Les veuves, « les damnées » de la société africaine?

Les veuves, « les damnées » de la société africaine?

Par Célestin Bernard N’Dri.

Être veuve en Afrique, c’est,  accepter sans le savoir , de boire le calice  jusqu’à la lie. L’image n’ est pas trop  forte , mais plutôt à la mesure de la souffrance  que ces femmes  endurent  au cours  du deuil qu’elles mènent. Être veuve, en Afrique , ressemble à ce que  vit , justement , un condamné à mort , au moment de sa fusillade .

Enfin, être veuve en Afrique , c’est  aussi mourir , d’une mort cruelle. Les  atrocités moyenâgeuses que ces dames  vivent au quotidien en Afrique , ne peuvent pas être décrites , ni relatées.  Malheureusement, au vu et au su des médias et des ONG  internationales,  devenues, finalement les complices de cette barbarie inqualifiable.

Pendant ce temps ,la décadence morale continue d’entretenir cette  méchanceté des temps anciens.

Quand , ces mères de famille souffrent, pleurent, agonisent et meurent ,  un satisfecit moral , est contre le bon sens , décerné à leurs bourreaux  quelque part, dans un  village  africain.  Pour quelles raisons?  Personne n ‘osera vous le dire , clairement , mais votre propre analyse , conclura  que la pauvreté de la société et la décadence des moeurs en sont  les raisons principales.

Qu ‘est ce à dire?

Dans le substratum de cette analyse, retenons que l’ africain , a une croyance  multiforme. Il est soit animiste , soit chrétien . Mais dans les deux cas , il est foncièrement attaché à un Dieu dont la suprématie est transcendantale. De ce qui précède , tout ce qui lui arrive , obéit  à une raison profonde.

Quand survint sa mort, sa femme est indexée directement par ses beaux parents qui l’ accusent de tous les péchés d’Israël . Ce sera alors à   elle de conjurer le mauvais sort qui s ‘abat sur la famille. Comment s’ y prendra -t-elle? A ce niveaux, quatre actions vigoureuses s ‘ imposent à elle et à sa belle famille. Premièrement , si la veuve est encore jeune, certaines pratiques africaines, encore en vigueur ( ce n ‘est pas partout sur le continent) mais en Côte d ivoire , Burkina Faso, Togo, le Cameroun , Bénin, Nigéria….voudraient que la veuve soit léguée à un parent proche du défunt mari ;  le frère , le cousin ou , un oncle qui l’épousera  à son tour, pour s ‘en occuper selon la coutume . Son refus , la mettrait en disgrâce et tout lui sera retiré , même  tout ce qu’elle a économisé pour elle et ses enfants. Si elle n ‘ a pas de chance , le nouveau prétendant qui est forcément un parent proche du défunt mari, peut la violer copieusement sans que le ciel  ne lui tombe dessus.

Deuxièmement, quand elle vient à  perdre, son époux, alors que le couple  vit en concubinage, sans base juridique ,tous les  coups sont permis. En dehors, des cas exceptionnels , tout lui  sera retiré  , même  les couteaux de  cuisine et les assiettes . Elle est chassée du domicile conjugal dans une ambiance totalement humiliante ,  parfois dans un dénuement sans pareil. Dans la majeur partie des cas, elle est mise nue dans les villages , sous le prétexte ahurissant d’avoir tué son mari.

Rien ne le prouve mais sa culpabilité est néanmoins  établie et la sanction de la Communauté est sans embages. Elle quittera ,ses beaux parents  avec la certitude ,cette fois, d ‘avoir tout perdu, y compris sa dignité.

Troisièmement , la veuve  analphabète , vieille et ses enfants , peuvent ne pas hériter de leur papa qui vient de  mourir , si la Communauté s ‘aperçoit que le défunt mari est un homme  riche avec des biens. Des subterfuges  , seront organisés pour déshériter  les enfants et leur maman à qui finalement , tout sera arraché …par force.

Au moindre bruit , pour une quelconque  plainte , cette femme ,  taxée déjà de sorcière , verra sa vie encore plus compliquée. Comme on le sait, au cours du deuil ,  elle sera obligée de partager la même chambre que le Défunt mari, avant son inhumation.

Les veuves, « les damnées » de la société africaine?Quatrièmement , quand la veuve est lettrée et mariée légalement , dans beaucoup de cas , la succession de son mari défunt est l’oeuvre de la justice . Mais , des combats rangés entre elle et sa belle  famille ont lieu parce qu’ elle est accusée , soit d’avoir tué son mari pour s’emparer des biens , soit de l’avoir empoisonné pour une autre vie avec un amant , très sympathique.

Dans ce dernier cas , ce n’ est pas si sûr que cette veuve, revienne dans un futur proche, se lier encore à la famille éplorée  , celle de ses beaux parents. Le torchon entre  les veuves et les beaux parents en Afrique , brûlera toujours. En attendant que les pouvoirs publics prennent des dispositions réglementaires pour la survie de ces femmes …meurtries. La société , elle , continuera de les humilier . Des veuves plus fragiles , victimes de railleries et des pires formes d’humiliation , finissent par mourir , en  seulement des semaines après le décès de leur mari. Quand d’ autres , esseulées dans une société qui les rejette , vraiment , préfèrent se donner la mort. Ainsi va l ‘Afrique, à l’ heure du Digital, mais dont  des Us et Coutumes, restent féodales.

Célestin Bernard N ‘Dri

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