Projet de loi n° 61 : Précipitation et improvisation, ce n’est pas sérieux

Projet de loi n° 61 : Précipitation et improvisation, ce n’est pas sérieux

L’auteur est président de la FTQ

La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) et la FTQ-Construction, bien que jugeant nécessaire la mise en œuvre d’un plan de relance, se posent de nombreuses questions sur la pertinence de certains articles du projet de loi qui suspend un nombre important de lois, de règlements, de normes du travail et environnementales afin de faciliter la mise en œuvre de plus de 200 projets de construction sans réflexion sur la portée de ces mesures sur la population, les travailleurs et travailleuses et l’environnement. 

« On parle ici de reddition de comptes et de l’abolition de droits fondamentaux. Par ce projet de loi, Québec se donne une immunité judiciaire qui empêche toute contestation ou recours devant les tribunaux, tout en maintenant l’état d’urgence sanitaire pour une période de deux ans, ce qui lui donne le pouvoir de limiter d’autres droits sous prétexte de la pandémie. On n’est pas loin d’un geste antidémocratique », déclare le président de la FTQ, Daniel Boyer.

À la FTQ-Construction on s’inquiète particulièrement de l’impact du projet de loi sur la gestion de la main-d’œuvre. « Ce que nous craignons, c’est un passe-droit en ce qui a trait à l’obligation de détenir des cartes de compétence pour travailler sur les chantiers de façon à pallier le manque de main-d’œuvre. Un électricien, c’est un électricien et un grutier, un grutier. En construction ce n’est pas n’importe qui, qui peut faire n’importe quoi. Avant d’ouvrir l’industrie à tout un chacun, il faut s’assurer que tous ceux et celles qui ont déjà leur carte de compétence travaillent », déclare le directeur général de la FTQ-Construction, Éric Boisjoly.

Quant à l’expropriation accélérée, on nie aux propriétaires le droit d’obtenir une juste valeur pour leurs biens. « Dans cet exercice où le rapport de force est déséquilibré, les propriétaires plutôt démunis doivent négocier avec des spécialistes aguerris avec une épée de Damoclès au-dessus de leur tête. À défaut d’entente, ils seront expropriés aux conditions établies par le gouvernement, sans possibilité de contester. C’est indécent », de s’indigner Daniel Boyer. 

Autre exemple de précipitation, que fait la livraison d’alcool par les restaurants dans un projet de relance économique ? Est-ce réellement pour encourager les restaurateurs ou plutôt les Uber de ce monde ? C’est tellement improvisé que, dès le lendemain, le ministre a déposé 31 pages d’amendements sur un projet de loi de 40 pages. 

« C’est brouillon. Québec manque une occasion de consulter les partenaires sociaux et économiques pour repenser notre économie tout en réfléchissant sur la transition énergétique, numérique ou le transport collectif. À un jour ouvrable, on nous demande notre avis sur un projet de loi qui donne pratiquement tous les pouvoirs au gouvernement. 45 minutes de consultations, ce n’est pas une ouverture au dialogue social, ce n’est pas sérieux. C’est bien beau de vouloir tout accélérer, mais comme sur la route, la vitesse tue. Québec n’a pas les moyens de rater le virage de la relance économique », conclut le président de la FTQ.

 

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