Peu de changement après ce premier round de guerres civiles de 2020

Peu de changement après ce premier round de guerres civiles de 2020

Par Moon of Alabama − Le 5 juin 2020

Le premier round de guerres civiles de 2020 semble être terminé. Il n’a pas entraîné beaucoup de changement.

Des violences policières injustifiables contre un homme ont été documentées par vidéo. Cela a permis à tout le monde d’en être témoin. Des protestations, d’abord locales, puis nationales, et même internationales, ont suivi. La police y a répondu par des violences policières encore plus injustifiables. Cette situation a été à nouveau documentée sur vidéo – une collection de ces vidéos compte à présent 282 cas – et encore plus de monde en a été témoin.

La police n’a pas épargné les journalistes comme elle le fait habituellement. Elle semblait même les cibler tout particulièrement. Cela a encore amplifié l’écho de sa violence.

Du coup, la police et ses partisans ont perdu la bataille pour les cœurs.

Parallèlement aux protestations, des pillages ont eu lieu. Le président Trump et de nombreuses autres personnes chargées de l’ordre public ont considéré que la violence contre les biens était un problème plus important que la violence policière contre les personnes, en particulier contre les personnes de couleur.

Trump a réagi en appelant l’armée et une myriade de forces de police fédérales à « dominer l’espace de combat », à Washington DC et dans d’autres villes.

Ils ont évacué une manifestation pacifique et légale de Lafayette Square, près de la Maison Blanche, pour une séance photo. Cette initiative était illégale mais n’aura probablement pas de conséquences juridiques.

Cinq généraux 4 étoiles à la retraite, bien connus, Dempsey, Kelly, Mullen, Mattis, Allen, ont protesté contre la proposition d’utiliser les militaires. Le commandant actif des forces aériennes du Pacifique, un Afro-Américain 4 étoiles, a publié une vidéo émouvante de ses réflexions sur la question. Sur ce point, l’armée n’est pas du côté de Trump.

Donc, Trump et ses partisans ont perdu la bataille.

Que la police et Trump aient perdu la bataille ne signifie malheureusement pas que quoi que ce soit changera aux États-Unis.

L’armée ne corrigera pas les problèmes que la situation a exposés. La corruption politique, tant au niveau fédéral que local, est bipartite et trop ancrée dans les mœurs :

Cuomo, son parti et les députés de New York ont récolté plus d'un million de dollars auprès des syndicats de police, car ils ont refusé de promulguer un projet de loi qui, selon ses partisans, aurait diminué la violence policière.

Le candidat de l’opposition Joe Biden a répondu à la question du racisme institutionnalisé par un commentaire à l’emporte-pièce : Il a déclaré que « 10 à 15% des Américains ne sont pas de très bonnes personnes ». Bien sûr que non. Environ 13 % des citoyens américains sont noirs. Compte tenu de l’historique de racisme de Biden – soutien à la ségrégation, rédaction du projet de loi sur la criminalité, mensonge sur la marche pour le mouvement des droits civiques, etc. – il est très peu probable qu’il ait choisi ce chiffre par hasard. Il n’y a aucune chance qu’il change quoi que ce soit.

Les manifestations vont bientôt se calmer. Mais le fossé au sein de l’opinion publique américaine n’aura fait que s’approfondir. Les électeurs de Trump se nommeront eux-mêmes « l’armée de Trump » et porteront la casquette de l’uniforme « Keep America Great » pour combattre la « Racaille Libérale ». Les libéraux réagiront par des slogans pro-Noirs mais sans actions pour eux. Écrire « Black lives matter » dans une rue de Washington DC ou changer le nom d’un endroit ne change rien pour les noirs, si la police peut continuer comme avant. Les attaques racistes aux États-Unis ne feront qu’augmenter.

Ce qui a changé, c’est l’image publique des États-Unis dans le monde entier. Des années de propagande minutieuse ont été mises à mal. Aucun ambassadeur américain ne pourra désormais exprimer ses préoccupations concernant la violence policière dans un pays étranger sans qu’on se moque de lui. Les États-Unis ont été placés sous surveillance et, selon mes estimations, ils le resteront encore longtemps.

La situation économique actuelle fait qu’il est certain que la guerre civile se poursuivra. Le prochain round sera probablement plus violent. L’empire est en train de s’effondrer sous nos yeux.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par jj pour le Saker Francophone

Source: Lire l'article complet de Le Saker Francophone

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