Hommage au canoniste Francis G. Morrisey

Hommage au canoniste Francis G. Morrisey

Un texte d’Anne Asselin

Le père Francis G. Morrisey, Oblat de Marie-Immaculée, est décédé le 23 mai 2020, à Ottawa, à l’âge de 84 ans. L’Église catholique a perdu un serviteur fidèle, un missionnaire généreux, un défenseur passionné des droits des personnes, un prêtre qui n’a jamais cessé d’aider l’Église à réaliser sa tâche de révéler et de communiquer le projet salvifique de Dieu.

Le père Morrisey est né à Charlottetown, à Île-du-Prince-Édouard, le 13 février 1936, et a été ordonné prêtre le 23 septembre 1961. En 1972, il obtenait le doctorat en droit canonique à la Faculté de droit canonique de l’Université Saint-Paul, à Ottawa, et y a commencé une carrière comme professeur, un ministère qu’il a exercé jusqu’aux dernières semaines de sa vie. 

Il fut nommé registraire de cette même université et doyen de la Faculté de droit canonique. Il guida son développement avec sa connaissance profonde de l’Église et des enseignements du Deuxième Concile du Vatican. Sa réputation fit beaucoup pour la projection de la Faculté sur la scène internationale, les étudiants venant de partout au monde pour étudier sous sa tutelle. 

Mais il ne faut pas pour autant croire que ces honneurs aient changé cet homme d’une humilité profonde et d’une générosité légendaire.

Il fut cofondateur de la Société canadienne de droit canonique, ainsi que fondateur et rédacteur en chef de la revue savante Studia canonica. Il a contribué à la révision du Code de droit canonique, promulgué en 1983, une mise à jour des lois de l’Église dans l’esprit du renouveau apporté par le Deuxième Concile du Vatican.

Conseiller au Vatican

Le père Morrisey a constamment mis en garde contre le légalisme, l’application du droit sans égard à la personne. La dignité de la personne humaine, c’était primordial pour lui. C’est ainsi qu’en 2014, le pape François l’invitait à devenir membre d’une commission pontificale chargée d’étudier la réforme des procédures pour les déclarations de nullité de mariage. La révision visait à protéger le principe de l’indissolubilité du lien matrimonial tout en simplifiant ces procédures, toujours dans un esprit de charité et de miséricorde pour les personnes en besoin. 

Il a agi comme conseiller auprès d’organismes du Vatican, de conférences épiscopales et de nombreuses communautés religieuses. Il fut invité dans plus de 55 pays pour donner des conférences qui ne manquaient jamais d’éveiller chez les auditeurs une conscientisation de l’importance de protéger les droits de tous.

Un homme admiré, mais humble

De nombreuses distinctions lui ont été remises au cours de son ministère, de tous les coins du monde. Entre autres, l’association catholique des soins de santé aux États-Unis a reconnu son leadeurship et sa capacité à combiner la théorie et la pratique pour répondre aux défis du monde de la santé.

Mais il ne faut pas pour autant croire que ces honneurs aient changé cet homme d’une humilité profonde et d’une générosité légendaire. Sa perspicacité, son sens de la justice et du droit, son ouverture, son respect des personnes, sa générosité sans borne et, évidemment, ses connaissances incomparables du droit canonique faisaient de lui un appui dont plusieurs ne pouvaient se passer. 

L’héritage intellectuel

Mais l’héritage le plus précieux que le père Morrisey nous ait laissé, c’est son approche du droit canonique. Une entrevue qu’il a donnée en 2018 à la fondation catholique Sel et Lumière nous en donne un aperçu. 

L’entretien se faisait dans le contexte d’un ouvrage sur l’impact du pape François ; le père Morrisey exprimait la pensée du pape sur l’approche que doivent avoir les canonistes dans l’interprétation et l’application du droit canonique. Il expliquait que la porte qu’ouvre le pape en ce domaine est de nous faire réaliser que l’approche légaliste, prenant les principes légaux comme point de départ, n’est pas la plus fructueuse. François nous dit que nous devons partir des personnes et ensuite remonter aux principes. 

Toute personne humaine étant imparfaite, les lois doivent donc servir à combler des lacunes. Un canon du Code nous dit qu’il faut interpréter les lois selon l’esprit du législateur. Puisque le pape est le législateur, nous devons interpréter et appliquer les lois en ayant en tête ce que veut le pape. Ce que François veut, c’est que les personnes soient au centre du ministère de canoniste et que le droit soit un instrument pour les aider à atteindre leur but ultime, leur rencontre avec le Seigneur. Ce n’est pas le droit qui est le but ultime.

Le père Morrisey a toujours enseigné que les canonistes doivent utiliser le droit pour rendre les personnes libres, non pas pour qu’il soit un fardeau sur leurs épaules. Il a travaillé toute sa vie pour les personnes vulnérables, pour toute personne en besoin. Il peut maintenant se reposer de ses peines, car ses actes le suivront (Ap, 14,13).


Vous aimez ce que vous avez lu ? Abonnez-vous à notre magazine, téléchargez notre balado et soutenez notre mission. Toujours 100 % gratuit. Toujours 100 % financé par vos dons.

Source: Lire l'article complet de Le Verbe

À propos de l'auteur Le Verbe

Le Verbe témoigne de l’espérance chrétienne dans l’espace médiatique en conjuguant foi catholique et culture contemporaine.Nos contenus abordent divers sujets qui émergent de l’actualité. Et, puisque nous souhaitons que nos plateformes médiatiques suscitent le dialogue, on espère bien y croiser autant des réactionnaires pleins d’espérance que des socialistes chrétiens, autant des intellectuelles mères au foyer que des critiques d’art en bottes à cap.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recommended For You