Conférence de David L’Epée prononcée au Café du Pont-Neuf, à Paris, le 21 mai 2016 et reprise dans Rébellion ( numéro 75)
Certains d’entre vous penseront peut-être qu’inviter un Suisse à venir parler du socialisme était une idée incongrue. Inviterait-on un Saoudien à un colloque sur les droits de l’homme ? Et pourtant nous avons, chez nous aussi, une longue histoire syndicale et sociale dont nous pouvons nous enorgueillir au même titre que vous. La Suisse est loin de se résumer à un paradis fiscal et, n’ayant pour ma part aucun compte offshore à Panama, j’ai pensé partir sur de bonnes bases pour amener un éclairage sur le sujet. Etant, des trois conférenciers invités aujourd’hui, le seul à ne pas être Français, j’aimerais introduire mon propos par deux références ayant trait à mon pays. La première, je vais vous la poser sous forme de devinette. Je vais vous lire un passage des Cloches de Bâle, le roman d’Aragon, où il décrit une scène survenue dans la ville suisse de Bâle en 1912, et vous demander si vous parvenez à identifier les personnes dont il parle :
« C’étaient des centaines de jeunes gens en costume national ; imaginez des Guillaume Tell de vingt ans marchant en foule, avec le petit chapeau, la chemise aux manches larges, les bretelles vertes, le genou nu sortant de la culotte, l’arbalète au côté. Ils s’avançaient sous les cloches, archaïques, comme une première offrande au dieu de la guerre. Ces héros d’opéra avaient l’air de marcher sous un tir de barrage d’artillerie. Ils s’avançaient au son perçant des fifres, jouant et gambadant malgré le sinistre novembre. […] Derrière le cortège des Guillaume Tell venaient les jeunes filles. Vêtues de blanc, avec des robes à l’antique, mêlant ainsi les époques et les mythologies. Les unes à pieds, les autres sur des chars. Elles portaient des emblèmes pacifiques, avec des colombes, des gerbes, des outils de carton. Presque toutes avaient leurs cheveux épars. »1
Alors qui sont ces jeunes gens à votre avis ? Des Wandervögel suisse-allemands ? Des boys-scouts ? Des athlètes se rendant à la fête fédérale de lutte suisse ? Des jeunesses païennes ? Une confrérie nationaliste ? Pas du tout. Il s’agit des Jeunesses socialistes bâloises, défilant vers la cathédrale, mise pour l’occasion à disposition du Congrès socialiste de Bâle qui, en 1912, réunit des personnalités aussi prestigieuses que Jean Jaurès ou Clara Zetkin à la veille de la Première guerre mondiale. A tel point qu’Aragon compare le carillon de la cathédrale au tocsin funèbre qui appelle à la mobilisation générale vers la grande boucherie européenne. Quoi qu’il en soit, on peine aujourd’hui à imaginer des jeunes socialistes dans une telle attitude, présentés sous une telle apparence. Ce recours au folklore et à la tradition nous emmène bien loin de ce qu’on a l’habitude de voir chez ceux qu’on appelle toujours, en dépit de leurs reniements, les socialistes.
Le gauchisme : un débat anachronique
Le second exemple, beaucoup plus récent, date d’il y a un peu moins de deux ans. Je l’ai trouvé dans un article publié dans le journal du parti SolidaritéS, une organisation trotskiste suisse, qui se faisait l’écho d’une manifestation d’extrême gauche qu’elle soutenait visiblement :
« Alors que les gens se distancient d’un racisme trop souvent outrancié, le nationalisme et le patriotisme sont des attitudes largement acceptées et peu remises en cause. La campagne du Bündnis alle gegen Rechts (Coalition de toutes et tous contre la droite) appelle à questionner les notions de nationalisme et de patriotisme, pour comprendre, nommer et combattre le racisme. Afin de pouvoir s’adresser à un public large, une brochure a été réalisée énonçant une série de questions introductives qui illustrent à quel point les lunettes nationalistes déterminent notre perception du monde : “Qu’est-ce que tu veux dire par : nous sommes champions du monde ?« , « Pourquoi sommes-nous soulagé-e-s quand nous entendons que parmi les victimes d’un accident d’avion, il n’y a pas de citoyen-nes suisses ? » La campagne a démarré samedi 4 octobre avec une manifestation non-autorisée en vieille ville de Berne. Une « anti-flag action » a débuté le même jour : jusqu’au 18 octobre, des drapeaux nationaux peuvent être échangés contre une bière gratuite au bar du centre autonome de la Reitschule [un centre “autonome” de la capitale]. La peur du vol de drapeaux a amené les autorités de Berne à faire un premier pas contre le nationalisme : elles ont enlevé tous les drapeaux suisse en vieille ville. Les organisateurs-trices de la campagne les ont remerciés. »2
Nous sommes toujours en Suisse, nous sommes toujours dans le vaste spectre du socialisme, mais il faut dire qu’entre les tenues de Guillaume Tell des jeunes Bâlois observés par Aragon et cette histoire de drapeaux nationaux échangés contre des bières (avant d’être brûlés ?), on a l’impression d’être passés d’un monde à l’autre. Le rapport à la nation est bien sûr un des éléments au cœur de cette évolution (les socialistes de 1912, bien qu’opposés au bellicisme chauvin, entretenaient une relation à leur identité nationale bien plus apaisée que leurs prédécesseurs) mais je ne m’étendrai pas aujourd’hui sur cette question, qui mériterait à elle seule une conférence, et je renvoie ceux que cette problématique intéresse à l’article que j’y ai consacré3 dans le n°42 de Krisis, numéro d’ailleurs tout entier dédié au socialisme. On pourrait bien sûr expliquer la différence entre ces deux petits textes par celle qui existe entre le vieux socialisme d’inspiration marxiste et le trotskisme moderne, dont les options idéologiques diffèrent bien souvent. Je pense toutefois que le problème n’est pas là, qu’il est plus fondamental qu’une simple querelle de chapelles. On pourrait également, pour chercher le nœud du problème, se référer au gauchisme, ce terme que Lénine affectionnait pour nommer ses ennemis, comme il le faisait dans son pamphlet La maladie infantile du communisme, jetant dans un même sac anarchistes, nationaux-bolcheviks, socialistes utopiques et autres aventuriers des barricades qui, à ses yeux, compromettaient la révolution par leurs excès autant que par leur naïveté ou leur manque d’intelligence tactique. Mais je me refuse à employer ce terme de « gauchisme » car, bien que Lénine lui ait donné un sens tout à fait clair, il est aujourd’hui couramment utilisé par l’extrême gauche qui s’en glorifie (sans réaliser qu’il s’agissait à l’origine d’une insulte) et qui l’impose à un adversaire bourgeois, lequel, tout aussi ignorant sur la question, l’accepte pour argent comptant. Quand un mot du vocabulaire politique a perdu son sens et en est arrivé à ce point de confusion, autant y renoncer tout simplement.
Aux origines de la gauche française
Commençons donc par une généalogie très objective et assez incontestée, celle des origines de la notion de gauche. Comme vous le savez sans doute, les catégorie, finalement très modernes, de gauche et de droite sont apparues durant la Révolution française, au moment où les députés de l’Assemblée constituante (puis de l’Assemblée législative et ensuite de la Convention nationale), en prenant place dans la salle de séance, ont donné, géographiquement pourrait-on dire, une expression spatiale à leurs différentes sensibilités politiques. A gauche les Montagnards, à droite les Girondins. Notons en passant que les notions de gauche et de droite n’ont alors de sens que dans un cadre bien défini, celui qui allait jeter les bases de la République, raison pour laquelle les monarchistes, qui représentaient eux aussi une sensibilité politique, ne pouvaient être classés sur cet axe (ce qui n’empêchera pas un certain nombre d’entre eux, par la suite, de rejoindre les rangs de la droite). Si les deux camps en présence se sont alors divisés sur certains sujets qui faisaient l’actualité de la Révolution, comme le vote sur la mort du roi ou l’aquittement de Jean-Paul Marat devant le Tribunal révolutionnaire, ce sont aussi des questions plus générales qui ont opéré une scission entre les uns et les autres, questions parmi lesquelles je retiendrai celle de la guerre et celle de la religion car elles me semblent déterminantes dans l’histoire de ce clivage.
A l’égard des guerres révolutionnaires menées alors en Europe au nom de la « liberté », la droite se montre beaucoup plus belliqueuse que la gauche, voulant exporter militairement les conquêtes politiques françaises aux peuples voisins, alors qu’à gauche Robespierre rappelle que « personne n’aime les missionnaires armées »4. On est bien loin alors de cette gauche du XIXème siècle qui, à l’instar de Jules Ferry, n’hésitera pas, au nom de ces mêmes conquêtes (les Droits de l’homme, l’esprit des Lumières), à promouvoir, dans un esprit d’impérialisme décomplexé, les plus grandes ingérences chez des peuples étrangers, comme en témoigne l’histoire coloniale. Concernant le rapport à la religion, l’inversion entre la césure gauche-droite de la Révolution et celle du siècle suivant est encore plus marquée : si tous s’accordent dans une certaine mesure à mener un combat anticlérical contre les abus de l’Eglise toujours suspecte de faire le jeu de la réaction monarchique, la droite mène ce combat de manière beaucoup plus radicale que la gauche. Les Girondins, qui se revendiquent souvent athées et se réclament volontiers de Voltaire (ce en quoi ils l’ont assez mal compris) s’opposent en cela à des Montagnards plus sensibles aux thèses rousseauistes, c’est-à-dire à un théisme qui soit une forme de retour à une religion naturelle, débarrassée des apparences du culte catholique. Robespierre, qui rêve de donner un nouveau culte à la France (le culte de l’Être Suprême) et qui considère l’athéisme comme un vice d’aristocrates, est très clair à ce propos : « On a dénoncé des prêtres pour avoir dit la messe : ils la diront plus longtemps si on les empêche de la dire. Celui qui veut les empêcher est plus fanatique que celui qui dit la messe. »5 Dès lors, vouloir mettre sur le dos des robespierristes, comme le fait une partie de l’historiographie bourgeoise, les persécution des prêtres réfractaires ou la destruction des églises relève purement et simplement d’une réécriture de l’histoire.
Voici donc posées, dans l’histoire de France, les notions de gauche et de droite. Les germes du socialisme ne tarderont pas à éclore, mais c’est une tout autre histoire sur laquelle je ne reviendrai pas ici car elle a été souvent racontée. Ce qui va nous intéresser à présent, c’est de savoir comment la gauche et le socialisme ont pu finir, en dépit des intérêts objectivement différents qu’ils poursuivaient, par se rencontrer et fusionner. La chose est d’autant plus étonnante que ces deux clans politiques-là avaient au cours du XIXème siècle toutes les raisons de s’opposer et ne s’appréciaient guère. Il suffit de lire par exemple ce qu’avaient pu écrire de grandes personnalités de gauche sur la Commune de Paris, comme Emile Zola, George Sand et bien d’autres, pour prendre la mesure du gouffre qui existait entre cette révolte populaire dans laquelle bouillonnaient toutes les indignations socialistes, anarchistes, patriotiques et communistes, et des figures progressistes comme Gustave Flaubert qui considérait cet événement comme une résurgence du Moyen-Âge…
Le jour où les rouges se sont ralliés aux bleus
Le ralliement du socialisme à la gauche s’est fait au moment de l’affaire Dreyfus, comme l’explique bien Jean-Claude Michéa dans son livre Le Complexe d’Orphée. Il rappelle que le drapeau tricolore de la nation française pouvait se comprendre à cette époque de la manière suivante : le bleu symbolisait la gauche libérale et progressiste, le blanc symbolisait la droite monarchiste et catholique (les vaincus de la Révolution revenus à la charge en intégrant le camp républicain pourrait-on dire) et le rouge symbolisait le mouvement ouvrier, qu’il soit socialiste, communiste ou anarchiste, autrement dit le camp hors système, extra-parlementaire, le camp des « ni gauche ni droite ». Au nom d’un idéal universel et de valeurs supérieures (la Justice, la Vérité), les rouges ont toutefois été invités à prêter main forte aux bleus dans leur combat pour la défense du capitaine Dreyfus, accusé à tort d’avoir livré à l’ennemi prussien des secrets militaires. Or le débat, dans le camp ouvrier, ne porte pas tant sur l’innocence ou la culpabilité de Dreyfus que sur la pertinence de prendre parti dans un conflit interne à l’état-major de l’armée et à la bourgeoisie.
Dans une manifeste socialiste signé entre autres par Jules Guesde et Jean Jaurès, on peut lire : « Prolétaires, ne vous enrôlez dans aucun clan de cette guerre civile bourgeoise ! » Du côté anarchiste, Zo d’Axa écrit dans La Feuille du 3 novembre 1898 : « La France aux Juifs ou aux jésuites… Qu’est-ce que vous voulez que ça fasse au citoyen qui, ce soir, n’a pas vingt sous pour dîner ? » En replaçant ces références-là dans leur contexte (l’antisémitisme et l’anticléricalisme étaient des attitudes fréquentes dans les milieux anarchistes), il faut comprendre que ces termes de « juifs » et de « jésuites », exprimés ici caricaturalement, recouvrent dans le langage deux visages de la bourgeoisie. Il importe peu qu’elle soit de gauche ou de droite, comme il importe peu qu’elle soit juive ou jésuite ou de quelque confession que ce soit : dans les deux cas l’ouvrier ne se sent pas concerné. C’est pourtant Jaurès, en dépit du manifeste cité plus haut, qui sera, une fois rallié au dreyfusisme, un des principaux artisans à gauche de l’intégration du socialisme au camp des bleus. Charismatique, en appelant aux valeurs censées transcender les étroitesses de classes, il va produire une véritable légitimation philosophique de l’intégration progressive du socialisme au spectre républicain, de sa normalisation à gauche, reconfigurant ainsi le paysage politique pour une longue période.
Resituer cet épisode dans le temps, rappeler que ce ralliement n’a eu lieu qu’à la fin du XIXème siècle permet de comprendre que lorsqu’on qualifie des hommes comme Marx, Proudhon ou Bakounine d’hommes de gauche, on commet une erreur, on se laisse abuser par une illusion rétrospective. Il suffit d’ailleurs d’éplucher la correspondance de Marx pour trouver sous sa plume de nombreuses occurrences du terme de « gauche » qui sont souvent accompagnées d’une connotation très négative : lorsqu’il pointe chez tel ou tel camarade un positionnement de gauche, il veut dire que ce camarade se laisse aller à des politicailleries, qu’il a troqué la révolution contre le réformisme, qu’il fait le jeu de la bourgeoisie. Tenir ce discours, pourtant très facile à comprendre, va devenir évidemment beaucoup plus difficile après l’affaire Dreyfus. Si certains communistes s’y essaient encore – comme lorsque Maurice Thorez, devant las adhérents alsaciens du PCF, clame au début des années 1920 que la section française de l’Internationale n’est ni de gauche ni de droite – la plupart, tant du côté marxiste que du côté social-démocrate, ont intégré ce ralliement à gauche.
Critique sociale et critique des valeurs
On réalise dès lors, en ayant rappelé ces deux moments fondateurs, que nous vivons actuellement une période assez paradoxale. L’équation socialisme = gauche semble avoir été assimilée par la plupart, y compris et surtout par les principaux intéressés, et pourtant, à voir le programme, l’action et le bilan de la gauche, spécialement de la gauche au pouvoir en France, on pourrait croire que nous sommes revenus à une configuration semblable à celle qui avait cours avant l’affaire Dreyfus. En effet, il s’agit bien d’un programme, d’une action et d’un bilan de gauche, mais en aucun cas d’un programme, d’une action ou d’un bilan socialistes. Les intérêts des couches populaires, la cause de l’égalité, la lutte des classes ont été à ce point abandonnés par la gauche qu’on pourrait croire que le divorce entre les bleus et les rouges est consommé et que ces derniers ont quitté la maison et sont repartis lutter de leur côté, comme avant les invitations pressantes de Jaurès, loin du système, hors du ruban de Moebius formé par une gauche et une droite plus solidaires que réellement antagonistes. Pourtant il n’en est rien : le PS se prétend toujours socialiste, les syndicats continuent d’appeler à voter à gauche, les communistes continuent de croire qu’il est de leur devoir de se ranger en ordre de bataille derrière leur grand frère pour « faire barrage à la droite », et la prétendue opposition ouvrière n’hésite pas à se proclamer Front de… gauche !6 L’alliance conclue au temps du dreyfusisme est bel et bien rompue mais les socialistes, s’il en existe encore, semblent ne pas l’avoir remarqué.
Je pourrais bien sûr, ce serait chose aisée, vous expliquer pourquoi, d’un point de vue économique et social, la gauche n’est pas socialiste. Je ne le ferai pas car cette démonstration a déjà été faite de nombreuses fois, et bien mieux que par moi. C’est, en gros, l’objet de la critique de l’extrême gauche, du moins dans sa partie la plus intelligente, celle du Monde Diplomatique, celle de Cédric Durand, celle (dans une certaine mesure) de Frédéric Lordon. Critique, soit dit en passant, qu’on peut aussi trouver dans une certaine droite : n’était-ce pas De Gaulle qui disait qu’il n’aimait pas les socialistes parce qu’ils n’étaient pas… socialistes ? Le général ne tenait pas en très haute estime cette gauche libérale et progressiste qui lui servait bien souvent d’adversaire, il aurait sans doute préféré que les camps soient plus marqués, que les enjeux soit plus clairs. Sans le savoir, il parlait un peu comme Georges Sorel, le théoricien du syndicalisme révolutionnaire, qui reprochait aux patrons de ne pas se comporter en patrons et qui enjoignait les capitalistes à tenir leur rôle, à la fois dans l’intérêt de la production et dans celui de la lutte des classes. Cette manière, chez De Gaulle comme chez Sorel, d’exiger de l’adversaire politique qu’il tienne son rang peut paraître étrange dans un monde où chacun est censé espérer secrètement l’anéantissement de son rival. Il y a là une rectitude, quelque chose d’un peu chevaleresque, qui échappe au cynisme des modernes.
Quoi qu’il en soit, je ne m’attellerai pas à une critique de la gauche d’un point de vue anti-capitaliste (il va de soi, comme le savent ceux qui me connaissent, que d’adhère entièrement à cette critique) mais du point de vue de valeurs. La critique des valeurs complète la critique sociale et est, en dernière analyse, englobée par elle. Je vais m’en expliquer. On parle, dans les sciences politiques anglo-saxonnes, de systèmes de pensée value oriented, c’est-à-dire des systèmes de pensée dans lesquels priment des valeurs, qu’elles soient morales ou philosophiques, par opposition aux systèmes qui, neutres sur le plan des valeurs, font primer les enjeux gestionnaires. Ces derniers systèmes, parmi lesquels on peut ranger le libéralisme dans sa variante de droite, préfèrent la gouvernance au gouvernement. Se référant à cette image trompeuse (dont les démagogues sont friands) du panier de la ménagère comme métaphore des caisses publiques, ils présentent la politique comme l’activité qui consiste tout simplement à gérer un budget. Dans ce cas de figure-là, la question idéologique ne peut qu’être évacuée car l’action politique se ramène à un bilan comptable et il n’y a pas deux manières de résoudre correctement une équation mathématique. Le libéralisme gestionnaire montre rapidement, dès qu’il est au pouvoir, qu’il ne croit absolument pas à la liberté en politique. La liberté, en effet, consisterait à envisager pour les gouvernants plusieurs options possibles afin de résoudre un problème (options que les uns ou les autres choisiront en fonction des valeurs qu’ils placent en tête de leur système), les problèmes étant de nature politique et non des cas de pure arithmétique – ce que cette droite-là refuse obstinément d’envisager au nom de la théorie fallacieuse du « panier de la ménagère ». Le libéralisme de gauche, rendons-lui justice sur ce point, ne tombe pas dans cet écueil. Car la gauche est, tout comme le socialisme, un système de pensée value oriented. Seulement, si tous deux ont en commun d’orienter leurs actions au nom de valeurs, c’est sur l’identité de ces valeurs qu’ils diffèrent.
La gauche : le libéralisme plus les valeurs
Si Lénine aimait à dire que le communisme, c’était les soviets plus l’électricité, on pourrait tout aussi bien dire aujourd’hui que la gauche, c’est le libéralisme plus les valeurs. Prenons, à titre d’exemple, le bilan des deux derniers présidents de la République. Sarkozy, homme de droite libérale, se vantait de gouverner la France comme on dirige une entreprise, approche du politique typique d’une pensée gestionnaire. Pensée gestionnaire qui, précisons-le tout de même, n’est pas nécessairement de droite : Saint-Simon aimait à dire qu’il fallait remplacer le gouvernement des hommes par l’administration des choses. Sarkozy ne croyait pas en grand chose, son approche de la res publica était celle d’un affairiste et il voyait dans l’Etat un business comme un autre, propre à lui rapporter un certain profit. On pouvait alors espérer que le retour de la gauche au pouvoir permettrait de rétablir la prééminence que le politique est censé avoir sur l’économique, et que la violence du capital s’en trouverait atténuée.
Mais cette attente a été déçue : Hollande, l’homme qui prétendait voir son ennemi dans la finance, n’a pas amené de changements déterminants aux orientations prises par son prédécesseur, et l’influence croissante dans ce gouvernement d’un homme comme Emmanuel Macron laisse prévoir que les choses pourraient encore empirer. Le très libéral Robert Ménard ne se réjouissait-il pas, l’autre jours sur les réseaux sociaux, de voir que cette loi sur le travail qui génère aujourd’hui tant d’opposition parmi le peuple, Hollande allait la promulguer alors que Sarkozy s’était contenté de la rêver ?… Or donc, non seulement Hollande a très peu agi contre le creusement des inégalités sociales et contre l’arrogance des patrons voyous et des spéculateurs, mais en plus il a ajouté, à ce libéralisme ordinaire, la caution des valeurs de gauche. Le « mariage pour tous », la réforme des programmes scolaires, la théorie du genre… Autant de transformations sociétales promues par ses ministres et qui s’intègrent parfaitement au libéralisme ambiant : ils représentent la forme culturelle, sociétale, des bouleversements économiques auxquels nous soumet le capitalisme. Sarkozy était un cynique mais Hollande, qui ne l’est peut-être pas moins, s’entoure d’idéologues. Face à cette offensive contre nos valeurs, contre les valeurs de la France populaire, on se surprend à soupirer, en pensant à Sarkozy : au moins cet homme-là, lui, ne croyait-il en rien… Je dis cela avec ironie bien sûr, car je ne pense pas que l’un de ces deux larrons vaille mieux que l’autre, seulement il est important de comprendre ce qui les distingue, et cette distinction est moins à chercher du côté de leurs politiques économiques que du côté de leurs politiques en matière de valeurs.
La droite libérale peut se parer de valeurs, certes, mais elle ne le fait jamais que par opportunisme, rarement par réelle conviction. Elle peut présenter tour à tour un visage progressiste, conservateur ou réactionnaire selon le sens dans lequel il conviendra de brosser le poil de l’opinion publique. La gauche, elle, est beaucoup plus ferme quant aux valeurs qu’elle entend défendre, même lorsque cette fermeté peut parfois lui faire perdre une élection7. Cette différence est fondamentale car elle montre que si la gauche et la droite sont également vicieuses, leurs vices ne sont pas les mêmes. La gauche pêche par puritanisme et la droite par opportunisme.
Puritanisme de gauche et opportunisme de droite
Dans un entretien accordé il y a quelques mois à la revue Eléments, Jacques Julliard, spécialiste bien connu de l’histoire de la gauche, expliquait : « Sous la reine Victoria, il y avait des mots interdits parce qu’ils évoquaient indirectement le sexe. La gauche est devenue dans sa manière de penser et de parler “victorienne”. Cela se traduit par des batailles de vocabulaire, des mots qu’on ne peut plus employer. […] Dans un tel climat, le simple désir de respirer librement éloigne de la gauche un certain nombre d’intellectuels. Et ce qui est significatif, c’est que ce sont eux qui obtiennent en librairie les succès les plus extraordinaires ! […] Cette perte de l’hégémonie intellectuelle devrait tout de même amener la gauche à s’interroger. »8 Le fait est en effet qu’aujourd’hui si la gauche continue, bon gré mal gré, de produire des êtres pensants, ceux-ci sont presque systématiquement excommuniés lorsqu’ils se mettent à réfléchir, à exprimer leurs réflexions, lesquelles les poussent inévitablement à questionner la doxa véhiculée par le PS et ses épigones. La gauche, qui s’enorgueillissait de faire une large place aux intellectuels (par opposition à une droite qui tendait à les déprécier au profit des entrepreneurs et des capitaines d’industrie) n’est plus à même de leur offrir cet asile car elle est devenue allergique à la pensée. Et cette allergie n’est autre qu’une forme de puritanisme, une incapacité à tolérer le moindre dialogue avec l’autre, celui qui pense autrement. Cette peur du débat, qui prend de plus en plus souvent la forme d’un déni de culture démocratique (dans laquelle la gauche d’hier prétendait s’enraciner), dénote à la fois une faiblesse argumentative et une intolérance inquiétantes : les réflexes pavloviens de l’« antifascisme » paraissent aujourd’hui parmi les formes les plus extrêmes de ce puritanisme.
La droite libérale, elle, plus stratège, fait exactement le contraire. Là où la gauche traque la moindre dissidence et le moindre désaccord comme un déviationnisme suspect des plus noires intentions, la droite est prête à donner la parole à des pensées assez éloignées des siennes tant qu’elle peut y trouver un profit indirect. C’est en cela qu’elle est opportuniste. Je discutais hier avec une personne très sympathique à qui Le Figaro avait offert une tribune pour conspuer le libéralisme, et je m’étonnais que le journal de Serge Dassault, voix tonnante du capitalisme le plus décomplexé, tolère ce genre d’audaces philosophiques. Le fait est pourtant que, dans un pays en crise et en butte à la double violence du capital et des réformes sociétales les plus impopulaires (soit la double offensive, dans l’économie et dans les valeurs, de la bourgeoisie dominante), la critique de la pensée unique suscite un intérêt croissant et qu’il est dès lors avantageux d’avoir, dans son média, l’une ou l’autre plume indignée connue pour s’en prendre au libéralisme (et même, pour reprendre le cas de cette sympathique chroniqueuse qui n’hésitait pas à puiser à l’occasion chez Clouscard – au « libéralisme libertaire »). Cela ne signifie évidemment pas, vous l’aurez compris, que la révolution viendra du Figaro ou de Valeurs actuelles, cela signifie seulement, comme le disait Mao, que les capitalistes sont tellement avides qu’ils seraient prêts à nous vendre la corde même avec laquelle nous projetons de les pendre…
Dans un article paru dans les Cahiers du Cercle Proudhon – publication née d’une brève aventure politique du début du XXème siècle qui vit se réunir syndicalistes révolutionnaires et gens de l’Action française – un certain Albert Vincent écrivait la chose suivante : « Pourquoi le syndiqué suspecterait-il le politicien socialiste et l’anarchiste [nous dirions aujourd’hui : le politicien de gauche] ? Il n’a rien contre eux. Ils ont gagné sa confiance en prononçant d’abord un certain nombre de paroles anti-capitalistes qu’il sait justes. Bien disposé, il écoute avec intérêt la suite des discours qu’on lui tient. Il apprend ainsi que la morale est tout simplement un ensemble de préjugés hypocrites contre lesquels il est bien de se révolter, que la famille a évolué et évoluera encore, qu’avoir des enfants c’est faire le “jeu des capitalistes”, que les liens du mariage sont de pesantes chaines, que l’être vraiment libre, vraiment fort, ne doit pas craindre de rompre, etc. Cet enseignement qui réussit n’a, remarquez-le, rien de prolétarien. »9 Ne croirait-on pas que ce commentateur de 1912 nous parle de Christiane Taubira ou de Najat Vallaud-Belkacem ?… Cette réflexion illustre en tout cas parfaitement bien l’énorme contradiction qui existe, à gauche, entre les prétentions en matière de combat social et les valeurs professées, lesquelles n’ont rien, dans l’esprit, qui soit susceptible d’emporter les suffrages des classes populaires.
Les valeurs sont une expression de classe
Nous en revenons au postulat que j’ai posé et que je me permets de répéter car il est fondamental : la critique des valeurs complète la critique sociale et est, en dernière analyse, englobée par elle. Si nous ne sommes pas entièrement déterminés par notre identité de classe, il n’empêche que c’est bien souvent elle qui nous influence dans notre rapport à la patrie, à la culture, à la modernité, à la famille et à de nombreux autres sujets. Comme l’avait très justement noté Michéa, « en reprenant naïvement à son compte le libéralisme culturel des nouvelles classes moyennes urbaines – dont elle ne perçoit toujours pas le lien avec la dynamique du capital – [la gauche] ne peut que heurter de front la sensibilité profonde de ces classes populaires qui, elles, ont à vivre en permanence sous le feu de l’ennemi »10. Feu de l’ennemi qui peut se comprendre à la fois comme la violence sociale exercée par le système libéral et comme l’insécurité croissante de l’environnement dans lequel vivent les classes populaires, générée par l’immigration et tolérée par la gauche au nom du discours officiel sur le vivre-ensemble et les joies de la diversité (et parce que ceux qui produisent cette idéologie vivent dans des quartiers peu touchés par ce phénomène, loin du « feu de l’ennemi »).
La rupture, sur le plan des valeurs, entre la gauche au pouvoir et la sensibilité des gens ordinaires questionne la notion même de pensée unique, qui est souvent mal comprise. Il n’y a évidemment pas de pensée unique au sens où il existerait dans l’air du temps une pensée que nous partagerions tous comme des clones, ce n’est pas de cela dont il s’agit. Quand on dit que cette pensée est unique, cela signifie simplement qu’elle est dominante, et qu’elle est dominante car c’est elle qui s’exprime majoritairement dans les canaux médiatiques et idéologiques mis à la disposition des dominants. Cette pensée est par contre minoritaire dans la société et ce malgré le matraquage effectué par les médias dans un but évident de propagande. Il est toujours frappant de constater à quel point les opinions qui dominent dans les journaux de la grande presse et à la télévision sont peu représentées parmi les gens que nous côtoyons tous les jours, les gens de la vie ordinaire, les travailleurs, les citoyens lambda, comme il est frappant d’observer que ces opinions de la rue, du pays réel, sont dramatiquement absentes du ghetto médiatique – sauf bien sûr lorsqu’il s’agit de s’en moquer ou de les diaboliser. Cette pensée unique, Marx et Engels l’avaient très justement diagnostiquée en son temps : « Les idées dominantes d’une époque n’ont jamais été que les idées de la classe dominante. »11 Aujourd’hui cette classe dominante est celle des libéraux, et les valeurs qui ont l’heur de leur plaire, par conviction ou par opportunisme, sont les valeurs de gauche.
Comme le remarquait Gaël Brustier dans son pamphlet A demain Gramsci12, la présence en force de la gauche au Sénat, à l’Assemblée nationale et à la présidence de la République cache de plus en plus mal son absence du débat d’idées, ou tout au moins la perte de sa domination intellectuelle dans l’esprit des citoyens. C’est le drame de la gauche : elle est value oriented, elle voudrait fonder son action politique sur des valeurs – mais elle a perdu le combat des valeurs. Le PS a explicitement reconnu, lors de son Congrès de Poitiers en juin 2015 qu’il n’était plus en situation d’hégémonie culturelle – terme gramscien qui, rappelons-le, recouvre l’heureuse rencontre de l’idéologie et du sens commun. Dépité par ce constat d’échec, cela fait plusieurs années que le PS ne cherche même plus à reconquérir ce qu’il a perdu, préférant contre-attaquer sur un autre front, avec un autre peuple, au nom d’autres valeurs. La fondation Terra Nova, lobby issu du PS qui travaille à la construction d’une nouvelle coalition historique de la gauche, a décidé de faire l’impasse sur les classes populaires, préférant se tourner vers de nouvelles catégories sociologiques (dont l’unité est souvent plus fantasmée que réelle) comme les femmes, les jeunes, les minorités sexuelles et surtout les immigrés. L’immigration est devenu pour le PS un nouveau peuple élu, un nouveau prolétariat de substitution – ce qui éclaire d’un jour nouveau les rapports qu’on constate au quotidien entre clientélisme politicien et destruction des frontières et de l’identité nationale. Terra Nova s’engage à porter les valeurs européennes (comprenez : les valeurs de la technocratie de Bruxelles) contre ce qui est défini comme les valeurs populaires et nationales. Cette affaire de valeurs étant largement, comme nous l’avons vu, une affaire de classes sociales, on peut en conclure que le double abandon par le PS du socialisme comme programme et des valeurs populaires équivaut à un retour à la situation de ce qu’était la gauche avant l’affaire Dreyfus, c’est-à-dire avant le ralliement du mouvement ouvrier.
De la Commune à Nuit Debout
La critique des valeurs – je le répète une troisième et dernière fois – complète la critique sociale et est, en dernière analyse, englobée par elle. Aussi, lorsque des communistes arguent qu’ils ne souhaitent pas prendre position sur certains grands débats nationaux, comme la polémique autour du mariage des homosexuels par exemple, sous prétexte que ces débats ne ressortissent pas de la question sociale, on peut comprendre leur raisonnement (après tout, n’était-ce pas celui des communistes au moment de l’affaire Dreyfus ?) mais ils commettent une erreur d’appréciation. Certes, ils n’ont pas tout à fait tort lorsqu’ils expliquent que Hollande se permet de déchainer la colère des foules sur ce sujet-là pour mieux faire passer, silencieusement, l’entreprise systématique de démantèlement du monde du travail qu’il a entrepris pour satisfaire la libéralisation de l’économie et les directives européennes. Leur lecture strictement matérialiste du problème les empêche toutefois de voir le caractère anthropologique, donc fondamental, de certains changements de société imposés susceptibles d’influer à long terme sur nos existences aussi fortement que bien d’autres nuisances néolibérales. Le « mariage pour tous », comme d’autres réformes sociétales sur le front des valeurs, était peut-être une manœuvre politique de diversion, mais il n’était pas que cela, il portait en lui un vrai programme et visait une vraie transformation des rapports sociaux.
Avant de venir m’exprimer devant vous, je me suis rendu, avec mes amis de la revue Rébellion, au cimetière du Père Lachaise. Nous sommes allés, en ce 21 juin, nous recueillir devant le Mur des Fédérés, en souvenir des martyrs de la Commune abominablement massacrés en cet endroit par les troupes versaillaises. Troupes au service d’un président de gauche qui n’avait pas hésité, une fois les beaux discours restés sans effet, à mobiliser la force armée et à faire tirer sur le peuple. Ensuite de quoi nous nous sommes rendus, par curiosité, sur la place de la République pour voir ce qu’il en était de ce mouvement Nuit Debout dont les médias nous parlent tant. Nous avons trouvé portées à leur comble les contradictions de l’alliance dreyfusienne puisque les diatribes syndicalistes et les calicots appelant les métallurgistes à se mettre en grève contre la loi El Khomri côtoyaient des « ateliers d’expression non mixtes » et des stands vegan. De la distinction entre valeurs socialistes et valeurs de gauche dépendra la constitution et le succès d’un véritable mouvement social en réaction aux assauts portés par ce gouvernement contre ses citoyens. Il ne nous reste qu’à espérer que ce mouvement ne connaisse pas le même destin que celui de Mai 68, les revendications ouvrières et populaires ayant cédé le pas aux aspirations libérales libertaires (portées par les étudiants) d’une jeune bourgeoisie désireuse de renverser la vieille bourgeoisie pour mettre en place un capitalisme pire encore. En 1968 comme aujourd’hui, la dialectique révolutionnaire opposait objectivement bobos et populos.
Alain de Benoist disait, il y a une quinzaine d’années, la chose suivante : « Il y a aujourd’hui pour la gauche une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle, c’est qu’elle a historiquement gagné la bataille de la modernité. La mauvaise, c’est qu’elle a disparu. »13 Au risque de contredire mon maître et ami, je pense au contraire, quinze ans après, que la gauche n’a pas disparu puisqu’elle a repris le pouvoir mais qu’elle a historiquement perdu la bataille des valeurs, emportant avec elle la modernité dans sa défaite. Et c’est une bonne nouvelle, car plus la gauche sera moribonde et plus favorables seront les conditions d’éclosion d’un nouveau socialisme.
David L’Epée
1Louis Aragon, Les Cloches de Bâle, Denoël, 1934, p.430
2SolidaritéS, 16 octobre 2014
3David L’Epée, Le socialisme et la question nationale, in. Krisis n°42, décembre 2015
4Maximilien Robespierre, discours du 2 janvier 1792 au club des Jacobins
5Maximilien Robespierre, discours du 21 novembre 1793
6La différence lexicale entre l’actuel Front de Gauche et ce que fut le Front Populaire est à cet égard révélatrice : les mots ont un sens…
7L’entêtement avec lequel, en Suisse, le PS défend le rapprochement du pays avec l’Union européenne en est un bon exemple : la droite libérale a longtemps tenu le même discours avant de mettre de l’eau dans son vin et de faire des concessions à l’euroscepticisme majoritaire, histoire de ne pas perdre des voix dans les urnes, alors que la gauche, elle, continue de brandir ces valeurs « européennes » au risque d’une sévère perte de popularité du parti.
8Jacques Julliard, entretien, Eléments n°159, mars-avril 2016
9Albert Vincent, IIIe et IVe Cahiers du Cercle Proudhon, mai-août 1912, in. Cahiers du Cercle Proudhon, Avatar Editions, 2007, p.213
10Jean-Claude Michéa, La Gauche et le Peuple, Flammarion, 2014, p.294
11Karl Marx & Friedrich Engels, Manifeste du Parti Communiste, Flammarion, 1999
12Gaël Brusier, A demain Gramsci, Editions du Cerf, 2015
13Alain De Benoist, Critiques – Théoriques, L’Âge d’Homme, Lausanne, 2002, p.230
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