La revanche des femelles (par Ana Minski)

La revanche des femelles (par Ana Minski)

« J’écris contre la peur. Contre le vent avec des griffes qui se logent dans ma res­pi­ra­tion. » (Alejan­dra Pizar­nik)

1.

Je suis née un matin de pluie

je tar­dais disait-on

je tar­dais répé­tait-on

de toute part l’urgence de venir au monde

réson­nait dans mon corps d’eau vivante

d’abord la suc­ces­sion des doigts dans le sexe

les pieds dans les étriers

injec­tions puis contrac­tions

accou­che­ment pro­vo­qué

la dic­ta­ture du timing

des pro­to­coles

la stan­dar­di­sa­tion des dila­ta­tions

des tou­chers vagi­naux

des res­pi­ra­tions, des pous­sées

« Il faut arri­ver à l’heure »

hur­lait en cœur tout le corps médi­cal

tout le corps socié­tal

indif­fé­rent à la souf­france de la patiente

la grande malade en plein tra­vail

le dan­ger c’est le retard

le dan­ger c’est le non-res­pect du rythme de la dila­ta­tion du col

le dan­ger c’est de ne pas se lais­ser tou­cher péné­trer aus­cul­ter sous toutes les cou­tures

et ce jusqu’au point du mari

parce que le dan­ger, le grand l’unique le vrai dan­ger

c’est tout ce qui naît hors du contrôle de l’État

Et l’État « c’est moi ! » hurle l’obstétricien, l’élève obs­té­tri­cien, la haute et la basse bureau­cra­tie, médi­cale, scien­ti­fique, aca­dé­mique, éco­no­mique.

Sous per­fu­sion le départ du condi­tion­ne­ment

Un deux trois per­fu­sez

Et sur­tout n’oubliez pas,

le rituel de l’enfantement ne pas­se­ra pas sans muti­la­tion géni­tale

« épi­sio­to­mie, épi­sio­to­mie » mur­mure-t-on dans les cou­loirs

cela n’alla pas jusqu’à la césa­rienne

mais cette vio­lence mon corps l’a enre­gis­trée

mon corps d’eau vivante

2.

Vio­lence et mépris se sont ins­crits en marque rouge du front au men­ton. Ma peau était alors sombre de colère, sombre de rage, si sombre qu’elle effraya… c’est que ça ne plai­sante pas une venue au monde dans une usine aux mille sapiens et il serait dan­ge­reux de l’oublier.

Encore aujourd’hui, quand j’enrage, mes sour­cils tournent au rubis.

La patiente en fin de labeur serait-elle payée en salu­ta­tions et remer­cie­ments ?

Pas même un sou­rire. Dans toute cette glo­rieuse réus­site on se moque que son lait ait tour­né au pus.

Le bibe­ron est là pour veiller et toutes les com­pa­gnies Nest­lé de France et de Navarre.

D’ailleurs s’inquiète-t-on vrai­ment d’elles ? La mère et la fille ?

La pre­mière tétée sera pour le corps médi­cal, les féli­ci­ta­tions pour le père.

Et pour mieux le ras­su­rer on lui affirme que la nou­velle-née est son por­trait cra­ché, c’est bien connu, un visage c’est un cra­chat de mâle.

Si la mère ose se plaindre du trai­te­ment, immé­dia­te­ment c’est la sainte-garde du « mul­ti­pliez-vous » qui hurle : « mais ren­dez-vous compte sans tout cet arse­nal nous serions déjà tous morts ! »

Est-ce à dire que sans les étriers, les per­fu­sions, les tou­chers vagi­naux, les dila­ta­tions stan­dar­di­sées, il n’y aurait plus d’humains sur terre ? Par­don, mea culpa, de sapiens ?

Est-ce à dire que l’avènement de sapiens est dû au corps mal for­mé de sa femelle ?

Peut-être, en effet. S’il n’y avait que des femelles heu­reuses et libres d’enfanter dans les brous­sailles, dans les lacs, dans les étangs, dans les étables il n’y aurait cer­tai­ne­ment pas de sapiens déten­teur du droit de nom­mer, déten­teur du pou­voir de vie et de mort sur sa femelle et ses petits.

3.

« Mise­rere, c’est pour­tant évident, une Terre sans sapiens est une Terre qui n’existe pas. Ces­sez-donc de vou­loir remettre en ques­tion notre grande intel­li­gence ! »

Vrai­ment déso­lée de mettre fin à la fête, les femelles humaines ont déci­dé de se révol­ter, de s’informer, de prendre en main leur his­toire, leur corps, leur des­tin et d’alerter sur les men­songes qui per­mettent de main­te­nir les struc­tures d’oppressions. Ça ne plaît pas, ça ne plaît pas du tout même. Cela est-il si éton­nant ?

« Que dites-vous ? L’augmentation des mortes en couches serait due au fait que les méde­cins pas­saient de la morgue à la salle d’accouchement sans se laver les mains ? Aux infec­tions médi­cales, aux lieux d’accouchement eux-mêmes, à la pau­vre­té des femmes, au mépris du corps femelle ? Mais réveillez-vous et rai­son­nez enfin ! La vie et la mort sont les deux faces d’une même médaille, l’utérus est le tom­beau, lut­ter contre l’un c’est lut­ter contre l’autre. Ose­riez-vous remettre en ques­tion notre grande connais­sance et maî­trise du vivant ? L’anatomie est notre tra­gé­die ! Le plus sûr pour vivre libre est de créer l’utérus arti­fi­ciel. À cha­cun son tra­vail ! Faites-donc le vôtre et lais­sez-nous faire le nôtre ! »

Ain­si donc, dès avant la nais­sance, notre corps d’eau vivante est pla­cé sous le joug du grand maître mâle, éta­lon de toute mesure, la femelle ne pou­vant, à l’en croire, mettre seule son enfant au monde. Méde­cins, phi­lo­sophes, pro­fes­seurs, Pater nos­ter, sont là pour veiller à l’ovaire et à ce que doit être un humain, un sapiens, par­don (déci­dé­ment je ne m’y fais pas à cette auto­no­mi­na­tion). Mais reve­nons à la femelle du sapiens. Selon ces maîtres de la pen­sée, la femelle serait ins­tinc­ti­ve­ment capable de choi­sir le bon mâle pour la repro­duc­tion : fort, agres­sif, vin­di­ca­tif, com­pé­ti­tif ; elle serait ins­tinc­ti­ve­ment capable de se tré­mous­ser pour le séduire ; ins­tinc­ti­ve­ment capable d’offrir sa vulve à la péné­trante semence du maître sapiens. Mais, chose éton­nante, son corps serait tota­le­ment inadap­té à l’accouchement, il souf­fri­rait d’un dilemme obs­té­tri­cal, ain­si nomment-ils ce grand han­di­cap de la femelle humaine. Dans toute cette créa­tion sapia­no-fan­tas­ma­go­rique, la nature aurait donc pour­vu la femelle humaine, et elle seule par­mi toutes les autres femelles de la créa­tion, d’un bas­sin trop étroit. Heu­reu­se­ment, buen diou est là pour nous pro­té­ger de nous-mêmes et veiller à main­te­nir les mythes de notre ingrate condi­tion. C’est ain­si qu’en fins stra­tèges les sapiens se sou­tiennent les uns les autres et inventent des petites que­relles intel­lec­tuelles spec­ta­cu­la­ri­sées sur les places publiques réelles et vir­tuelles.

Ne vous en déplaise, les femelles humaines sont têtues et bien déci­dées à remettre en cause leur mythe phal­lo­phile.

4.

De sa chaire le grand homi­ni­né affirme :

« Avant l’arrivée du grands sapiens c’était l’hécatombe, les homi­ni­dés tom­baient raides morts comme les abeilles actuelles à chaque épan­dage, et ce avant d’atteindre trente ans : infan­ti­cides, morts en bas-âges, morts à la nais­sance, mortes à l’accouchement, guerres, viols, dévo­rés, femmes et enfants, par les tigres à dents de sabre, les hyènes, les ours, les loups, les rats, les ser­pents, les mous­tiques, les papillons, les chênes pubes­cents, les orties et les étoiles. »

San­ta Maria, heu­reu­se­ment nous sommes une espèce pro­li­fique, pou­vant à chaque por­tée accou­cher de huit à dix enfants ! Ah, non, par­don, mea culpa, il sem­ble­rait que je me trompe encore. Réflé­chis­sons : nous pesons plus de 45 kg, l’un d’entre nous a dis­pa­ru à l’Holocène, son nom est sapiens nean­der­tha­len­sis, nous avons très rare­ment plus d’un enfant par por­tée. Hum, serions-nous une espèce de la méga­faune ? Mais com­ment donc se fait-il que nous ayons sur­vé­cu à tant de dan­ger ? Buen diou est là pour répondre à ce mys­tère : le grand sapiens n’est pas que mâle il est aus­si et sur­tout grand Pré­da­teur… tiens, hasard ou néces­si­té, cela rime avec grand Inqui­si­teur. Mais je me demande, contre toute attente et rai­son­na­bi­li­té… la méga­faune ne serait-elle pas un méga­fake ?

« C’t’à dire mon bon m’sieur, qu’suffit de sor­tir son nez du gui­don civi­li­sa­tion­nel pour consta­ter qu’ailleurs y’a encore des élé­phants, des ours, des bisons, des tigres. »

En effet, cer­tains humains (je ne les insul­te­rai pas en les nom­mant sapiens) aux cultures dites, par exemple et au hasard, ani­mistes n’exterminent pas, mais craignent et res­pectent les autres espèces qui, par­fois, ne sont pas même nom­mées dif­fé­rem­ment d’eux. Et chez ces gens-là, quand bien même ils chassent et usent de rituels contes­tables qui causent de grandes souf­frances à l’individu cap­tu­ré (je n’ose le nom­mer ani­mal étant bien plus que ce que notre socié­té chi­rur­gi­cale et chi­mique entend par ce mot-là), il n’est pas ques­tion de chas­ser une espèce mais un indi­vi­du et ce dans un corps à corps que nos grands pré­da­teurs civi­li­sa­tion­nels ne pra­tiquent plus depuis bien long­temps. Les chas­seurs de nos contrées ont beau se fan­tas­mer têtes de meute ils ne sont que de sinistres indi­vi­dus qui abusent de la fidé­li­té et de la coopé­ra­tion de leurs chiens cruel­le­ment domes­ti­qués. 

Ce pre­mier mythe dis­pa­raît len­te­ment, très len­te­ment, trop len­te­ment, cer­tains y croient d’ailleurs encore, beau­coup par orgueil et vani­té espé­rant ain­si s’approprier des capa­ci­tés dont ils sont réel­le­ment dépour­vus. Pré­ci­sons au pas­sage que tue­rie n’est pas pré­da­tion et qu’une proie, pour n’importe quel chas­seur sain d’esprit, n’est pas la femelle humaine, c’est-à-dire n’est pas un trou du devant, centre de la cible, que ce doit d’empaler vio­lem­ment et sans pré­ve­nir celui qui se veut grand mâle. Non, ça c’est juste de la démence. Mais reve­nons à la sainte insa­ni­té de nos sapiens qui ne baissent jamais les armes ou les outils, car être bien outillé ou bien armé c’est du pareil au même dans nos contrées cli­ma­ti­sées. Habi­tués à fomen­ter des his­toires abra­ca­da­bran­tesques pour main­te­nir leurs pri­vi­lèges et jus­ti­fier leur domi­na­tion, ils ne lésinent pas dans l’art et la manière de construire de nou­veaux récits sédui­sants par leur fausse com­plexi­té intel­lec­tuelle. Ain­si un nou­veau mythe suc­cède au pre­mier, plus adap­té aux pro­blèmes éco­lo­giques que nous tra­ver­sons. Nous appre­nons que notre grande erreur, notre grande incons­cience et inno­cence nous viennent du concept de Nature. Cette Nature aimée des poé­tesses, des pein­tresses, sym­bole de la femme, riche par l’ambivalence de ses sym­boles, à la fois mère nour­ri­cière et marâtre, cette Nature qui dis­pa­raît peu à peu sous le béton n’a jamais exis­té, elle est une pure abs­trac­tion intel­lec­tuelle. Notre ima­gi­naire a mal tour­né le jour où il l’a inven­té. Nous voi­ci donc, à cause de ce sata­né concept, deve­nus dua­listes. Le dua­lisme, la cos­mo­go­nie dua­liste, a été iden­ti­fié par les fémi­nistes depuis plu­sieurs décen­nies et il concerne la dua­li­té des genres fémi­nin et mas­cu­lin dont le suc­cès est qua­si uni­ver­sel. Mais en terre sapiens, c’est tou­jours plus cré­dible quand c’est un mâle qui le dit et quand il affirme que non, le fond du pro­blème n’est pas féminin/masculin, mais nature/culture. Rap­pe­lons que la nature est, dans notre ima­gi­naire ana­lo­gique, un sym­bole de l’animal, de la femme, de l’enfant, êtres de nature que la culture doit domes­ti­quer. La nature est imma­nence et ambi­va­lence, à la fois domes­ti­cable et irré­mé­dia­ble­ment sau­vage, mère nour­ri­cière et marâtre. La culture, quant à elle, dans notre ima­gi­naire dua­liste est du côté mas­cu­lin, celui de la trans­cen­dance, de la tech­nique, de la domes­ti­ca­tion. Pour échap­per au dua­lisme devons-nous vrai­ment éli­mi­ner un des deux termes ? Cela n’est-il pas étrange d’éliminer celui qui est sym­bo­li­que­ment, ana­lo­gi­que­ment, rat­ta­chée à la femelle humaine, à la fémi­ni­té ? Sommes-nous donc inca­pables d’appréhender le conti­nuum entre ces deux extrêmes que sont sau­vage et domes­tique, nature et culture ? Encore une fois, ces maîtres à pen­ser placent sapiens au centre du monde puisque ce que sapiens ne nomme pas n’existe pas, c’est bien connu, ces­sons donc de nom­mer la nature et elle dis­pa­raî­tra. Dans ce dua­lisme des genres, la femme, l’indigène, l’enfant, l’animal sont du côté de la nature et du sau­vage, puisque jamais assez domes­ti­qués, peut-on vrai­ment croire que la dis­pa­ri­tion de la nature met­tra fin à leur oppres­sion ? À l’heure des grandes conquêtes spa­tiales, peut-être devrions-nous, en effet, rem­pla­cer le beau mot Nature par le mot Cos­mos, la Terre entière étant vouée, pour notre plus grand mal­heur, à dis­pa­raître sous le béton de la culture sapiens. Rem­pla­çons éga­le­ment le mer­veilleux mot « sau­vage », avec toutes ses poten­tia­li­tés éman­ci­pa­trices, par le mot éner­gie, le big bang n’étant pas encore sous le joug du contrôle de la repro­duc­tion. Rêvons la lumière des étoiles et fuyons l’obscurité de la Terre que cer­tains n’hésitent pas à nom­mer Gaïa, beau retour aux ori­gines, la boucle est bou­clée.

C’est vite oublier que la femelle humaine insiste, elle est, comme tout être vivant, à la fois nature et culture capable de voya­ger sur le fil ténu qui unit ces deux poten­tia­li­tés qui ne s’opposent ni se com­plètent.

5.

Fai­sons un petit bond dans le temps :

Sapiens se rêve omni­scient et omni­po­tent, créa­teur immor­tel d’une sur­hu­ma­ni­té. C’est que le pre­mier créa­teur, voyez-vous, a failli : mau­vais arti­san, mau­vais comp­table, la liqui­da­tion de son entre­prise est une néces­si­té. La conser­va­tion de ses pre­mières créa­tures n’est accep­table qu’une fois mortes. Elles sont alors expo­sées dans un musée.

Ain­si est-il écrit : « Ceci était une femelle humaine » sous un corps taxi­der­mi­sé dont la vulve est expo­sée en trois dimen­sions, le corps enceint écor­ché pour mettre à nu le mode de repro­duc­tion d’avant la grande cyber­na­tion et le fameux génie géné­tique qui créa des mâles n’enfantant que des mâles. Le visi­teur peut éga­le­ment admi­rer les dif­fé­rentes têtes sur les éta­gères, les dif­fé­rents corps sus­pen­dus, les scènes de la vie quo­ti­dienne figées dans les vitrines : sodo­mie, fel­la­tion, posi­tion du mis­sion­naire. Le sapiens quant à lui est tou­jours l’étalon de mesure. Ain­si soit-elles ses nou­velles créa­tures xéno­gref­fées, fan­tasmes de socié­tés hybrides qui per­mettent à cha­cun d’assouvir son moindre désir, l’important n’est-il pas de jouir et d’être connec­té ? Une mul­ti­pli­ci­té de mor­ceaux cor­po­rels gran­dissent dans des bocaux, miracle des cel­lules souches. Pou­pées de cire, pou­pées de latex, pou­pées machines, homme gyno­fos­si­li­sé, tout est bon pour assou­vir la démence sexuelle du sapiens. Un grand pen­seur n’a‑t-il pas affir­mé que la domi­na­tion mas­cu­line est le fruit du désir irré­pres­sible de l’homme pour la femme ? Doit-on com­prendre que le propre de sapiens est le viol ? Com­ment s’en pré­mu­nir sinon à coups de gour­dins ?

Pen­dant long­temps il y eut ceux qui ne vou­laient tout sim­ple­ment plus de la femelle et qui déci­dèrent qu’elle n’existait pas, résol­vant ain­si défi­ni­ti­ve­ment le pro­blème. Il s’agissait de croire que les enfants n’avaient plus à s’en faire, nais­sant sem­blait-il dans des choux pré­mens­truels. D’autres conti­nuèrent long­temps à croire qu’être femelle c’était être fémi­nine, mère, pute, ser­vante, tou­jours hors droits. Les enfants appar­te­naient tou­jours au père, les mariages se mul­ti­pliaient et, pour remé­dier à tou­jours plus de sté­ri­li­té, les mater­ni­tés étaient réfri­gé­rées.

C’était vite oublier que la vie naît hors des labo­ra­toires, des éprou­vettes, des banques à sperme, à ovo­cytes, à embryons. Les accou­che­ments dans la brousse, dans des lacs, des étangs, dans la boue même, n’ont jamais ces­sé. Cer­taines affir­maient même que la par­thé­no­ge­nèse, réponse du corps humain femelle aux nom­breux trau­ma­tismes subis, est deve­nu effec­tive, le temps de retrou­ver l’esprit sain d’un humain mâle. Cette par­thé­no­ge­nèse serait un miracle de la nature, cette nature que les pen­seurs de l’avenir refou­lèrent dans les limbes, et qui, sans aucune tech­ni­ci­té sapie­nesque, par­vint à leur damer le pion.

6.

Trève de plai­san­te­rie, ces­sons-là la dys­to­pie.

Nous femelles humaines sommes mons­truo­si­tés

Et aujourd’hui nous mon­trons ce qu’ils ont vou­lu contrô­ler et détruire :

Notre vulve et nos seins

Notre chair flasque et grasse

Les fleurs de cime­tières qui recouvrent nos mains

Nos visages aigui­sés par des années de com­bat

Nos yeux révul­sés par leurs vio­lences

Nos chants à la mémoire de nos mortes.

Notre sang, notre odeur d’œstrus, est une marée de pos­sibles

Nulle d’entre nous n’a besoin d’enfanter

Pour par­ta­ger l’ardeur du monde

Et tout nou­veau-né, quel qu’il soit, le sait dans son inti­mi­té.

La cos­mo­go­nie dua­liste féminin/masculin est un dan­ger pour l’humanité, pour les autres espèces, pour la Terre et les étoiles.

N’oublions pas que sapiens rêve tou­jours d’empaler l’univers.

Une seule solu­tion, éli­mi­ner sapiens.

Ana Mins­ki

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À propos de l'auteur Le Partage

« Plus on partage, plus on possède. Voilà le miracle. »En quelques années, à peine, notre collec­tif a traduit et publié des centaines de textes trai­tant des prin­ci­pales problé­ma­tiques de notre temps — et donc d’éco­lo­gie, de poli­tique au sens large, d’eth­no­lo­gie, ou encore d’an­thro­po­lo­gie.contact@­par­tage-le.com

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