Face à la Chine, les États-Unis entendent reprendre l’avantage militaire en Asie-Pacifique

Face à la Chine, les États-Unis entendent reprendre l’avantage militaire en Asie-Pacifique

par Pierre-Antoine Bonnet.

Certains experts pointaient du doigt la faiblesse des forces armées américaines dans le Pacifique. Depuis le début de l’année, l’administration américaine effectue un virage sur l’aile avec un effort conséquent de réarmement pour reprendre l’avantage dans la zone face à la Chine. C’est que le potentiel militaire chinois s’est considérablement développé ces dernières années.

Dernier épisode en date de la confrontation militaire entre les États-Unis et la Chine, Washington a dépêché deux porte-avions, le Ronald Reagan et le Nimitz, et l’armada qui les accompagne en mer de Chine du Sud. Un déploiement sans précédent depuis 2014 dans cette zone revendiquée par Pékin. Cette démonstration de force américaine répond aux manœuvres inédites de l’armée chinoise du 1er au 5 juillet derniers autour des îles Paracels, manœuvres qui ont suscité un regain de tension dans la région et provoqué la colère du Vietnam et des Philippines.

Washington a accusé Pékin de tirer parti de la pandémie du coronavirus pour renforcer ses positions militaires en mer de Chine du Sud, une zone de presque 4 millions de km2, pour partie également revendiquée par Taïwan, les Philippines, le Vietnam, la Malaisie et Brunei.

Unités mobiles équipées de missiles antinavires

Le changement radical de stratégie des États-Unis date de la discussion au Congrès du budget militaire américaine pour 2021, après les 738 milliards de dollars de 2020. Dans ce budget prévisionnel, figure le déploiement sur le théâtre Asie-Pacifique d’un arsenal de nouveaux missiles Tomahawk sol-mer et sol-sol ainsi que d’autres armes nouvelles. L’armée américaine prévoit notamment d’accélérer la livraison de missiles antinavires nouvelle génération dans les prochaines années.

L’un des axes prioritaires de cette nouvelle stratégie est l’intervention du corps des Marines aux côtés de la marine américaine, avec la mise en œuvre de petites unités mobiles équipées de missiles antinavires stationnées dans différents endroits du Pacifique Ouest au large du Japon, de Taïwan, des Philippines et de Bornéo. Le 5 mars dernier, le commandant des Marines, le général David Berger, a souligné devant la Commission militaire du Sénat que ces petites unités, armées de missiles de précision, pourront aider la marine américaine à reprendre le contrôle des mers au large de la Chine. « Le missile Tomahawk est l’un des outils qui va nous permettre de réaliser cela », a-t-il assuré. Ce missile, dont la version mer-sol avait été largement utilisé pendant la guerre du Golfe en 1991, connaîtra donc une nouvelle version mer-mer et sol-mer d’une portée de 1 600 km qui sera testée tout au long de l’année 2022 pour qu’il soit opérationnel en 2023, selon des hauts responsables militaires américains cités par l’agence Reuters.

« Les Américains reviennent en force, a souligné Ross Babbage, un ancien responsable de la défense australienne. D’ici 2024 ou 2025, il existe un sérieux risque pour les forces de l’Armée populaire de libération de devenir obsolètes. »

Avantage à la Chine dans le Pacifique Ouest

Inquiète face à ces développements, la Chine a réagi avec virulence. Un porte-parole de l’APL, le colonel Wu Qian, a expliqué en octobre dernier que la Chine « ne restera pas les bras croisés » si les États-Unis déploient des missiles longue portée sur le théâtre Asie-Pacifique. « Récemment, les États-Unis ont renforcé la poursuite de ce qu’ils appellent « La stratégie Indo-Pacifique » qui cherche à déployer de nouvelles armes, y compris des missiles de portée intermédiaire tirés du sol dans la région Asie-Pacifique », a souligné le ministère chinois de la Défense à la même agence.

N’étant pas signataire du Traité sur les Forces Nucléaires de Portée Intermédiaire (INF) qui interdisaient à la Russie et aux États-Unis de déployer tout missile d »une portée de 500 à 5 500 kilomètres, la Chine a amassé un arsenal considérable de ces missiles stationnés le long de ses côtes orientales. Une partie d’entre eux ciblent l’île rebelle de Taïwan que Pékin entend rattacher à la Chine continentale, par la force si besoin est.

L’armée chinoise a également équipé ses navires et ses avions de missiles de longue portée ultra-performants, en particulier des missiles antinavires qui pourraient infliger des dommages considérables aux bâtiments de la 7ème flotte en cas de conflit. Ce processus, en cours depuis une dizaine d’année, a donné à la Chine un avantage tangible dans le Pacifique Ouest sur les forces américaines, estiment des responsables militaires à Washington, cités par l’agence Reuters.

Déploiement de missiles longue portée

Le retrait américain de ce traité le 2 août 2019 a redonné les coudées franches aux États-Unis. Le lendemain même de cette annonce, le secrétaire américain à la Défense Mark Esper exprimait devant la presse son intention de déployer des missiles basés à terre en Asie dans les mois qui allaient suivre.

Le budget militaire américain prévoit l’acquisition de 48 nouveaux Tomahawk pour une somme de 125 millions de dollars. Le département de la Défense a surtout prévu un budget de 3,2 milliards de dollars pour le développement de nouveaux missiles hypersoniques de longue-portée dont le déploiement concerne essentiellement le théâtre Asie-Pacifique. Les cibles visées sont tout particulièrement les navires chinois croisant en mer de Chine du Sud, en mer de Chine orientale et en mer Jaune. Pékin dispose de quelque 400 navires dans la zone.

Par ailleurs, l’armée américaine a l’intention de renforcer son aviation militaire dans la région, avec le déploiement de bombardiers furtifs B-21 armés de missiles longue portée au milieu de la décennie 2020-2030. L’armée de l’air américaine dispose déjà dans la région de bombardiers B-1 , armés à brève échéance d’un nouveau missile antinavires d’une portée de 800 km qui, souligne le commandement militaire américain pour le Pacifique, répondra à « un besoin opérationnel urgent ». L’armée de l’air et la marine américaines devraient compter plus de 400 de ces nouveaux missiles d’ici 2025, selon le Pentagone.

« L’objectif des États-Unis et de leurs alliés de se concentrer sur le déploiement de missiles longue portée antinavires et sol-sol est la façon la plus rapide de reconstruire une puissance de feu conventionnelle dans la région du Pacifique Ouest », estime Robert Haddick, un ancien responsable du Corps des Marines. Le même Haddick est l’auteur d’un livre prémonitoire, Fire on the Water, qui, en 2014, avait sonné l’alarme sur la puissance militaire chinoise dans la région et ses positions désormais dominantes face aux États-Unis.

Une ombre au tableau cependant : les Américains ont demandé à leurs alliés dans la région, à commencer par le Japon, mais aussi la Corée du Sud et les Philippines, la possibilité de stationner les nouveaux missiles à portée intermédiaire sur leur sol, mais ces trois pays traînent des pieds. Ils craignent une course aux armements qui pourraient leur porter tort et une détérioration de leurs liens déjà compliqués avec la Chine voisine.

illustration : Le navire américain d’assaut amphibie USS America (LHA 6), à gauche, et le croiseur lance-missiles de classe Ticonderoga USS Bunker Hill (CG 52) traversent la mer de Chine du Sud. (Source : USNI

source : https://asialyst.com

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Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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