En choisissant Kamala Harris comme colistière, Biden donne l’élection à Trump

En choisissant Kamala Harris comme colistière, Biden donne l’élection à Trump

Par Tom Luongo − Le 14 août 2020 − Source Strategic Culture

Nous n’avons même pas atteint la convention DNC du Parti Démocrate à Milwaukee la semaine prochaine et la saison électorale est déjà terminée. L’ancien vice-président et candidat – présumé – du Parti démocrate, Joe Biden, a choisi la sénatrice Kamala Harris comme vice-présidente.

Elle est la première femme non blanche à être aussi «honorée».

Mais ce n’est pas un choix conçu pour gagner une élection, c’est le drapeau blanc de la capitulation.

Kamala Harris – © Photo: Flickr / Gage Skidmore

Harris a mené l’une des pires campagnes primaires pour la candidature démocrate, de mémoire récente, essayant désespérément d’être la Hillary Clinton «noire». Elle s’est crashée de façon spectaculaire. S’il y a un meilleur exemple d’être sourd à ce que les électeurs veulent chez une candidate, je ne peux vraiment pas l’imaginer.

Qu’est-ce que Harris apporte au ticket de Biden ? C’est une ancienne procureure pour les hommes noirs de Californie. Les démocrates étaient-ils si inquiets, à propos de cet État, qu’ils ont jugé nécessaire de le confiner ?

Non, évidemment, je blague.

Harris était tout simplement le seul choix qu’ils pouvaient faire après que Biden a annoncé que sa colistière serait une « femme de couleur » et il y avait peu de chances pour qu’il choisisse la mouche du coche du parti Tulsi Gabbard (D-HI) puisque Biden est autant un mondialiste, défenseur de l’empire que tous les autres responsables de la direction du Parti Démocrate (DNC).

Les autres possibilités n’étaient pas sérieuses. Et Susan Rice a deux vraies handicaps contre elle. Premièrement, son nom n’est pas connu, et deuxièmement, elle pourrait finir par être inculpée par John Durham avant les élections [suite à l’affaire du Russiagate dans laquelle elle serait mouillée, NdT].

En fait, si vous lisez entre les lignes, le fait que Rice soit éliminée du choix est un signal que les problèmes juridiques du DNC sont beaucoup plus graves que quiconque est prêt à le laisser entendre.

Le meilleur choix stratégique pour la DNC aurait été Elizabeth Warren. Mais, alors que Warren est tout autant une harpie peu aimable que Harris, elle est aussi vraiment plus modérée, et pourrait faire campagne pour éloigner le parti du précipice.

De plus, puisqu’elle en est une, elle-même, Warren aurait renforcé le soi-disant «vote Karen», 1 qui est un réservoir central représentatif d’électrices Démocrates, bien mieux que Harris.

Dans un cycle électoral, où les arguments sur l’épouvantail des croque-mitaines républicains qui privent les femmes du droit d’assassiner leurs enfants à naître sont étrangement absents, ce bloc de vote est plus précieux que jamais pour le DNC, surtout après que ce parti a ouvertement soutenu les émeutes raciales et urbaines et les violence qui ont dominé dans les médias au cours des trois derniers mois.

La seule façon dont je pense que ce choix de Harris fonctionne pour eux est qu’ils essaient de récupérer le soutien des BLM et Antifa en plaçant la forte personnalité autoritaire de Harris en haut du ticket. Comme Gabbard l’a souligné dans les débats de l’année dernière, aucun procureur général de Californie n’a mis plus d’hommes noirs en prison que Harris.

Puisque Biden a habilement évité de soutenir les émeutes, lui et Harris vont désormais pivoter, de la manière la plus malhonnête possible, pour devenir le ticket « loi et ordre » accusant le président Trump de laisser brûler nos villes et de tout mal gérer, de l’économie au COVID-19, en passant par le CHAZ [Zone de non droit] à Seattle.

Vous pouvez voir le script qu’a écrit la DNC dans ses séminaires de stratégie. C’est le jeu classique d’Alinsky qui consiste à fomenter un problème, à le nourrir et à le dorloter, puis à attaquer l’adversaire pour sa faiblesse dans la gestion de ce que vous avez provoqué.

Ils l’ont fait complètement avec tous les principaux problèmes de 2020 jusqu’à  ce jour. Et maintenant, à la convention de Milwaukee, les démocrates vont essayer de faire valoir, à la manière straussienne 2, qu’ils sont la synthèse entre un président incompétent Trump – thèse – et une Amérique défaillante qu’il a seul créée  – antithèse.

Le seul problème est que cela ne fonctionnera pas.

Pas du tout.

Trump a résisté à ces trois tempêtes aussi bien que quelqu’un avec son niveau de compétence le pouvait. Et au cours du week-end, il a porté le combat directement chez les démocrates à propos de la relance et des aides, élaborant quatre décrets qui frappent au cœur de leurs thèmes de discussion habituels. Je les ai couverts dans un récent article du blog.

  1. Différer la perception des charges sociales – Ici, Trump fait au moins deux choses. Premièrement, c’est un républicain qui réduit les impôts des pauvres et de la classe moyenne. Deuxièmement, il réduit le coût de la main-d’œuvre américaine, réduit les formalités administratives et permet aux entreprises confrontées à une crise de trésorerie de rester ouvertes sans avoir à se soucier de payer des paiements mensuels / trimestriels. Cela attaque un point central de l’argumentation démocrate , « Les républicains ne se soucient pas du petit gars, nous le faisons ! »
  2. Prolonger le report des échéances de prêts étudiants – Il s’agit d’un pas de plus vers le jubilé sur une dette qui, encore une fois, paralyse les employés, qui doivent s’occuper d’abord du service de la dette plutôt que de consommer et créer une demande dans l’économie réelle de biens et de services. Cela attaque également les banques qui ont accordé ces prêts prédateurs, ce qui constitue la plupart des prêts étudiants, ce qui mine l’argument démocrate du «Occupy Wall Street» disant que tout l’argent va aux banques.
  3. Prolonger le moratoire sur l’expulsion des locataires hypothéqués – Une fois de plus, Trump frappe les banques à la racine en empêchant l’expulsion des personnes dont les revenus ont été détruits par le  gouvernement fédéral et les États avec leurs ordonnances de confinement du COVID-19. Il s’agit d’une attaque directe contre le plan de la DNC de voir les banques mettre des millions de personnes à la rue au plus fort de la campagne électorale. Cela récuse l’argument selon lequel le Parti républicain défend  uniquement les riches vautours capitalistes.
  4. Réduire et étendre la durée de l’allocation-chômage – Trump n’est pas fou. À ce stade, le déficit budgétaire est déjà absurde. Réduire et étendre l’aide pendant la saison électorale, encore une fois, montre qu’il aide et que les démocrates font obstruction. Ce n’est pas parfait, mais cela reporte la falaise budgétaire à laquelle les gens seront confrontés après les élections, ce qui lui permet d’apporter des modifications plus radicales au code des impôts tout en gardant les gens chez eux, nourris et capables de maintenir un semblant de normalité. Trump revendique le haut niveau moral du «je m’occupe de vous».

À ce stade, tout ce que Trump a à faire pour contrer ce revirement de Biden et Harris est de défendre ses positions sur le soulagement des classes inférieures et moyennes, de défendre la police alors que les rassemblements de «Blue Lives Matter» surgissent dans tout le pays, et de rassurer toutes ces nouvelles « Karen » pétulantes, possédant des armes à feu dans les banlieues, que les Antifa ne viendront  pas dans leur quartier tant qu’il sera là.

La stratégie pour évincer Trump a été d’attaquer les trois principaux piliers de la classe moyenne, la sécurité de leur santé – COVID-19 – leur richesse – crise financière – et leurs maisons – émeutes. La cote d’approbation de Trump a résisté face à tout cela parce qu’il n’a pas paniqué.

Il a attendu que son opposition se soit trop engagée, d’elle-même, dans une stratégie qui retournait la majorité du pays contre elle. Les sondages d’aujourd’hui ont été arrangés pour donner vie à la fiction d’une victoire de Biden, mais la carte des États montre que Biden a des vrais difficultés dans les États qu’il doit gagner pour avoir même une chance de victoire.

En 2016, je n’ai jamais douté que Trump battrait Hillary. Les sondages ne sont pas là pour mesurer les opinions des électeurs mais pour les façonner. Et si cette carte est la meilleure que les démocrates puissent présenter après avoir systématiquement détruit l’économie américaine, alors, honnêtement, je m’attends à ce que Trump gagne lors du collège électoral en novembre.

Il y a encore du temps avant les élections et je soupçonne que la pression sur Trump ne fera qu’augmenter. Mais si nous sommes vraiment honnêtes à propos du message des démocrates et de la façon dont ils se positionnent pour cette élection, ils s’attendent à perdre et à voler les élections en trafiquant les urnes et en contestant les résultats pour semer davantage la discorde.

Nous avons vu jusqu’à présent, en 2020, la forme ultime de chantage politique des élites à travers leurs porte-parole dans les médias et la stratégie électorale du Parti démocrate. Ils disent aux électeurs de se débarrasser de Trump et de les remettre au pouvoir, sinon ils démoliront les États-Unis et incendieront vos maisons.

Je ne pense pas que ce soit une stratégie gagnante, et je ne pense pas non plus que Kamala Harris puisse faire une brèche dans l’approbation croissante de Trump auprès des électeurs noirs et hispaniques. Tout ce que je vois d’eux me dit qu’ils savent qu’ils vont perdre mais qu’ils doivent se battre parce que l’avenir de leur parti en dépend.

Tom Luongo

Traduit par jj, relu par Hervé pour le Saker Francophone

Notes

Source: Lire l'article complet de Le Saker Francophone

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