La fillette de Granby a été victime de manquements à toutes les étapes du processus qui visait à la protéger, révèle l'enquête de la Commission des droits sur sa mort.

La fillette de Granby a été victime de manquements à toutes les étapes du processus qui visait à la protéger, révèle l'enquête de la Commission des droits sur sa mort.

Le gouvernement Legault s’est engagé mardi à donner suite aux recommandations d’un rapport dévastateur dénonçant l’incurie des autorités, incapables d’éviter le décès d’une fillette de Granby survenu au printemps 2019.

L’enquête menée par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) sur les circonstances ayant mené à la mort de cette fillette révèle que l’enfant martyre a été victime de manquements à toutes les étapes du processus clinique et légal mis en place par le gouvernement et qui aurait dû normalement la protéger.

On se rappellera que le drame de cette fillette de sept ans, dont l’identité n’a pas été dévoilée, avait ému tout le Québec à la fin d’avril 2019, quand on avait appris qu’elle était morte des suites de mauvais traitements subis à répétition, alors que son cas était connu depuis des années par la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de l’Estrie.

La commission avait décidé alors, de sa propre initiative, de faire enquête et son rapport a été rendu public mardi, assorti de plusieurs recommandations.

La vice-présidente de la commission, Suzanne Arpin, n’a pas caché son indignation devant l’incurie gouvernementale dans ce dossier.

« Combien d’enfants devrons-nous encore pleurer, combien d’enfants allons-nous laisser être victimes de maltraitance, victimes de notre tendance à banaliser l’inacceptable ? Quand notre système de protection, au-delà des mots, prendra-t-il le parti des enfants et de leurs droits ? », s’est interrogée Mme Arpin.

Lors d’une mêlée de presse en matinée, le premier ministre François Legault a fait un bref commentaire sur le sujet en s’engageant à donner suite au rapport de la commission. « On va suivre les recommandations », a-t-il commenté, sans plus.

Dans un communiqué, le ministre responsable de protéger la jeunesse, Lionel Carmant, a dit qu’il allait s’assurer de « la mise en œuvre » des recommandations de l’organisme, ajoutant qu’il prenait « très au sérieux » le dossier.

Le drame de Granby avait incité le gouvernement à mettre sur pied la Commission spéciale sur la protection de la jeunesse, présidée par Régine Laurent, et chargée de remettre en question tout le système de protection de la jeunesse. Elle doit déposer son rapport d’ici décembre.

Combien d’enfants devrons-nous encore pleurer, combien d’enfants allons-nous laisser être victimes de maltraitance, victimes de notre tendance à banaliser l’inacceptable ? Quand notre système de protection, au-delà des mots, prendra-t-il le parti des enfants et de leurs droits ?

 

La CDPDJ affirme que la DPJ doit tenir compte du point de vue des enfants qui lui sont confiés, qu’elle doit les rencontrer régulièrement, les amener à s’exprimer librement et confidentiellement sur leur situation. Elle recommande que l’évaluation du lien d’attachement de l’enfant aux adultes soit systématiquement réalisée et soit inscrite dans la Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ), lorsque les délais maximaux de placement sont atteints et qu’un changement de projet de vie est envisagé.

La commission recommande également au ministre de la Santé et des Services sociaux de se pencher sur les conditions de travail des intervenants de la protection de la jeunesse. Elle lui demande aussi de s’attaquer au problème récurrent de recrutement et de rétention des intervenants, souvent surchargés.

La commission déplore le fait que les intervenants auprès de ces enfants vulnérables manquent de formation, de support et de supervision.

À la ministre de l’Enseignement supérieur, la commission demande de voir à créer un programme de formation spécifique à la protection de la jeunesse. Elle suggère aussi de revoir les programmes de formation des éducatrices en garderie, pour les sensibiliser aux enjeux de protection de la jeunesse. Les services de garde devraient aussi être informés de l’obligation de signaler les cas problèmes aux autorités.

À propos de l'auteur Le Devoir

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