Vulnérable face au Covid-19, Julian Assange rate une nouvelle audience administrative

Vulnérable face au Covid-19, Julian Assange rate une nouvelle audience administrative

417 jours après son transfert à la prison de haute sécurité britannique de Belmarsh, le fondateur de WikiLeaks Julian Assange n’a, pour des raisons de santé, pas pu participer par visioconférence à l’audience de la Cour administrative qui s’est tenue dans la matinée du 1er juin au Westminster Magistrates Court de Londres. La séance portait sur des questions administratives en prévision des prochaines échéances du procès sur l’extradition aux Etats-Unis du ressortissant australien.

«Julian Assange a été avisé par ses médecins de ne pas se rendre à la salle de visioconférence de la prison de Belmarsh pour l’audience de ce matin en raison du COVID-19 et de son état sous-jacent», a expliqué Marty Silk, correspondant de l’agence de presse australienne AAP, chargé du suivi des audiences du lanceur d’alerte.

«Julian n’a pas pu assister à l’audience d’aujourd’hui via une liaison vidéo en raison de sa santé et des conseils de son médecin. Vendredi [29 mai], des avocats ont informé le tribunal qu’il ne pourrait pas se présenter pour des raisons médicales», a en effet tweeté Stella Moris, la compagne de Julian Assange.

Son avocat présent à l’audience, Edward Fitzgerald QC, a également évoqué une maladie respiratoire préexistante de son client qui, dans le contexte de crise sanitaire du Covid-19, a déjà empêché Julian Assange de participer à de récentes audiences de ce type. Comme le rapporte le quotidien londonien Evening standard, l’équipe juridique du lanceur d’alerte australien a demandé durant la séance sa libération sous caution en raison des risques liés à la pandémie. Arguments balayés une fois de plus par la juge Vanessa Baraitser, qui a décidé le maintien en détention de Julian Assange, au moins jusqu’à la prochaine audience administrative du 29 juin.

Le journal précise que la prochaine série d’audiences consacrées à l’extradition de Julian Assange devrait débuter à partir du 7 septembre. 

Assange, «prisonnier politique»

Dans l’attente d’une potentielle extradition vers les Etats-Unis, où Julian Assange encourt jusqu’à 175 années d’emprisonnement pour avoir aidé à rendre publics des centaines de milliers de documents militaires et diplomatiques, des organisations emblématiques du monde journalistique ont récemment élevé leur voix pour sensibiliser le grand public sur l’urgence de la situation touchant le fondateur de WikiLeaks. Les trois syndicats de journalistes représentatifs de la profession en France ont par exemple récemment rendu publique une lettre commune adressée à Julian Assange, dans laquelle ils remercient leur confrère australien pour son «travail titanesque qui a permis à des journalistes du monde entier de relayer auprès du grand public les dossiers qu[‘il a] contribué à rendre accessibles».

De fait, les accomplissements de Julian Assange lui ont par le passé valu de nombreuses récompenses, dont plusieurs prix de journalisme : en 2009, il fait ainsi partie des gagnants dans la catégorie «nouveaux médias» à l’Amnesty International Media Awards ; en 2011, il obtient le prix du journalisme Martha Gellhorn, ainsi que le prix de la Walkley Foundation for Journalism pour «contribution majeure au journalisme» ; en 2019, il se voit attribuer le prix du Club des journalistes de Mexico ; en février 2020, le Consortium international des journalistes d’investigation (ONG américaine aujourd’hui présente dans plus de 70 pays) lui décerne le prix Gary Webb pour la liberté de la presse.

«Merci à vous d’avoir donné force et inspiration à nombre de citoyens attachés à rendre transparents les desseins criminels et les modes de fonctionnement d’administrations qui ne survivent que par l’opacité de leurs actions», expliquaient encore les syndicats auteurs de la lettre, avant de dénoncer une incarcération «purement arbitraire, sur des critères politiques». 

Comme l’explique le Syndicat national des journalistes (SNJ) dans un rappel des faits de l’affaire Assange, celui-ci a été visé depuis 2010 par un enchaînement d’«opérations de diffamation», l’ayant notamment placé au cœur d’une affaire de viol sur le territoire suédois, bien que «la principale intéressée a[it] toujours récusé de telles allégations». «Le calvaire juridique du fondateur de WikiLeaks a débuté au mois d’août 2010, au moment précis où, comme le démontrent des documents révélés en 2014 par le lanceur d’alerte Edward Snowden, l’administration américaine venait de solliciter ses pays alliés pour l’ouverture d’enquêtes pénales à l’encontre du fondateur, ainsi que des membres de WikiLeaks qui venait de diffuser quantité de publications compromettantes pour Washington», lit-on dans la publication du SNJ. Confiné près de sept années consécutives dans la petite ambassade de l’Equateur à Londres après avoir reçu, lors de la présidence de Rafael Correa, l’asile politique, celui-ci lui a été retiré le 11 avril 2019 par l’actuel chef d’Etat équatorien, Lenín Moreno .

Accusé par Londres d’avoir enfreint ses engagements en matière de liberté conditionnelle en 2012, Julian Assange est depuis détenu à la prison de haute sécurité de Belmarsh, où il a passé une grande partie de son incarcération en isolement. Dénonçant le non-respect des normes onusiennes concernant les périodes d’isolement imposées à Julian Assange, le rapporteur de l’ONU sur la torture, Nils Melzer, pointe aujourd’hui «les dommages cognitifs et neurologiques» causés au ressortissant australien. «Pour rappel, en fondant sa société d’édition en 2006, Julian Assange a rendu possibles les fuites les plus massives du 21e siècle, abondamment reprises par les médias internationaux, et notamment par la presse française», rappelle le SNJ dans son communiqué.

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