Que faire face aux fermetures d’usines et d’entreprises?

Que faire face aux fermetures d’usines et d’entreprises?

Source Nuevo Curso.  Traduction et adaptation:

Une vague mondiale de fermetures d’usines et d’entreprises a commencé. Boeing a annoncé 7 000 licenciements rien qu’aux États-Unis. En Argentine, ils préparent déjà le chemin. En Espagne, après plus d’un an à demander des subventions à l’État, Alcoa a annoncé le licenciement de 534 travailleurs. Nissan, après avoir négocié avec le gouvernement, a décidé de fermer définitivement son usine de Barcelone, laissant 3 000 travailleurs sur le pavé. Au Canada, Air Canada, Bombardier et le Cirque du Soleil quémandent les subsides de l’État. En France des milliards d’euros ont été promis aux entreprises sinistrées du confinement. Ce sont des exemples d’un phénomène qui se produit dans le monde entier. Que faire face à une fermeture?

Ne mordez pas au piège de la rentabilité.

Les syndicats viendront inévitablement avec le discours selon lequel «l’entreprise est rentable, elle ne devrait pas être fermée» ou sa symétrie: «le syndicat doit négocier les conditions de fermeture, sans rentabilité l’entreprise n’est pas viable et si elle n’est pas viable il n’y a pas de travail». Une longue expérience des «reconversions» et des crises industrielles dans les années 80 et 90 et des emplois en fin de vie nous apprend que, dans le meilleur des cas, cela se termine par une retraite anticipée pour les personnes âgées, le licenciement pour les autres et si une subvention de l’État est donnée, une agonie d’enchères décroissantes de conditions de travail pour la poignée de personnes qui continuent de travailler sous prétexte de maintenir un minimum de production.

C’est la radicalisation du discours avec lequel les syndicats tentent de liquider toutes les grèves, sans danger pour eux, et d’assujettir les besoins humains à la rentabilité de l’entreprise. Mais la rentabilité du capital investi dans l’entreprise n’est pas notre problème à nous prolétaire de la misère. Et en fait, si les gouvernements font le geste d’intervenir, et de subventionner et renflouer c’est parce que l’idée que «c’est un problème d’entreprise» est fondamentalement une illusion.

Les entreprises sont des activités du capital. Et du point de vue du capital, le «tissu industriel et commercial» est un système de vases communicants. Un système qui égalise les résultats de l’argent investi en fonction de leur participation sur le capital national total, favorisant les activités qui exploitent plus efficacement les travailleurs et pénalisant ceux qui en exploitent moins (PME et usines déclassées techniquement).

Les profits et les pertes sont les signaux par lesquels le grand capital est guidé pour se déplacer continuellement d’un secteur de production à un autre. Quand ils nous disent qu’une usine ou une entreprise « doit fermer », ils nous disent en fait que s’ils la ferment, ils espèrent accroître leur attractivité pour des investissements qui, sinon, iront ailleurs, soutenant à tout moment les entreprises les mieux placées pour produire du profit.

Ils peuvent nous vendre que la rentabilité d’une usine ou d’une entreprise est une loi d’airain, mais ce n’est pas vrai. C’est la valorisation et l’accumulation du capital qui est le but du système global.

Que  les entreprises ferment ou non, c’est finalement une question de rapport de forces.

De la même manière qu’après avoir nié les revendications des travailleurs parce qu’elles «rendraient impossible la rentabilité», ils finissent par céder, généralement avec l’intervention pécuniaire de l’État. Nous l’avons vu récemment lors de la grève du train à grande vitesse français. Lorsque la «coordination des forces» favorise les travailleurs – ce qui arrive quand on éloignent les syndicats du champ de bataille – comme cela s’est produit en France – les « solutions » apparaissent. Qu’ils le fassent avec des crédits, des subventions ou des nationalisations, comme le proposent aujourd’hui plusieurs députés (de gauche comme de droite), c’est aussi un problème du capital. La façon dont le capital remédiera à ses propres dommages quand il est dépassé par les travailleurs, comment il corrige sa rentabilité sacro-sainte, ce n’est pas le problème des travailleurs.

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Ce qui modifie le rapport de forces, c’est de prendre le contrôle de la grève en assemblée et de prolonger la grève jusqu’à la victoire.

Tant que les problèmes se limitent à une usine ou à une entreprise, le capital n’a pas à s’inquiéter. C’est un problème local qui sera résolu par les responsables locaux qui empocheront pour ensuite déménager dans d’autres entreprises, dans d’autres régions. Quand les choses commencent à changer, c’est quand les grèves se propagent, se généralisent. Là, c’est le capital dans son ensemble qui souffre. Mais il y a un autre brise-lames: les syndicats. Tant que les syndicats resteront aux commandes, les luttes seront cloîtrées – liquidées. Lorsqu’ils n’auront pas le choix, ils «menaceront» d’une grève sectorielle, voire nationale (sic).

L’extension du mouvement de grève générale ce n’est pas cela. Il s’agit de l’assemblée de tous les travailleurs prenant le commandement du mouvement, dépassant le comité syndical (local, régional ou national) et ses politiques de confinement et d’isolement. Il s’agit du rassemblement et de la lutte des travailleurs de l’entreprise pouvant devenir un rassemblement permanent ouvert à tous les travailleurs touchés par les licenciements et les fermetures et à tout le personnel qui rejoint, par la grève, dans d’autres entreprises, qu’elles appartiennent ou non au même secteur, à différentes entreprises.

Il s’agit de transformer une lutte d’entreprise en lutte de classe.

C’est le seul moyen par lequel le capital est contraint d’encaisser le coup dans son ensemble … et de reculer.

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Le quartier fait également partie du combat à l’usine.

Le Covid-19 a accéléré et consolidé la crise. Des millions de travailleurs ont perdu leur emploi dans le monde. Beaucoup d’entre eux sont des travailleurs temporaires et précaires de petites entreprises. Il est désormais clair que le travailleur qui a passé «toute sa vie» dans une grande entreprise ne va pas bénéficier d’un meilleur traitement ni s’attendre à quoi que ce soit de meilleur que le «bleu» qui vient d’être embauché. Leur travail est de la marchandise et en ce moment de crise le capital ne sait pas comment utiliser ce travail pour produire plus de plus-value, ce qui est son objectif et sa raison d’exister comme capital. Enfermer les luttes dans l’usine, l’atelier, le chantier ou l’entreprise est une erreur qui nous isole et nous affaiblit énormément. Les intérêts du travailleur, de la personne précaire en chômage, du serveur qui n’a nulle part où aller pour travailler sont identiques à ceux du travailleur industriel, administratif ou comptable.

«Restons dans la rue!» Rencontrons-nous tous ensemble – et organisons des assemblées populaires dans les quartiers (!)… et au diable les gestes barrières!

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