Les membres du groupe PMC Wagner arrêtés en Biélorussie se dirigeaient vers Istanbul et Caracas

Les membres du groupe PMC Wagner arrêtés en Biélorussie se dirigeaient vers Istanbul et Caracas

L’affaire des mercenaires du groupe PMC Wagner arrêtés en Biélorussie commence à livrer quelques secrets. La commission d’enquête biélorusse a ainsi révélé que onze éléments parmi les 33 membres de Wagner arrêtés par le KGB se dirigeaient vers le Venezuela, 15 en Turquie, deux à Cuba et un seul en Syrie. Un élément a affirmé qu’il n’avait aucune idée sur sa destination tandis que trois autres membres ont refusé de répondre.

Des informations dont état de la présence de ressortissants ukrainiens parmi le groupe.

Les éléments arrêtés ont reçu la visite des autorités consulaires russes et selon une source officielle à Moscou, les hommes détenus à Minsk se dirigeaient tous vers Istanbul en Turquie.

D’autres sources évoquent de multiples contrats liant PMC Wagner à la Turquie ou plus précisément à des sociétés turques opérant à l’international. Ce qui peut être perçu comme assez paradoxal vu que des éléments du PMC Wagner se battent du côté des forces du Maréchal Khalifa Haftar en Libye contre les forces du gouvernement d’Entente Nationale de Tripoli soutenu par la Turquie. Mais il semble que les paradigmes connus en matière de conflits soient totalement dépassés en 2020 et que la guerre limitée par proxy ou en mode hybride soit devenu un créneau économique aussi porteur que la vente au détail sur internet.

Cette affaire suscite néanmoins une véritable crispation dans les relations bilatérales entre Moscou et Minsk et le renforcement des contrôles aux frontières entre les deux pays alliés n’est que le début d’une crise qui est susceptible d’évoluer de façon inattendue, notamment après la réunion du Conseil de sécurité russe et de son homologue biélorusse.

La télévision biélorusse a diffusé un morceau d’anthologie montrant le président biélorusse Alexander Lukashenko posant une question précise au chef du KGB, debout, portant sur la confirmation de l’appartenance des hommes arrêtés au groupe PMC Wagner.

Dans la vidéo d’une réunion du Conseil de sécurité biélorusse, très largement diffusée par l’ensemble des médias biélorusses, le président Alexandre Lukashenko demande solennellement au Chef du KGB s’il est sûr que les hommes arrêtés appartiennent au groupe Wagner. Le Chef du KGB y répond affirmativement.

En Russie où le président Vladimir Poutine à réuni le haut Conseil de sécurité russe, aucune information n’est disponible mais des officiels à Moscou multiplient les appels au calme en direction de Minsk et de ne pas « exagérer les choses ». Des unités supplémentaires du FSB et des gardes-frontières russes sont en train d’être déployées au niveau des postes frontaliers des deux pays. Un renforcement russe des mesures de passage entre les deux pays a déjà généré un embouteillage de plus de quatre kilomètres du côté biélorusse.

Le porte-parole de la présidence russe, Dmitry Peskov, a affirmé que Moscou souhaite que les ressortissants russes détenus en Biélorussie depuis le 29 juillet 2020 soient libérés le plus tôt possible.

L’opposition biélorusse a organisé hier une manifestation hostile au président Alexandre Lukashenko, candidat à un sixième mandat présidentiel sur fond de menace de guerre hybride suivant le modèle ukrainien. La menace de guerre hybride ciblant la Biélorussie est réelle.

Pour sa part, le ministère russe des Affaires étrangères a diffusé un communiqué dans lequel il qualifie la caractérisation des événements par Minsk comme odieuse et rappelant qu’une compagnie biélorusse était en charge de la logistique du groupe en transit légal vers Istanbul, Turquie avec tous les documents nécessaires.

Commentaire:

Les hommes du groupe PMC Wagner sont des soldats ou des combattants qui ne sont pas spécialistes en opérations clandestines. C’est un très mauvais chois pour la déstabilisation à l’intérieur d’un pays, de surcroît allié et frontalier. Si Moscou voulait réellement influencer le cours de choses dans ce pays très stratégique pour la Russie, il n’aurait certainement pas recours à des mercenaires mais à sa myriade d’agents professionnels et spécialisés relevant de sa communauté du renseignement. Les accusations de Minsk sont donc en partie infondées à cet égard.

La Bielorussie fait par contre l’objet d’une interférence croissante de la Pologne, de l’Ukraine et de multiples tentatives de guerre hybride émanant de pays de l’OTAN. Le président Alexandre Lukashenko, au pouvoir depuis 26 ans, est très mal perçu par les gouvernements et médias occidentaux en raison de son franc-parler et de son attitude jugée archaïque vis à vis de certaines thématiques sociales et politiques. Sa dernière déclaration sur un probable chantage de la Banque mondiale et d’un prêt de 940 millions de dollars USD à la Biélorussie à condition que ce pays établisse un confinement total sur son territoire et adhère à la thèse du COVID -19 en tant que pandémie spontanée a irrité l’ensemble des décideurs de la finance transnationale.

D’un autre côté, Moscou reproche à Lukashenko son attitude dans le conflit ukrainien, lequel est perçu en Russie comme un enjeu vital et une menace totale assimilée par Vladimir Poutine au loup derrière la porte menaçant le fondement même de la Russie historique.

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