Le terrorisme anecdotique : nouveau concept universitaire

Le terrorisme anecdotique : nouveau concept universitaire
Le terrorisme anecdotique : nouveau concept universitaire

par André Lacroix.

Du moment que les victimes sont en Chine et que les terroristes sont Ouïghours…

Le mardi 4 août 2020 au matin, j’ai failli avaler mon café de travers en entendant déclarer sur les ondes de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone) que la situation au Xinjiang « a créé des tensions très importantes qui ont amené les Ouïghours à se soulever à plusieurs reprises, souvent de façon locale et de façon anecdotique. Mais ces soulèvements ont été qualifiés par l’État chinois d’actes terroristes. » De qui sont ces propos ? De Mme Vanessa Frangville, titulaire d’un doctorat en études chinoises de l’Université Lyon 3 et maître de conférences et titulaire de la chaire d’études chinoises à l’ULB (Université libre de Bruxelles).

Appeler un chat un chat

La qualification d’actes terroristes n’est pas due à l’État chinois ; elle découle de l’examen des faits. Voyons ce qu’en dit SciencesPo (Center for International Studies) :

« En 2013-2014 la Chine a fait face à une vague d’attentats sans précédent sur son territoire. Parmi les plus importantes attaques, on retient un attentat suicide à la voiture piégée sur la place Tiananmen à Pékin le 28 octobre 2013 qui a fait deux morts et 40 blessés, une attaque au couteau à la gare de Kunming (capitale du Yunnan) le 1er mars 2014 qui a fait 31 morts et plus de 140 blessés, une valise piégée à la gare d’Urumqi (capitale du Xinjiang) le 30 avril 2014 qui a fait trois morts et 79 blessés, ou encore un double attentat suicide à la voiture piégée sur un marché à ciel ouvert d’Urumqi le 22 mai de la même année qui a fait 31 morts et 94 blessés. Ces attaques ont toutes été perpétrées par des militants ouïghours, et certaines d’entre elles ont été revendiquées par le Parti islamique du Turkestan (PIT), organisation séparatiste islamiste luttant pour l’indépendance du Xinjiang (Turkestan oriental) »[1].

On pourrait encore ajouter à ce macabre décompte : les 6 victimes de coups de couteaux en gare de Canton le 6 mai 2014, les 20 morts en plein Bangkok le 17 août 2015 ainsi que, le 18 septembre 2015, dans la Préfecture d’Aksou au Xinjiang, le massacre à la machette d’une cinquantaine de mineurs Han qui travaillaient dans une mine de charbon pour nourrir leur famille.

Écœurant et inepte

Comment est-il possible de réduire ces actions terroristes à des anecdotes ? Si Vanessa Frangvile avait tenu un langage similaire à propos des attentats de Paris du 13 novembre 2015 ou de Bruxelles du 22 mars 2016, nul doute qu’elle aurait été sanctionnée par les autorités académiques de l’ULB. Mais quand il s’agit de s’en prendre à la Chine, tous les coups sont permis, ce qui permet à certains membres de l’Alma mater bruxelloise de participer impunément au China bashing à la mode[2].

Les propos de Mme Frangville sont écœurants. Ils sont aussi ineptes : comment peut-elle affirmer que les soulèvements ouïghours se sont déroulés « souvent de façon locale » ? Ignorerait-elle que les villes de Kunming, Canton, Pékin et Bangkok sont situées à plusieurs milliers de kilomètres du Xinjiang ? Ignorerait-elle de plus que dans la lointaine Syrie des milliers de Ouïghours fanatisés ont rejoint les rangs de « l’État islamique » ?

Du cinéma de propagande

D’une chercheuse universitaire on aurait pu s’attendre à un peu plus d’honnêteté intellectuelle. Il est, bien sûr, tout à fait légitime de se demander si certaines politiques mises en œuvre par Pékin pour lutter contre le terrorisme au Xinjiang ne sont pas disproportionnées. En revanche, le négationnisme du terrorisme ouïghour n’est pas acceptable.

Les recherches de Mme Frangville ont trait, peut-on lire dans sa notice de présentation, « aux discours sur l’ethnicité et la construction de la nation dans la Chine moderne et contemporaine, avec un accent particulier sur le cinéma et les films de ‘minorités ethniques’ ». Est-ce pour cela qu’elle s’est crue autorisée à faire son cinéma à propos de la minorité ouïghoure dans la Chine contemporaine ?…

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[1] Marc Julienne, La lutte contre le terrorisme et l’extrémisme au Xinjiang : quelles méthodes pour quels résultats ? État des lieux et perspectives, SciencesPo, octobre 2017

[2] Relire :
– http://tibetdoc.org/index.php/politique/mediatisation/386-les-presuppo… (21 mars 2017)
– http://tibetdoc.org/index.php/politique/chine-en-general/511-confucius… (27 décembre 2019)
– http://tibetdoc.org/index.php/politique/chine-en-general/513-face-au-t… (9 janvier 2020)
– http://tibetdoc.org/index.php/politique/mediatisation/551-quand-les-pr… (30 mai 2020)

source : https://www.legrandsoir.info

Source: Lire l'article complet de Réseau International

À propos de l'auteur Réseau International

Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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