Israël transforme une mosquée vieille de 7 siècles en boîte de nuit

Israël transforme une mosquée vieille de 7 siècles en boîte de nuit

Source : Al-Quds al-Arabi, 10 avril 2019

Traduction : lecridespeuples.fr, 15 juillet 2020

La mosquée rouge de la ville de Safed, occupée en 1948, est l’une des plus belles et des plus anciennes mosquées de Palestine, et son état actuel raconte l’histoire des mosquées expropriées du pays, reflétant la Nakba palestinienne dans toutes ses significations, du nettoyage ethnique à l’usurpation d’identité.

Cette mosquée mamelouke au sommet des montagnes de Safed a déjà vu plusieurs violations de son caractère sacré depuis la Nakba de 1948 : elle a d’abord été convertie en école religieuse juive avant d’être transformée en centre pour les partis Likoud et Kadima puis en un magasin de vêtements.

Il y a quelques jours, elle a été transformée d’un commerce affilié à la municipalité de Safed à une discothèque, un bar et une salle de mariage, comme cela a été révélé lors de la visite sur les lieux d’Al-Quds Al-Arabi. Son nom a été changé de « La mosquée rouge » (« Al Masjid al-Ahmar ») à « Le bar rouge » (« Al-Khan Al-Ahmar ») dans le but de détourner l’attention du fait qu’il s’agissait d’un lieu d’adoration, en l’occurrence une mosquée. Cela se produit alors que des procédures légales engagées par l’activiste Khair Tabari, secrétaire des biens islamiques (Waqf) de Tibériade et Safed, visant à sauver la mosquée, sont toujours en cours, et ce depuis des années. La Cour centrale de Nazareth examine un procès intenté par Khair Tabari pour l’évacuation de la mosquée et la restauration des biens. Tabri a joint à sa procédure légale des documents prouvant que le Waqf était propriétaire de la mosquée, et des brochures commerciales qui contiennent le prix des fêtes, repas et vins qui y sont aujourd’hui proposés. Tabari appelle les acteurs politiques et civils à accroître leur intérêt et leur coopération avec lui afin de sauver la mosquée historique de la profanation et des violations.

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Le Sultan Baibars

Il est clair que la plaque de marbre installée à l’avant de la mosquée, qui a été témoin d’un massacre commis par les gangs de la Haganah durant la Nakba, et qui comportait les détails de sa construction, a été volée dans la série d’attaques contre elle.

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Exprimant son écœurement, le militant Khair Tabari a déclaré à Al-Quds Al-Arabi que la scène la plus douloureuse à Safed était la mosquée rouge, construite par le sultan Al-Zahir Baibars (1223-1277) pendant l’ère mamelouke, et transformée en tanière de transsexuels, de hooligans et d’ivrognes. Il a souligné que cette mosquée, qui tire son nom de ses pierres rouges, est utilisée à de nombreuses fins, mais qu’elle est fermée aux musulmans, soumis aux attaques des colons dès qu’ils s’en approchent. Et il se souvient que la mosquée se distingue non seulement par son esthétique et les œuvres d’art raffinées dont son entrée est décorée, mais aussi en tant qu’école importante de jurisprudence, de hadith et de sciences islamiques à l’époque mamelouke. Il a poursuivi : « J’ai été pris de vertige quand j’ai remarqué à l’intérieur de la mosquée les effets du vandalisme, comme en témoignent les restes de passages du verset du Trône qui ont été retirés de la chaire et remplacés par les dix commandements en hébreu. »

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L’historien et fils de la ville de Safed en exil, le Dr Mustafa Abbasi, confirme ces propos, expliquant que la mosquée est rare dans sa valeur historique et architecturale. Elle a été construite par le sultan al-Zahir Baybars [l’un des vainqueurs des Croisés de Louis IX durant la 7e Croisade, et le premier à vaincre les armées mongoles à la Bataille d’Aïn Djalout en Galilée] après son occupation de Safed en 1266, et une plaque de marbre apposée à son entrée indiquait qu’elle a été construite en 1276.

Voir A Jaffa, découverte de fosses communes contenant les ossements de centaines de Palestiniens massacrés en 1948

La mosquée Yunisi

Le sort de cette mosquée n’est pas très différent du cas des autres mosquées de Safed, car la mosquée Yunisi a été convertie par la municipalité de Safed, exclusivement juive, en galerie d’art, et il y est interdit de prier. Cette mosquée a été construite en 1901, et toutes les inscriptions arabes ont été retirées de ses murs, à l’exception d’une plaque de marbre sur laquelle ces vers avaient été gravés :

C’est une mosquée où Dieu est adoré, et dont la lumière resplendit comme des astres dans le firmament de gloire

Quand les cœurs des fidèles s’y sont prosternés, elle s’est élevée, et les rites de notre religion s’y sont manifestés

C’est également le cas de la mosquée de la Grotte, nommée ainsi d’après la grotte adjacente du Prophète Jacob (la « maison de la tristesse » dans laquelle il s’est retiré après la perte de son fils Joseph), dont on entendrait presque les pierres se lamenter d’avoir été transformée en synagogue. C’est encore le cas de la mosquée des Filles de Hamid, qui sert de centre aux Juifs de Hongrie. Mais la situation est encore pire pour la mosquée Al-Sawawin, à l’abandon, la mosquée Jawqandari qui a été démolie il y a dix ans, ou la mosquée Al-Joura qui a été détruite et dont le seul vestige visible est le minaret, dont le croissant de bronze installé à son sommet a été volé il y a des années de cela. Elle était également connue sous le nom de mosquée « Cheikh Issa » ou « Al-Swiqa » : c’était la mosquée de la famille du Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, et elle a été soumise à de dangereuses fouilles à la base de son minaret.

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Les racines de Mahmoud Abbas

Ceci est confirmé par Khayriya Hassan Sharif, surnommée Umm Faris (mère de Faris), âgée de 84 ans et originaire de Safed, qui réside dans la ville de Nazareth depuis la Nakba. Elle note que Cheikh Ahmed Al-Asadi a supervisé la mosquée Cheikh Issa et en a été l’Imam jusqu’en 1948. Elle indique également que son cousin Abu Khair Sharif, réfugié dans le camp de Yarmouk, était le muezzin de la mosquée, et montait parfois au sommet du minaret pour informer les familles d’une affaire urgente comme la perte d’un enfant. « Lorsque venait le moment de l’appel à la prière, on pouvait entendre clairement la voix des muezzins, sans haut-parleur, grâce à la hauteur des minarets », a-t-elle ajouté. Umm Faris note également que la maison de la famille du Président Mahmoud Abbas était en face de la maison de son oncle Mahmoud Sharif, et se souvient que le Président travaillait dans le commerce du lait et des produits laitiers.

Cette vidéo sur les insultes contre Jésus et Marie & profanations de tombes chrétiennes a été immédiatement censurée par Youtube

Mosquée Al-Joura

L’historien Mustafa Abbasi, né dans la ville de Safed, et vivant aujourd’hui dans le village voisin d’Al-Jish, confirme que la mosquée Al-Joura a été l’objet d’attaques successives depuis la Nakba. Il explique qu’il s’agissait de la mosquée du quartier central de la localité d’Al -Joura, le quartier où le Président palestinien Mahmoud Abbas est né et a grandi. Des photographies historiques révèlent que certaines salles de la mosquée ont été démolies après l’occupation de la ville de Safed en 1948, lorsque sa population comptait environ 12 000 personnes ; en 1988, elle a été complètement démolie, ne laissant qu’un minaret orphelin, une route ayant été construite sur son emplacement, tandis que ses pierres ont été utilisées pour construire des murs. Le Dr Abbasi, qui a écrit un livre sur l’histoire de la ville de Safed pendant la période mandataire, indique que les habitants des quartiers d’Al-Joura et d’Al-Sawaween, y compris la famille du Président Abu Mazen (surnom de Mahmoud Abbas), entretenaient la mosquée et y priaient, y compris le père du Président Abu Mazen, Reza Al-Hajj Shehadeh Abbas. « Il a supervisé la mosquée, et le dernier Imam (avant la Nakba) en était le cheikh Ahmed Al-Asadi. » Quant à la maison de la famille de Mahmoud Abbas, elle était à une courte distance, et son rez-de-chaussée est actuellement occupé par des commerces et l’étage supérieur est un appartement. C’est une belle maison en pierre avec un toit recouvert de tuiles brunes.

Immédiatement en entrant dans la ville de Safed, le visiteur remarque ces maisons arabes abandonnées ou habitées par des colons juifs, et ses mosquées, qui ont été converties en granges, en bars ou en synagogues, tandis que les cimetières musulmans sont une zone où paissent les vaches.

Voir Massacres, viols, pillages et destruction de villages entiers : comment Israël dissimule les preuves du nettoyage ethnique des Palestiniens en 1948

La mosquée de la source

A l’entrée ouest de la ville de Safed, dont les sionistes ont chassé les 12 000 habitants en 1948 se sont appropriés leurs maisons, la mosquée Aïn Zaytoun domine, et elle laisse présager les scènes tragiques qui attendent le visiteur. Cette mosquée était l’une des plus belles de Safed et se caractérise par la présence d’une source à l’intérieur ; ses eaux étaient utilisées pour les ablutions, et elle coule toujours à ce jour. Son rez-de-chaussée est devenu une grange pour animaux, tandis que son étage supérieur est devenu un entrepôt. Le cimetière de Safed adjacent est devenu un pâturage pour les chevaux et les vaches.

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À propos de l'auteur Le Cri des Peuples

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