11 septembre.

Cela-dit sa déclaration est incomplète. Biden a soutenu la mise sur écoute sans mandat, mais a aussi en tant que sénateur voté en 2001 en faveur du USA Patriot Act (n.d.t. Uniting and Strengthening America by Providing Appropriate Tools Required to Intercept and Obstruct Terrorism Act, traduisible en français par : « Loi pour unir et renforcer l’Amérique en fournissant les outils appropriés pour déceler et contrer le terrorisme ») et toutes ses reconductions successives pour enfin s’opposer à l’allègement de ces mesures alors qu’il était vice-président sous Obama.

Il y a d’autres raisons qui ont poussé Negroponte ainsi qu’une pléthore d’anciens membres républicains du renseignement et des grands noms de la politique internationale à soutenir Biden.

L’ancien vice-président est opposé à la réduction des forces armées en Europe arguant que cela ne fera que laisser le champs libre à la Russie. Il est partisan d’une politique militaire plus musclée avec la Chine, en mer de Chine méridionale par exemple. Il soutient l’expansion de la politique de Barack Obama visant à maintenir des bases militaires américaines dans plus de cent pays y compris les bases opérationnelles avancées en Afrique.

En fait, la dernière chose que je souhaite faire c’est de pousser qui que ce soit à voter pour Donald Trump. Ce président s’est avéré être un vrai désastre dans tous les sens du terme aussi bien en politique étrangère qu’intérieure. Le pays ne peut endurer quatre années de plus d’une telle présidence. Mais Biden n’est pas la panacée. C’est un palliatif de centre-droit. Negroponte l’a confirmé.

Si vous pensez que les choses vont changer en termes de politique extérieure sous une présidence Biden, réfléchissez bien. Nous aurons la même politique expansionniste et va-t’en guerre que nous avons eu sous Bill Clinton et Barack Obama.  Allez voter, mais votez en connaissance de cause.

John Kiriakou

Article original en anglais : What Would Biden’s Foreign Policy Look Like? Just Look at His Supporters, Consortium News, le 6 octobre 2020.

Traduction et Synthèse : Z.E

Version française publiée par France Irak Actualités

John Kiriakou est un ex-officier antiterroriste de la CIA et ex-enquêteur du Comité sénatorial chargé des Affaires étrangères. Il est devenu le 6eme lanceur d’alerte mis en examen sous l’Espionage Act – une loi visant à punir les espions. Il a servi 23 mois en prison suite à ses tentatives d’opposer le programme de torture de Bush.

Source: Lire l'article complet de Mondialisation.ca

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