Le défi d'interviewer des partisans de Donald Trump

Le défi d'interviewer des partisans de Donald Trump

Diane Burnette nous accueille dans son bureau du centre-ville avec un grand sourire masqué. C’est une démocrate qui travaille pour les sans-abri et qui héberge chez elle des chiens abandonnés. Son mari est républicain.

Une journaliste locale qui m’aide à chercher des supporteurs du président Trump m’avait suggéré de leur parler. Diane est enthousiaste, elle dit qu’elle va consulter son conjoint et me rappeler en soirée pour confirmer l’heure de l’entrevue, le lendemain.

Ce ne sera pas possible Sophie, me dit-elle quelques heures plus tard, mon mari m’a engueulée. Il m’a dit que le Canada était notre ennemi, que tout ce qu’il pourrait dire serait manipulé pour nuire à Donald Trump. Mais j’ai parlé à mon frère, qui est aussi républicain, et il est très intéressé, il va vous parler.

Une rue avec des véhicules dans une petite ville.

Washington, en Pennsylvanie, est une petite ville de 13 000 habitants, à 45 km au sud de Pittsburgh, au coeur des Appalaches.

Photo : Radio-Canada

Ce soir-là, je parle longuement au téléphone au frère de Diane, un ancien démocrate devenu républicain pour des raisons économiques. Il est très intéressant et prêt à être interviewé. Il n’exprime aucune méfiance, aucune réticence, pas un brin d’hésitation. Le lendemain matin, il annule.

Je suis un homme d’affaires, je dois penser à mes employés, à mes clients. J’ai peur qu’un démocrate cinglé vienne incendier mon commerce.

Le frère de Diane Burnette

Diane est consternée, elle m’envoie les coordonnées de huit autres proches et amis républicains, tous des gens, dit-elle, qui ne sont pas gênés de parler de politique et d’exprimer leur opinion en faveur de Donald Trump. Une seule de ces personnes acceptera de nous parler à la caméra.

Grande méfiance

Nous avons contacté le Parti républicain à tous les niveaux, des syndicats, deux grandes entreprises minières, un organisme qui replace des chômeurs, des chambres de commerce, des clubs politiques, d’innombrables républicains cités dans des articles, des gens trouvés sur des pages Facebook de mineurs. Nous avons parlé à de rares piétons dans la rue, à deux mètres et derrière nos masques. Des gens nous ont raccroché au nez, parfois après quelques insultes. Plusieurs nous ont dit oui pour ensuite changer d’idée. Certains ont même pris rendez-vous, mais ne sont pas venus et n’ont plus répondu à mes appels et messages. Beaucoup d’Américains sont devenus extrêmement méfiants quand il s’agissait de parler de politique.

Il ne faut pas s’étonner, nous dit la journaliste qui nous a aidés à Washington, cela fait quatre ans que nous [les médias] sommes l’ennemi du peuple, cela finit par faire des ravages. Deux analystes républicains proches des médias ont fini par nous ouvrir quelques portes.

La « majorité silencieuse »

La difficulté qu’ont les journalistes à communiquer substantiellement avec des républicains, autres que les porte-parole officiels, est révélatrice. Elle nous fait réaliser que la fameuse majorité silencieuse l’est encore plus maintenant qu’en 2016. Il faut donc se méfier des sondages. Cela indique aussi un pays profondément divisé.

Diane Burnette dit qu’elle ne parle plus de politique avec son mari ni avec la plupart de ses amis, ce qui n’était pas le cas avant.

C’est pire depuis l’élection de Donald Trump, dit-elle. On est mariés depuis 21 ans, mon mari a toujours été un homme calme, maintenant il se fâche souvent, il y a beaucoup de tension dans la maison. Je ne vais pas laisser cette élection nous séparer, mais je ne vais pas lui dire que je vous ai parlé, je vais attendre après les élections.

Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec

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